La seconde entreprise douaisienne

On ne dira pas grand chose de notre Plan Local d’Urbanisme présenté voilà peu, document de… 1700 pages dont le poids prouve l’utilité. Le conseiller d’un président américain a théorisé un jour l’intérêt de rédiger des lois incompréhensibles afin qu’elles soient votées sans difficulté par les représentants du peuple. On y est.

Si nous étions à la recherche d’un symbole de notre folie bureaucratique, ce serait cette jungle invasive dans laquelle pour y comprendre quelque chose le pauvre citoyen doit se frayer un chemin à coups de machette.
Il peut découvrir après pas mal d’efforts, dans une éclaircie, son paradigme idéologique. On vous le donne pour vous éviter de vous fatiguer. La ville « marchante » sauvera la planète à partir de Douai…

Lors du long conseil municipal du 17 mars dernier, les débats ont oscillé entre la remarque microscopique (la villa Labisse, dans la section cadastrale AZ, a-t-elle été vendue au prix fort à un promoteur ou pas ?) et la critique stratégique (est-il vrai que construire du neuf vide l’ancien et pousse à la baisse du prix de l’immobilier ?).

Le meilleur était évidemment la forme, le fond étant imposé qu’on le veuille ou non. On a particulièrement apprécié le duel de ces deux dames proches par l’âge, l’allure, les lunettes, la voix, l’ambition et dans lequel la plus intelligente n’était pas forcément celle qu’on croit.

Le travail vaut en lui même

Tout ça pour en venir – on sait, c’est plutôt capillo-tracté – à la défense qui déboule dès qu’on critique les services municipaux, plaidoirie entendue plusieurs fois durant ce conseil. Il est interdit de dire qu’ils peuvent être nuls ou simplement défaillants parce qu’ils auraient « beaucoup travaillé » .

On a tant d’exemples de foirages de leur part qu’il parait pourtant tout à fait légitime, y compris s’ils y ont mis du temps et parce que nous les payons par nos impôts, de souligner ici ou là leur incompétence, leur insuffisance ou… leur lenteur.

D’où l’intérêt de ce qui suit, à savoir une petite présentation de ces services quant à leurs personnels, leur nombre et leur coût.
De ce point de vue, nous avons, avec cette entité, une entreprise douaisienne à forte main-d’œuvre et gros chiffre d’affaire.

L’armée communale

La mairie, telle que nous la donnent les documents budgétaires, présentait en 2020 pas moins de 660 emplois si on considère les postes « budgétaires » (à temps complet, soit 547, ou partiels, soit 113).
Le montant est plus faible en « équivalent temps plein annuel travaillé » , calcul complexe dont le total aboutit à 608,34 « ETPT » , soit les agents titulaires (578,36) et non titulaires (29,98).

Pour comprendre ces deux approches, il faut séparer les postes des personnes. Il n’y a pas forcément correspondance entre les supports budgétés et les gens qu’on met dessus ou pas. On peut avoir des différences entre les deux termes.
L’État possède toujours des personnes rémunérées plus nombreuses que les supports votés. Notre commune est plus vertueuse puisqu’elle fait l’inverse.

En comparaison nationale, l’INSEE indique dans la strate des communes de 20 à 50000 habitants (on est juste au milieu avec nos 35000 Douaisiens), un effectif moyen de 616 emplois, pas trop éloigné du notre, ce qui est bon signe.
Nous sommes aussi modestes pour les ETPT car la moyenne nationale de 20 pour 1000 habitants est supérieure à Douai qui se situe à la louche à 18. On pourrait presque nous dire « sous-administrés » . Tant mieux.

Retenons enfin, dans cette approche générale, le rapport « temps complet/temps non complet » pour les emplois budgétaires, soit 83% contre 17%. Regardons ensuite les agents titulaires et ceux qui ne le sont pas, soit 95% contre 5%.

Ces derniers chiffres donnent une idée assez parlante de la politique de ressource humaine de la commune, laquelle doit plaire aux syndicats. On est souple dans l’octroi du temps partiel (proche de la moyenne nationale cependant) et on aime les titulaires (15 points de mieux que la moyenne nationale).

Filières municipales

La structure par filière, en la comparant à celle de la fonction publique territoriale en moyenne nationale, renvoie aux services donnés aux habitants.
Les différences mériteraient une étude approfondie que nous ne ferons pas. Toutefois, nul doute que l’historique des recrutements, plus qu’une stratégie consciente, joue ici un rôle non négligeable.
Pour résumer, nous sommes relativement faibles en administratif et en animation, très fournis en culturel comme en technique.
Voyons ces deux derniers traits comme une illustration de notre célèbre et enviée dichotomie sociale.

La répartition par catégories d’emplois (A,B,C) démontre que nous disposons d’abord d’un personnel relevant majoritairement de la dernière strate (pour 70% des emplois budgétaires), proportion assez proche de celle de la FPT nationale (75%), petite différence qui provient probablement d’une volonté communale de resserrer le pyramidage. Pour autant, plus la base de la dite pyramide est large et moins elle coûte cher.

Enfin, notons que les deux filières qui connaissent un fort taux d’emplois permanents à temps non complet, sont la technique (14%) et surtout la culturelle (45%), cette dernière connaissant par ailleurs la plus forte présence de non titulaires (26%), lesquels sont pour la quasi totalité des enseignants en arts.
Dans ce dernier cas, l’agent qui bénéficie de l’indice le plus haut (995) est un de ces professeurs.
L’absence de titularisation n’est donc pas toujours synonyme de faible rémunération. Il existe des contractuels très bien payés. C’est d’ailleurs parfois le moyen de s’affranchir des règles contraignantes de la FPT.
Si Douai présente parmi ses agents 5% de contractuels (CDD, CDI), Douaisis Agglo en aligne 30%.

Coûts et rémunérations

Le chapitre 012 du budget (2020) donne les « charges de personnel » assumées par la commune et accessoirement les contribuables : 28,7 millions d’Euros par an. Si on retire de cette somme les cotisations et les charges dont la France a le secret, on obtient en rémunération globale directe 21 millions d’Euros.
Ce chiffre permet de calculer le salaire moyen mensuel d’un agent de la commune = 2650 euros.
Évidemment, la moyenne sans écart-type est l’indicateur le plus bête qui soit. Disons simplement que la distance doit être grande entre la paye d’un DGS – sans doute le mieux rémunéré du lot, sans parler des avantages en nature – et un apprenti tout en bas de l’échelle.

Classement local

Pour finir, il est bon de se demander où se situe la commune quand on la compare aux entreprises douaisiennes, en chiffre d’affaire ou en nombre d’emplois.
On peut discuter la pertinence de soumettre une administration à ce genre de « benchmarking » mais il est toujours bon d’avoir en tête ces paramètres quand on vote.

Avec 660 emplois, l’administration municipale est faible à côté du bel hôpital local qui en aligne 2600. Même remarque du côté de Renault qui, en attente de son embellie électricienne, compte actuellement 2300 travailleurs.
Pour autant, ces dernières entreprises ne concernent pas que Douai intra muros. Dans cette limite circonscrite, le plus gros employeur de la ville est Maisons & Cités avec 832 salariés suivi de Douai Distribution (Leclerc) qui en compte 258. La commune est donc le deuxième employeur de la cité avec ses 660 agents, ce qui n’est pas rien, on en conviendra.

Le plus amusant est de penser que Frédéric Chéreau est donc le patron des deux plus grosses entités de la ville, président de Maisons & Cités et maire de Douai. Vous imaginez la force de frappe du gars ?

En « chiffre d’affaire » , c’est moins net. Le premier établissement de Douai (67° entreprise de la région), déjà cité avec logique, est Maisons & Cités avec 312 millions d’Euros. Le second (81°) est SIA avec 244 M, le troisième (248°) est Douai Distribution (Leclerc) avec 81 M.
Quoi qu’il en soit, la commune par l’importance de son budget pourrait être classée en quatrième place du groupe, avec ses 77 M de budget, assez proche de Norevie (278° régional) dont le CA s’établit à 74 M.

On ne dira rien de cette présence massive des bailleurs sociaux dans la ville qui explique aisément notre réflexe « logement social » – c’est un circuit court décarboné – devant une friche immobilière ou l’impératif de repeuplement, objectif d’ailleurs mis au cœur du PLU.

Quelle plus-value ?

Tout en considérant que nous ne sommes pas devant une administration pléthorique, de fait proche des moyennes nationales, ce qui est une très bonne chose, cette courte présentation suscite évidemment tout un tas de questions et d’abord du côté de la performance.

On aimerait connaitre la satisfaction des habitants quant aux services qu’ils reçoivent au quotidien. La ville bruisse de rumeurs d’incurie ou de laisser-aller qu’il serait bon de documenter sérieusement.

Des déjections canines qui trainent des semaines sur les trottoirs, l’impossibilité d’obtenir rapidement une pièce d’identité, la sous-traitance à des cabinets extérieurs de dossiers pourtant de pleine compétence, des travaux intempestifs menés en dépit du bon sens etc.
Il y a ici matière à audit afin de vérifier la qualité de notre administration municipale, ce qui serait le moyen de contourner deux écueils, l’excès de critiques comme leur interdiction pavlovienne évoquée plus haut.

Hors cet examen qui restera évidemment un vœu pieux, il serait déjà possible de répondre aux impératifs de qualité de ce service public en adoptant un truc banal : la Charte Marianne.
Voilà qui serait utile pour juger de l’efficacité, du côté des usagers, de la seconde entreprise douaisienne.
Pour connaitre la plus-value globale, attendons l’alternance politique qui viendra peut-être. Gardez ces chiffres en mémoire, 77 millions d’Euros de budget, 660 emplois au service des Douaisiens…

Quand les squats flambent

Phénomène qui a défrayé la chronique nationale quand quelques pauvres proprios se trouvaient dépossédés de leur bien par des margoulins sans scrupules, les squats n’épargnent pas Douai non plus.

