Monoprix, multi-échecs

fermeture monoprix douai

Une nouvelle qui a déboulé récemment sur les rézosocios se confirme dans les journaux : la fermeture prochaine de notre bon vieux Monoprix. 87 ans de vie et hop ! C’est terminé pour le Monop’.
On rajoute cette catastrophe à toutes les autres, Kruidvat, déjà évoqué, mais aussi celles dont on n’entend pas parler.
Ces magasins qui disparaissent en douce après des années de fonctionnement ou, pire, après quelques mois d’ouverture quand quelques fous optimistes vérifient avec horreur la fragilité de leur business plan.

Les raisons de ces fermetures sont faciles à comprendre. Rien à voir avec le covid et la guerre en Ukraine. Quand un magasin n’a plus de clients. Il ne fait plus de bénéfice. Il accumule les pertes. Il coule. Voilà ce qui le pousse un jour à mettre la clé sous la porte et pas autre chose.
On voit bien ici et là de pauvres arguments justifiant des « aides » (évidemment publiques) pour retarder la funeste échéance. Ce sont des solutions provisoires qui n’empêchent rien. Il faut revenir au fond. Si tous nos magasins du centre ville ferment les uns après les autres, c’est que les clients ne s’y rendent pas.

Ensuite, arrive la question centrale : mais qu’est-ce qui les empêche ? Nous le savons tous. De loin, les zones commerciales périphériques offrent de meilleures raisons d’y aller (prix, accessibilité). De près, faire reposer une activité économique sur les seuls habitants d’un centre ville de plus en plus paupérisé, est absurde.

Car nous sommes maintenant arrivés au moment fatidique. Celui où la réduction de l’offre commerciale, sa pauvreté, ses lacunes conduisent le consommateur à ne plus considérer le centre ville de Douai comme un lieu valable pour y faire ses courses. La spirale est enclenchée. Il devient impossible de la briser. Le mal est fait.

Mais pas de panique, nos édiles veillent. Ils savent. Ils ont tout compris. Ils sont efficaces. Ils anticipent. D’ailleurs ça se voit. Les ouvertures sont égales aux fermetures parait-il. Sans blague. Mettre sur le même plan l’ouverture d’un tacos halal dans la périphérie avec la fermeture d’un magasin comme Monoprix ou Kruidvat, c’est de l’escroquerie intellectuelle.

fermeture monoprix douai
C’est beau, un Monop’, la nuit, à Douai….

Le plus terrible dans cette affaire est sans doute, outre leur impunité, l’entêtement de ceux qui contribuent à un échec aussi massif. Un peu comme les Khmers verts qui poussent à la disparition du nucléaire en s’étonnant ensuite du prix de l’électricité, nos élus professionnels s’obstinent dans l’erreur.
Si ça ne marche pas c’est qu’on n’a pas été assez loin dans la piétonnisation et dans l’empêchement de la bagnole pour accéder au centre ville. C’est ainsi qu’il faut regarder ces travaux débiles qui réduisent les possibilités de stationnement, entre autres pour les vélos que peu de gens utilisent (dans tous les cas pas les élus) ou encore pour des trams en forme de bus dont l’offre – certes gratuite avec nos sous – est d’une fabuleuse médiocrité.

Ce n’est pas grave, on va vous en remettre de la mobilité douce. Vous allez en bouffer de la marche à pied. Elle va sauver la ville. Ne doutons pas que notre rue de Bellain ressemblera aux cheminements des cimetières. Ils sont calmes, paisibles mais mortifères.
Il ne restera du centre de Douai que cette belle rue piétonne, minérale et glacée, transformée avec nos impôts en paradis à l’abri des lois du marché, celui des opticiens, des pharmaciens, des banquiers, des services administratifs échoués là faute de mieux.
Il subsistera dans ces voies mortes, rassurons nous, quelques ilots de vente de produits frais encerclés, au mieux de fast-foods lamentables ou de vendeurs de fringues misérables mais, au pire, par une multitude grandissante de cellules abandonnées livrées à la désolation et au mépris.

Nestor aime la polémique douaisienne, surtout quand elle est enfouie sous des tonnes de silence. On peut trouver parfois un peu de mauvaise foi dans ses propos mais sans cette liberté, il n'y aurait d'éloges flatteurs.

