Moulin, mon beau moulin

La machinerie du moulin des Augustins est en danger, faut-il la sauver ? Vaudrait mieux.
On a tant détruit dans cette ville et on laisse tant dépérir les bras ballants qu’on en arrive à se demander, devant ce nouveau défi patrimonial, ce que vont bien pouvoir faire nos chers élus, capteurs de la manne fiscale qui pourtant peut tout.

Le centre-ville alimente la périphérie

Il vient de loin ce moulin. Son emplacement est unique, avec sa perspective et son aplomb de l’écluse, certes aujourd’hui inactive mais si belle.
Sa sévère façade qui surveille le canal est un jalon de notre histoire urbaine.

Depuis les années 1980, les lieux étaient occupés par les célèbres « Papillons Blancs » , association qui s’est spécialisée depuis plus d’un demi-siècle dans l’accueil des personnes en situation de handicap.

En 2019, les résidents sont partis s’installer au Raquet. Ce déménagement démontre en passant que l’écoquartier est plus souvent le bénéficiaire, au détriment du centre ville, d’un banal transfert d’activité.

Dans le Douaisis, rien ne se crée, tout se transforme.

Un joyau caché au yeux de tous

Depuis cinq ans, ce bâtiment était vide, soumis comme toujours aux assauts des squatteurs et au risque d’incendie.
On peut même y ajouter une activité plus ambigüe, l’urbex, dont un site internet illustre les exploits dans la ville et même plus loin.
Remercions toutefois ces « urbexeurs » locaux qui nous donnent l’occasion de juger de l’état de cette magnifique machinerie un an après le départ de l’association gestionnaire.

Parfaitement conservée comme cela avait été exigé lors de la rénovation du moulin, on se demande ce qui a ensuite empêché de l’exposer aux yeux des citoyens et des touristes.
Il est incroyable que cet aménagement – qui ne demandait qu’à être visité – soit resté inconnu de tous. Nous n’en serions probablement pas aujourd’hui à ramer pour sauver ce qui peut encore l’être.

Car, depuis l’abandon, les dégradations n’ont pas manqué, comme les montrent les récentes photos de la Voix du Nord.
C’est sans doute l’urgence – cette course contre la montre n’a pas concerné la seule machinerie du moulin – qui a poussé le propriétaire Norévie, notre célèbre « dodu dormant » , à se débarrasser de cette « friche » pour parler comme les élus municipaux.

La Scarpe rapportait gros

Il est bien triste d’appliquer à ce bâtiment un terme plutôt destiné aux usines déglinguées dont la région est coutumière.
On peut déjà y opposer la qualité de la rénovation réalisée à une époque qui parait aujourd’hui si lointaine, quand l’énergie et les idées ne manquaient pas du côté du pouvoir local.

C’est aussi et surtout le dernier témoin d’un passé glorieux, celui des céréales et de la farine qui ont juste, excusez du peu, créé la ville.
Chaque citoyen et plus encore les élus, fussent-ils escrologistes « gluten free » , doivent se persuader quand ils contemplent le beffroi, Notre-Dame, Saint-Pierre etc. que si ces bâtiments existent, c’est grâce aux moulins de la Scarpe.

Rappelons ces deux miracles, aucunement divins : d’abord la percée du « Pas de Vitry » qui a donné la force hydraulique nécessaire aux machineries et ensuite le droit d’étape qui a réservé à Douai le commerce des grains de toute la région.
En considérant l’ampleur des taxes collectées – sur les 16 moulins de la ville – on saisit toute la dimension économique de ces activités, très supérieure à celle de la draperie qui, de fait, a peu duré.

La Scarpe anastomosée du XVI°, les Augustins sont au milieu après l’entrée des eaux à droite.

Le témoin ultime d’un passé évanoui

Le stockage des grains puis leur transformation ont été, du Moyen-Age jusqu’au XIX° siècle, la clé du rayonnement douaisien.
De fait, la quinzaine de « fariniers » qui tenaient la meunerie locale constituaient une confrérie puissante. Leur taxation, payée en nature au Magistrat, était proportionnelle à la vigueur du courant, d’ailleurs plus importante à l’entrée des eaux qu’à la sortie.

Le Moulin des Augustins, pour cette dernière raison, possède une origine qui remonte très haut.
Elle est plus ancienne que son nom, qui renvoie à l’ordre mendiant installé à côté à la fin du XVI° siècle et qui faisait le pendant avec les Dominicains d’en face.
Un captage en amont – toujours visible – dirigé dans le bâtiment permettait la chute de l’eau qui actionnait la roue et ensuite toute la machinerie.

Le bâtiment actuel est évidemment plus récent. Construit au XIX° siècle, il a été ensuite modernisé, ainsi que le prouvent les installations actuelles.
Ces dernières, pour une grande part, datent des années 1930, ainsi le broyeur de la compagnie chartraine « Teisset-Rose-Brault » dont la rareté patrimoniale a même valu en certains endroits une inscription au titre des monuments historiques.

Pauvre moulin sans protection

Quel pronostic peut-on porter sur l’avenir de cette belle machinerie ?

La communication de la mairie n’annonce rien de bon. On nous sert une sorte de courrier d’attente, de ceux dont l’administration française a le secret.
C’est jouer la montre en espérant l’usure puis l’oubli de l’opinion. Sur un malentendu, ça peut marcher.

Au delà, cette machinerie « ne pourra toutefois pas demeurer en son état d’origine » , le promoteur ayant prévu à cet emplacement l’aménagement de huit logements, c’est bien bête…
Notre responsable de l’urbanisme met en avant l’absence de protection légale qui empêcherait de faire autrement.
La réclamer, comme cela pourrait être l’intérêt de la ville, ne lui vient visiblement pas à l’esprit.

Cette machinerie est donc vouée à disparaitre.

Qui peut croire, quand on connait l’efficacité de notre municipalité, qu’elle puisse être « valorisée » quelque part ? Dans l’église Saint-Jacques ? Dans les salles d’Arkéos ? Au passage Gayant ?
On la mettrait, selon la VDN, « dans les parties communes » mais pas de panique, on prévoit en même temps que « si c’est impossible » elle serait posée dans un autre lieu non précisé dans la ville, c’est à dire nulle part.
Lot de consolation, la roue du moulin serait « conservée » à côté du « local aux déchets » , salut qu’elle doit probablement au tour de force que représenterait son démontage.

Des studios de grand standing rennais ou marseillais

Quant au projet immobilier lui même, on nous donne des détails assez confus, insistant lourdement, comme un nuage de fumée à la Mirabeau, sur les « logements de standing » qui en seraient la clé.
Il est difficile d’attribuer ce critère à la « majorité de T2, et quelques T1 » destinés à la location que nous dévoilent les médias locaux.
On se dit in petto qu’installer dans ces murs « 40 logements » (soit une moyenne par appartement de 50 m2) risque fort de nous donner une bonne vieille concentration d’APL

On va en mettre du populo là dedans, va falloir se battre pour les places de parking…
© bureauvolant.com

Reste enfin, le profil de l’entreprise qui mène le dossier. Outre de savoir le prix de son achat, il serait utile d’en connaître la dimension, sachant qu’il s’avère bien difficile de trouver quelque part la trace précise de cette « Cassiopée rennaise » .

Élément encore plus brumeux, le panneau d’affichage de l’autorisation d’urbanisme, récemment installé, donne un autre bénéficiaire, une curieuse « SASU Tiembleue » qui parait localisée… à Marseille.
Comprenne qui pourra.

Quant aux architectes, ils viennent de Tourcoing et réhabilitent actuellement l’ancienne église du couvent des Clarisses qui n’est pas sans points communs avec le Moulin des Augustins.

——————

Pour conclure, on ne peut que saluer l’initiative des Amis de Douai qui tentent d’alerter l’opinion sur cette affaire.
Il existe encore dans cette ville des défenseurs du patrimoine urbain. L’impression de labourer la mer doit les saisir quand ils contemplent l’état de ça, ou ça ou encore ça.
Quand disparaitront ces méritants empêcheurs de tourner en rond, les règles de protection des monuments et des paysages s’envoleront à leur tour au nom d’intérêts obscurs toujours plus importants que les traces du passé.

Alors s’évanouira définitivement la beauté de la ville…

Alléluia !

Impossible de rester silencieux devant les nouvelles qui parviennent de Waziers : Laurent Desmons a été réélu dimanche soir, alléluia !

Il a triomphé de la malédiction lambresque après une campagne plutôt digne, dans un combat compliqué à tous les points de vue.
Si une triangulaire donne ses chances à tout le monde, par définition, rien n’est jamais sûr…

Regardons cela de plus près

D’abord, il faut se méfier des conclusions hâtives. Quand on ne dispose que des grandes masses de résultats, la répartition interne est toujours inconnue.

Un résultat en hausse peut s’expliquer par une arrivée d’abstentionnistes du tour précédent (la participation est passée de 47,5 % à 52,61 %), d’un glissement d’un candidat à un autre, bref, de toutes sortes de déterminations qui échappent parfois à la logique. Les proportions ne peuvent qu’être hypothétiques.

Une chose certaine, Laurent Desmons a gagné 226 voix entre le 1er et le 2° tour, clé de son succès. Il a devancé au final Jacques Michon par 1102 voix contre 952, lequel avait dépassé les objectifs du plan quinquennal, obtenant 952 voix contre 834 (+ 118).
Il est facile d’en déduire que les gains de ces deux-là proviennent des abstentionnistes mais surtout des défections de la liste Poulain qui a perdu 72 voix. La tendance est probable mais la prudence doit être de mise, ce n’est jamais si simple.

Quelques enseignements

Ce qui est avéré en revanche, c’est que la liste du maire sortant a été soutenue par un groupe de Waziérois plus nombreux que les autres pris séparément.
Parions que cette victoire sonne le glas d’un communisme municipal qui rejoint enfin la conclusion nationale d’une idéologie aussi dépassée que dévoyée.

Autre enseignement, on n’est plus dans l’instant Covid qui a largement perturbé les logiques politiques locales, même si Waziers a été une des rares cités nordistes à donner la victoire au challenger d’un sortant en 2020.
L’état d’esprit des électeurs qui ont opiné cette fois-ci n’était pas le même. Gageons, après trois ans d’exercice, que le socle électoral du gagnant est à présent plus ferme.

