Alléluia !

Impossible de rester silencieux devant les nouvelles qui parviennent de Waziers : Laurent Desmons a été réélu dimanche soir, alléluia !

Il a triomphé de la malédiction lambresque après une campagne plutôt digne, dans un combat compliqué à tous les points de vue.
Si une triangulaire donne ses chances à tout le monde, par définition, rien n’est jamais sûr…

Regardons cela de plus près

D’abord, il faut se méfier des conclusions hâtives. Quand on ne dispose que des grandes masses de résultats, la répartition interne est toujours inconnue.

Un résultat en hausse peut s’expliquer par une arrivée d’abstentionnistes du tour précédent (la participation est passée de 47,5 % à 52,61 %), d’un glissement d’un candidat à un autre, bref, de toutes sortes de déterminations qui échappent parfois à la logique. Les proportions ne peuvent qu’être hypothétiques.

Une chose certaine, Laurent Desmons a gagné 226 voix entre le 1er et le 2° tour, clé de son succès. Il a devancé au final Jacques Michon par 1102 voix contre 952, lequel avait dépassé les objectifs du plan quinquennal, obtenant 952 voix contre 834 (+ 118).
Il est facile d’en déduire que les gains de ces deux-là proviennent des abstentionnistes mais surtout des défections de la liste Poulain qui a perdu 72 voix. La tendance est probable mais la prudence doit être de mise, ce n’est jamais si simple.

Quelques enseignements

Ce qui est avéré en revanche, c’est que la liste du maire sortant a été soutenue par un groupe de Waziérois plus nombreux que les autres pris séparément.
Parions que cette victoire sonne le glas d’un communisme municipal qui rejoint enfin la conclusion nationale d’une idéologie aussi dépassée que dévoyée.

Autre enseignement, on n’est plus dans l’instant Covid qui a largement perturbé les logiques politiques locales, même si Waziers a été une des rares cités nordistes à donner la victoire au challenger d’un sortant en 2020.
L’état d’esprit des électeurs qui ont opiné cette fois-ci n’était pas le même. Gageons, après trois ans d’exercice, que le socle électoral du gagnant est à présent plus ferme.

Dernier point à relever, l’impossibilité dans laquelle les listes Poulain-Michon se sont trouvées de fusionner entre les deux tours et qui a certainement joué dans le résultat final.
Aurait-il été différent si ces deux opposants s’étaient retrouvés ensemble contre Laurent Desmons ? Gardons cette question ouverte et observons la suite…

L’avenir Via Waziers

On a vu apparaitre, dès la proclamation des résultats, l’argument d’une « majorité » constituée par les perdants. 1509 suffrages n’ont effectivement pas voté pour le sortant (952 : Michon et 552 : Poulain).
Pour autant, il faut se persuader que les haines ont le même avantage que la laideur : elles durent. Si on s’était entendu pour faire tomber le maire, on se déteste trop pour que cela puisse aller plus loin. L’avenir le dira.

Outre ce qui précède, dans ces élections – ainsi celles du Sénat en termes de sièges – seul le résultat compte. « The winner takes it all » comme dirait l’autre puisque les sortants disposent à présent d’une majorité absolue au conseil municipal avec 21 sièges sur 29.

Bien que minoritaire en son sein (3 + 5 = 8 < 21), il est certain que le « coup de blues » passé, l’opposition va tenter de prospérer dans des « luttes » qui seront autant de sujets absurdes, en forme d’autobus en panne ou de piscine ruinée.
Que Laurent Desmons se rassure. Il sort de l’épreuve renforcé, avec une liste plus homogène au sein de laquelle le risque de la dissension est faible. Au fond, ce qui vient de se passer, c’est une bonne vieille purge. Il ne l’a pas voulue mais elle ne lui apporte que des avantages.

Autre avancée stratégique, il gagne sur un autre terrain, celui de la communauté d’agglomération, sortant du scrutin avec deux sièges sur trois.
Douaisis Agglo est un machin connu pour ses nombreux travers. L’arrivée du maire de Waziers va légèrement faire bouger les lignes. C’est toujours ça de pris.

Quelques conseils d’amis

En douaisinologues et voisins, osons quelques remarques dont on ne doute pas qu’elles soient déjà dans les plans municipaux.