15 Comments

  1. Encore un constat d’échec pour nos élus et autres décideurs de la dépense. Adieu centre ville de Douai,tu nous faisais rêver, aujourd’hui tu nous fais fuir. 100 à 200m rue de Paris, et vite, demi tour !
    La paupérisation s’étale, au propre comme au figuré, les coiffeurs et autres Kebabs blanchissent, les achats immobiliers communaux se multiplient inutilement, quid de l’avenir du « restaurant », de la « librairie » … ?
    Il y a 10 ans, une pervenche ‘’prûnait’’ mon épouse restée en bas de la rue de la mairie pour charger ses légumes en lui conseillant d’aller à Noyelles pour éviter les ennuis, il y a 15 jours c’était pour être garée dans le mauvais sens rue de Paris… Bienvenue à Douai !!
    Le seul à se réjouir c’est, peut-être, le Grand Timonier qui continue à remplir les zones aux études de marché inquiétantes elles aussi prélude à d’autres fermetures.
    Comme disait un ancien patron de garage douaisien : « on peut pas tondre un mouton qui n’a pas de laine ! »
    Bravo pour votre faire-part.

    1. Il vaut mieux en rire qu’en pleurer. Tant que la voiture sera bannie, et le mouvement n’est pas près de s’arrêter, la dégringolade continuera. On n’ose espérer un arrêt de l’extension continue des zones commerciales à notre périphérie 🙂 C’est fascinant cet aveuglement. Perception altérée de la réalité ? Soumission aux dogmes religieux de l’écologie politique ?

  2. Sincèrement ce n’est pas un magasin vu de l’extérieur qui donne envie d’y entrer !..
    installer des magasins où il se vend des vêtements sans qualité cela ne donne pas envie non plus !..
    Réduire les surfaces et revenir à des BOUTIQUES à taille humaine.
    Maroquinerie /chaussures H/F/E/ petit électroménager /vêtements de sports « ex décathlon »/
    Ce qu’il se vend à l’office du tourisme, il y a une petite boutique vide place d’Armes, (y ajouter essuies mains avec la famille Gayánt, bavoirs brodés, gants et serviettes, bols , sets de table/ tabliers et maniques pour les nostalgiques des fêtes de Gayant.
    A l’effigie de nos champions douaisiens aussi, cette boutique avec ses vitrines donneront envie d’y entrer.

    1. C’est le serpent qui se mord la queue. Pas de client donc pas de capacité de renouvellement, c’est la spirale négative. On aimerait que les décideurs vous entendent 🙂

    2. Pourquoi ne pas faire,à l’inverse,ce qui a participé au déclin…Douai centre en « zone franche »..?
      Au fait, j’ai comparé le « bouclier de Gayant « réalisé à celui prévu….À l’image de nos élus,insipide,invisible et sans saveur ! Et personne pour s’en étonner,s’en occuper ?

  3. Bravo ! Tout est dit et très bien dit !
    Douaisienne de naissance je ne reconnais plus ma ville… Pourquoi faire une rue piétonne si elle continue à se vider de ses commerces ??? Incompréhensible..

    1. Aucune logique là dedans et pas la moindre étude un peu documentée sur les bienfaits de la piétonnisation. C’est de la pensée magique. Nos élus, de quelque bord soient-ils, sont des chamans, des gourous, des devins, des surhommes et surfemmes dotées de pouvoirs surnaturels. Quand ils pensent et décident, la vérité plie sous leur volonté. Pauvres de nous…

  4. Ce résultat n’est pas faute d’avoir alerté Frédéric Chereau ! … Une adjointe au commerce débordée car elle est trop prise par son travail ! … Laissez la place madame ! Un développeur de centre ville dont l’épouse travaille à la mairie ! Chut, il ne faut pas titiller le maire… Situation actuelle !
    Et cela dure depuis 7 ans avec un ancien adjoint au commerce incompétent, un développeur de centre qui a fuit à Arras…
    Fredéric Chereau n’oubliera de remercier le gouvernement pour la création du programme « Coeur de ville » !
    Seule note positive, l’intérêt porté par « Action et patrimoine » (nom à confirmer…) pour la rénovation haut de gamme des logements au dessus des commerces, ce qui va faire revenir des consommateurs avec du potentiel…

  5. Cher Nestor, je vous ai connu plus inspiré, et moins simpliste, les commentateurs aussi qui communient tous dans le culte de la bagnole comme solution à tous les problèmes et l’agitation électoraliste anti-chéreau (comme si le problème datait d’hier) alors que le déclin des centres villes est multifactoriel et un phénomène d elong terme, en premier lieu la conséquence de la paupérisation de la population et d’un urbanisme fait ou pas fait à l’échelle d’un territoire. Cepenfant, le pire est votre digression sur les « Khmers verts » et le prix de l’électricité qui est quasiment une fake new : pour votre gouverne, sachez que le coût de production de l’électricité » nucléaire, même calculé de façon biaisée en n’intégrant pas celui du démantèlement des centrales et du stockage pérenne des déchets, augmente tendanciellement tandis que celui des renouvelables diminue constamment .
    EDF estime le coût de production de son parc nucléaire historique à 53 euros par mégawattheure (53 €/MWh). Autrement dit, l’énergéticien estime qu’il doit débourser 53 euros dès lors qu’il fait tourner une puissance d’un mégawatt (c’est-à-dire 1000 kilowatt) pendant une heure. La Commission de régulation de l’énergie (CRE) évalue ce coût pour sa part à 48 €/MWh. Mais l’électricité produite par l’EPR de Flamanville (si il en produit un jour)r entre 110 et 120 euros le MWh selon la Cour des Comptes. Les derniers appels d’offres en France assurent un prix d’achat (et non un coût de production) de l’électricité de l’éolien terrestre à 60 euros par mégawattheure et à 57 euros pour le photovoltaïque au sol. Les projections prévoient encore des baisses de prix à l’avenir. Avec la crise sanitaire, le prix de vente de l’électricité sur le marché européen tourne autour de 40 euros le mégawattheure. Le nucléaire est antiéconomique en plus d’être potentiellement dangereux