Dernier point à relever, l’impossibilité dans laquelle les listes Poulain-Michon se sont trouvées de fusionner entre les deux tours et qui a certainement joué dans le résultat final.
Aurait-il été différent si ces deux opposants s’étaient retrouvés ensemble contre Laurent Desmons ? Gardons cette question ouverte et observons la suite…

L’avenir Via Waziers

On a vu apparaitre, dès la proclamation des résultats, l’argument d’une « majorité » constituée par les perdants. 1509 suffrages n’ont effectivement pas voté pour le sortant (952 : Michon et 552 : Poulain).
Pour autant, il faut se persuader que les haines ont le même avantage que la laideur : elles durent. Si on s’était entendu pour faire tomber le maire, on se déteste trop pour que cela puisse aller plus loin. L’avenir le dira.

Outre ce qui précède, dans ces élections – ainsi celles du Sénat en termes de sièges – seul le résultat compte. « The winner takes it all » comme dirait l’autre puisque les sortants disposent à présent d’une majorité absolue au conseil municipal avec 21 sièges sur 29.

Bien que minoritaire en son sein (3 + 5 = 8 < 21), il est certain que le « coup de blues » passé, l’opposition va tenter de prospérer dans des « luttes » qui seront autant de sujets absurdes, en forme d’autobus en panne ou de piscine ruinée.
Que Laurent Desmons se rassure. Il sort de l’épreuve renforcé, avec une liste plus homogène au sein de laquelle le risque de la dissension est faible. Au fond, ce qui vient de se passer, c’est une bonne vieille purge. Il ne l’a pas voulue mais elle ne lui apporte que des avantages.

Autre avancée stratégique, il gagne sur un autre terrain, celui de la communauté d’agglomération, sortant du scrutin avec deux sièges sur trois.
Douaisis Agglo est un machin connu pour ses nombreux travers. L’arrivée du maire de Waziers va légèrement faire bouger les lignes. C’est toujours ça de pris.

Quelques conseils d’amis

En douaisinologues et voisins, osons quelques remarques dont on ne doute pas qu’elles soient déjà dans les plans municipaux.

D’emblée, il faut profiter de l’état de grâce qui suit toute victoire pour solder le dossier piscine. L’arbitrage est simple. Une rénovation est-elle à la portée du budget communal ? Probablement pas.
Le recours à Sourcéane dans une agglomération aux transports gratuits parait une alternative de bon aloi. Tout le monde abonde le budget de Douaisis Agglo, il n’y a aucune raison que Waziers n’en profite pas.

L’assainissement financier, amorcé, va se poursuivre. Lui seul donnera des marges de manœuvre à la commune, c’est à dire des moyens de sortir du marasme par des projets apportant de la plus-value.
L’objectif est connu : il est vital d’apporter à la ville, qui en a tant perdu depuis des décennies, de nouveaux habitants.

De ce côté justement, il parait indispensable de s’occuper de ceux du quartier Notre-Dame où le maire sortant ne parait pas être beaucoup apprécié.
Quand on connait son histoire mouvementée – qui explique en partie l’effondrement démographique de Waziers – il y a là un gisement politique de grande ampleur qui peut intéresser le destin municipal.

En conclusion, bien joué pour Laurent Desmons et surtout bravo aux Waziérois qui, comme les grands d’autrefois, ont préféré les promesses du futur aux malédictions du passé.

Paie ta flotte et tais toi !

Livré par un colporteur appointé dans nos boites aux lettres, le « Mag » de Douaisis Agglo débarque.
Si on fait abstraction du ridicule d’un organe de propagande payé par nos impôts, il s’avère une mine d’information quant à la frénésie de projets qui sortent du cerveau du président Christian Poiret.

Évolution = augmentation

Notre attention du jour se porte non pas sur ces annonces mirobolantes, leur temps viendra, mais sur un sujet plus trivial : l’eau, annoncée page 15 par un titre qui euphémise grave.
Pas « d’augmentation » , non, non, non, mais une « évolution du prix » dont on peut deviner, comme on est très malins, qu’elle a un lien avec un alourdissement futur de nos factures.

Une baisse, c’est l’hypothèse interdite, comme d’ailleurs un simple gel. Tout se dégrade, tout est plus cher, mais n’allons pas chercher ailleurs la solution du problème.

La distribution de l’eau n’échappe pas à cette facilité empruntée par nos élus sur tout et n’importe quoi, du traitement des ordures ménagères aux prélèvements des taxes foncières en passant par leurs indemnités.

La pluie sort des robinets

Disposer d’une eau courante en ouvrant un robinet est un prodige plus récent qu’on ne le croit. Dans les années 1920, à peine 20% des communes – les plus urbanisées – en disposaient à domicile.
La situation n’était pas brillante au sortir de la Seconde Guerre Mondiale : 70% des zones rurales n’étaient toujours pas desservies.

De fait, la couverture complète du pays n’a été réalisée qu’à la fin des années 1980, acmé de tous nos services publics comme on s’en rend compte de nos jours.
Dans le Nord, c’est à l’origine un simple syndicat intercommunal créé en 1950 qui s’est chargé de l’adduction des zones rurales.
Ce Noréade distribue aujourd’hui 750 communes des Hauts de France et même quelques unes au nord du Douaisis. Ailleurs, dans le territoire, c’est la communauté d’agglomération qui s’en occupe.

Noréade est partagée en deux finalités universelles qu’on doit toujours avoir en tête : l’eau et l’assainissement avec un prix qui est l’addition de ces deux facteurs.
D’un côté, le traitement des eaux usées et la gestion du ruissellement de la pluie bienfaitrice. De l’autre, les captages, la potabilisation puis enfin l’adduction de l’eau potable.

Agence de l’eau et gestion communautaire

L’agence de l’eau Artois-Picardie est – chose extraordinaire quand on considère ces deux termes – située à Douai.
Bras armé de l’État sur la flotte collective, son utilité interroge quand on sait que les communautés d’agglomération possèdent à présent cette compétence par obligation depuis 2014.

Douaisis Agglo gère ainsi « le cycle de l’eau » , lequel – pas de panique – est mis en œuvre par des prestataires privés (Véolia), dans huit communes de l’agglomération qu’il nous faut citer :
-Aubigny-au-Bac, Courchelettes, Dechy, Douai, Flers-en-Escrebieux, Fressain, Sin-le-Noble et Waziers. Noréade prend en charge les 27 restantes.

Les foyers « abonnés » découvrent donc dans le « Mag » le nouveau tarif, le mètre-cube (m³) passant de 3,62 € à 4,19 €.
Comme on aime les calculs rigolos, en prenant comme base la consommation moyenne par foyer français (120 m³ par an), la douloureuse passe donc de 435 €/an à 503 €/an, « petite » évolution de 68 €, soit 15%… Une paille…

L’organe de propagande indique que ce nouveau prix serait « un des plus bas dans la région » .
Ce baratin est facile à démonter. Hors la zone de Calais qui culmine à 4,5 €/m³, Lille est à 4,02 €/m³ et Dunkerque à 4,09 €/m³.
Encore mieux, ce prix, qui est n’est pas « TTC » , est en réalité plus élevé : 4,61 €/m³ à Douai.
Il faut ajouter en effet la TVA (7%), la ponction de l’Agence de l’Eau (13%), le reste du prix comprenant l’assainissement (45% part en constante augmentation) et l’eau (25%).

Tout augmente, ma pauvre dame

Toutes les justifications à la hausse ne sont pas sans rappeler celles de notre ancien président du SYMEVAD quant à l’inéluctabilité de la montée de la TEOM.
On y trouve l’ébouriffant « durcissement de la règlementation » (ah, bon, laquelle ?), la « hausse du coût de l’énergie » (on chauffe l’eau au gaz russe ?) et le « maintien du patrimoine » (on doit parler des canalisations romaines…).

On a du mal à comprendre que ces arguments n’apparaissent qu’aujourd’hui. Ainsi le redoutable « perchlorate » qui provient du TNT abondamment utilisé chez nous entre 1914 et 1918. C’était hier…
Il y a aussi les « fuites » du système que des études nationales établissent en moyenne à 20% de l’adduction. Nous serions, parait-il, très en dessous. Tant mieux, la dépense n’en sera que plus limitée.

S’ajoute « la lutte contre l’imperméabilisation » des sols, laquelle serait responsable des inondations dans le pays.
Il faut mettre des bottes et faire la guerre au macadam tout en espérant que le curage des fossés et autres caniveaux accompagne bien cette stratégie (CGCT L 2226-1).

On a enfin la « modernisation » des stations d’épuration. Il est vrai qu’on découvre jour après jour – au rythme de l’extension continue d’une réglementation bourgeonnante – des substances que notre territoire ignorait jusqu’alors.
Pas sûr qu’elles soient vraiment dangereuses mais bon, si ça justifie la hausse des factures, c’est toujours ça de pris.

Une taxe qui n’en est plus une

Cela pour se rendre compte que le prix de l’eau n’est plus connecté au coût du service qu’elle réclame. Ce n’est pas nouveau. Taxes et redevances ne relèvent déjà plus vraiment en France de leur définition juridique.

Pour preuve l’incroyable variation des factures dans le pays, lesquelles correspondent mal aux conditions orographiques des territoires. En 2021, si le prix moyen de l’eau était de 4,34 €/m³, les disparités sont énormes.

Le Havre est à 4,74 €/m³ quand Strasbourg plafonne à 2,88 €/m³. Le Bas-Rhin est champion de l’eau bon marché avec une moyenne de 2,90 €/m³ tandis que son voisin le Haut-Rhin est presque au double : 5,06 €/m³.
Les deux Seine, la Maritime et la Marne, sans doute à cause de ce toponyme commun, battent tous les records : 6,12 €/m³.

Plus bizarre encore, le découplage entre la pluviométrie et le prix. La région PACA, plutôt sèche, est à 3,69 €/m³ quand les Hauts de France, pays des parapluies, sont à 4,73 €/m³ en moyenne.
L’examen des précipitations dans la région depuis 60 ans apprend même qu’elles ont augmenté sur la période, de 190 mm cumulés sur la côte à 70 mm au sud. Ce ne sont pas les habitants des bords de l’Aa ou la Liane qui nous contrediront…

Le prix va sauver la planète

La valeur de l’eau dans le Douaisis dépend donc de facteurs obscurs, faute de connaître avec exactitude le coût réel de sa gestion rapporté aux redevances réclamées aux utilisateurs.

On arrive dès lors – approche parfaitement assumée par nos décideurs – au prix transformé en outil stratégique.
Comme l’indique un spécialiste de l’égalité homme-femme, par ailleurs directeur de l’Agence de l’eau, augmenter la facture des utilisateurs possède une vertu : les pousser à réduire leur consommation.