D’emblée, il faut profiter de l’état de grâce qui suit toute victoire pour solder le dossier piscine. L’arbitrage est simple. Une rénovation est-elle à la portée du budget communal ? Probablement pas.
Le recours à Sourcéane dans une agglomération aux transports gratuits parait une alternative de bon aloi. Tout le monde abonde le budget de Douaisis Agglo, il n’y a aucune raison que Waziers n’en profite pas.

L’assainissement financier, amorcé, va se poursuivre. Lui seul donnera des marges de manœuvre à la commune, c’est à dire des moyens de sortir du marasme par des projets apportant de la plus-value.
L’objectif est connu : il est vital d’apporter à la ville, qui en a tant perdu depuis des décennies, de nouveaux habitants.

De ce côté justement, il parait indispensable de s’occuper de ceux du quartier Notre-Dame où le maire sortant ne parait pas être beaucoup apprécié.
Quand on connait son histoire mouvementée – qui explique en partie l’effondrement démographique de Waziers – il y a là un gisement politique de grande ampleur qui peut intéresser le destin municipal.

En conclusion, bien joué pour Laurent Desmons et surtout bravo aux Waziérois qui, comme les grands d’autrefois, ont préféré les promesses du futur aux malédictions du passé.

Paie ta flotte et tais toi !

Livré par un colporteur appointé dans nos boites aux lettres, le « Mag » de Douaisis Agglo débarque.
Si on fait abstraction du ridicule d’un organe de propagande payé par nos impôts, il s’avère une mine d’information quant à la frénésie de projets qui sortent du cerveau du président Christian Poiret.

Évolution = augmentation

Notre attention du jour se porte non pas sur ces annonces mirobolantes, leur temps viendra, mais sur un sujet plus trivial : l’eau, annoncée page 15 par un titre qui euphémise grave.
Pas « d’augmentation » , non, non, non, mais une « évolution du prix » dont on peut deviner, comme on est très malins, qu’elle a un lien avec un alourdissement futur de nos factures.

Une baisse, c’est l’hypothèse interdite, comme d’ailleurs un simple gel. Tout se dégrade, tout est plus cher, mais n’allons pas chercher ailleurs la solution du problème.

La distribution de l’eau n’échappe pas à cette facilité empruntée par nos élus sur tout et n’importe quoi, du traitement des ordures ménagères aux prélèvements des taxes foncières en passant par leurs indemnités.

La pluie sort des robinets

Disposer d’une eau courante en ouvrant un robinet est un prodige plus récent qu’on ne le croit. Dans les années 1920, à peine 20% des communes – les plus urbanisées – en disposaient à domicile.
La situation n’était pas brillante au sortir de la Seconde Guerre Mondiale : 70% des zones rurales n’étaient toujours pas desservies.

De fait, la couverture complète du pays n’a été réalisée qu’à la fin des années 1980, acmé de tous nos services publics comme on s’en rend compte de nos jours.
Dans le Nord, c’est à l’origine un simple syndicat intercommunal créé en 1950 qui s’est chargé de l’adduction des zones rurales.
Ce Noréade distribue aujourd’hui 750 communes des Hauts de France et même quelques unes au nord du Douaisis. Ailleurs, dans le territoire, c’est la communauté d’agglomération qui s’en occupe.

Noréade est partagée en deux finalités universelles qu’on doit toujours avoir en tête : l’eau et l’assainissement avec un prix qui est l’addition de ces deux facteurs.
D’un côté, le traitement des eaux usées et la gestion du ruissellement de la pluie bienfaitrice. De l’autre, les captages, la potabilisation puis enfin l’adduction de l’eau potable.

Agence de l’eau et gestion communautaire

L’agence de l’eau Artois-Picardie est – chose extraordinaire quand on considère ces deux termes – située à Douai.
Bras armé de l’État sur la flotte collective, son utilité interroge quand on sait que les communautés d’agglomération possèdent à présent cette compétence par obligation depuis 2014.