    1. Ah l’argumentaire mérite qu’on s’y arrête 🙂
      D’accord sur les facteurs divers et de longue durée pour expliquer la mort du centre ville mais dédouaner nos élus géniaux de leurs responsabilités là dedans n’est pas recevable. Ils amplifient un phénomène qu’ils ne comprennent pas. Ils sont directement responsables de la fermeture du Monop’, du Market etc. de tous ces commerces qui ont reçu ces travaux de Bellain comme un coup de grâce. Enfin, si ces phénomènes sont impossibles à empêcher, pourquoi briguer un mandat en disant le contraire ? Il existe sur ces sujets d’autres politiques à mettre en oeuvre que la haine de la bagnole.
      Le coup de nucléaire est plus sérieux. Bien sûr qu’il engage des investissements plus lourds que des achats de gaz en Russie ou en Algérie mais ses avantages sont réels. D’abord par une moindre soumission aux aléas du marché de l’énergie. Ensuite par la seule vapeur d’eau que crachent les centrales probablement moins létales que les émissions de charbon, de gaz ou de pétrole qu’on bouffe dans certains pays.
      Bien sûr, après, on entre dans le domaine de la croyance. Le nucléaire n’a pas connu en France un truc à la Tchernobyl. L’éolien profite de subventions publiques assez énormes pour une efficacité énergétique aussi variable que le vent qui les anime, sans parler de la destruction des paysages. Le photovoltaïque engraisse l’Asie d’abord. Difficile d’y souscrire. Il nous restera un jour les dynamo de vélo 🙂

  6. Je vous sais gré d’avoir publié ma contribution. Je ne poursuivrai pas la défense et illustration de la transition énergétique par les renouvelables, ce n’est pas le lieu et ce serait fort long, je me bornerai à remarquer que la plupart de nos voisins l’ont engagée avec succès et réduisent autrement que la France leurs émissions de gaz à effet de serre.
    Revenons plutôt au déclin du centre ville et de ses commerces
    – Dès les années 1970, on a assisté à l’exode vers le périurbain des classes moyennes favorisées qui ont fait de communes comme Goeulzin les plus riches fiscalement des environs parce qu’elles ont pu miter les campagnes par la prolifération des pavillons tout en se soustrayant au financement fiscal des équipement des centres villes dont elles bénéficiaient. Ce sont les plus ardents défenseurs de la voiture en ville, forcément.
    – quand la réforme des structures intercommunales a introduit une forme de mutualisation des charges et des compétences, dans notre cas sous le forme de l’agglomération, la politique des décideurs politiques a été de continuer en pire l’implantation de zones commerçantes et de pôles d’activité en périphérie, c’est un 2e déménagement par rapport au centre ville. Pendant ce temps, à l’échelle régionale, la métropolisation n’en finit pas de concentrer les fonctions supérieures sur la métropole lilloise et de déshabiller les villes moyennes avec la bénédiction et les moyens de l’Etat. La littérature géographique à ce sujet est pléthorique.
    – pendant ce temps, pendant trente ans, de 1983 à 2014, le maire de Douai a pour unique politique de ne pas augmenter la pression fiscale. Investissements réduits au minimum. Quand un projet structurant finit par émerger, le tramway, il tourne à la débâcle industrielle. La ville perd quelque chose comme 20% de sa population
    – Si j’ai un reproche à faire au maire actuel, c’est qu’il fait du Vernier revisité à la mode du moment. Un « développeur » pour dérouler le tapis rouge aux intérêts privés, car on ne compte que sur les promoteurs et les chaines nationales pour revivifier le centre ville, alors qu’on a déjà donné sous la forme du piteux retrait du projet de réaménagement de la place du Barlet et de la superbe ruine fraîchement repeinte de ‘Hôpital général, depuis 2011 ! Et le projet de médiathèque qui aurait été une locomotive du centre ville est officiellement abandonné avant d’avoir été vraiment étudié alors que parallèlement l’argent public sert à refaire l’ancienne Cave pour le Furet et à ne pas sauver la Charpente.
    – Des solutions ? La paupérisation de la population n’est pas dans le champ d’action de la commune. Mais celle-ci aurait pu développer un équipement structurant, reprendre directement la gestion de surfaces commerciales et les exploiter en concessions, et intervenir de façon résolue sur l’habitat (rénovations, économies d’énergie) car la paupérisation va de pair avec la dégradation du bâti, son rachat à bon marché et la division des immeubles du centre ancien en logements « para-sociaux » par des notables marchands de sommeil qui bénéficient directement du système des APL.
    En conclusion, la pauvre municipalité douaisienne actuelle reste avec des moyens diminués et une influence politique amoindrie par la montée en puissance de l’agglo. pour écoper les conséquences de trente ans de politiques nationales et extramunicipales que personne ne remet sérieusement en question, surtout pas leurs responsables set leurs héritiers, dans un contexte de séparatisme social, fiscal et spatial des plus riches, parce que dans ces trois domaines le « ruissellement » est un mythe. On peut toujours tirer sur l’ambulance vouloir plus de voitures en ville, ça n’ira pas loin. Et éventuellement ça peut mener à une collision à l’angle de la rue Saint Thomas entre un 4×4 Porsche Cayenne qui cède à l’appel des grands espaces en débouchant sur la rue Saint Jacques et une Twingo dont le conducteur a heureusement été désincarcéré après son encastrement dans un distributeur de billets par les bons soins de la première qui n’avait vraiment, mais vraiment rien à faire en ville.