Il n’est pas impossible qu’on ait affaire à un mécanisme inverse, à savoir la baisse régulière – à prix constant – des consommations qui oblige à un maintien de la manne donc une hausse des taxes.
Tout entrepreneur sait que lorsque la vente d’un produit s’affaisse, la réponse par une augmentation de son prix ne révèle qu’une chose : l’excès des coûts fixes, notamment ceux du personnel.

Depuis vingt ans, les usages domestiques se réduisent régulièrement avec des factures qui augmentent… 100 litres par jour et par habitant en 1975, 170 en 2004, 145 actuellement. La tendance est à -1,4% par an.

Si les consommateurs que nous sommes sont régulièrement culpabilisés dans les médias et ailleurs, nous apparaissons peu gourmands en eau douce quand on compare notre « empreinte » à celle de l’agriculture ou mieux, des centrales électriques : 5,3 milliards de m³ contre les 16 milliards de m³ que consomment ces merveilles censées sauver la planète…

La production d’eau potable est la consommation des foyers

Coûts et prix, quelques hypothèses…

Pour finir, quelques calculs à la graisse d’oie à partir des chiffres – aussi nombreux que variés, jamais sourcés – qu’on trouve dans les publications locales. Les biais doivent être épais mais l’ensemble prouve une chose, l’incertitude des données.

Prenons une consommation moyenne de 150 litres d’eau potable par jour. Avec un prix du litre à 0,5 centimes d’€, on arrive à un coût annuel de 273,75 €.

Du côté des revenus de ces « pompes à phynances » , pour une consommation moyenne de 150 m³ par an, au prix nouveau, les 44500 abonnés apporteraient 23 millions d’€.
D’autres sources donnent même 30 000 bénéficiaires, ce qui réduirait la manne, dès lors passée à 18,8 millions d’€.
Ces variations dépendent évidemment de la répartition des consommateurs « assainissement/eau » dans des proportions difficiles à cerner.

En prenant l’affaire par un autre bout, on apprend que 3,9 millions de m³ auraient été vendus en 2021. L’unité mise à 4,19 €, le gain pour Douaisis Agglo serait donc de 16,3 millions…

Si vous êtes comme nous, vous avez du mal à saisir l’étendue de la cagnotte mais une certitude, elle n’est pas mince.

De fait, n’ont pas été abordés ici les sujets de la régie et de la délégation, sachant que cette dernière a été choisie de longue date pour l’eau douaisienne.

L’état florissant des sociétés gestionnaires, ainsi de la Lyonnaise transformée en Suez puis en Véolia, démontre que le précieux liquide peut rapporter gros. Il peut aussi connaître le contraire, ce qui démontre la complexité d’un marché très éloigné de la concurrence « libre et parfaite » .

Pour autant, il est difficile de trancher entre l’intérêt d’une régie, courante dans les grandes métropoles, et celle d’une délégation souvent présente dans les habitats plus dispersés.

——–

Bref, que dire pour conclure ? On rêve de connaître un jour un débat sérieux sur la gestion locale de l’eau, à ce moment historique où la couverture totale du territoire enfin réalisée, on aboutit à la régression de la consommation accompagnée de l’explosion des tarifs.

Le « prix évolue » certes, mais parions que ce ne sera jamais vers sa diminution pour les génies qui nous gèrent.

Viendra alors le moment où tous ceux qui le pourront adopteront le circuit court de l’autonomie – gratuite – par récupération de leurs eaux de pluie ou la réanimation de leurs puits ancestraux.

Il restera alors à des abonnés en diminution à payer une eau potable de plus en plus chère tandis que la population dans son ensemble sera contrainte, quoi qu’il arrive, d’assumer un assainissement à prix d’or.



Ces faits-divers qui ne le sont pas

La langue française sait nommer les choses et les gens par des formules subtiles. Elle a ainsi inventé le terme de « fait-divers » dont le Larousse nous dit qu’ils sont des « événements sans portée générale qui appartiennent à la vie quotidienne » .
On les retrouve avec intérêt dans nos journaux favoris, la Voix du Nord en tête, et plus encore dans ses pages consacrées au Douaisis.

Le curieux, c’est que quand on les met tous ensemble ils ne sont pas trop divers.
Que racontent-ils ? A peu près systématiquement des faits de violence, les uns toujours plus graves que les autres : ça s’ennuie, ça traine, ça boit, ça se drogue, ça agresse, ça cogne, ça vole…

On voudrait pousser l’opinion locale à accroitre son « sentiment d’insécurité » qu’on ne s’y prendrait pas autrement.
Si ces faits-divers appartiennent incontestablement à la vie quotidienne douaisienne, ils possèdent une sacrée portée générale…

Pas de trêve pour les violences douaisiennes

C’est ainsi, pour évoquer les plus récents, l’attitude d’un agité alcoolisé dans un de nos bus gratuits ou l’agression d’une femme sans défense par un « toxicomane » à la station service de Waziers.
Les jours où n’apparaissent pas dans les colonnes ces événements sont rares. Ils laissent à penser que notre territoire est tout sauf une terre de paix et de concorde.

L’un d’entre eux a attiré l’attention des Douaisinologues pour ce qu’il apprend de notre situation sécuritaire. Publié le 2 janvier dans la Voix du Nord, c’est un cocktail du Nouvel An.

Son titre, déjà, fait flipper : « Un colporteur lynché puis enlevé à Douai, sa voiture et ses agresseurs introuvables » .
On croit qu’il s’agit d’un vendeur de rubans et de boutons comme il y en avait autrefois dans les campagnes.
Erreur.
Il s’agit d’un gars qui distribue dans les boites aux lettres des journaux ou des prospectus commerciaux.

Cloportes vs colporteur

Ce fait d’hiver se passe à Dorignies qu’on connait habituellement pour la batellerie, le « château Treuffet » mais aussi pour sa pauvreté, les ouvriers et mineurs des anciens beaux jours étant largement remplacés aujourd’hui par de très nombreux chômeurs.

Les colporteurs bossent en famille, père et fils, mais rien à voir avec Lauwin-Planque. Ils viennent en voiture avec un vélo dans le coffre.
Cette façon de faire illustre la solidarité des gens de peu du Nord. La famille se serre les coudes pour s’en sortir, à cette époque folle où la glande rapporte plus que le boulot.

« Julien » , dont la VDN nous dit qu’il s’agit d’un nom d’emprunt – histoire d’éviter la publicité ou les représailles, on ne sait pas trop – utilise son vélo pour alimenter rapidement les boites aux lettres avec ses imprimés.
La tournée finie, le biclou est mis dans la voiture.

Il est 6h30 du matin à Dorignies. Il fait encore nuit mais les cloportes sont de sortie. Ils ont trouvé leur victime : un colporteur qui ne fait de mal à personne.

Ils « sentent fortement l’alcool » . En absence de danger, il faut se donner du courage.
Après que l’un d’entre eux ait arraché le vélo de Julien pour partir avec, le reste du groupe le bouscule tout au long de la rue Jean Jaurès « en lui parlant de son récent séjour en prison » (des anciens co-détenus ? Ce n’est pas précisé…).

Les animaux attaquent pour tuer

On imagine sans peine la hâte du pauvre colporteur à rejoindre son père et sa voiture salvatrice.

Mais, Place de la Batellerie – qu’on pourra à présent dénommer place de la Convivialité comme à Douailes coups pleuvent.
Pour avoir une idée du niveau de la dégelée, on apprendra plus tard que Julien en est sorti avec plusieurs fractures au visage (nez, mâchoire, arcade sourcilière…). Rien que ça.

Son père, de sa voiture, voit ce déchainement de violence. Dans l’obscurité, il ne comprend pas qu’il s’agit de son fils mais en « bon samaritain » , malgré les risques, il sort du véhicule pour intervenir.

C’est à son tour d’expérimenter le passage à tabac. Son agresseur, nous dit la VDN, « était une furie, une vraie bête déchainée » . Quand il s’arrête, le père, qui peine à reprendre ses esprits, voit sa voiture démarrer avec son fils dedans et le méchant cloporte au volant.

Là, on entre dans une autre dimension, celle où tout peut se passer, y compris le meurtre, si on mesure l’agressivité du tabasseur, l’absence de témoins donc l’impunité.
Après quelques kilomètres, la voiture s’arrête. C’est un Julien mal en point qu’on balance au bord de la route, à Flines les Râches. Des riverains méritants le prennent en charge avant qu’il soit transporté au centre hospitalier de Lille.

Violence et impunité

Au final, comme l’indique le titre de l’article, les agresseurs seraient depuis « introuvables » . Souhaitons qu’on mette la main dessus et que la justice passe lourdement.

Il n’est pas du tout certain que cette conclusion, dans ce pays fou, soit possible.
Ce qui est sûr, en revanche, c’est que ses collègues colporteurs y regardent de près avant d’alimenter les boites aux lettres de Dorignies.

La VDN nous dit que ce n’est pas la première fois que l’un d’entre eux, dans le Douaisis, est « victime d’un vol de voiture pendant sa tournée » .
Au final, ces courageux travailleurs du petit jour prennent des risques disproportionnés considérant le revenu qu’ils en tirent.
On peut subodorer de plus qu’ils sont sans doute pour la plupart des « auto-entrepreneurs » au bord de la précarité.

La conclusion de l’article vaut son pesant de réputation pourrie pour la ville à travers les mots d’un spécialiste du colportage : « on voit bien que sur Douai, c’est devenu dangereux » .
Les colporteurs ont en effet intérêt quand il aperçoivent « des gens qui trainent la nuit et tôt le matin en train de boire » de passer leur chemin, surtout dans ces rues obscures que n’éclaire plus rien.

Douaisien, quand tu ouvres ta boite aux lettres, pense au pauvre colporteur qui, dans ta ville, a bravé la mort pour apporter ses prospectus au pied de ta porte.

Après Lambres, Waziers…

Nouvelle qui aiguise l’intérêt des douaisinologues : Waziers va rejouer les élections municipales après la démission d’une partie du conseil jeudi dernier.

Les bisbilles internes, ininterrompues depuis la victoire de Laurent Desmons, entrent à présent dans une phase plus concrète qui n’est pas sans rappeler nos affaires lambresques.

Les ressorts de l’évènement sont les mêmes avec ses trahisons, ses bas intérêts personnels et l’envie d’être calife à la place du calife.

L’entrée sera-t-elle suffisamment grande pour qu’y passent tous les candidats ?

Dynamo de Moscou contre USM Waziers

Toutes les coteries créées au sein du conseil se sont alliées pour démissionner en bloc. Il ne reste donc plus au maire suffisamment de conseillers pour faire tourner la machine.
Les électeurs vont retourner aux urnes dans un délai trois mois maximum, ce qui nous mène début mars. On verra d’ailleurs si le record de rapidité lambresque – 50 jours – sera à cette occasion battu.

