Un pont… Petipon, patapon… Et pataplouf !

Le Conseil de l’Europe, en créant sa monnaie unique, avait eu l’idée de placer sur les coupures des ponts remarquables de différents pays… Symbolique du libre passage entre les pays qui la composent.

Une idée de pont pour Lauwin-Planque ?

Chez nous un banal pont de Lauwin-Planque – sur l’axe qui lie Douai à l’immense zone commerciale d’Hénin-Beaumont, Lens ou Lille – enjambe une voirie communale traversant le « village » . Banal !

Mais voilà que depuis peu ce pont est l’objet d’un bien étrange feuilleton, digne des scénarios qui, dans le cinéma, ont immortalisé certains de ces ouvrages : Le pont ou Le pont de Remagen ou Le pont des espions ou La fille sur le pont ou encore Un pont trop loin

Pour les douaisinologues, ce pont de Lauwin-Planque, dont la célébrité va bientôt dépasser les œuvres qui précèdent, est devenu une interrogation, un sujet de plaisanterie, de controverse mais surtout un questionnement majeur !

Acte I du feuilleton pontonnier 

Voilà peu, quelques lauwinois remarquent que la hauteur sous le pont est passée en une nuit des 3,5 mètres, jusque-là indiqués sur les panneaux de signalisation, à 4,00 mètres… Sans travaux…
Surpris, ils constatent que cela a été fait de manière économique. Des autocollants ont été placés subrepticement sur les panneaux existants.
Bizarre autant qu’étrange, parce que ce n’est pas l’habitude des gestionnaires de voiries départementales ou rurales de maquiller des panneaux signalétiques.

La presse locale, informée de ce relèvement aussi furtif qu’anonyme, a donc vérifié les dires du premier adjoint familial qui avait affirmé péremptoire que la hauteur de passage était bien de 4 mètres d’un côté et 4,10 mètres de l’autre.

La mesure relevée par le journaliste corrobore l’affirmation. Toutefois, la pose discrète d’autocollants ne change rien au fait qu’en l’état le passage n’est pas conforme à la réglementation qui prévoit une hauteur minimale de passage routier de 4,30 mètres avec une marge de sécurité de 30 centimètres.

Les panneaux à 3,5 mètres prévenaient par prudence les routiers qu’ils ne passeraient pas compte-tenu de l’encaissement de la voie sous l’ouvrage…
Les panneaux autocollés, outre de ne pas être réglementaires, étaient même trompeurs, comme cela s’est vérifié récemment !

Acte II du feuilleton pontonnier 

Loin du pont… A Lille, une importante annonce est faite par un conseiller municipal du « village » , par ailleurs président du département, sans la présence de son Conseil…

Le départ de la deuxième étape du Tour de France 2025 est annoncée à… Lauwin-Planque ! Enfin le « village » capitale de la France, le « village » dans toutes les télés, le « village » célèbre et célébré, le « village » que tout le monde va envier.

La concomitance de l’autocollage avec cette annonce ne manque pas d’expliquer le premier…

On peut s’autoriser à penser qu’une discrète proposition d’accueil a été faite plusieurs semaines plus tôt à Amaury Sport Organisation (ASO), l’organisateur du Tour.
Cette offre devait réclamer une visite préventive quant à la faisabilité du passageLaquelle aurait déclenché avant par précaution l’opération de lifting sus-évoquée.

Peut être aussi fallait-il masquer cette trop prudente réglementation pannelière pour réduire l’effet de faible hauteur que donne ce passage encaissé quand on l’observe de loin.

Acte III du feuilleton pontonnier 

La ville de Douai, tenue comme d’habitude à l’écart, découvre que le Tour passera chez elle au moment même où, comme tous les ans depuis 1530, elle sort ses Géants.

Tradition… Mais que pèsent le Géant d’osier et sa famille créés par les Échevins de l’époque, face aux décisions de l’Échevin absolu actuel ?
Ces Géants déambulent à la vitesse du pas des porteurs quand les vélos décarbonés dépassent la limite des panneaux urbains à 50 km/h !

Outre le fait d’ignorer Douai en amont, pratique désormais instituée, cela posera très certainement un singulier problème de sécurité en mélangeant deux évènements différents, générateurs de foules nombreuses comme d’importants flux de circulation.

Outre ce mélange des genres, l’un peut éclipser l’autre… Ce qui semble sans objet pour l’initiateur local, pourtant parfaitement au fait de la fête douaisienne de tradition multiséculaire.

Acte IV du feuilleton pontonnier

C’est alors que le Conseil municipal de Lauwin-Planque découvre le coût de l’annonce… Il est salé pour le budget d’un « village » de 1 750 habitants. On parle quand même de plusieurs centaines de milliers d’euros.
Un conseiller municipal, bien placé pour l’affirmer, avait même précisé que ni le département, ni Douaisis Agglo ne participeront à la cagnotte Leetchi.

Question subsidiaire, des travaux devront être menés tambour battant ? Non ça c’est à Douai !…

Avec un grand braquet plutôt… A Lauwin-Planque, comme par exemple déjà le probable décaissement sous le pont, la requalification de la voirie du Marais, le lieu d’accueil de la mythique caravane, les aménagements divers pour faciliter l’évènement.

Ils s’ajouteront bien sûr à la facture, ce qui aggravera la balance bénéfice/inconvénient d’une présence nécessairement fugace du peloton dans le « village » .

Que ne ferait-on pas pour la gloire villageoise …

La pilule semble aujourd’hui difficile à avaler localement. Des critiques paraissent même fuser, sur les contraintes, les coûts, la circulation dans le village…

Tant pis le coup est parti, on verra bien

Acte V du feuilleton pontonnier

Il a bien fallu régulariser l’embrouille…

L’édile à la tête de la mairie, qui ne semble pas avoir été associée au processus, n’ayant comme son conseil, rien décidé elle-même dans l’affaire, devait pour apparaître un tant soit peu crédible reprendre la main.
Il fallait légaliser des décisions prises sans mandat du Conseil par un élu désormais de base du fait de la loi sur les cumuls des mandats.

Dura lex, sed lex...

Tout va bien. Un arrêté aurait été voté… Il donnerait mandat à partir du jour de son vote, pour faire ce qui a déjà été fait… C’est un nouveau principe réglementaire… On fait d’abord, on régularise ensuite.

Reste une interrogation sur la manière, dont ceux qui en ont la charge, contrôleront la légalité de cette méthode rétroactive.

D’habitude on vote d’abord, puis on fait… Là, on a fait d’abord mais, parce que ça commençait à piquer, on a voté ? Mais quoi au juste ?

Ces péripéties font sourire, sachant que nous ne sommes qu’au début de ce feuilleton clochemerlesque.

Il y a cependant derrière, comme toujours, des problématiques plus sérieuses.

D’abord les règles légales, évidemment malmenées.
Et, au milieu d’elles, celle qui permet à un conseiller municipal d’agir en toute puissance dans un « village » à la campagne qu’il n’a plus à diriger par la loi.
Quand bien même il serait déjà en campagne par ailleurs.

A briiiiidgee over troubledddd Lauwin-Planqueeeee !!!!!

La poésie lauwinoise, ça existe !