    1. Rien à retirer de votre commentaire.
      Il est si bienvenu qu’il mériterait d’être transformé en article sauce DV. Il n’est pas sans rappeler notre propre analyse de la crise. Vous pointez la clé. Il faut une stratégie plus large que ces cautères sur des jambes de bois que sont les mesures prises par la municipalité. On refait une rue à grands frais en croisant les doigts pour que ça sauve les commerces. Ces travaux en tuent une partie, oups ! On verra ensuite l’effet final mais comme il n’y en aura pas, ces promoteurs se garderont bien d’évoquer le ratage.
      Et puis, la même équipe, qui prospère sur l’appauvrissement de la cité et trouve ses soutiens dans une périphérie en voie de communautarisation, sera confirmée dans son mandat…
      Peser sur l’environnement, repérer les ressorts stratégiques pour appuyer dessus. Nos pauvres élus sont à des kilomètres de ça.

  7. A propos du pouvoir d’achat des douaisiens, les programmes immobiliers qui seront réalisés à partir d’immeubles appartenant à la ville (Hôpital Militaire, hôtel de la Tramerie, caserne de Caux) ne me semblent pas favoriser la venue de classes moyennes nécessaires pour redynamiser Douai. En effet, tous ces biens, ajoutés à des réhabilitations réalisées par Avenir et Patrimoine entre autres, ont pour unique objet de faire réaliser des économies d’impôts aux investisseurs. Ce qui veut dire que l’on va avoir uniquement dans ces logements des locataires, donc avec un pouvoir d’achat moindre qu’un propriétaire. Sans parler de ceux qui investissent pour du Airbnb. Avec toutes les nuisances qui vont avec ( par exemple les poubelles que le locataire va sortir à la fin de son séjour sans se soucier du jour de ramassage……. ou encore le changement d’affectation du logement, pourtant obligatoire mais non réalisé pour éviter un surplus d’imposition, sans parler de l’absence de déclaration obligatoire en mairie, qui ne sait pas qu’il y a déjà plus de 50 logements de ce type et se contente de renvoyer les organisateurs du FIGRA sur l’Office de Tourisme…… )
    La ville aurait intérêt à favoriser le système du bail solidaire, comme l’a fait la ville de Lille; la propriété du terrain reste à la ville, le promoteur ne vendant que le logement, d’où un prix de vente plus attractif. Mais c’est un peu tard, la ville n’a plus que….l’ancienne Ecole des Industries Agricoles….

    1. « Bail solidaire » : solution intéressante, tout autant que votre analyse sur le devenir de ces opérations immobilières. Elles sont gérées sans beaucoup d’expertise, l’absence de prise en compte de la suite après la défiscalisation fait sourire. Il faut aussi penser à l’évolution du territoire, laquelle empêche le retournement démographique souhaitable. La population de la ville centre diminue quand augmente sa paupérisation. Pour l’ancienne université, c’est un caillou de plus dans les godasses de nos élus. Elle est squattée, détruite à petit feu, devenue à présent un infâme stockage de matériaux. On attend le moment où on va nous expliquer qu’il faut la raser pour y mettre des logements sociaux.

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