Il y en a un qui doit se frotter les mains. Non pas notre ami habituel, encore que, mais le dinosaure communiste qui n’a jamais digéré une défaite qui l’a plongé dans l’opposition après vingt ans de règne sans partage.

A 75 ans et des brouettes, Jacques Michon sera à la tête d’une liste de reconquête. Il va sauver la ville, c’est sûr et certain, comme il l’a sauvée avant. Son intérêt se confond d’ailleurs avec elle.

Le Communisme municipal adore la pauvreté

Waziers, c’est la ville pauvre de la banlieue de Douai, presque l’inverse de Lambres sur pas mal de plans. Il suffit de se plonger dans sa fiche INSEE pour mesurer l’effet de ses cent ans de gestion communiste sur sa santé.

Plus que partout ailleurs dans le territoire, la perte démographique est vertigineuse après le point haut de 1968. Comptant alors 11000 habitants, Waziers en accueille aujourd’hui à peine 7000.
Les marqueurs de pauvreté sont sévères, ainsi la part de la population sans aucun diplôme (34%) qui renvoie à son importante proportion inactive ou au chômage, respectivement 35% et 27%.

Waziers, c’était la ville des mineurs dont toute la vie, de la naissance à la mort, tournait autour du charbon et du marxisme tendance stal.
On se souvient – rare instant historique de la cité – du discours fleuve de Maurice Thorez, enfant de Noyelles-Godault, venu défendre en juillet 1945 la « bataille du charbon » au nom du gouvernement d’alors.

Ah ! C’était le bon temps ! L’avenir vers… La Gauche

Un dinosaure marxiste trompe énormément

Évidemment, depuis, l’eau a coulé sous les ponts de la Scarpe. L’érosion de cette idéologie d’un autre âge a réduit inexorablement l’audience des camarades waziérois.
On se demande même comment ils ont réussi à se maintenir à la tête de la municipalité jusqu’en 2020, frôlant régulièrement l’échec à quelques dizaines de voix près.

On comprend dès lors l’exploit de Laurent Desmons quand il a terrassé Jacques Michon mais surtout « l’appareil » militant mis à son service.

Si on en juge par l’agressivité oppositionnelle du maire déchu depuis cette date, ce dernier n’avait pas très bien encaissé l’affront qu’avaient osé lui faire les électeurs.
Il est né trente ans trop tard, l’ami Michon. C’était quand même plus pratique le parti unique à candidat unique au nom de la dictature du prolétariat.

Rien n’étaient d’ailleurs plus risibles que ses appels, depuis la défaite, à la « démocratie » toujours malmenée par son rival évidemment méchamment « autoritaire » .
On avait aussi la dénonciation de son « clientélisme » , ce qui ne manque pas d’intérêt quand on examine son lourd passé de maire.

Le mystère Bänsch

Rappelons les mésaventures de son premier adjoint, héritier annoncé, Steve Bänsch, débarqué fin 2017 pour des motivations obscures.
Comme toujours avec les Communistes, il faut, dans toute décision, en chercher la « vraie raison » .
Il ne serait pas impossible que le vieux maire accroché à sa rente ait été inquiet de l’ombre que lui faisait ce jeune militant aussi actif qu’apprécié dans la commune.

Cette éviction a été un des facteurs de l’échec du sortant quand on analyse les résultats du premier tour des dernières municipales. En effet, si Laurent Desmons avec 881 voix (36%) était arrivé devant Jacques Michon et ses 823 voix (34%), le jeune Bänsch avait cartonné avec 703 voix (29%).

Le deuxième tour, réalisé après le confinement, avait réservé des surprises. D’abord, l’abandon de la liste Bänsch qui pouvait se maintenir mais ne l’a pas fait, appelant du bout des lèvres au « changement » .
Signe que les électeurs le voulaient, le changement, le taux de participation était passé de 49% à 53%, donnant la mairie à Laurent Desmons avec 1514 voix (57%) tandis que le sortant se ramassait avec ses 1113 bulletins (43%).

Les « luttes » c’est bon pour la fraction oppositionnelle

Depuis les dernières élections, Steve Bänsch s’est reconverti dans la communication de la mairie d’Auby, évolution professionnelle plutôt symbolique quand on pense au plantage bienvenu de M. K.

Les sujets de dispute au sein du conseil de Waziers ressemblent à ceux qui avaient déchiré celui de Lambres. Toute tentative d’économie budgétaire a été, dès 2020, ressentie dans cette ville comme une trahison.
Sans doute la rareté des contribuables dans la commune font croire à ces opposants que « l’argent public est gratuit » .

La fermeture de la piscine à bout de souffle qui coûtait un bras a, entre autres, cristallisé ce sentiment facile. Une « lutte » fructueuse pour Jacques Michon qui, si on en croit ses hurlements, voyait la jeunesse waziéroise condamnée aux pires sévices par absence de bains.

La piscine de Waziers… Bon, ce n’est pas Sourcéane, on en conviendra…
© La Voix du Nord

Même punition avec la situation du Centre Social Henri Martel, chasse gardée de syndicalistes qui se confondaient avec les partisans du maire déchu. Laurent Desmons avait bien du mal à remettre cette machine à but politique dans son objet social originel.

Un manoir normand ? Un local syndical ? Un centre social ? On vous laisse deviner.

Waziers de droite ou de gauche ?

Les pronostics électoraux apparaissent aussi difficiles à faire qu’à Lambres. Waziers est une ville incontestablement de gauche, traversée par les extrêmes selon des déterminations qui échappent à toute logique.

Déjà un truc curieux, le rapport électeurs inscrits/habitants. Si Douai et Sin le Noble, les deux grosses voisines, tournent autour de 40% des habitants portés sur les listes, ce taux est de 70% à Waziers.

Les législatives de juin 2022, dernier point de repère, ont permis au camarade Bruneel (PCF) de ramasser dans la commune 1036 voix (57%) contre 767 (43%) au sieur Marchio (RN) qui a toutefois remporté la 16° circonscription.
La faiblesse du taux de participation démontre que dans cette commune, l’abstention massive valorise la mobilisation des clans familiaux communistes.

Les présidentielles étaient encore plus singulières.
Au premier tour, le candidat du Parti Communiste n’a pas brillé, pourtant régional de l’étape puisqu’il était l’ancien attaché parlementaire du député de la 16° du Nord, Jean-Jacques Candelier.
En dépit ou à cause de tous ces avantages, Fabien Roussel a réalisé un tout petit 6% (203 voix…) dans cette commune donnée pourtant par les médias comme un bastion du PCF.

Quoi qu’il en soit, au second tour, avec une participation passée de 67% à 60%, c’est Marine Le Pen qui, à Waziers, a ramassé la mise, obtenant 1736 voix (58%) contre 1257 pour Emmanuel Macron (42%).
Le gars du Touquet contre la dame d’Hénin, tout un programme… On imagine le dilemme pour les Waziérois

Waziers va-t-il redevenir marxiste tendance groucho ?

A quelle sauce, donc, va être mangé Laurent Desmons ? Difficile à dire.

Visiblement, les oppositions se sont rapprochées depuis les élections de 2020 et les lâchages successifs au sein du conseil, sur le principe bien connu des « ennemis des ennemis qui sont mes amis » .
La démission collective des conseillers a été concertée entre ces gens là, tous ligués contre le maire.

En dépit de cet arrangement, on doute que Jacques Michon puisse mettre sur sa liste ses opposants d’hier, Ophélie Poulain et surtout Karim Bachiri, lequel n’était pas un grand ami de l’ancien maire quand celui-ci était aux manettes.

Compte-rendu du conseil du 30 octobre 2014, avec le père Michon, c’était la bonne ambiance….

Il est certain qu’on va rejouer, une décennie plus tard, le match de 2014 où Jacques Michon avait affronté au premier tour deux listes concurrentes.
Leur fusion – cette fois-ci à l’évidence exclue – les avait amenés à perdre de moins de cent voix… sur 3280 votants…

On s’achemine donc, très probablement, vers une bonne vieille triangulaire qui risque fort d’infliger aux Waziérois le retour en mairie du dinosaure communiste qui les a si bien gérés dans le passé.

Le camarade Michon devrait d’ailleurs se retourner pour contempler son œuvre.
Après ses deux décennies de pouvoir, son bilan fait peur, d’abord quant à cette misère si utile qu’on en arrive à croire qu’elle ne doit surtout pas disparaitre.

En ce combat douteux, un conseil à Laurent Desmons dont les efforts pour sortir Waziers du marasme ne peuvent qu’être salués : bien choisir ses colistiers avant de décrocher la victoire.

On lui souhaite les deux…

C’est quand qu’on fusionne ?

Les affaires lambresques ont éveillé dans le groupe des experts bénévoles de Douai Vox un intérêt pour un sujet souvent évoqué en France : le regroupement des communes en entités plus grosses.
La fusion de Douaisis Agglo ne manquerait pas d’intérêt si elle était réalisée à son échelle.

Regardons cela de plus près.

La folle exception française

Quand les Constituants de 1790 ont décidé de transformer les paroisses millénaires en communes, ils ne se doutaient pas que cette décision aboutirait aujourd’hui à un excès numérique qui constitue une singularité mondiale.

Nos petits 15% de la population de l’UE correspondent, avec 34955 communes, à 40% des entités municipales européennes. Encore mieux. Sur ce total 2500 communes comptent moins de 100 habitants, sachant même que 17000 ne dépassent pas la barre des 500.

Regardons nos voisins plus malins : la Belgique les a divisées par cinq en dix ans, l’Allemagne par trois depuis plus longtemps encore. Pragmatique comme toujours, le Royaume-Uni les a regroupées voilà des lustres. Ses 545 « districts » comptent en moyenne 100 000 habitants chacun.

L’histoire a légué à la Flandre une densité humaine particulièrement forte, ce qui explique que les 646 communes du Nord soient si populeuses. Certaines, notamment dans l’Avesnois et le Cambrésis, sont certes de très petite taille – Dehéries compte 38 habitants – mais la majorité affiche une démographie largement supérieure.

C’est le cas du Douaisis dont les 35 communes sont plutôt grosses. Si Roucourt, la plus petite, pèse 500 administrés, l’ensemble est plutôt au dessus du millier, sachant que Douai avec ses 35 000 « vint’d’osier » représente un quart des 150000 habitants de la communauté d’agglomération.

Que des avantages

Il est facile de comprendre que le regroupement de ces entités en quelques unes possèderait beaucoup d’avantages.