La fin du droit de propriété

Ces péripéties, quand on les regarde de près, sont emblématiques de l’actuelle impuissance publique. L’empêchement ne tient d’ailleurs pas à la supposée difficulté de les régler. Il découle de l’invention de droits « supérieurs » à celui de propriété que nos ancêtres avaient pourtant sacralisé en 1789.

Ce glissement juridique est à mettre en face de l’opinion quand on sait que 90% des citoyens interrogés défendent ce vieux principe dans tous les sondages. Le Parlement a légiféré contre le populo proprio, est-ce donc possible ?

Conscient du léger décalage qui existe de nos jours entre ces lois dingues (du DALO au SRU en passant par le sublime Duflot) et l’avis des Français, le gouvernement a inventé voilà peu un pompeux « observatoire des squats » censé donner en temps réel l’état de ces occupations sans titre, histoire de démontrer qu’il est efficace.

La lecture de ce tableau fait sourire (en janvier 2021, sur 124 cas, 17 pour les Hauts-de-France, sur… plusieurs milliers de procédures en France…). Les critères excluent pas mal de situations, notamment celles où le bien concerné n’est pas habité régulièrement, par exemple une résidence secondaire.
De même, pour intégrer cette liste, il faut avoir déclenché avant tous les leviers légaux avec avocats, huissiers et tout le tintouin.

Qu’on se rassure, ces affaires ne disparaitront pas de sitôt sauf dans le cas où le parlement irait jusqu’au bout dans les réformes en cours sur le sujet. Comme on a perdu notre Dimitri, ce n’est pas gagné.

Un marqueur de paupérisation

Les squats sont, quand ils se multiplient dans une ville, un indicateur de la dégradation des valeurs immobilières, résultat de la baisse de sa population – d’où la vacance des biens – cause et conséquence de l’effondrement de l’attractivité économique.
Ce phénomène, qui a été étudié par les urbanistes et les géographes, s’accompagne toujours des mêmes caractéristiques sociales, l’apparition d’une population pauvre et foraine ainsi que la hausse de l’insécurité. Quand on y pense, il y a assez peu de squats à Neuilly ou dans le XVI° arrondissement de Paris.

L’autre conséquence est la mise en péril des bâtiments car le destin d’un squat, très souvent, c’est de se transformer en fumée. Ces incendies peuvent être déclenchés par des branchements électriques bricolés ou, pire, par de bonnes flambées improvisées. Un meuble mis en petits bois bien secs et hop, c’est le feu de camp au milieu de la pièce.

Le vandalisme n’est aussi jamais très loin, excité par la facilité des accessibilités qu’aide une absence généralisée de surveillance. De même, l’abandon et le délabrement sont autant d’invitations aux dégradations selon le principe bien connu du carreau cassé qui veut qu’un de plus ou de moins, après tout…
Terminons enfin par l’impunité. L’anonymat des auteurs est toujours la règle. Quand ce n’est pas le cas, les sanctions sont inexistantes, comme le prouvent les piteuses conclusions policières et judiciaires des exemples qui suivent.

Les squats de Douai

A Douai, les squats prospèrent en silence, qu’ils soient publics ou privés. Dans ce dernier cas, il s’agit surtout de biens en déshérence que plus personne ne gère.

Une balade dans les rues du centre-ville et l’examen attentif de l’état des maisons les plus dégradées peut faire apparaître, ici ou là, des signes évidents d’occupations sauvages. C’est une porte ou une trappe de cave mal fermées, des serrures déglinguées ou encore l’allure bizarre des rideaux ou des ouvrants. On conseille aux lecteurs de s’amuser à observer ces signes lors de leur promenade dominicale.

Dans un mélange public/privé, on peut mettre dans le groupe qui précède les ruelles qui offrent, si on parvient à contrôler les portes d’entrée, une installation discrète dans les maisons qui s’y trouvent, restaurées avec les aides européennes mais officiellement inhabitées.
Ce fut ainsi le cas de la ruelle des Minimes qui donne sur la rue des Foulons, à quelques mètres de la mairie. Les occupants, trop malins, avaient même installé une machine à laver !

Un patrimoine en cendres

Peu de monde défend la qualité architecturale du bâtiment de la Direction départementale des territoires et de la mer (DDTM) qui se trouve rue de Roubaix. Vu de loin, ce gros truc brutaliste a pourtant belle allure mais quand on le regarde de près, on voit qu’il a pris cher, bien noirci ici ou là.
Désaffecté depuis juillet 2018 après qu’un violent incendie ait détruit une partie de la toiture, il en a connu un autre en janvier 2020 au sous-sol, transformant en chaleur les archives d’une administration depuis évanouie. Il ne manquait plus qu’un peu de flammes entre les deux niveaux déjà cramés, ce qui a été chose faite en décembre dernier.
De l’avis des spécialistes, il y a un lien formel entre son statut de squat et ces incendies à répétition.

Il était beau ce bâtiment… Payé par nos impôts…

Après le feu arrive l’eau. Dans ce cas, rappelons le triste sort réservé à notre ancienne université, squattée régulièrement comme le prouvent les traces d’habitation qu’on voit si on y fait un tour.
En mars dernier, on a découvert fortuitement une fuite dans ses sous-sols, entièrement noyés sur 2,5 mètres de hauteur. L’ampleur de l’inondation a été estimée à près de 1 200 m3. Pour donner un ordre de grandeur, c’est un peu moins que le remplissage de Sourcéane et presque le double de la piscine des Glacis.
Là encore, pas de doute, « l’acte malveillant » est évident comme l’ont reconnu les experts. Nos braves squatteurs devaient avoir soif.

Terminons en beauté par notre ancien IUFM, vainqueur toutes catégories des squats inflammables.
Largement pillé et fréquemment visité, le bâtiment a connu de nombreux « départs d’incendie » depuis sa fermeture définitive en juillet 2010. Un peu énervée, la VDN les égrène dans ses colonnes : ainsi en août 2020 – assez conséquent – puis en octobre et enfin en novembre 2022.
A chaque fois, la source des feux se trouve dans la « partie squattée » , laquelle est située tout à côté des services départementaux, proximité assez amusante quand on sait que ce bâtiment leur appartient.
Plaignons, non pas ce dernier, mais les riverains impuissants devant ces dangereux sinistres.

Oh, non, pas ça !

Que faire ?

Que dire au final ? C’est une affaire compliquée comme toujours à Douai quand l’intervention publique réclame énergie et ressources financières.
Il manque toujours un des deux trucs et même régulièrement les deux.
Tous les désastres cités – on a évité l’Hôpital Général qui est hors concours – reçoivent à chaque fois des excuses, quand on découvre le feu ou la flotte, en forme de projets à venir : « oui, oui, c’est bon, on a prévu un truc, c’est réglé » .
Ces piètres arguments relèvent évidemment de l’effet d’annonce, destiné à éteindre le ressentiment du citoyen, jusqu’au prochain incendie qu’on observera une fois de plus les bras ballants.

A quoi servent-ils ?

Ah si les illuminations de la rue de la mairie pouvaient s’accompagner d’occasions de se réjouir ! Pas de bol, un article de « l’Observateur du Douaisis » nous en empêche une fois de plus.
V’là qu’il nous annonce la fermeture de commerces de Douai emblématiques du centre-ville, le célèbre Devred et le non moins fameux Paprika.

Si on veut faire dans la nuance, il faut reconnaitre que la disparition progressive des magasins des villes moyennes sont des phénomènes complexes qui dépassent probablement de beaucoup les moyens de nos pauvres élus municipaux, en maîtrise théorique comme en capacité d’action.

Pour autant, comme le montrent certains exemples, il ne suffit pas d’espérer pour entreprendre, sans parler de la justification de l’existence de tout gouvernement : prévoir.

De ce point de vue, persuadons nous que la succession de crises qui assaillent notre pays depuis quelques années n’a comme origine que l’oubli coupable de ce principe de bon sens. Si ça foire ici ou là, c’est qu’une décision n’a pas été ou mal prise quelques années plus tôt.
Il est d’ailleurs assez piquant de voir nos gouvernants, qui bénéficient de la ponction fiscale la plus élevée du monde occidental, mettre tous leurs efforts à faire accepter aux citoyens la pénurie dans les services qu’ils leur doivent : soins, électricité, mobilité, éducation…

A notre échelle communale, il en est de même. Douai, gavée des revenus du charbon aurait pu, quand elle avait ces moyens, anticiper la fin des houillères.
Elle aurait pu, surtout, un peu plus tard, mieux négocier cette calamiteuse communauté d’agglomération qui transforme peu à peu la ville en trou noir commercial, faute d’y consacrer ses soins et ses ressources financières comme elle le devrait.

Des exemples de villes moyennes qui ont su résister au marasme existent. On a le cas extraordinaire d’Amnéville en Moselle, d’abord sauvé du communisme par son maire, Jean Kiffer, lequel a ensuite réussi à transformer une cité sidérurgique à la dérive en station thermale dynamique dédiée à une multitude d’activités génératrices de plus-value.

Il peut donc arriver que des équipes municipales trouvent les moyens de limiter la casse, tout simplement en identifiant certains facteurs de déclin et en mettant toute leur énergie à les réduire.
A Douai, partons du principe que c’est cuit du côté de Douaizizaglo® tant qu’on aura le parrain et le duo infernal aux manettes. Il ne nous reste donc que nos représentants communaux, lesquels après tout, en absence du soutien de leurs collègues agglomérés, pourraient définir toutes sortes de stratégies pour conjurer notre mauvais sort commercial.