Douaisis Agglo gère ainsi « le cycle de l’eau » , lequel – pas de panique – est mis en œuvre par des prestataires privés (Véolia), dans huit communes de l’agglomération qu’il nous faut citer :
-Aubigny-au-Bac, Courchelettes, Dechy, Douai, Flers-en-Escrebieux, Fressain, Sin-le-Noble et Waziers. Noréade prend en charge les 27 restantes.

Les foyers « abonnés » découvrent donc dans le « Mag » le nouveau tarif, le mètre-cube (m³) passant de 3,62 € à 4,19 €.
Comme on aime les calculs rigolos, en prenant comme base la consommation moyenne par foyer français (120 m³ par an), la douloureuse passe donc de 435 €/an à 503 €/an, « petite » évolution de 68 €, soit 15%… Une paille…

L’organe de propagande indique que ce nouveau prix serait « un des plus bas dans la région » .
Ce baratin est facile à démonter. Hors la zone de Calais qui culmine à 4,5 €/m³, Lille est à 4,02 €/m³ et Dunkerque à 4,09 €/m³.
Encore mieux, ce prix, qui est n’est pas « TTC » , est en réalité plus élevé : 4,61 €/m³ à Douai.
Il faut ajouter en effet la TVA (7%), la ponction de l’Agence de l’Eau (13%), le reste du prix comprenant l’assainissement (45% part en constante augmentation) et l’eau (25%).

Tout augmente, ma pauvre dame

Toutes les justifications à la hausse ne sont pas sans rappeler celles de notre ancien président du SYMEVAD quant à l’inéluctabilité de la montée de la TEOM.
On y trouve l’ébouriffant « durcissement de la règlementation » (ah, bon, laquelle ?), la « hausse du coût de l’énergie » (on chauffe l’eau au gaz russe ?) et le « maintien du patrimoine » (on doit parler des canalisations romaines…).

On a du mal à comprendre que ces arguments n’apparaissent qu’aujourd’hui. Ainsi le redoutable « perchlorate » qui provient du TNT abondamment utilisé chez nous entre 1914 et 1918. C’était hier…
Il y a aussi les « fuites » du système que des études nationales établissent en moyenne à 20% de l’adduction. Nous serions, parait-il, très en dessous. Tant mieux, la dépense n’en sera que plus limitée.

S’ajoute « la lutte contre l’imperméabilisation » des sols, laquelle serait responsable des inondations dans le pays.
Il faut mettre des bottes et faire la guerre au macadam tout en espérant que le curage des fossés et autres caniveaux accompagne bien cette stratégie (CGCT L 2226-1).

On a enfin la « modernisation » des stations d’épuration. Il est vrai qu’on découvre jour après jour – au rythme de l’extension continue d’une réglementation bourgeonnante – des substances que notre territoire ignorait jusqu’alors.
Pas sûr qu’elles soient vraiment dangereuses mais bon, si ça justifie la hausse des factures, c’est toujours ça de pris.

Une taxe qui n’en est plus une

Cela pour se rendre compte que le prix de l’eau n’est plus connecté au coût du service qu’elle réclame. Ce n’est pas nouveau. Taxes et redevances ne relèvent déjà plus vraiment en France de leur définition juridique.

Pour preuve l’incroyable variation des factures dans le pays, lesquelles correspondent mal aux conditions orographiques des territoires. En 2021, si le prix moyen de l’eau était de 4,34 €/m³, les disparités sont énormes.

Le Havre est à 4,74 €/m³ quand Strasbourg plafonne à 2,88 €/m³. Le Bas-Rhin est champion de l’eau bon marché avec une moyenne de 2,90 €/m³ tandis que son voisin le Haut-Rhin est presque au double : 5,06 €/m³.
Les deux Seine, la Maritime et la Marne, sans doute à cause de ce toponyme commun, battent tous les records : 6,12 €/m³.

Plus bizarre encore, le découplage entre la pluviométrie et le prix. La région PACA, plutôt sèche, est à 3,69 €/m³ quand les Hauts de France, pays des parapluies, sont à 4,73 €/m³ en moyenne.
L’examen des précipitations dans la région depuis 60 ans apprend même qu’elles ont augmenté sur la période, de 190 mm cumulés sur la côte à 70 mm au sud. Ce ne sont pas les habitants des bords de l’Aa ou la Liane qui nous contrediront…

Le prix va sauver la planète

La valeur de l’eau dans le Douaisis dépend donc de facteurs obscurs, faute de connaître avec exactitude le coût réel de sa gestion rapporté aux redevances réclamées aux utilisateurs.