Il y a le principe bien connu de « l’union fait la force » . Se mettre à plusieurs donne l’avantage du nombre pour se faire entendre au dessus, dans toutes les instances du genre départements, régions et même l’État.

Cette « abondance des peuples » , comme l’aurait dit Louis XIV, est la condition du respect. Dans notre inextricable maillage administratif, c’est le rapport de force qui prime et en aucun cas l’équité.
Que pèse une commune de 100 habitants (il en existe qui comptent une dizaine d’habitants) lorsqu’elle souhaite investir dans un projet ? A peu près rien.

Il y a aussi la capacité financière, plus forte avec 100 000 habitants que 100, sachant que l’État a aussi créé des subventions pour faciliter ces regroupements par diverses exemptions fiscales ou même, plus subtil, le maintien de la hauteur de ses financements.

Enfin, un grand territoire donne de la dimension au sens propre à tout aménagement spatial, aux investissements collectifs ou, encore mieux, à la gestion prospective à long terme.

Que des blocages

Comme ces regroupements sont rares, on subodore qu’il doit y avoir un truc qui coince. Voilà un précepte que les réformateurs de tous poils doivent avoir en tête : quand ça ne se fait pas, il y a des raisons pour ça.

D’abord le travers national de ne réformer qu’en cas de circonstances particulières : la révolution, la banqueroute ou la guerre. On peut les souhaiter ardemment mais ces conditions sont rarement réunies.
Napoléon a eu cette chance incroyable. La banqueroute de l’État a provoqué la Révolution qui a débouché sur la guerre. D’où l’œuvre impériale

Motivation plus concrète, ne rien changer arrange beaucoup de monde. C’est le cas de l’armée d’élus locaux – un demi-million de personnes – qui émargent aux frais des contribuables.
A la louche, la ponction représente de 1 à 2 milliards d’Euros annuels, peut être même le double. Ce n’est pas demain que tout ce populo va abandonner sa rémunération en soutenant une réduction des collectivités locales qui la ferait disparaitre.

Dernier blocage, sans doute le plus dirimant comme on dit, le clivage politique. Pensons à Douai qui est en délicatesse avec sa périphérie depuis des années. On n’est pas certain qu’il s’agisse d’une opposition gauche-droite même si ça y ressemble. Dans tous les cas ça bloque tout.

Il est effectivement impossible, dans ce genre de configuration, qu’un camp abandonne son pouvoir – et tout ce qui s’y attache – pour les céder à ses adversaires. C’est aussi simple que cela.

Une vieille idée démonétisée

Les facteurs qui précèdent expliquent l’échec de fusions dont le principe a pourtant été posé voilà plus de 50 ans. Le paradoxe, c’est que notre maillage administratif a vu depuis ses conditions de fonctionnement régulièrement modifiées mais sans aucune réduction de ses strates.

D’abord la réforme la plus importante, révolutionnaire, la loi de décentralisation de 1983, dite « de transfert de compétences » , qui aurait été, en profitant de l’expansion budgétaire du moment, l’occasion de regrouper les communes puis, dans la foulée, de simplifier le mille-feuilles. Il n’en a rien été.

De très nombreux textes ont ensuite suivi mais aucun n’égale l’ébouriffante « loi NOTRe » partie avec les objectifs qui précèdent – notamment supprimer le département – pour les oublier en route. Elle a même fini avec une strate de plus, ces « super-régions » qui n’ont aucune existence logique.

Les « super régions » issues de la loi NOTRe, alias Valls. On cherche vainement le respect des « pays » et des reliefs, tout en plaignant les gens de l’Aquitaine…

La France est habituée aux « réformes » qui ne changent rien, facilement acceptées.
Retenons toutefois les stratégies de contournement que l’État a quand même essayé d’imposer sur le dossier.
C’est un gagne-terrain qui avance millimètre par millimètre mais dont l’échelle du temps, comme l’Hôpital Général, est séculaire.

Ainsi, conservant le principe de la « fusion communale » , on y a récemment ajouté pour faire passer la pilule, le concept de « communes déléguées » qui, en s’associant, peuvent conserver mairie et conseil municipal. Avec une telle possibilité, on se demande ce qui subsiste de l’idée de départ.

Le futur sera la communauté d’agglomération

Il reste cependant un machin qui, en dépit du fait qu’il ajoute une strate de plus au maillage administratif, pourrait à peu de frais amorcer une sortie par le haut de ces tentatives qui sont autant d’échecs cuisants.

Pour tuer la commune ou le département, rien de plus efficace que de leur retirer des moyens financiers et des bouts de pouvoirs, c’est à dire des compétences. C’est assez limité pour le second mais très avancé pour la première.

C’est ainsi qu’il faut analyser la mise en place – obligatoire – des communautés de communes et d’agglomération, d’abord simple cadre prospectif (cf le SCoT) mais ensuite, par la grâce de nombreuses décisions, bénéficiaires de plus en plus de puissance comme le prouve la frénésie dépensière de notre Douaisis Agglo.

Sur le site de cette dernière, la liste de ses compétences fait sourire par son manque de hiérarchie.
Loisiparc est mis sur le même plan que le développement (séparé en durable, rural et économique, rien que ça) mais c’est de plus par un lien discret qu’on découvre les « autres compétences » qui sont loin d’être minces.
On y trouve par exemple les « infrastructures routières, fluviales ou ferroviaires » ou, mieux, « l’aménagement de l’espace communautaire » , une fois encore mélangés avec des bidules insignifiants ainsi la « capture des animaux errants » .

Faisons un rêve

Comme nous aimons nous amuser, allons dans le sens de ce qui précède en défendant la fusion communautaire pour tout ce qu’elle pourrait changer pour nous autres, pauvres administrés.

Quelle serait l’intérêt d’une communauté d’agglomération transformée en grande commune de 150000 habitants ?

Pas mal de choses – ainsi les compétences déjà attribuées citées plus haut – sont déjà en place et pas nécessairement pour notre bien. Quand viendra le moment des bilan financiers des éléphants blancs semés par notre président tout puissant, on s’en rendra compte.

Mais ne nous arrêtons pas à ces broutilles. Dépassons les. Prônons la fusion de toutes les communes du Douaisis en une seule entité. En poussant la logique jusqu’au bout, les conséquences seraient paradoxalement bénéfiques :

si la majorité actuelle se perpétue année après année c’est parce que le système de vote à deux tours favorise ce conglomérat d’intérêts et d’arrangements entre amis. Un vote globalisé donnerait enfin l’alternance.

découlerait de cette fusion un bien immédiat pour nos impôts : la réduction de l’armée d’élus locaux qui émargent au titre de mandats dont on se demande souvent quel en est l’effet sur le quotidien des habitants du Douaisis.

-Sans doute, l’objectif le plus utile de ce regroupement serait l’harmonisation des ponctions fiscales avec une taxe foncière, entre autres, identique sur tout le territoire, moyen évident pour stopper l’hémorragie démographique de la ville centre.

-Avec un budget globalisé sur le territoire, il y aurait une meilleure rationalisation de la dépense, à la fois par économies d’échelles mais tout autant par une meilleure perception des enjeux généraux donc des décisions prises.

-Ce dernier point permet d’évoquer le déficit démocratique d’un conseil communautaire aux ordres car livré aux décisions d’un seul. Ramenée dans ce lieu par la force du suffrage direct, la souveraineté locale disposerait enfin d’un espace de débat et de décision collective. Nous en serions sauvés !

Les élections municipales approchent à grands pas. On a hâte de connaître parmi les 6 ou 7 listes qui se disputeront à Douai les suffrages des électeurs, celles qui défendront cette option révolutionnaire.
Quant aux candidats des 34 autres communes du Douaisis, on peut douter, compte tenu des avantages offerts par la situation actuelle, qu’il y ait beaucoup de défenseurs de cette bonne idée qui n’est pas fausse.

Mais sait-on jamais ?

Senatus populusque duacus

Comme tous les Français, Douai n’a pas habituellement grand chose à faire des sénatoriales mais Christophe Dumont est candidat en septembre prochain, ce qui change tout.
Le maire de Sin le Noble a-t-il une chance d’être élu ? Voilà qui peut être intéressant à observer de près.

Un bon maire

En bons voisins, on ne peut en effet être indifférent à son destin. Tous les douaisinologues savent qu’il constitue à Douaisis Agglo, avec Jean-Luc Hallé, la garde rapprochée de Christian Poiret, le fameux « duo infernal » .

D’aucuns pensent même qu’il serait, plus que son alter ego d’Hamel (700 habitants, 40 ans de mandat), l’héritier du patron communautaire, sachant qu’il en est le 1er vice-président, titre connu pour les espérances qu’il donne à celui qui le détient.

Ses qualités éminentes se sont plutôt bien déployées dans sa commune depuis 2014 si on en juge par sa réélection magistrale en 2020. Peu de maires peuvent se vanter d’avoir terrassé leurs adversaires en un seul tour par 75% des voix.

On se souvient enfin de l’esprit de sacrifice dont Christophe Dumont a fait preuve aux départementales en faisant équipe avec une douaisienne exfiltrée de la capitale pour éviter au patron une concurrence dangereuse sur son canton. L’abstention massive explique sans doute l’échec du duo, à moins que cette alliance ait déplu aux électeurs.

Utilité relative du Sénat

On dira peu du Sénat souvent présenté avec des trémolos dans la voix comme le « Grand Conseil des Communes françaises » selon la célèbre formule de Gambetta.
C’est oublier son origine, qui est celle de la chambre des Lords britanniques, laquelle explique largement son statut de maison de retraite pour professionnels de la politique.

C’est surtout faire peu de cas de toutes les réformes que cette institution a empêchées, de l’impossibilité de réduire le nombre de communes au maintien absurde du département, en passant par un certain nombre de lois que ces vieux messieurs ont bloquées avant de plier devant l’assemblée nationale.

Pour finir, les citoyens seraient bien embêtés si on les interrogeait sur le rôle précis de ce machin ou, mieux, s’agissant des sénateurs du Nord, si on leur demandait d’énoncer leur nom, de dire de quels partis ils dépendent et enfin et surtout d’expliquer ce qu’ils ont réalisé durant leur si important – car lucratif – mandat.

Des changements inaperçus

Il y a eu ces dernières décennies des modifications de cette sinécure, parfois passées inaperçues. La durée du mandat est à présent de six ans au lieu de neuf auparavant. Le renouvellement des sièges ne se fait donc plus par tiers mais par moitié tous les trois ans. C’est ainsi que le Nord vote cette année.