Malheureusement, de ce côté, c’est pas fameux. Comme le montre l’orientation du « plan d’aménagement » que nous avons examiné récemment, il y a peu de chance qu’on sorte d’une décroissance qui met en priorité le sauvetage de la planète plutôt que celui de nos magasins.
Empêchons les clients de venir en bagnole, mettons les habitants à la marche à pied obligatoire, instaurons la cité « solidaire, inclusive et végétale » qui nous sauvera tous…

Mais il y a pire que ces choix absurdes, après tout soutenus par les électeurs puisqu’ils ont voté pour l’équipe actuelle. Cet article de « l’Observateur » prouve, à travers les témoignages des commerçants concernés, à quel point ce sujet n’est en aucun cas le dossier prioritaire de notre équipe municipale.

Le citoyen de base pourrait se dire, compte-tenu de l’impact catastrophique de ces fermetures sur l’image de la ville, que nos élus rémunérés passeraient tout leur temps à s’en occuper. Il ne suffit pas d’espérer pour entreprendre, ce serait au moins la preuve qu’ils se battent sur ce front où Douai joue sa survie.

Lisons. Que les « travaux de piétonisation de la rue de Bellain » n’aient pas aidé, les commerçants en sont persuadés, ces empêchements s’ajoutant aux effets de la crise sanitaire : « on a perdu près de 50% de trafic entre 2019 et aujourd’hui » . Ah oui, quand même…
Le pire est de lire ensuite cette promesse de désespérance : « on n’a pas été aidé par l’équipe municipale en place. Le maire n’est jamais venu nous voir pour savoir comment on se portait après l’épidémie et les travaux » . Pas un élu, pas un responsable n’a pris la peine de tâter le pouls de ces entrepreneurs en difficulté ? On croit rêver.

La conclusion est plus révélatrice encore ou d’ailleurs logique, de celle des réponses que peut donner une végétarienne quand on lui demande ce qu’elle pense d’un bon steak saignant.
Notre adjointe chargée, pas moins que « de l’urbanisme, des grands projets, du commerce et de l’artisanat » , explique, sur le mode procrastinateur qui restera la marque de cette équipe municipale, que rien n’est « encore dessiné » . Non, sans blague, rien ?
Verbatim ça donne : « nous n’avons pas avancé sur le sujet » , ou encore mieux : « nous envisageons de contacter les propriétaires. Si rien n’est prévu, nous rencontrerons des acteurs à la recherche de locaux pour partager l’information » .  

Vous avez bien lu, pas d’action, pas de concret, « on va partager l’information…. » . Nous on la donne : la vacance commerciale du centre-ville avoisine les 25% quand la France est à 9%…

Du PADD au PLU

Du béton avec du vert à Douai

Sujet essentiel pour l’avenir de Douai, la refonte du Plan Local d’Urbanisme (PLU) entre actuellement dans sa phase concrète. Nous ne pouvions passer sous silence ces opérations et cela d’autant plus que personne ou presque n’en parle, ni n’en parlera.
La municipalité, qui en a l’obligation, a mis en ligne son Projet d’Aménagement et de Développement Durable (PADD), base stratégique du plan à venir. Plongeons nous dedans.

Des spécialistes sont à l’œuvre

C’est un cabinet extérieur, Verdi, pompeux « designer de territoires » qui, cette année, en a assuré la réalisation. Cette grosse boite possède des antennes un peu partout, dont une à Wasquehal (Verdi Nord de France), elle même déclinée à Eleu-dit-Lauwette, d’où sort ce PADD.
Ce genre de machines – qui prospèrent depuis la décentralisation – payées à prix d’or pour produire au kilomètre ces documents stéréotypés n’échappent pas à une contradiction foncière. D’un côté, elles maîtrisent en expertes leur forme générale. Mais, de l’autre, elles ne connaissent rien des déterminations d’un territoire découvert quand on leur passe commande.

Il aurait été toutefois possible de pallier ces insuffisances par divers moyens, ainsi des enquêtes et des investigations adaptées. Rien de tout cela pour constituer le diagnostic de notre brave PADD.
Les sources sont un évident pompage du SCoT ou, plus simple encore, la reprise des problématiques qui se baladent un peu partout, saupoudrées de quelques références externes bien banales.
On comprend enfin qu’on a surtout sollicité la municipalité elle-même, probablement par divers entretiens ou le recyclage d’études qu’elle a produites dans le passé. Dans ce genre de littérature, rien ne disparait, ni ne se crée, tout se transforme.
Cette fabrication explique, c’est de bonne guerre, les innombrables « coups de chapeau » à destination de la mairie. On résume : si tout va bien c’est parce que nous sommes dirigés par une équipe de haute volée pour laquelle, au fond, ce nouveau PLU ne sera qu’un aboutissement sinon une continuité de tout ce qu’elle a déjà fait. Mouais…

Éloge du métalangage

Pour finir sur la forme, on y trouve, à cause sans doute de ce qui précède, des erreurs de faits qui amusent un peu. Comme on est sympa chez DouaiVox®, on feindra de les prendre pour des coquilles. Même remarque sur la qualité des schémas et autres cartographies dont les légendes sont illisibles. On a vraiment payé pour ça ?

Reste enfin le style dont la lourdeur et la prétention permettent à ce document d’atteindre les cimes sublimes du métalangage. Ces expressions alambiquées « qui font genre » ont pour but de convaincre le lecteur de la compétence des auteurs tout en éloignant le pékin.
Nous mettons d’ailleurs en fin d’article un lexique avec ses correspondances en français courant pour faciliter la compréhension des citoyens.

Car au delà de ces petits défauts d’apparence, on aimerait que ce document soit lu par tous les habitants de Douai sachant qu’il annonce leur environnement urbain pour les décennies à venir.
On a dans ces pages le « grand dessein » du maire et celui des rares conseillers qui y comprennent quelque chose, probablement exclusivement verdâtres.

Après la forme, attaquons nous au fond. Comme dit précédemment, rien d’innovant dans le diagnostic. Il est tellement convenu qu’on se demande comment on peut oser demander à un cabinet extérieur de le définir.
A l’exemple de beaucoup de ses sœurs du Nord et d’ailleurs, Douai est une ville moyenne en déclin. Elle a perdu près de 15 000 habitants en 50 ans, effondrement démographique qui masque la profonde transition sociologique tirant aujourd’hui la cité vers la pauvreté inactive.
Évidemment, cette évolution négative découle de la disparition des activités industrielles et minières, autrefois florissantes, dont l’énorme plus-value irriguait toute la région et sa ville-centre. C’est à ces deux mouvements, absolument liés, qu’il faut s’attaquer.

De bonnes stratégies

Reconnaissons que de ce point de vue, les axes stratégiques du PADD sont plutôt bien posés. Ils renvoient d’ailleurs à bon nombre de propositions faites par tous les candidats – sauf le sortant – lors des dernières élections municipales. Ils pourraient crier au plagiat, ils devraient plutôt saluer cet hommage.
Passons rapidement sur l’obsession réchauffagiste, tonalité lancinante du projet que nous aborderons en conclusion, pour saluer la « revitalisation du cœur de ville » ou sa « connexion avec ses faubourgs » . Célébrons surtout « l’ancrage des Douaisiens » , formule absurde qui pose toutefois l’obligation vitale de « revenir au dessus de la barre des 40 000 habitants » et pas seulement pour sauver la rémunération du DGS.

Sur ce substrat aussi logique que bienvenu, on trouve d’autres bonnes choses. Ainsi l’accent porté sur la fonction touristique du centre ville en valorisant entre autres la vieille Scarpe ou encore la priorité donnée au quartier de la gare dont la fonction de liaison et le potentiel économique sont évidents.
De même, concernant les quartiers périphériques qui se portent si mal, l’impératif de les relier au centre. S’il est difficile de comprendre de quelle façon on va s’y prendre, l’évocation à cet endroit d’un déploiement du « très haut débit » permet de supposer qu’une telle ressource internet est envisagée dans toute la ville. Et bé, si c’est vrai…
Quant à la nécessité de stopper l’hémorragie démographique, applaudissons le constat. On sort enfin du déni. Le meilleur est ensuite la découverte, pour y parvenir, de s’occuper du centre ville où, effectivement, la vacance locative est monstrueuse.
Bon, la liste de la « diversité » attendue fait sourire. On y met tout, du riche, du pauvre, du travailleur, du retraité. Il n’y manque qu’un squat autogéré.
Pour finir dans le « bon » du PADD, la fonction « polarisante » de Douai est rappelée avec justesse. C’est là qu’apparait enfin la mention de Douaizizaglo®, qu’on croyait ne jamais arriver sur ces pages. La communauté d’agglomération y est bien rare alors même que ses décisions ont un impact majeur sur l’évolution de la ville centre.

Il faut élargir le PLU

A cet instant, il faut évoquer les insuffisances du projet qui tiennent d’abord, soyons justes, à l’objet étroit d’un plan local d’urbanisme. Rappelons le pour ne pas s’illusionner sur ses effets. Un PLU énonce exclusivement des règles d’aménagement et d’utilisation des sols d’une commune et rien de plus.
Il fonctionne sur une logique de zonage qui interdit et qui autorise, la première posture étant évidemment plus efficace que la seconde.
Autrement dit, il est assez simple d’empêcher tel usage sur telle parcelle mais il est plus aléatoire, si elle est réservée à un type d’habitat ou une activité économique spécifique, que cette destination soit concrètement réalisée.

Cela pour dire que les ressorts d’un renouveau urbain, comme le souhaite la majorité municipale, ne peuvent se trouver dans le seul PLU. Il dépend de nombreux facteurs, dont en grande partie l’action des collectivités locales voisines – en premier lieu des EPCI – sinon des échelons supérieurs, département ou région.
Bien légères apparaissent la prise en compte de ces déterminations dans ce PADD. Les pauvres citations du SCoT ou celles – infimes – des projets de Douaizizaglo® (Le Raquet, la « piscine communautaire » , une fois et pas plus…) rendent bien incertaine l’atteinte des objectifs qui y sont définis.

