Un Carrefour en cul de sac

Nous pensions quand même disposer d’un peu de répit après avoir appris la fermeture de notre vieux Monop’. Et bien non, la loi des séries s’impose maintenant à Douai. Carrefour Market étant parti se refaire une santé ailleurs, la conséquence logique vient de tomber : la galerie du Dauphin va fermer définitivement à la fin de l’année.

Plutôt que de revenir sur les raisons rabâchées conduisant à ces fermetures régulières (les zones commerciales favorisées par la « Commission départementale d’aménagement commercial » , la chasse aux bagnoles, l’obsession de la marche à pied et du biclou pour réduire nos 0,9% d’émission planétaire de CO2, bla bla bla…), regardons cette catastrophe supplémentaire pour tout ce qu’elle enseigne.

D’abord l’inutilité d’une galerie marchande rénovée à grand frais et qui a eu beaucoup de mal à conserver les commerces qu’elle y a péniblement installés. Tout démontre encore une fois qu’une mauvaise idée reste mauvaise quand sa mise en œuvre n’est pas étayée par des études sérieuses. On a du mal à comprendre ce qui a poussé la famille Hoang d’Eurobail à investir là dedans.

Elle a peut être été convaincue par la proximité de l’ébouriffante place du Dauphin, fleuron du dernier mandat dont les piliers chromés ont bien du mal à transformer un cloaque en espace attractif. Dans tous les cas, c’est sans appel. Absence d’impact sur le chiffre d’affaires des commerces mais à l’inverse leur disparition régulière qui transforme à présent la dite place en cul de sac. De fait, plus personne ne passera devant pour entrer dans la galerie.

Ajoutons qu’au contraire des édiles qui décident mal et agissent bêtement, les grandes enseignes possèdent, elles, un salutaire instinct de conservation. Une succursale sans clients donc sans bénéfices doit fermer. Rien à voir avec le système – gratuit comme chacun sait – d’une « Action Coeur de Ville » qui, en dépit des millions déversés, n’empêche rien. Le contribuable est éternel au contraire du client beaucoup plus provisoire. Lui, au moins, a le choix de ne pas prendre quand il ne le souhaite pas.

Quel symbole plus éclatant, enfin, que le déménagement des commerces à Sin le Noble ou ailleurs. Il démontre l’impuissance d’une ville centre qui maudit des conséquences quand elle en chérit les causes. Reprenons les mots de la VDN lorsqu’elle a évoqué la fermeture du Carrefour Market : « ce trou béant dans la galerie marchande est une claque infligée à la municipalité et à ses partenaires qui mènent une politique de revitalisation en cœur de ville » . La fermeture de la galerie n’est plus une claque, c’est un coup de poing.

Accessoirement, cette dernière pose quelques petits problèmes de gestion du parking attenant, en termes d’accès piétons notamment pour les personnes handicapées. Selon la très inspirée Voix du Nord, la fermeture « serait un coup dur pour la municipalité, pour laquelle les 200 places du parking sont une pièce maîtresse de la piétonisation du cœur de ville » . Notre petit doigt nous dit qu’on va rajouter une bonne rasade d’argent public pour résoudre ce problème.

Continuons donc à enregistrer, jour après jour, ces fermetures qui transforment inexorablement la ville en village sans attractivité commerciale. Réduite aux seuls habitants du centre, tous piétons, Douai aura une activité à leur image : rare et faible.
C’est sans doute, quand on y réfléchit un peu, la vision impensée de cette majorité municipale. Le retour définitif à l’état de nature.

Max aime apprendre mais parle un peu souvent à la première personne. C'est un travers qu'il combat difficilement. Va falloir l'aider. Il adore la Scarpe et l'orgue de St Pierre, surtout les basses.