L’élection, toujours au suffrage indirect, repose à 95% sur les choix des délégués que désignent les conseils municipaux mais là encore, quelques changements récents.
Si chaque conseiller municipal des villes de plus de 9000 habitants est à présent électeur, le bonus est encore plus net pour les communes de plus de 30000 habitants. Elles bénéficient en effet d’un délégué supplémentaire par tranche de 800 habitants au-delà de cette dernière limite.

Ces évolutions subreptices réduisent de fait le poids – autrefois excessif – des zones rurales dans la « chambre haute » .
Ce système est avantageux chez nous pour Tourcoing, Roubaix mais surtout Lille. Avec ses 240000 habitants qui sont un étonnant concentré de Socialistes, elle dispose avec ces derniers des Mohicans de 250 électeurs possibles sur les 6000 qui composent le corps électoral nordiste, ce qui n’est pas rien.

11 sénateurs dans le Nord

Le résultat de 2017 reflétait comme souvent les grosses étiquettes partisanes.
Les 6000 délégués, dont les votes sont répartis à la proportionnelle, avaient donné, grosso modo, pour le PS, LR, l’UDI et le PC deux sénateurs chacun.
Le reste s’était éparpillé façon puzzle
, à l’unité, sur des listes aux intitulés invraisemblables du genre « Les Élus locaux s’engagent » (ce n’était pas le cas ?) ou encore « La Voix des Communes et des Territoires » (Elle vient d’où sinon ?).
On croit comprendre qu’elles sont centristes.

Le résultat sera probablement dans le même genre cette année, nonobstant les changements de personnes, toujours possibles dans ces marigots asséchés que sont devenus les partis nordistes.

Sachant que le mode de scrutin est totalement corrélé aux résultats des municipales, regardons ce qui s’est passé en 2020.
Dans les villes de plus de 9000 habitants, la Gauche et la Droite ont perdu respectivement 3 et 4 communes.
Cela au bénéfice d’un gloubi-boulga centriste et « sans étiquette »
, la plupart du temps avec le même maire, ce dernier ayant simplement changé de marque commerciale.

Considérons ce phénomène comme un effet déstructurant du macronisme, lequel sera peut-être un élément d’incertitude, encore que la performance des adeptes du président actuel aux municipales est quand même restée limitée.

Un sénateur sinois ?

Christophe Dumont a-t-il une chance d’être élu ? Peut-être. On peut déjà noter que le Douaisis n’a jamais eu beaucoup de représentants au Sénat, hors, il n’y a pas si longtemps, le regretté Patrick Masclet, maire d’Arleux.
De ce point de vue, l’élection du patron de Sin le noble serait un rattrapage légitime, sachant que l’agglomération lilloise au sens large a été très représentée en 2017 (7 sur 11…).

Au delà de la géographie, la typologie des sénateurs du Nord démontre qu’il vaut mieux être l’élu d’une petite commune ou un personnage politique de second plan pour se retrouver au palais du Luxembourg.
On a, certes, deux anciens ministres parmi les actuels, ainsi Patrick Kanner ou Valérie Létard, mais la question de leur influence nationale peut être posée. D’ailleurs, si le premier persiste, la seconde passe la main pour 2023.

Sur ce critère, maire d’une cité de 15 000 habitants – peut être d’ailleurs un peu trop grosse – Christophe Dumont pourrait avoir une chance, sans parler de son positionnement politique, évidemment « indépendant » à la suite du célèbre Dany Wattebled qui a été élu sur ce critère en 2017.

Ces listes « apolitiques » sont celles qui peuvent apporter quelques surprises. Avec un ticket d’entrée à 400 voix par sénateur, il est toujours possible pour ces dernières de décrocher la timbale dans un scrutin où les arrangements entre amis participent au charme sénatorial.

Ce sera difficile

Pour le reste, un sénateur sinois parait peu probable, d’abord parce qu’il faut considérer le positionnement des candidats sur les listes.
Si on en croit les médias, Christophe Dumont sera en troisième position après Dany et Marie-Claire Lermytte. Pour cette dernière, il y a peut-être une stratégie tenant à sa mairie de Brouckerque où elle a succédé à Jean-Pierre Decool. Comme ce dernier ne se représente pas au Sénat, ses anciens soutiens pourraient se reporter sur cette liste.

C’est dire, pour Christophe Dumont, que la troisième place risque fort d’être comme la quatrième aux Jeux Olympiques : la pire de toutes. Il parait rien moins que possible qu’une liste « indépendante » puisse obtenir trois élus. C’était d’ailleurs, à la suite du sénateur Decool déjà cité, la position de Jean-Luc Hallé en 2017. Il n’est pas sénateur…

Ensuite, il y a les courants souterrains de ce comité électif qui représente 0,3% de la population du Nord. Si l’idée de donner des sénateurs ailleurs qu’à Lille peut jouer, l’audience du Douaisis dans les rapports de force parait bien limitée à l’inverse de Valenciennes ou de la côte dunkerquoise.
On pourrait bien sûr compter sur l’appui du président au carré – qui a donné le feu vert – mais il n’est pas certain que les délégués soient tous de ses partisans, loin de là. La logique d’une élection indirecte c’est qu’on y vote plus souvent « contre » que « pour » .

En conclusion

Pour finir, outre le positionnement du maire de Sin le Noble, as usual placé sous le prisme du « centrisme » , on peut se demander si les qualités de Christophe Dumont ne sont pas, en elles mêmes, un handicap.

La lecture attentive des biographies de ces sénateurs du Nord dévoile une sacrée liste d’apparatchiks ou de professionnels de la politique (le top, presqu’incroyable, Frédéric Marchand, macroniste avéré), de gens qui n’ont jamais exercé un vrai métier ou, quand ils en ont eu un, c’est si vieux que personne ne s’en souvient et même pas les intéressés.
Directeur administratif au musée de la mine de Lewarde, ce n’est pas le cas de Christophe Dumont. Il a un boulot, lui.

Mieux, on sait qu’il a succédé à Sin le Noble à un édile qui a été en délicatesse avec certaines règles légales. C’est curieusement – sans que cela n’aille jamais très loin, rassurons nous – le cas de certains de nos sénateurs.
Ainsi le Daubresse soupçonné de détournements de fonds publics, la Filleul condamnée pour « violation du statut protecteur du salarié » en contradiction d’une loi venant de son propre parti et enfin le Wattebled qui a vu refusés ses frais de campagne mais qui, péché véniel, n’a pas été frappé d’inéligibilité.

Christophe, que vas-tu faire dans cette galère ?

Un degré

Douai a connu récemment de vifs débats sur la sobriété énergétique des installations municipales rendue obligatoire par la guerre en Ukraine, « l’urgence climatique » et la disparition des espèces.
Est revenu du fond du cerveau des bénévoles de Douai Vox un moyen d’économie dont on nous avait beaucoup parlé voilà une dizaine d’années : le chauffage innovant de la piscine des Glacis.
La formule prophétique de la mairie nous oblige : « le temps déterminera si ce projet connait le succès escompté » . On y est, plongeons nous dedans.

L’égout salvateur

Au début des années 2010, en effet, était sortie du cerveau fertile de nos élus – à la mode Tram ou TVME – l’adoption d’un chauffage révolutionnaire : la cloacothermie.
Comme l’auront compris les habitués du célèbre « cloaca maxima » romain, il s’agissait de récupérer la chaleur des eaux des égouts pour la réinjecter dans le système de chauffage des bâtiments. Tout ça par une machinerie complexe faite d’inox, de boucle de Tichelmann, du méchant et redoutable « biofilm » .

Allez les matheux, faites mieux que le bureau d’étude !

Le système était, comme toujours, une « première nationale » et devait concerner la piscine des Glacis mais surtout la résidence Gayant, propriété d’un de nos impériaux « dodus dormants » locaux : Norevie.

Plus de dix ans après, le dossier doit être examiné sur les trois points qui commandent tout investissement d’envergure : le coût prévisionnel, les gains attendus mais surtout leur croisement qui doit aboutir au résultat concret.

Un coût variable

Il faut avouer que l’immersion dans les journaux qui présentaient le projet justifie cet effort quand on découvre la surprenante diversité des prix annoncés. Si on retrouve ses petits, les variations, toujours à la hausse, font craindre que l’addition finale ait été plus lourde que prévue.

Nous étions au démarrage aux environs de 600000 €, passés ensuite à 642000 €, pour enfin atteindre une somme dont on admirera la précision 667124 €, évidemment « hors-taxes » .
D’autres annonces plus récentes avouent 747000 € et même un peu après – ce sera le dernier prix connu – 870000 €.

On renâcle à évoquer l’addition des deux bénéficiaires (850 + 695 soit 1,55 M d’€) quand, en 2014, Suez faisait sa pub sur son système. Pour résumer, on doit être autour du « million » habituel, il est vrai atténué par une possible subvention de 400000 € offerte par l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie.
L’ADEME a peut être ouvert sa bourse mais il faut supposer que nous ayons satisfait à son très exigeant cahier des charges. Il y a parfois loin de la coupe aux lèvres comme le montre la situation budgétaire de nos voisins lambresques.

Des gains à la louche

Pour les gains attendus, le mirobolant côtoie le modeste, le tout en forme de nébuleuse.
Le système devait économiser, si on comprend bien, 84 tonnes d’équivalent pétrole pour la ville et même 126 tonnes pour Norevie.

Le bailleur, qui n’était pas en peine de calcul, en annonçait un autre : une économie de 30 € par foyer de la Cité Gayant ou une réduction globale du coût annuel de chauffage de 47 000 €.
Du côté de la mairie, même communication triomphale : le dispositif devrait couvrir 53 % des besoins en chauffage « de l’eau et de l’air ambiant » de la piscine des Glacis.

Quand manquent les idées, nos grands-mères disaient qu’il fallait parler du temps. La technique est remplacée aujourd’hui par le propos écologique.
On affirmait, avant de lancer les travaux, que le gain pouvait aller « jusqu’à 90 % par rapport à d’autres sources d’énergie » mais encore mieux, qu’il évitait « jusqu’à 70 % des émissions de gaz à effet de serre » .

Des péripéties fluviales

Après toutes ces annonces mirifiques, le feuilleton de la construction de la « première nationale » n’a pas manqué d’épisodes croquignolesques.

Les travaux – et les dépenses qui vont avec – ayant à peine débuté, on découvre avec consternation que le bureau d’études qui devait évaluer la vitesse des effluents d’égout – dont dépendait l’efficacité du système – s’était fourvoyé dans ses calculs. Pire, en plus du problème de circulation, il apparait que le débit de « l’or sale » est insuffisant.