Au delà de cette indispensable coordination de ces échelles administratives, on bute rapidement sur les moyens financiers qui vont déterminer la réussite ou l’échec du plan. Si toute la dépense des « éléphants blancs » de la communauté d’agglomération – posés à la périphérie – avait été orientée vers la ville centre, il est facile d’imaginer que les effets de cette manne financière y auraient été majeurs.

Addition des dépenses de la communauté d’agglomération, l’unité de cette estimation est le million d’euros.

Dépenses de construction de Douaisis Agglo

Il ne reste donc à la mairie, pour assurer les projets d’aménagement qui structurent son PLU, que la ressource des programmes nationaux. D’où le rappel jusqu’à plus soif de l’opération « Cœur de ville » qui a été lancée en 2018 et dont les résultats concrets se font d’ailleurs attendre. Bientôt cinq ans les gars…
Même remarque, concernant le centre ancien, sur cette « opération programmée d’amélioration de l’habitat de renouvellement urbain » (OPAH-RU). Notons que l’objectif premier de ces trucs – légal – est la création d’une « offre locative à vocation sociale » . On sera bien éloigné de la diversité attendue des nouveaux habitants célébrée dans le PADD.

Indiquons au passage que s’ils sont locataires, et plus encore d’un bailleur social, ils ne paieront pas d’impôt local. De ce fait, comptons enfin pour rien les ressources propres de la ville, c’est à dire la fiscalité communale.
DouaiVox® a suffisamment évoqué cette question dans ce blog pour ne pas y revenir encore. Un arrivant dans le Douaisis aura vite fait de comprendre qu’il vaut mieux habiter à Lambres ou Cuincy pour profiter des avantages de la belle ville centre – s’il parvient à y entrer avec sa Peugeot – sans en avoir les inconvénients fiscaux.

Parions qu’une réduction drastique de l’impôt local, sinon la convergence des taxes foncières au sein de la communauté d’agglomération, seraient d’ailleurs un levier efficace pour rendre Douai attractif, bien plus qu’une refonte du PLU.

La religion écologique va nous sauver

Terminons cette courte recension par le sentiment d’inquiétude que ce projet suscite. Si on prend un peu de hauteur, comment ne pas rester perplexe devant l’omniprésence, à tous les détours de page, d’une religion écologique qui déborde de partout par son vocabulaire et ses dogmes ?

Quel futur ce PLU dessine-t-il pour Douai ? Assurément celui de la conjuration d’un avenir apocalyptique par le biais d’innombrables interdits.
L’amusant c’est que cet évitement de fin du monde, comme les préconisations qui y correspondent, n’échappent pas à quelques contradictions quand on les regarde de près.
On va manquer d’eau mais Frais-Marais risque l’inondation. Il faut préserver le patrimoine mais tout autant le contraindre aux impératifs d’économie d’énergie, donc le dénaturer. On veut de nouveaux habitants mais si on mettait des arbres à la place ce serait mieux etc. La liste est infinie.

La plus forte contradiction est probablement celle qu’on repère entre le discours et la réalité.

La prolifération des termes lénifiants – une douzaine de « doux » ou « douce » quand même – parait annoncer une sorte de paradis où, par la persuasion bienveillante – et « douce » tant qu’à faire – serait sereinement évité tout ce qui réchauffe la planète à partir de Douai.

Il y a un agenda caché derrière cette apparence bonhomme, celle d’une angoisse eschatologique visant à éradiquer par la contrainte tout ce qui pose problème.
Loin d’attirer l’habitant nouveau ou l’entrepreneur innovant qui pourront facilement trouver mieux ailleurs, cette obsession écologique porte en elle la promesse de l’échec.
Il sera compliqué d’avoir en même temps un oasis de verdure traversé par des sentes en terre battue et une capitale régionale où déboulent une multitude d’entreprises et des masses d’habitants nouveaux.

Ce PLU sera comme une éolienne qui attend la brise qui ne vient pas : résiliente, inclusive et… inutile.

Ci dessous le lexique mirobolant du PADD qui nécessitait, comme nous l’avons indiqué, une traduction ad hoc.

VERTLANGUEFRANÇAIS
Accessibilité viaireRoutes et rues
Activité cesséeUsine fermée
Amplifier les identités des séquences urbainesHarmoniser le bâti
Artificialisation nettePlus d’arbres que de béton
Cheminement douxMarche à pied (voir connexion douce)
Connexion douce continue et fluideMarche à pied (voir cheminement doux)
Culture du risqueCraindre la chute du ciel sur la tête
Délaissé urbainFriche immobilière
Entrée de ville ferréeQuartier de la gare
Foncier mutableTerrains à vendre
Fragmentation des continuités écologiquesUn jardin, une maison, un jardin, une maison
Gare d’eauPort fluvial
Intensité et mixité urbaineParc immobilier social
Lecture facilitée de la villeRefus de la méthode globale
Liaison douce et sécuriséePasserelle sur voie ferrée
Linéaire commerçant diffusCellules de magasins vacantes
Linéaire de promenade paysagerChemin de balade
Marqueur d’identitéRéputation
Marqueur urbainMonument à voir
Matériau à fort albédoSurface réfléchissante
Mise en lumière apaiséeExtinction des lampadaires dès qu’on peut
Mode actifMarche à pied (voir mode doux)
Mode douxMarche à pied (voir mode actif)
Place de la convivialitéPlace du passage à tabac
Séquestration du carbonePlantation d’arbres
Sobriété et résilienceAbsence de dépense
Superpositions de gestionUsages multiples
Territoire inclusif, solidaire et résilientVille de pauvres, payée par les riches, tous à vélo
Trame verte, bleue, brune et sombreContraire de la rue de Bellain
Urbanisme circulaireRecyclage immobilier

Et si on faisait des remarques ?

Dans le cas souhaitable où nos lecteurs auraient l’envie de porter à la connaissance du commissaire enquêteur certaines critiques constructives sur le PLU et le PADD, voilà les créneaux disponibles au 26 novembre dernier.
On ne se bouscule pas dans cette grande métropole régionale pour contribuer à son avenir radieux et solidaire.
Il est vrai qu’on peut avoir le sentiment très net que tout est joué d’avance.
Sur la possibilité d’infléchir ces choix, c’est certain, mais les paroles s’envolent et les écrits restent, ce qui sera très utile au moment du bilan municipal sur les deux critères qui comptent : l’emploi et la démographie.

Cochons de payants!

Une obsession de notre part nous dira-t-on. Pas faux. Mais il n’y a pas loin de ce sentiment à la passion. Il a semblé rigolo de se pencher sur le nombre et le profil des contribuables qui font tourner Douai avec leur taxe foncière, soit les propriétaires qui y résident encore.

A Douai, sur un budget 2020 de 59,3 millions d’euros en fonctionnement, les « impôts et taxes » représentaient en recettes 37,8 millions soit environ 63%. Le reste des ressources est constitué d’une grande variété de choses, notamment diverses dotations attribuées au titre de notre pauvreté collective.

Les impôts augmentent quand tout baisse

Concentrons nous plutôt sur les taxes foncière et d’habitation (car il existe encore des Douaisiens qui la paient) mais surtout comparons deux budgets entre eux, 2015 et 2020, les seuls pour lesquels nous disposons des documents comptables.
On s’empresse d’ajouter que nous tiendrons pour négligeable la taxe foncière sur les propriétés non bâties (TFPNB) dans les raisonnements qui suivent.
Pour le premier budget, « impôts et taxes » se montaient à 36,4 M d’euros dont 20,9 M d’euros pour le cumul des taxes d’habitation et foncière. Pour le second – soit cinq ans plus tard – on repère respectivement 37,8 et 23 M d’euros, dernier chiffre qui constitue, en passant, près de 40% des revenus de la ville.

Cf ligne 73111 où les taxes foncières et d’habitation sont fusionnées, les titres émis sont supérieurs aux crédits ouverts… Pour le reste, comme dirait l’autre : « you can’t fix it ? Tax it ! »

Nous noterons que dans Douai de plus en plus pauvre et de moins en moins populeux, les ponctions fiscales ne se réduisent pas. Cette progression inexorable est défendue par Frédéric Chéreau, lequel affirmait récemment qu’on « pourrait faire le choix de se serrer la ceinture et de baisser nos taux, ce n’est pas le nôtre » .

Traduction : avec un budget stable mais une population en baisse (la tendance est de 1% par an selon la Cour des Comptes), la variable d’ajustement sera la hausse régulière de la ponction sur les propriétaires… non exonérés.

Cette évolution tient, en partie, à l’augmentation nationale des « bases fictives » – dans une ville où les valeurs immobilières s’effondrent – mais aussi et surtout, depuis l’élection du maire en 2014, à celle de taux régulièrement augmentés.
Pour autant, au delà de ces considérations désespérantes, on a un peu de mal à connaître – c’est dommage – la part de chaque taxe (foncière et d’habitation) dans les ressources fiscales de la ville car les « comptes administratifs » ne les distinguent pas.
C’est d’autant plus gênant que la disparition de la seconde – réforme séculaire – doit avoir un impact sur l’économie générale du budget municipal.

Avançons dans ce brouillard fiscal. En 2015 les deux taxes amènent 20,9 M puis, en 2020, 23 M d’euros. En théorie, cette année-là, 80% des assujettis à la taxe d’habitation ne la paient plus, ce qui devrait se voir un peu.
Le mystère s’épaissit quand Frédéric Chéreau, lors de la présentation du budget en mars 2022, a annoncé, pour la seule taxe foncière, un produit de « 21 millions d’euros » .