4 Comments

  1. Il y quelques mois, Fr.Guiffard a proposé de réfléchir à la délocalisation du marché du samedi matin sur le Barlet pour l’installer sur la place d’Armes. Cela libérerait la place du Barlet, et donc des places en nombre proches du centre ville. Réponse du maire: mais il y en a qui ont des emplacements en or !……….
    Euh, la place d’Armes -et sans doute un peu de la place Schuman- n’offrirait donc pas d’emplacement en or?
    Quand la foire de Gayant a lieu en juillet, ils sont déplacés non?
    On dirait que le maire craint les réactions de quelques commerçants non sédentaires; il n’a pourtant pas eu peur des réactions des commerçants qui ne voulaient pas de la piétonisation.
    Effectivement, plutôt que de mettre des euros dans le « nourin » du parking Gayant (pour y aller assez régulièrement, pas plus de 5 véhicules au -1, idem au RdC, rien sur le toit. Même M. Chereau déplorait son peu de fréquentation…..Alors une pièce essentielle de la piétonisation, certainement pas.
    Sur l’attractivité de la ville, des professionnels du tourisme (pas ceux qui vivent du commerce, mais ceux qui étudient les chiffres d’affaires et les ratios) se sont penché sur Douai et le douaisis. Si la rentabilité apparait satisfaisante en ce qui concerne l’hébergement et la restauration, l’offre est en revanche plutôt squelettique pour du tourisme d’affaire ou de groupe.
    Et contrairement à d’autres villes d’importance équivalente, elle n’a aucun équipement en centre ville (si ce n’est, comme n’importe quelle autre ville, un musée, des cinémas et une grande église). Pour le bowling, la clientèle est captive avec son restaurant
    Et tous les autres équipements sont en périphérie (boulodrome, patinoire, planétarium, Sourcéane. Ce qui fait que les commerces du centre ville ne voient pas la couleur de ceux qui les fréquentent.
    Et ce n’est pas une médiathèque qui attirera les gens des communes voisines.
    Reste ? un musée des géants, dont les porteurs de Gayant ne veulent pas, mais qui pourrait bénéficier des fonds de Douaisisagglo, et une nouvelle maison pour les Gayants, que la municipalité va certainement reconstruire sur le site actuelalors qu’elle ne sait que faire de l’église Saint Jacques pour laquellle le maire agite à chaque fois le chiffon rouge de sondages et du coût exorbitant de la réhabilitation (alors qu’un projet communautaire ouvrirait droit en plus à des fonds complémentaires).
    Pour mémoire, l’église Notre-Dame a été ouverte au culte avec seulement sa nef centrale rénovée, le reste du bâtiment étant encore consolidé de la même façon que Saint Jacques. Mais quand on veut tuer son chien on dit qu’il a la rage… A part cela, il veut rénover la façade. Au fait, savez vous qu’avec les antennes de téléphonie dans le clocher, elle rapporte autant-sinon plus- qu’elle ne coûte à la ville ?

    1. Voilà beaucoup de sujets !
      Cette affaire de déplacement du marché apparait bien mineure en comparaison de la rétraction commerciale générale de Douai. Ce n’est pas un samedi matin qui va changer grand chose. D’ailleurs, ce qui le confirme c’est votre critique de l’ébouriffant parking Gayant. Son utilisation est faible. Il faut dire que personne n’a envie de raper la carrosserie de la Peugeot en y entrant ou en sortant. C’est plus facile en vélo.
      Evidemment d’accord quant à l’analyse de l’attractivité de la ville et surtout de ses commerces. Ces éléphants blancs à la périphérie n’apportent rien. C’est un thème récurrent de Douai Vox, sachant que cette débauche de dépense – à supposer qu’elle ait un intérêt en elle-même – n’a aucun impact sur la vitalité du centre. Espérons qu’il existera un jour des citoyens contribuables qui exigeront de connaître le bilan coût/avantage de ces folies en proportion de la ponction qu’elles représentent.
      Reste cette affaire de Géants. C’est une vache sacrée douaisienne dont les ressorts reposent sur des logiques discutables à tous les points de vue. La mairie pour une fois est absolument innocente sur son incapacité à avancer sur les projets la concernant. La proposition St Jacques n’a aucune chance d’aboutir. Tout cela finira comme l’hôpital général ou en logements sociaux.

  2. Je ne pense pas que la question du déplacement du marché du samedi matin soit si anecdotique que cela. Historiquement c’était le lieu du marché, chassé au fil des décennies avec l’explosion de l’automobile.
    Visuellement d’abord, l’animation qu’il génère éviterait le contraste avec la vision d’une place déserte et désertée menant aux commerces de centre ville; le recentrage permettrait en outre une jonction plus « fluide » avec ceux-ci, voire même avec le marché exclusivement alimentaire de la place Saint Amé, dont la proximité serait « à portée de piéton », qui plus est lors du marché aux livres de la rue de la Mairie. L’impact psychologique n’est pas à négliger, surtout sur les visiteurs qui viennent découvrir Douai (si si, il y a ce qu’on appelle des touristes qui prennent le temps de venir visiter notre ville, son beffroi, son musée – en attendant mieux encore). Is viennent en famille, et même en bus ! ils sont fous ces français ! -et ces belges !

    1. Vous n’avez pas tort. L’idée d’une « animation visible » est judicieuse. Plus encore, effectivement, le lien à faire de la place à St Amé en passant par la rue de la mairie. D’ailleurs, pour le marché St Amé, il est frappant de voir qu’en dépit d’un plan de circulation absurde, sans parler de la haine suicidaire de la mairie envers les bagnoles, sa fréquentation est soutenue, et plus encore par des clients peu douaisiens pour la plupart.
      Pour finir le tourisme est la seule planche de salut de notre ville. Tout devrait être mis à son service mais il réclame de la sécurité, de l’esthétique urbaine ainsi qu’une offre commerciale et culturelle diversifiée.

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