Ces constatations mettent le chantier à l’arrêt en septembre 2013. Dans ces cas-là, on tombe sur le responsable mais il a fait faillite. Il reste son assureur mais le combat est douteux, contentieux d’ailleurs depuis abandonné par la commune.

Norevie, refroidie, quitte le navire à ce moment, ce qui laisse la ville seule à assurer la suite.

La mairie réduit la taille du projet en dirigeant le « gain » vers la seule piscine des Glacis tandis qu’elle change l’emplacement de « l’échangeur à plaques » . Il passe du boulevard Hayez à la rue Montsarrat, ce qui l’éloigne bizarrement du local à chauffer, sachant que la proximité joue dans l’efficacité du bidule.
Selon les experts municipaux, le débit serait à cet endroit « plus important car des eaux usées du Raquet, du quartier des Épis et surtout, du centre hospitalier y affluent » . S’ils le disent…

Principe de la cloacothermie, à noter l’appoint tout petit sur le schéma mais… essentiel…

Quoi qu’il en soit, après un arrêt de trois années, les travaux redimensionnés à la baisse ont repris, pour aboutir en juin 2017 à une mise en service saluée à grand renfort de dithyrambes. La planète sera sauvée par le sauvetage de la cloacothermie douaisienne.

Quelques ordres de grandeur

On ignore, dans le silence médiatique de six années qui ont suivi ces communications victorieuses, si le fameux système fonctionne réellement et surtout s’il rapporte autant qu’annoncé.

A la mise en route, le responsable technique municipal avait indiqué qu’il donnerait 1 degré en sus de ceux amenés par la chaudière, ce qui faisait passer la température de la piscine de 28,5 à 29,5° et même, paraît-il, 30° pour le petit bassin.

Il existe des télescopages amusants.

Lors du conseil municipal qui a acté en octobre dernier toute une batterie d’économies d’énergie, notamment le retour, la nuit, de l’obscurité médiévale dans nos rues, on avait dans l’inventaire la piscine des glacis.
S’y retrouvait cet important « degré » mais cette fois-ci en baisse de la température de l’eau qui permettrait une économie de 7000 € par an.

Amusons nous à rapporter cette valeur du précieux degré – ainsi connue – au coût de mise en œuvre de la cloacothermie, soit 870000 €. On obtient un amortissement en 124 ans et 67 ans si l’ADEME a réellement subventionné le machin. On est loin des dix ans annoncés.

Comme on aime chez Douai Vox les calculs à la graisse d’oie, on peut aussi s’amuser à reprendre les économies présentées par Norevie : 30 € par an par foyer soit un gain total de 45000 €.
Comme on compte 800 logements dans le quartier, le calcul donne plutôt 24000 € soit la moitié de ce qui précède. Cette somme ramenée à son tour au coût des travaux met l’amortissement à près de 40 ans (hors ADEME).

Autre calcul rigolo, le pourcentage d’économie sur une année de chauffage de la résidence en considérant un prix moyen d’énergie lequel, comme nous le savons tous, a considérablement augmenté depuis un an.
Bref, en restant modeste sur ce dernier facteur, on atteint un laborieux 8% de baisse de la note sur une année. On comprend que le bailleur ait quitté le navire dès qu’il a pu le faire.

On chauffe…

Il serait probablement injuste de mettre ces piteuses conclusions sur le seul dos de l’actuelle municipalité qui n’était pas l’inventeur de la chose.
Elle s’est trouvée devant un dilemme : arrêter le massacre et perdre le fruit d’une dépense déjà faite ou continuer en espérant récolter in fine un avantage, même léger.
Il y avait peut être aussi dans le maintien de cette idée la continuité d’un mandat précédent.

Quoi qu’il en soit, notons que nous sommes encore une fois, pauvres Douaisiens, en présence d’un dossier dont on peut légitimement s’interroger sur la façon dont il a été configuré du début à la fin.
Comment ne pas regretter qu’il n’y ait eu personne, à aucun moment, pour confronter ces chiffres, les vérifier, les critiquer, pour apporter un peu de bon sens dans cette course au « degré » unique ?

On a, certes, l’habitude en France de ces projets décevants qui coûtent peu puisqu’ils dépendent de l’argent public. Mais quand pourrons nous empêcher ces machins décidés – ça tombe bien s’agissant d’une piscine – au doigt mouillé ?

La seconde entreprise douaisienne

On ne dira pas grand chose de notre Plan Local d’Urbanisme présenté voilà peu, document de… 1700 pages dont le poids prouve l’utilité. Le conseiller d’un président américain a théorisé un jour l’intérêt de rédiger des lois incompréhensibles afin qu’elles soient votées sans difficulté par les représentants du peuple. On y est.

Si nous étions à la recherche d’un symbole de notre folie bureaucratique, ce serait cette jungle invasive dans laquelle pour y comprendre quelque chose le pauvre citoyen doit se frayer un chemin à coups de machette.
Il peut découvrir après pas mal d’efforts, dans une éclaircie, son paradigme idéologique. On vous le donne pour vous éviter de vous fatiguer. La ville « marchante » sauvera la planète à partir de Douai…

Lors du long conseil municipal du 17 mars dernier, les débats ont oscillé entre la remarque microscopique (la villa Labisse, dans la section cadastrale AZ, a-t-elle été vendue au prix fort à un promoteur ou pas ?) et la critique stratégique (est-il vrai que construire du neuf vide l’ancien et pousse à la baisse du prix de l’immobilier ?).

Le meilleur était évidemment la forme, le fond étant imposé qu’on le veuille ou non. On a particulièrement apprécié le duel de ces deux dames proches par l’âge, l’allure, les lunettes, la voix, l’ambition et dans lequel la plus intelligente n’était pas forcément celle qu’on croit.

Le travail vaut en lui même

Tout ça pour en venir – on sait, c’est plutôt capillo-tracté – à la défense qui déboule dès qu’on critique les services municipaux, plaidoirie entendue plusieurs fois durant ce conseil. Il est interdit de dire qu’ils peuvent être nuls ou simplement défaillants parce qu’ils auraient « beaucoup travaillé » .

On a tant d’exemples de foirages de leur part qu’il parait pourtant tout à fait légitime, y compris s’ils y ont mis du temps et parce que nous les payons par nos impôts, de souligner ici ou là leur incompétence, leur insuffisance ou… leur lenteur.

D’où l’intérêt de ce qui suit, à savoir une petite présentation de ces services quant à leurs personnels, leur nombre et leur coût.
De ce point de vue, nous avons, avec cette entité, une entreprise douaisienne à forte main-d’œuvre et gros chiffre d’affaire.

L’armée communale

La mairie, telle que nous la donnent les documents budgétaires, présentait en 2020 pas moins de 660 emplois si on considère les postes « budgétaires » (à temps complet, soit 547, ou partiels, soit 113).
Le montant est plus faible en « équivalent temps plein annuel travaillé » , calcul complexe dont le total aboutit à 608,34 « ETPT » , soit les agents titulaires (578,36) et non titulaires (29,98).

Pour comprendre ces deux approches, il faut séparer les postes des personnes. Il n’y a pas forcément correspondance entre les supports budgétés et les gens qu’on met dessus ou pas. On peut avoir des différences entre les deux termes.
L’État possède toujours des personnes rémunérées plus nombreuses que les supports votés. Notre commune est plus vertueuse puisqu’elle fait l’inverse.

En comparaison nationale, l’INSEE indique dans la strate des communes de 20 à 50000 habitants (on est juste au milieu avec nos 35000 Douaisiens), un effectif moyen de 616 emplois, pas trop éloigné du notre, ce qui est bon signe.
Nous sommes aussi modestes pour les ETPT car la moyenne nationale de 20 pour 1000 habitants est supérieure à Douai qui se situe à la louche à 18. On pourrait presque nous dire « sous-administrés » . Tant mieux.

Retenons enfin, dans cette approche générale, le rapport « temps complet/temps non complet » pour les emplois budgétaires, soit 83% contre 17%. Regardons ensuite les agents titulaires et ceux qui ne le sont pas, soit 95% contre 5%.

Ces derniers chiffres donnent une idée assez parlante de la politique de ressource humaine de la commune, laquelle doit plaire aux syndicats. On est souple dans l’octroi du temps partiel (proche de la moyenne nationale cependant) et on aime les titulaires (15 points de mieux que la moyenne nationale).

Filières municipales

La structure par filière, en la comparant à celle de la fonction publique territoriale en moyenne nationale, renvoie aux services donnés aux habitants.
Les différences mériteraient une étude approfondie que nous ne ferons pas. Toutefois, nul doute que l’historique des recrutements, plus qu’une stratégie consciente, joue ici un rôle non négligeable.
Pour résumer, nous sommes relativement faibles en administratif et en animation, très fournis en culturel comme en technique.
Voyons ces deux derniers traits comme une illustration de notre célèbre et enviée dichotomie sociale.

La répartition par catégories d’emplois (A,B,C) démontre que nous disposons d’abord d’un personnel relevant majoritairement de la dernière strate (pour 70% des emplois budgétaires), proportion assez proche de celle de la FPT nationale (75%), petite différence qui provient probablement d’une volonté communale de resserrer le pyramidage. Pour autant, plus la base de la dite pyramide est large et moins elle coûte cher.

Enfin, notons que les deux filières qui connaissent un fort taux d’emplois permanents à temps non complet, sont la technique (14%) et surtout la culturelle (45%), cette dernière connaissant par ailleurs la plus forte présence de non titulaires (26%), lesquels sont pour la quasi totalité des enseignants en arts.
Dans ce dernier cas, l’agent qui bénéficie de l’indice le plus haut (995) est un de ces professeurs.
L’absence de titularisation n’est donc pas toujours synonyme de faible rémunération. Il existe des contractuels très bien payés. C’est d’ailleurs parfois le moyen de s’affranchir des règles contraignantes de la FPT.
Si Douai présente parmi ses agents 5% de contractuels (CDD, CDI), Douaisis Agglo en aligne 30%.

Coûts et rémunérations

Le chapitre 012 du budget (2020) donne les « charges de personnel » assumées par la commune et accessoirement les contribuables : 28,7 millions d’Euros par an. Si on retire de cette somme les cotisations et les charges dont la France a le secret, on obtient en rémunération globale directe 21 millions d’Euros.
Ce chiffre permet de calculer le salaire moyen mensuel d’un agent de la commune = 2650 euros.
Évidemment, la moyenne sans écart-type est l’indicateur le plus bête qui soit. Disons simplement que la distance doit être grande entre la paye d’un DGS – sans doute le mieux rémunéré du lot, sans parler des avantages en nature – et un apprenti tout en bas de l’échelle.