On arrive dès lors – approche parfaitement assumée par nos décideurs – au prix transformé en outil stratégique.
Comme l’indique un spécialiste de l’égalité homme-femme, par ailleurs directeur de l’Agence de l’eau, augmenter la facture des utilisateurs possède une vertu : les pousser à réduire leur consommation.

Il n’est pas impossible qu’on ait affaire à un mécanisme inverse, à savoir la baisse régulière – à prix constant – des consommations qui oblige à un maintien de la manne donc une hausse des taxes.
Tout entrepreneur sait que lorsque la vente d’un produit s’affaisse, la réponse par une augmentation de son prix ne révèle qu’une chose : l’excès des coûts fixes, notamment ceux du personnel.

Depuis vingt ans, les usages domestiques se réduisent régulièrement avec des factures qui augmentent… 100 litres par jour et par habitant en 1975, 170 en 2004, 145 actuellement. La tendance est à -1,4% par an.

Si les consommateurs que nous sommes sont régulièrement culpabilisés dans les médias et ailleurs, nous apparaissons peu gourmands en eau douce quand on compare notre « empreinte » à celle de l’agriculture ou mieux, des centrales électriques : 5,3 milliards de m³ contre les 16 milliards de m³ que consomment ces merveilles censées sauver la planète…

La production d’eau potable est la consommation des foyers

Coûts et prix, quelques hypothèses…

Pour finir, quelques calculs à la graisse d’oie à partir des chiffres – aussi nombreux que variés, jamais sourcés – qu’on trouve dans les publications locales. Les biais doivent être épais mais l’ensemble prouve une chose, l’incertitude des données.

Prenons une consommation moyenne de 150 litres d’eau potable par jour. Avec un prix du litre à 0,5 centimes d’€, on arrive à un coût annuel de 273,75 €.

Du côté des revenus de ces « pompes à phynances » , pour une consommation moyenne de 150 m³ par an, au prix nouveau, les 44500 abonnés apporteraient 23 millions d’€.
D’autres sources donnent même 30 000 bénéficiaires, ce qui réduirait la manne, dès lors passée à 18,8 millions d’€.
Ces variations dépendent évidemment de la répartition des consommateurs « assainissement/eau » dans des proportions difficiles à cerner.

En prenant l’affaire par un autre bout, on apprend que 3,9 millions de m³ auraient été vendus en 2021. L’unité mise à 4,19 €, le gain pour Douaisis Agglo serait donc de 16,3 millions…

Si vous êtes comme nous, vous avez du mal à saisir l’étendue de la cagnotte mais une certitude, elle n’est pas mince.

De fait, n’ont pas été abordés ici les sujets de la régie et de la délégation, sachant que cette dernière a été choisie de longue date pour l’eau douaisienne.

L’état florissant des sociétés gestionnaires, ainsi de la Lyonnaise transformée en Suez puis en Véolia, démontre que le précieux liquide peut rapporter gros. Il peut aussi connaître le contraire, ce qui démontre la complexité d’un marché très éloigné de la concurrence « libre et parfaite » .

Pour autant, il est difficile de trancher entre l’intérêt d’une régie, courante dans les grandes métropoles, et celle d’une délégation souvent présente dans les habitats plus dispersés.

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Bref, que dire pour conclure ? On rêve de connaître un jour un débat sérieux sur la gestion locale de l’eau, à ce moment historique où la couverture totale du territoire enfin réalisée, on aboutit à la régression de la consommation accompagnée de l’explosion des tarifs.

Le « prix évolue » certes, mais parions que ce ne sera jamais vers sa diminution pour les génies qui nous gèrent.

Viendra alors le moment où tous ceux qui le pourront adopteront le circuit court de l’autonomie – gratuite – par récupération de leurs eaux de pluie ou la réanimation de leurs puits ancestraux.

Il restera alors à des abonnés en diminution à payer une eau potable de plus en plus chère tandis que la population dans son ensemble sera contrainte, quoi qu’il arrive, d’assumer un assainissement à prix d’or.