Avec une progression « mécanique » de 0,5 million d’euros par an des deux taxes (comme constaté entre 2015 et 2020), on aurait en 2022 un total (TF + TH) de 24 millions. Si on retire les 21 millions de la taxe foncière annoncés par le maire, le produit de la taxe d’habitation serait donc de 3 millions, avec une hausse ininterrompue du tout depuis 2015

Ces augmentations, qui relèvent du prodige, méritent des recherches. Comment expliquer tout ça ? Supposons la faiblesse originelle de la taxe d’habitation, la hausse de la taxe foncière qui compense, la possible mise à jour foireuse des documents budgétaires, un truc inconnu de grande ampleur etc.
On sèche. Si un lecteur a une explication, on prend.

Quoi qu’il en soit, ouvrons donc les comptes d’apothicaire en considérant que le produit de la taxe foncière était en 2020 de 19 millions d’euros.
Ce chiffre – peu assuré – sera notre base de calcul pour connaître la part moyenne des ponctions sur les propriétés et les propriétaires.

Les propriétés

Cette donnée connue, il faut ensuite savoir combien nous avons de propriétés dans Douai. L’INSEE est précis. En 2019, on a 17773 « résidences principales » dans la ville pour 6516 propriétaires qui vivent dans leur bien.
Une comparaison est intéressante à faire sur la décennie écoulée. Elle rend compte de notre incontestable contraction démographique. On recensait en 2008 respectivement 6751 proprios sur 18028 résidences principales.
Il faut rappeler que toutes les 17773 résidences sont éligibles à la TF, payée par les propriétaires quelque soit leur statut, y compris pour ceux qui les louent mais n’y habitent pas.

Pour autant, il faut considérer la nature des biens eux-mêmes. Certains ne sont pas soumis à la TF. Cela concerne les logements sociaux dont l’exonération est de droit. On n’entrera pas dans le détail des conditions de cet avantage qui dépend du mode de financement, de l’ancienneté du bâti et surtout de son affectation.
Pour le coup, on doit retrancher ce nombre. Par chance, il est connu alors même que les bailleurs sociaux sont surreprésentés dans notre commune. Sortons des 17773 résidences principales nos 5600 logements sociaux (soit 31% du tout), restent 12173 « résidences » .

Il est possible d’ajouter à ce stock « social » tous les logements détenus par des personnes privées mais qui ne le louent pas, condition qui vaut dans certains cas exonération de la TF.
La vacance immobilière est importante à Douai. Elle a doublé en dix ans, passant de 1583 logements vides à 3693, dernier chiffre sans doute accru après la crise sanitaire.
Au doigt mouillé à la douaisienne, retenons 10% d’exonérations sur ce total, ce qui prendra aussi en compte, tant qu’à faire, les « locations sociales » assurées par des personnes privées, soit 360 logements sans TF, ce qui nous donne au final 11813 résidences.

Donc si on résume et faisant fi des biais statistiques probablement nombreux mais qui donnent tout le sel à notre raisonnement fait de carottes et de pommes de terre, nous avons à Douai 11813 résidences soumises à la TF. Sur les 19 M de recette, la valeur moyenne de la ponction est donc de 1608 euros.
Ce chiffre est à rapporter aux 827 euros qui correspondent à la moyenne nationale (et même 770 euros dans le Nord). Chez nous c’est le double et on nous dit sous le beffroi qu’on a de la marge !

Les propriétaires

Après les propriétés, il faut s’occuper des braves propriétaires habitant chez eux, lesquels étaient en 2019 exactement 6516 soit 38% de la population douaisienne.

Après cette donnée précise, les choses se compliquent. Dans notre pays fou qui adore les exceptions et les cas particuliers qui justifient l’existence d’administrations pléthoriques, il faut retirer de ce groupe les exonérés de la taxe foncière.
Ce sont, à la louche, les pauvres, les vieux (de plus de 75 ans à faibles revenus) et les personnes handicapées. Certains, c’est logique, regroupent parfois ces trois critères, surtout chez nous.
Selon l’INSEE, environ 8% des propriétaires sont considérés à Douai comme « pauvres » tandis que 12% des habitants de plus de 75 ans relèvent à leur tour de cette catégorie.
En étant généreux à la Douaizizaglo®, retenons une part de 10% de propriétaires exonérés de la TF, ce qui nous laisse 5865 personnes qui y restent assujettis.

Nous arrivons au final à ces 5865 propriétaires vivant dans leur résidence principale et qui paient en moyenne 1608 euros de taxe foncière. Le total représente la somme de 9,4 M d’euros directement passés de leur poche dans le gouffre du budget municipal.

Lecteur, si un jour tu croises un passant qui arpente la rue de Bellain vide et glacée d’un pas pressé, dis toi qu’il s’agit peut être d’un de ces généreux contribuables.

Mieux, si tu es un locataire à vélo inquiet de l’extinction du monde vivant, sache qu’il représente une espèce en voie de disparition…

——————— Petit ajout ultime….

Contribuables Taxes foncière Douai
En 2021, la TH est à 1,1 M (ne restent plus que les résidences secondaires) tandis que la TF est à 23,2 M (19,7 de produit et 3,5 M de compensation). Merci Aginda !
Effets de la disparition de la taxe d’habitation en 2021. Notons qu’en 2009, la taxe foncière ramenait 8,5 M d’euros. C’est aujourd’hui 19,7 M, soit plus du double et cela avant la compensation de l’Etat (payée par tous les contribuables)

Un Carrefour en cul de sac

Nous pensions quand même disposer d’un peu de répit après avoir appris la fermeture de notre vieux Monop’. Et bien non, la loi des séries s’impose maintenant à Douai. Carrefour Market étant parti se refaire une santé ailleurs, la conséquence logique vient de tomber : la galerie du Dauphin va fermer définitivement à la fin de l’année.

Plutôt que de revenir sur les raisons rabâchées conduisant à ces fermetures régulières (les zones commerciales favorisées par la « Commission départementale d’aménagement commercial » , la chasse aux bagnoles, l’obsession de la marche à pied et du biclou pour réduire nos 0,9% d’émission planétaire de CO2, bla bla bla…), regardons cette catastrophe supplémentaire pour tout ce qu’elle enseigne.

D’abord l’inutilité d’une galerie marchande rénovée à grand frais et qui a eu beaucoup de mal à conserver les commerces qu’elle y a péniblement installés. Tout démontre encore une fois qu’une mauvaise idée reste mauvaise quand sa mise en œuvre n’est pas étayée par des études sérieuses. On a du mal à comprendre ce qui a poussé la famille Hoang d’Eurobail à investir là dedans.

Elle a peut être été convaincue par la proximité de l’ébouriffante place du Dauphin, fleuron du dernier mandat dont les piliers chromés ont bien du mal à transformer un cloaque en espace attractif. Dans tous les cas, c’est sans appel. Absence d’impact sur le chiffre d’affaires des commerces mais à l’inverse leur disparition régulière qui transforme à présent la dite place en cul de sac. De fait, plus personne ne passera devant pour entrer dans la galerie.

Ajoutons qu’au contraire des édiles qui décident mal et agissent bêtement, les grandes enseignes possèdent, elles, un salutaire instinct de conservation. Une succursale sans clients donc sans bénéfices doit fermer. Rien à voir avec le système – gratuit comme chacun sait – d’une « Action Coeur de Ville » qui, en dépit des millions déversés, n’empêche rien. Le contribuable est éternel au contraire du client beaucoup plus provisoire. Lui, au moins, a le choix de ne pas prendre quand il ne le souhaite pas.

Quel symbole plus éclatant, enfin, que le déménagement des commerces à Sin le Noble ou ailleurs. Il démontre l’impuissance d’une ville centre qui maudit des conséquences quand elle en chérit les causes. Reprenons les mots de la VDN lorsqu’elle a évoqué la fermeture du Carrefour Market : « ce trou béant dans la galerie marchande est une claque infligée à la municipalité et à ses partenaires qui mènent une politique de revitalisation en cœur de ville » . La fermeture de la galerie n’est plus une claque, c’est un coup de poing.

Accessoirement, cette dernière pose quelques petits problèmes de gestion du parking attenant, en termes d’accès piétons notamment pour les personnes handicapées. Selon la très inspirée Voix du Nord, la fermeture « serait un coup dur pour la municipalité, pour laquelle les 200 places du parking sont une pièce maîtresse de la piétonisation du cœur de ville » . Notre petit doigt nous dit qu’on va rajouter une bonne rasade d’argent public pour résoudre ce problème.

Continuons donc à enregistrer, jour après jour, ces fermetures qui transforment inexorablement la ville en village sans attractivité commerciale. Réduite aux seuls habitants du centre, tous piétons, Douai aura une activité à leur image : rare et faible.
C’est sans doute, quand on y réfléchit un peu, la vision impensée de cette majorité municipale. Le retour définitif à l’état de nature.

Journée Portes Ouvertes

Constat d’abandon pour l’hôpital Général de Douai. Il reste aux citoyens qui l’ont payé de mesurer jour après jour l’évolution d’un patrimoine offert, pour un prix d’ami, à un investisseur efficace.
Pour mémoire, le projet de rénovation en « hôtel Mirabeau » atteindra bientôt la décennie en termes de délai.

Pour conclure ce petit reportage, il est possible comparer l’état de ces bâtiments avec celui de la « journée portes ouvertes » de la Financière Vauban en 2018, pour ceux qui en ont alors profité.
Les façades ont depuis pris de la couleur, le gros œuvre parait tenir. Pour autant, tout monument laissé ouvert à tous les vents est un appel au vandalisme comme au pillage, fréquent dans notre ville paupérisée.
Tout cela finira en bois de chauffage si on n’y prend pas garde. Allez les élus aux idées géniales : remuez vous !