Classement local

Pour finir, il est bon de se demander où se situe la commune quand on la compare aux entreprises douaisiennes, en chiffre d’affaire ou en nombre d’emplois.
On peut discuter la pertinence de soumettre une administration à ce genre de « benchmarking » mais il est toujours bon d’avoir en tête ces paramètres quand on vote.

Avec 660 emplois, l’administration municipale est faible à côté du bel hôpital local qui en aligne 2600. Même remarque du côté de Renault qui, en attente de son embellie électricienne, compte actuellement 2300 travailleurs.
Pour autant, ces dernières entreprises ne concernent pas que Douai intra muros. Dans cette limite circonscrite, le plus gros employeur de la ville est Maisons & Cités avec 832 salariés suivi de Douai Distribution (Leclerc) qui en compte 258. La commune est donc le deuxième employeur de la cité avec ses 660 agents, ce qui n’est pas rien, on en conviendra.

Le plus amusant est de penser que Frédéric Chéreau est donc le patron des deux plus grosses entités de la ville, président de Maisons & Cités et maire de Douai. Vous imaginez la force de frappe du gars ?

En « chiffre d’affaire » , c’est moins net. Le premier établissement de Douai (67° entreprise de la région), déjà cité avec logique, est Maisons & Cités avec 312 millions d’Euros. Le second (81°) est SIA avec 244 M, le troisième (248°) est Douai Distribution (Leclerc) avec 81 M.
Quoi qu’il en soit, la commune par l’importance de son budget pourrait être classée en quatrième place du groupe, avec ses 77 M de budget, assez proche de Norevie (278° régional) dont le CA s’établit à 74 M.

On ne dira rien de cette présence massive des bailleurs sociaux dans la ville qui explique aisément notre réflexe « logement social » – c’est un circuit court décarboné – devant une friche immobilière ou l’impératif de repeuplement, objectif d’ailleurs mis au cœur du PLU.

Quelle plus-value ?

Tout en considérant que nous ne sommes pas devant une administration pléthorique, de fait proche des moyennes nationales, ce qui est une très bonne chose, cette courte présentation suscite évidemment tout un tas de questions et d’abord du côté de la performance.

On aimerait connaitre la satisfaction des habitants quant aux services qu’ils reçoivent au quotidien. La ville bruisse de rumeurs d’incurie ou de laisser-aller qu’il serait bon de documenter sérieusement.

Des déjections canines qui trainent des semaines sur les trottoirs, l’impossibilité d’obtenir rapidement une pièce d’identité, la sous-traitance à des cabinets extérieurs de dossiers pourtant de pleine compétence, des travaux intempestifs menés en dépit du bon sens etc.
Il y a ici matière à audit afin de vérifier la qualité de notre administration municipale, ce qui serait le moyen de contourner deux écueils, l’excès de critiques comme leur interdiction pavlovienne évoquée plus haut.

Hors cet examen qui restera évidemment un vœu pieux, il serait déjà possible de répondre aux impératifs de qualité de ce service public en adoptant un truc banal : la Charte Marianne.
Voilà qui serait utile pour juger de l’efficacité, du côté des usagers, de la seconde entreprise douaisienne.
Pour connaitre la plus-value globale, attendons l’alternance politique qui viendra peut-être. Gardez ces chiffres en mémoire, 77 millions d’Euros de budget, 660 emplois au service des Douaisiens…

Quand les squats flambent

Phénomène qui a défrayé la chronique nationale quand quelques pauvres proprios se trouvaient dépossédés de leur bien par des margoulins sans scrupules, les squats n’épargnent pas Douai non plus.

La fin du droit de propriété

Ces péripéties, quand on les regarde de près, sont emblématiques de l’actuelle impuissance publique. L’empêchement ne tient d’ailleurs pas à la supposée difficulté de les régler. Il découle de l’invention de droits « supérieurs » à celui de propriété que nos ancêtres avaient pourtant sacralisé en 1789.

Ce glissement juridique est à mettre en face de l’opinion quand on sait que 90% des citoyens interrogés défendent ce vieux principe dans tous les sondages. Le Parlement a légiféré contre le populo proprio, est-ce donc possible ?

Conscient du léger décalage qui existe de nos jours entre ces lois dingues (du DALO au SRU en passant par le sublime Duflot) et l’avis des Français, le gouvernement a inventé voilà peu un pompeux « observatoire des squats » censé donner en temps réel l’état de ces occupations sans titre, histoire de démontrer qu’il est efficace.

La lecture de ce tableau fait sourire (en janvier 2021, sur 124 cas, 17 pour les Hauts-de-France, sur… plusieurs milliers de procédures en France…). Les critères excluent pas mal de situations, notamment celles où le bien concerné n’est pas habité régulièrement, par exemple une résidence secondaire.
De même, pour intégrer cette liste, il faut avoir déclenché avant tous les leviers légaux avec avocats, huissiers et tout le tintouin.

Qu’on se rassure, ces affaires ne disparaitront pas de sitôt sauf dans le cas où le parlement irait jusqu’au bout dans les réformes en cours sur le sujet. Comme on a perdu notre Dimitri, ce n’est pas gagné.

Un marqueur de paupérisation

Les squats sont, quand ils se multiplient dans une ville, un indicateur de la dégradation des valeurs immobilières, résultat de la baisse de sa population – d’où la vacance des biens – cause et conséquence de l’effondrement de l’attractivité économique.
Ce phénomène, qui a été étudié par les urbanistes et les géographes, s’accompagne toujours des mêmes caractéristiques sociales, l’apparition d’une population pauvre et foraine ainsi que la hausse de l’insécurité. Quand on y pense, il y a assez peu de squats à Neuilly ou dans le XVI° arrondissement de Paris.

L’autre conséquence est la mise en péril des bâtiments car le destin d’un squat, très souvent, c’est de se transformer en fumée. Ces incendies peuvent être déclenchés par des branchements électriques bricolés ou, pire, par de bonnes flambées improvisées. Un meuble mis en petits bois bien secs et hop, c’est le feu de camp au milieu de la pièce.

Le vandalisme n’est aussi jamais très loin, excité par la facilité des accessibilités qu’aide une absence généralisée de surveillance. De même, l’abandon et le délabrement sont autant d’invitations aux dégradations selon le principe bien connu du carreau cassé qui veut qu’un de plus ou de moins, après tout…
Terminons enfin par l’impunité. L’anonymat des auteurs est toujours la règle. Quand ce n’est pas le cas, les sanctions sont inexistantes, comme le prouvent les piteuses conclusions policières et judiciaires des exemples qui suivent.

Les squats de Douai

A Douai, les squats prospèrent en silence, qu’ils soient publics ou privés. Dans ce dernier cas, il s’agit surtout de biens en déshérence que plus personne ne gère.

Une balade dans les rues du centre-ville et l’examen attentif de l’état des maisons les plus dégradées peut faire apparaître, ici ou là, des signes évidents d’occupations sauvages. C’est une porte ou une trappe de cave mal fermées, des serrures déglinguées ou encore l’allure bizarre des rideaux ou des ouvrants. On conseille aux lecteurs de s’amuser à observer ces signes lors de leur promenade dominicale.

Dans un mélange public/privé, on peut mettre dans le groupe qui précède les ruelles qui offrent, si on parvient à contrôler les portes d’entrée, une installation discrète dans les maisons qui s’y trouvent, restaurées avec les aides européennes mais officiellement inhabitées.
Ce fut ainsi le cas de la ruelle des Minimes qui donne sur la rue des Foulons, à quelques mètres de la mairie. Les occupants, trop malins, avaient même installé une machine à laver !

Un patrimoine en cendres

Peu de monde défend la qualité architecturale du bâtiment de la Direction départementale des territoires et de la mer (DDTM) qui se trouve rue de Roubaix. Vu de loin, ce gros truc brutaliste a pourtant belle allure mais quand on le regarde de près, on voit qu’il a pris cher, bien noirci ici ou là.
Désaffecté depuis juillet 2018 après qu’un violent incendie ait détruit une partie de la toiture, il en a connu un autre en janvier 2020 au sous-sol, transformant en chaleur les archives d’une administration depuis évanouie. Il ne manquait plus qu’un peu de flammes entre les deux niveaux déjà cramés, ce qui a été chose faite en décembre dernier.
De l’avis des spécialistes, il y a un lien formel entre son statut de squat et ces incendies à répétition.

Il était beau ce bâtiment… Payé par nos impôts…

Après le feu arrive l’eau. Dans ce cas, rappelons le triste sort réservé à notre ancienne université, squattée régulièrement comme le prouvent les traces d’habitation qu’on voit si on y fait un tour.
En mars dernier, on a découvert fortuitement une fuite dans ses sous-sols, entièrement noyés sur 2,5 mètres de hauteur. L’ampleur de l’inondation a été estimée à près de 1 200 m3. Pour donner un ordre de grandeur, c’est un peu moins que le remplissage de Sourcéane et presque le double de la piscine des Glacis.
Là encore, pas de doute, « l’acte malveillant » est évident comme l’ont reconnu les experts. Nos braves squatteurs devaient avoir soif.

Terminons en beauté par notre ancien IUFM, vainqueur toutes catégories des squats inflammables.
Largement pillé et fréquemment visité, le bâtiment a connu de nombreux « départs d’incendie » depuis sa fermeture définitive en juillet 2010. Un peu énervée, la VDN les égrène dans ses colonnes : ainsi en août 2020 – assez conséquent – puis en octobre et enfin en novembre 2022.
A chaque fois, la source des feux se trouve dans la « partie squattée » , laquelle est située tout à côté des services départementaux, proximité assez amusante quand on sait que ce bâtiment leur appartient.
Plaignons, non pas ce dernier, mais les riverains impuissants devant ces dangereux sinistres.

Oh, non, pas ça !

Que faire ?

Que dire au final ? C’est une affaire compliquée comme toujours à Douai quand l’intervention publique réclame énergie et ressources financières.
Il manque toujours un des deux trucs et même régulièrement les deux.
Tous les désastres cités – on a évité l’Hôpital Général qui est hors concours – reçoivent à chaque fois des excuses, quand on découvre le feu ou la flotte, en forme de projets à venir : « oui, oui, c’est bon, on a prévu un truc, c’est réglé » .
Ces piètres arguments relèvent évidemment de l’effet d’annonce, destiné à éteindre le ressentiment du citoyen, jusqu’au prochain incendie qu’on observera une fois de plus les bras ballants.

1 2 3 7