Régie ou délégation

Cette fois un peu de philosophie politico-économique avec quelques définitions sur la façon dont une collectivité locale ou l’État assurent les missions qui justifient leur existence.
En gros, soit ils les gèrent eux mêmes – c’est une régie – soit ils les passent à d’autres, souvent des entreprises privées, contre une rémunération, c’est une délégation de service public.

Faire soi-même ou pas

Comme on est en France, ce qui précède est la situation théorique idéale. Dans la réalité, elle est presque rare. On peut déléguer une mission à un machin plus ou moins public, la découper en morceaux dont certains sont privés et d’autres publics etc. Les possibilités sont infinies jusqu’à la folie.
Il existe ainsi la célèbre « régie intéressée » qui confie un service public à un contractant qui se rémunère par un bénéfice sur les résultats tandis que la collectivité reste chargée de la direction générale du bazar. Donc cette « régie » est une délégation…

Dans ce qui est certain, on dira que le régalien est toujours public – l’armée, la police – mais on trouvera bien ici ou là à coups de mercenaires et de vigiles quelques exceptions qui confirment la règle.

Voilà un siècle, l’action publique se limitait à l’indispensable. Elle intervient aujourd’hui partout. Le contact entre le privé et le public est une passoire, sachant que le second réduit inexorablement la surface du premier.
Le mouvement n’est pas près de s’arrêter quand on observe les crises actuelles qui poussent le citoyen vacciné et masqué à réclamer « plus d’État » pour s’en préserver.

Privé ou public

L’idéologie aide un peu pour y voir plus clair.

La Gauche adore la régie, synonyme pour elle de respect des intérêts des citoyens, les plus démunis en tête. Il y a au bout du bout du cerveau de ses élus le rêve d’une étatisation complète de l’économie. Un paradis d’égalité à base de dons gratuits dont disparaitrait l’abominable entrepreneur privé, toujours soupçonnable d’échapper à l’impôt salvateur et en plus, aujourd’hui, de détruire la planète.

La Droite est à l’inverse, mais sans que ce soit une vérité absolue comme nous le verrons plus loin, plutôt favorable à la délégation. Outre de délimiter le périmètre et la dépense de la mission, elle défend l’idée simple que le patron de l’entreprise qui en sera chargée aura à cœur de la maintenir en bonne santé. Il va surveiller de près le budget afin d’éviter le gâchis auquel n’échappe pas toujours l’administration publique.

© La Gazette des Communes

Difficile de trancher cette question. Il existe des collectivités locales ou des services d’État qui dépensent au mieux avec une efficacité maximale. Il en est d’autres qui sous-traitent au privé parce que leur personnel est incapable de faire, ce qui revient au contribuable à payer deux fois.
Certaines délégations de service public à base de contrats léonins sont le royaume de la gabegie – ou du truandage au bénéfice des amis – quand d’autres, évidemment, ne coûtent que le juste prix.

Il est incroyable de savoir qu’en France, il n’existe aucune obligation imposant aux collectivités locales la comparaison avec les modes de gestion alternatifs à la régie. Par contre, elle s’impose quand on décide d’une délégation de service, par la logique de la mise en concurrence.

Cette dissymétrie prouve à quel point nous considérons la puissance publique comme insoupçonnable. C’est probablement un reste de notre histoire monarchique qui faisait de l’impôt une obligation – en fait un tribut – découplée de tout avantage concret pour le payant.
L’ADN des Anglo-saxons est diamétralement opposé. Comme leur démocratie en procède, l’impôt est sacré. Les pires crimes sont de s’en dissimuler et ensuite de le gâcher. On comprendra que les Français ne combattent que le premier.

Avantages et inconvénients

Si on rentre un peu plus dans le détail, encore qu’il s’agit là d’affreuses simplifications, le facteur qui intervient dans les arbitrages régie/délégation est évidemment le coût rapporté au service donné, sachant qu’il est assuré dans tous les cas par des ponctions fiscales.

Celui d’un service public ne peut être réduit à sa masse salariale et moins encore corrélé fermement aux bienfaits qu’il apporte aux citoyens, même si certaines administrations disposent d’indicateurs et de ratios.
Plus précise, une délégation de service public est dépendante d’un cahier des charges qui commande l’abondement financier donné au prestataire pour qu’il assure sa mission.

Pour autant, il doit quand même faire un peu de bénéfice, lequel peut être accru par un serrage des charges, en premier lieu celles du personnel, mais aussi une meilleure optimisation de la mise en œuvre.
Comme le montrent actuellement les péripéties gazières qui poussent certains délégataires à dénoncer leur contrat, tout défaut se traduit par un retour au budget de la collectivité. Si on résume, le bénéfice va au délégataire tandis que les pertes sont pour le contribuable.

Arrêtons là ces réflexions générales qui mériteraient des traités de droit public, lesquels existent. On y renvoie les lecteurs parvenus jusqu’ici. En fait, cette affaire de régie et de délégation nous intéresse pour sa traduction dans nos affaires locales.

On « fait maison »

On découvre ainsi dans le foisonnement d’éléphants blancs qui est la marque de notre Douaizizaglo® la variabilité des arbitrages du président Poiret – absolu tout puissant – sur cette question.

La récente annonce de l’abandon du célèbre CFA du Douaisis a permis d’apprendre la raison pour laquelle l’agglo voulait assurer sa construction en régie. Habituellement, on délègue sagement un chantier à des gens qui sont meilleurs spécialistes du béton que la pauvre administration de Douaizizaglo®.

Ce choix aurait permis « de récupérer la TVA » , justification triviale s’il en est. Tout contribuable préférerait qu’on mette plutôt en avant – outre l’utilité de la chose – la capacité à construire bien, rapidement et pas cher. Ces critères devraient être d’ailleurs les trois axes d’une évaluation de tous nos projets locaux d’où qu’ils viennent.

La TVA est par définition une taxe qui s’ajoute au coût d’une opération. Si le CFA avait coûté 10 M d’euros, nous aurions donné en sus à notre État bienfaiteur 2 M, ce qui aurait monté la dépense globale à 12 M. La « récupération » n’est pas absence de paiement. Le fisc qui touche les sous les redonne ensuite à la collectivité locale maîtresse d’œuvre. Ces 2 M auraient donc été une cagnotte, de la fraîche en plus, qui aurait pu servir à réduire l’emprunt ou à toutes sortes de choses inconnues de nous tous.

Enfin, il parait peu probable que notre président – infaillible et visionnaire – prenne lui même pelle et pioche pour construire un bâtiment, ni même que cette charge revienne à Douaizizaglo® en dépit de son efficacité bien connue. Il faudrait évidemment passer par divers prestataires, de premier et second œuvre, avec sans doute la possibilité d’un choix local, ce qui n’aurait probablement pas été le cas si un gros opérateur gérait toute l’affaire.

Les patrons varient souvent

On tient habituellement Christian Poiret pour un gars de droite. Enfin, on annonce cette obédience avec précaution car elle parait, quand on la documente, assez flottante. Cette incertitude ménidienne explique les variations de notre président – bien aimé et omniscient – sur le sujet des régies et délégations. Son goût pour la première interpelle.

De ce côté, on a en effet beaucoup d’exemples, hors cette affaire de CFA dont le modèle serait parait-il venu des DOM-TOM, argument qui vaut son pesant de bon gouvernement.
Existait aussi, mais c’est ancien, l’organisation originelle du SMTD qui ne séparait pas l’agglo du syndicat, un peu comme si l’assemblée nationale avait géré en direct la SNCF. Ce n’était pas de la régie mais de la méga-régie. Notons aujourd’hui en passant le statut d’ornithorynque de la STAD-Evéole qui est public sans l’être tout à fait.
Plus exotique encore, il faut citer la transformation de notre entité agglomérée en promoteur en charge des opérations immobilières du Raquet. Il était assez ébouriffant de rencontrer dans des salons spécialisés des « vendeurs » siglés Douaizizaglo®. Soulignons leur efficience, comme on dit, pour bétonner puis peupler ce quartier.
Autre sujet amusant, Arkéos. La Cour des Comptes avait soulevé l’absence d’un budget propre qui interdisait de repérer dans le « grand tout » les déficits accumulés par cette merveille. Notons qu’on tente, loin de toute délégation – c’est le moins qu’on puisse dire – de conjurer l’échec de ce « musée » en le transformant en parc d’attraction.
On a enfin, rappelée récemment, l’opération EuraDouai dont Douaizizaglo® envisage de piloter « tous les grands équipements » , probablement sur le modèle du Raquet.

Bien fol qui s’y fie

Pour les DSP, leur recensement précis parait compliqué à faire mais elles sont probablement moins nombreuses que les régies, surtout à Douai.
Pour preuve le débat qui a eu lieu au conseil d’agglomération en juillet dernier lors de l’octroi de la délégation de gestion des deux fleurons du Raquet : Sourcéane mais surtout la fameuse patinoire que le monde entier va nous envier pour sa sobriété energétique.

Le maire de Douai Frédéric Chéreau et ses alliés se sont abstenus, le premier justifiant sa décision par la défense logique de la régie de la part d’un socialiste, laquelle « permet plus de souplesse dans l’accueil des écoles » sachant que « le cœur de l’activité d’un délégataire de service public, c’est de faire du commerce ».
Notre président, qui a toujours un peu de mal avec la contradiction, est monté au créneau pour défendre cette option sortie de sa seule tête, choix voté ensuite par le conseil comme un seul homme. Cette fois-ci, les arguments relevaient d’une affaire de sous sans TVA. Le prix annoncé était, pour Sourcéane, de 680 000 € et, pour la patinoire, de 473 000 €, montants qualifiés de « raisonnables » par Christian Poiret, encore que les obligations du prestataire ne sont pas connues.

Toujours vachard, notre patron aggloméré a taclé son rival douaisien en lui jetant à la figure le coût de ses deux piscines municipales qui serait d’1 million d’€ annuels. Sortes de monuments historiques en mauvais état (surtout Beausoleil), elles sont effectivement gourmandes en énergie et disposent d’un personnel largement dimensionné. Ceci explique cela.

© La Voix du Nord 2018

Pour revenir à la délégation, l’amusant reste le choix du prestataire. Si Récréa a quitté Sourcéane, Douaizizaglo® a fait un blot avec la patinoire en passant les deux sous la gestion du célèbre Vert Marine qui a récemment défrayé la chronique.
Ce prestataire tentaculaire (80 équipements en DSP) a en effet dénoncé certains contrats piscinicoles au titre de l’envolée du prix du gaz.
Notons qu’Armentières et d’autres communes de notre région se trouvent donc actuellement bien embêtées. Il semble pourtant que nous ne risquons rien car notre président – écologique et inoxydable – a prévu que la biomasse remplace le précieux produit russe. Si c’est vrai, tant mieux.

Pour conclure sur ce sujet, quelques réflexions. D’abord qu’il est moins clair que les postures qu’il provoque, lesquelles comme nous les avons vues, découlent de l’idéologie plutôt que d’approches rationnelles.
L’autre aspect reste évidemment l’absence d’information sinon de contrôle, d’abord sur le coût des services publics et ensuite sur la motivation de leurs possibles délégations.
On peut supposer une certaine incompréhension de nos élus professionnels sur ces dossiers ou, au niveau inférieur, un manque total de curiosité de leur part alors qu’ils sont rémunérés pour s’y intéresser.

Osons une fois encore un vœu ultime : que tous les lecteurs de cet article s’obligent à chercher les raisons des arbitrages de notre patron – super et fort – quant aux régies et autres délégations qu’ils découvrent au quotidien. Cherchons bien. L’apparent est peut être le caché mais peut être pas.

EuraDouai déboule, ça va casquer !

Passerelle d'EuraDouai Douaisis Agglo

Un bel article d’autopromotion, limite publireportage – il est vrai qu’on était en vacances – nous présente l’état du projet « EuraDouai » de notre patron départementalo-aggloméré, Christian Poiret.
Quand on met l’opération du Raquet en face, le Douaisien contribuable a vraiment l’impression d’être pris en tenaille. Il va falloir payer mon gars et des deux côtés !

Un projet… à Douai

Qu’on ne se méprenne pas. Développer un quartier de Douai ne peut être qu’une bonne chose, reste à savoir comment et pourquoi.

D’où deux remarques.
D’abord qu’on ait préféré gâcher tant d’argent au Raquet plutôt que là. Cet espace enclavé se situe près de la gare, en plein centre, c’était sans doute une priorité pour la ville, pourquoi seulement maintenant ?
Ensuite, qu’on y mette des projets dont la plus-value mériterait d’être précisée. C’est de « l’invest’ » certes, comme dirait l’autre, mais quel avantage concret allons nous en retirer ? On peut regretter que cet aspect ne soit jamais explicité.

Bonne nouvelle de ce point de vue, on apprend en passant l’abandon du futur CFA en dépit des communications dithyrambiques qui, voilà deux ans, fleurissaient un peu partout. Douai Vox, qui avait analysé ce machin mal conçu, ne se plaindra pas de cette annulation.
Les raisons avancées font sourire. Avec nos élus professionnels, il y a toujours derrière les arguments publics des motivations plus honteuses. La Chambre des Métiers aurait fait défaut. Sans blague. Elle a sans doute considéré qu’il fallait aller au plus solide : le CFA d’Arras, son siège lillois, lesquels sont passés avant Douai as usual… EuraDouai n’est pas et ne sera jamais EuraLille

Après, examinons la liste des merveilles qu’on nous annonce pour cette EuraDouai alias La Clochette et que nous allons devoir pour la plupart payer.

Des équipements innovants

D’abord la passerelle. Prions qu’un ascenseur soit placé aux deux extrémités et surtout qu’ils soient opérationnels à l’inverse de celui du Pont de Lille. On espère aussi une rampe pour les vélos des deux côtés au bénéfice de notre Douai universellement cyclable.
Il nous en coûtera 12 millions d’euros, le tout étant semble-t-il livré « fin 2024 » , c’est à dire 2025 quand on considère l’ampleur de ce genre de travaux qui passent sur des voies aussi larges qu’utilisées.

Passerelle Douaisis Agglo Gare de Douai
On aimerait connaître l’identité du rédacteur de ce texte inspiré : « UN ascenseur » ?

Ensuite le « parking silo » . Visiblement, une envie architecturale a saisi le parrain avec les deux niveaux en porte à faux qu’on croirait sortis de la planche à dessin de Frank Lloyd. C’est magnifique et représentera cette fois ci une ardoise de 9 millions pour les 600 places attendues. Pourtant, si le « besoin » est, parait-il, de « 2000 places » , on aimerait savoir s’il prend en compte les utilisateurs de la gare.

De même, le « mail » – pour ne pas dire « l’allée principale » – qui va distribuer le nouveau quartier. Avec Douaizizaglo®, faut se méfier du lyrisme lexical. Cette « artère paysagère structurante » , parallèle aux voies ferrées, arrivera « fin 2024 » . Il est vrai que ces opérations doivent d’abord commencer par les accès surtout à La Clochette qui est un espace totalement enclavé. L’addition n’est pas donnée : 13 millions d’euros.
Les publications de l’agglo rappellent le beau Raquet : « le mail (…) permettra de pacifier tous les moyens de déplacement au profit des modes doux, en intégrant harmonieusement pistes cyclables et artères piétonnes. (…) Il sera à la fois vert et bleu puisque la gestion des eaux pluviales (…) se fera par des noues végétalisées » . On nous ressort la noue racketteuse. N’en jetez plus !

Des projets à forte valeur ajoutée

Enfin, on a plusieurs projets dont on ignore le coût à venir et encore plus les bienfaits concrets qu’ils nous apporteront.
D’abord le siège de Maisons & Cités qui après une multitude de projets de délocalisation de son bâtiment de la rue des Foulons (La Tramerie, la caserne Caux, la planète Mars….) échoue enfin à La Clochette. Ah que ferions nous sans ces bailleurs sociaux, célèbres dodus dormants ! Pour le coup, on peut espérer une dépense acquittée par cette grosse « pompe à phynances » elle même, c’est à dire par les locataires de ses logements.
Ensuite, le Musée du Livre, visiblement inventé pour répondre au ratage de « l’AMI » de la bibliothèque nationale. Pas de coût annoncé. La proximité de la gare peut favoriser une fréquentation extérieure payante, hors du public captif que constituent sur le site actuel les écoles du Douaisis. Supposons un budget propre mais prudence, il ne serait pas étonnant que notre président-vendeur ait assorti ce déménagement d’une prime d’argent public gratuit.

De l’hôtel 4 étoiles au Centre de Congrès

Concluons par deux autres dossiers qui suscitent quelques réflexions.
En tête ce curieux hôtel « 4 étoiles » dont on se demande s’il n’est pas l’aveu de l’abandon définitif de notre célèbre « Mirabeau » toujours en rade en plein centre-ville. Selon la VDN, « c’est un groupe hôtelier qui est à la manœuvre » pour créer ces « quatre vingt chambres » . Pas d’identité pour l’instant mais le citoyen se perd en conjectures. Et si c’était lui ?
Après, l’habituel refrain des nombreux « bureaux » qui viennent au secours d’EuraDouai, sachant que tout ce qui précède n’apportera aucune plus-value financière. On lit « qu’un appel à manifestation d’intérêt a été lancé par Douaisis agglo pour construire sur une superficie de 30 000 m2 trois bâtiments de 10 000 m2 chacun. On y trouvera des bureaux et peut-être des appartements » . Cette dernière phrase et l’épouvantable « peut-être » démontrent de la solidité du projet.

Enfin, terminons par l’abandon, comme le CFA, du « Centre de congrès » lui aussi annoncé précédemment à force de communications positives. Ce machin devait pousser à côté du « parking silo » mais il parait qu’une « étude de faisabilité » (Un truc comme ça existe à Douaizizaglo® ?) aurait indiqué « qu’il n’y avait pas de marché pour un tel équipement sur le territoire » .

Projet de palais des congrès d'Euradouai
Logique curieuse. On invente un machin au doigt mouillé, on communique dessus à tout va puis une étude de faisabilité démontre qu’il n’a aucun intérêt. Si tout est décidé sur ce principe…

Un truc gratuit quoi que rare, le bon-sens, aurait du amener l’inventeur à cette conclusion mais retenons l’explication qu’il donne à ce changement de pied. Cette formule devrait être inscrite sur tous les frontons de nos éléphants blancs. La grammaire y est certes bousculée mais on y trouve en cherchant bien la logique mathématique de ces folles dépenses : « on ne va pas investir 15 millions d’euros à rien » . Si seulement c’était vrai !

Douai et ses monuments historiques (2/2)

Façade de St Jean Monument historique Douai

Après l’inventaire des monuments historiques de la ville, le coût de l’accroissement de leurs protections légales et l’impuissance publique qui en découle, il faut à présent répondre à la question principale,  encore plus compliquée : Douai et le Douaisis les prennent-ils en compte dans leur dynamique économique ?

Nous avons survolé, au delà de l’intérêt théorique de la préservation du patrimoine, l’enjeu trivial de son existence : il participe à l’attractivité d’un territoire. Osons la tautologie : cette richesse léguée par les ancêtres qui en ont acquitté le coût a un autre avantage : on ne peut pas la délocaliser.

Appuyée sur ses monuments, son esthétique, son image, sa célébrité, une ville peut déplacer chaque année des milliers de personnes qui sont autant de consommateurs de services à forte valeur ajoutée.
Grâce à eux, on remplit les hôtels, les restaurants, les commerces etc. Ces transferts financiers, qui peuvent être massifs, contribuent à renforcer la dynamique territoriale tout autour.

Il est rare que notre ville – mais surtout le Douaisis – s’emparent de cet avantage. Par maints égards, on a souvent l’impression, à écouter nos édiles, que ces monuments sont de coûteux poids morts qui ne servent à rien. Le patrimoine ancien devrait pourtant – évidence répétée mille fois ici et ailleurs – être analysé comme il est, non pas un problème, mais une solution.

Douai

Beaucoup de pages de ce blog s’occupent en effet – peut être trop – de cette question. Le passé de la ville est plus intéressant que son présent, sans doute parce que lui, au moins, est sûr. Après les maires qui ont beaucoup démoli, il faut attribuer à Jacques Vernier, lui seul, le mérite de la rupture stratégique. Relevons ses efforts pour préserver ce patrimoine mais surtout renforcer l’attractivité de Douai.

Cette action s’avère toutefois insuffisante et dans tous les cas, elle a été peu continuée par son successeur. Rien n’est plus éclairant que la destinée de cette merveille, laissée sans objet après sa complète restauration extérieure en… 2013.
De multiples bâtiments, parmi les plus emblématiques de la ville, sont aujourd’hui désaffectés. On en compte plus d’une dizaine. Ce chiffre est sous-estimé car n’y sont pas les propriétés privées. Laissés à l’abandon, ces joyaux se dégradent année après année quand ils ne disparaissent pas en fumée.

Au titre du « complexe de Noé » déjà cité, une ville a tout faux quand une rénovation coûteuse ne donne aucun avantage en retour. Une église Saint Jacques restaurée à grand frais pour qu’une dizaine de fidèles la fréquentent le dimanche serait un crime budgétaire. Qu’on se rassure, cela ne se produira jamais.

Ville riche devenue pauvre, le sort que Douai réserve à ses monuments est d’abord le résultat de sa contraction économique et de son effondrement démographique, les deux étant liés. Ce déclin ne date pas d’hier. Ce défi était d’une ampleur séculaire. Il a évidemment commencé par la disparition des Houillères qui a brutalement tari les ressources du charbon qui irriguaient d’en bas et d’en haut tout le pays.

Une logique d’hystérèse, pour parler savant, a empêché de le percevoir quand il le fallait. On peut regretter que les patrons de l’époque n’en aient pas anticipé les effets. Ils auraient eu les moyens de financer l’obligatoire réorientation économique. Ils n’en avaient pas la compétence, ni l’idée. Ils n’ont même pas été à l’initiative de l’usine Renault et ont même cru – lors de la crise pétrolière de 1973 – qu’on allait relancer les mines…

Sans même parler de ces stratégies vitales qui pourtant teintent tous les discours de nos parrains locaux, en restant seulement sur le sujet patrimonial, bien faibles paraissent les efforts de la commune pour créer un nouveau cours. Sans doute, la masse des monuments à sauver excèdent-elles ses capacités conceptuelles. Hors l’appel lancinant aux subventions de l’Etat, la ressource financière est faible et l’inventivité nulle.

Les quelques tentatives auxquelles on assiste paraissent si sporadiques qu’on sait que le destin de la ville n’en sera pas changé.
Réjouissons nous du sauvetage de la caserne Caux. L’architecte s’acharne, certes, à mettre cette construction au crédit de Vauban – il est mort un demi-siècle avant – mais ne boudons pas notre plaisir.
Pour autant, méfiance. Attendons de voir les résultats concrets en profil de population et surtout son volume. On a pris tellement l’habitude de ces transformations de « tout ce qui ne bouge plus » en logements sociaux qu’il vaut mieux être prudent.

Hors ces rares réussites, on est sans cesse à se demander qui, concrètement, gère les sujets patrimoniaux dans notre ville. Personne sans doute. Si pas mal de dossiers sont externalisés à Douaizizaglo®, il arrive aussi qu’on confie à des cabinets extérieurs ce que les services municipaux sont incapables de faire.

Il est vrai que ces sujets sont complexes. Sans doute les lois qui protègent le patrimoine n’aident-elles pas à les simplifier. Si on aime les paradoxes – les experts non rémunérés de Douai Vox les apprécient beaucoup – c’est à se demander si l’immuabilité patrimoniale protégée par la loi ne pousse pas à la disparition du patrimoine lui-même.

Toute restauration d’un monument historique possède un coût supérieur au prix du neuf. Il serait impossible de construire aujourd’hui des cathédrales, des châteaux-forts ou des hôtels particuliers comme le faisaient les anciens.
Les impératifs de sécurité (c’est haut et pas normé, c’est dangereux), l’obsession écologique (les anciens matériaux polluent) et l’hyper administration de tout acte public (du délai, du délai, des tampons, des tampons…) l’interdiraient radicalement.

Il est de fait plus simple de construire des boulodromes, des patinoires, des planétarium etc. en dehors de Douai. On a moins de contraintes légales. On dispose de l’espace. On a l’illusion du dynamisme. On « travaille » et on fait travailler les amis.

L’impact sera évidemment local. Ces merveilles – dont le coût cumulé fait frémir – attireront peu des touristes venus de loin. A l’inverse, imaginons que toute cette dépense ait été employée à réparer et embellir Douai, les conséquences en attractivité touristique – donc en valeur ajoutée – seraient énormes.

Dépenses de construction de Douaisis Agglo
Voilà ce que les contribuables ont payé depuis quelques années et sans y mettre le coût de fonctionnement. L’avenir du Douaisis en a été fondamentalement changé, n’est-ce pas ?

Plus inventives, beaucoup de villes cherchent activement de nouveaux moyens de financement, des partenariats public-privés, du mécénat tout azimuts. On peut ainsi éviter de piocher dans la poche des contribuables, y compris en vendant à des entrepreneurs une partie du parc monumental, ces derniers étant souvent les seuls capables de mener des rénovations créant de la richesse.

On nous dira à juste titre qu’on a avec l’hôpital général un contre exemple parfait de ce qui précède. On a donné ce joyau à un chef d’entreprise, lequel depuis plus de dix ans n’a pas été capable de terminer le chantier.

Mais n’oublions pas que le décideur public qui a donné à ce privé défaillant est d’un type spécial et unique. Ce constat amène aussitôt la problématique d’une gestion plus large de ces dossiers, ainsi le recours – complétement raté pour l’exemple qui précède – à des échelles plus collectives, en premier lieu la communauté d’agglo.

Douaisis

Un peu comme la France qui en loucedé s’est dessaisi d’une bonne partie de sa souveraineté au bénéfice d’une Europe aussi puissante qu’irresponsable, Douai a transféré des compétences à Douaizizaglo® faisant des parrains nos maîtres.

Le tourisme en fait partie comme l’archéologie, la politique de la ville ou, mieux, l’aménagement du territoire. N’oublions pas que la communauté d’agglomération dispose, pour le premier sujet, d’un spécialiste reconnu – ni de gauche ni de droite – François Guiffard, dont le bilan depuis son étonnante nomination par le parrain local mérite d’être interrogé.

A ce titre, il est obligatoire de se pencher sur le pavé où se niche la stratégie du Douaisis pour les vingt années à venir. Le schéma de cohérence territoriale (SCoT) est un document de planification dont on peut parier que personne ne l’a jamais lu, et peut être même pas le jeune homme évoqué précédemment. Cette somme envisage pourtant, chose incroyable, la valorisation de nos monuments historiques.

Assez récent – il a été approuvé en décembre 2019 – il ne cite toutefois ce terme qu’une seule fois (page 12) tandis que 8 pauvres feuillets (sur 432 tous consacrés à l’obsession environnementale) concernent un possible « tourisme » .

Détaillons toutefois rapidement ce court passage parce qu’on y apprend des choses. D’abord que notre région n’est pas vraiment un « spot » touristique, ce dont on se doutait un peu. Quand la moyenne française des emplois de ce secteur est à 7% du total, nous sommes à 4% dans le Douaisis.

Le pire c’est que ce faible volume, de 2010 à 2015, a en plus baissé de 19% quand la réduction régionale a été de 2% et tout cela sans la crise sanitaire ou la guerre ukrainienne.  Pire, l’INSEE met dans ce groupe le transport par abus de typologie. Il représente dans le Douaisis plus de 30% des 2000 emplois répertoriés tandis que la moitié relève de la restauration.

Au final, l’hébergement, la culture, les loisirs, activités directement liées au tourisme, représentent dans le « Grand Douaisis » environ… 400 emplois…

On lit enfin la solution majeure à cette insuffisance qui fera sourire tout lecteur régulier de Douai Vox : « A compter de 2018, un nouvel hôtel 4 étoiles sera ouvert dans les locaux de l’ancien hôpital général de Douai, bâtiment qui date de 1756 ». 2018 ?

Petite comparaison avec nos voisines
On repère assez facilement pour Valenciennes l’impact du Royal Hainaut

Pour autant, le cabinet qui a rédigé ce rapport, sans doute à prix d’or, sait faire le lien entre les « atouts historiques et patrimoniaux indéniables » du centre ville et le « potentiel de développement »  touristique.

La liste qu’il donne est intéressante par ses vides et ses pleins. On trouve dans une formule convenue « les classiques de la ville de Douai, le Beffroi, le musée de la Chartreuse, le patrimoine architectural d’ensemble, la Scarpe et ses bateaux promenades qui témoignent, chacun à leur façon de l’intérêt historique de cette cité ».

Il faudra qu’un jour on se penche sur la plus value de ces joyaux en termes de retombées touristiques concrètes sur la ville.

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