EuraDouai déboule, ça va casquer !

Passerelle d'EuraDouai Douaisis Agglo

Un bel article d’autopromotion, limite publireportage – il est vrai qu’on était en vacances – nous présente l’état du projet « EuraDouai » de notre patron départementalo-aggloméré, Christian Poiret.
Quand on met l’opération du Raquet en face, le Douaisien contribuable a vraiment l’impression d’être pris en tenaille. Il va falloir payer mon gars et des deux côtés !

Un projet… à Douai

Qu’on ne se méprenne pas. Développer un quartier de Douai ne peut être qu’une bonne chose, reste à savoir comment et pourquoi.

D’où deux remarques.
D’abord qu’on ait préféré gâcher tant d’argent au Raquet plutôt que là. Cet espace enclavé se situe près de la gare, en plein centre, c’était sans doute une priorité pour la ville, pourquoi seulement maintenant ?
Ensuite, qu’on y mette des projets dont la plus-value mériterait d’être précisée. C’est de « l’invest’ » certes, comme dirait l’autre, mais quel avantage concret allons nous en retirer ? On peut regretter que cet aspect ne soit jamais explicité.

Bonne nouvelle de ce point de vue, on apprend en passant l’abandon du futur CFA en dépit des communications dithyrambiques qui, voilà deux ans, fleurissaient un peu partout. Douai Vox, qui avait analysé ce machin mal conçu, ne se plaindra pas de cette annulation.
Les raisons avancées font sourire. Avec nos élus professionnels, il y a toujours derrière les arguments publics des motivations plus honteuses. La Chambre des Métiers aurait fait défaut. Sans blague. Elle a sans doute considéré qu’il fallait aller au plus solide : le CFA d’Arras, son siège lillois, lesquels sont passés avant Douai as usual… EuraDouai n’est pas et ne sera jamais EuraLille

Après, examinons la liste des merveilles qu’on nous annonce pour cette EuraDouai alias La Clochette et que nous allons devoir pour la plupart payer.

Des équipements innovants

D’abord la passerelle. Prions qu’un ascenseur soit placé aux deux extrémités et surtout qu’ils soient opérationnels à l’inverse de celui du Pont de Lille. On espère aussi une rampe pour les vélos des deux côtés au bénéfice de notre Douai universellement cyclable.
Il nous en coûtera 12 millions d’euros, le tout étant semble-t-il livré « fin 2024 » , c’est à dire 2025 quand on considère l’ampleur de ce genre de travaux qui passent sur des voies aussi larges qu’utilisées.

Passerelle Douaisis Agglo Gare de Douai
On aimerait connaître l’identité du rédacteur de ce texte inspiré : « UN ascenseur » ?

Ensuite le « parking silo » . Visiblement, une envie architecturale a saisi le parrain avec les deux niveaux en porte à faux qu’on croirait sortis de la planche à dessin de Frank Lloyd. C’est magnifique et représentera cette fois ci une ardoise de 9 millions pour les 600 places attendues. Pourtant, si le « besoin » est, parait-il, de « 2000 places » , on aimerait savoir s’il prend en compte les utilisateurs de la gare.

De même, le « mail » – pour ne pas dire « l’allée principale » – qui va distribuer le nouveau quartier. Avec Douaizizaglo®, faut se méfier du lyrisme lexical. Cette « artère paysagère structurante » , parallèle aux voies ferrées, arrivera « fin 2024 » . Il est vrai que ces opérations doivent d’abord commencer par les accès surtout à La Clochette qui est un espace totalement enclavé. L’addition n’est pas donnée : 13 millions d’euros.
Les publications de l’agglo rappellent le beau Raquet : « le mail (…) permettra de pacifier tous les moyens de déplacement au profit des modes doux, en intégrant harmonieusement pistes cyclables et artères piétonnes. (…) Il sera à la fois vert et bleu puisque la gestion des eaux pluviales (…) se fera par des noues végétalisées » . On nous ressort la noue racketteuse. N’en jetez plus !

Des projets à forte valeur ajoutée

Enfin, on a plusieurs projets dont on ignore le coût à venir et encore plus les bienfaits concrets qu’ils nous apporteront.
D’abord le siège de Maisons & Cités qui après une multitude de projets de délocalisation de son bâtiment de la rue des Foulons (La Tramerie, la caserne Caux, la planète Mars….) échoue enfin à La Clochette. Ah que ferions nous sans ces bailleurs sociaux, célèbres dodus dormants ! Pour le coup, on peut espérer une dépense acquittée par cette grosse « pompe à phynances » elle même, c’est à dire par les locataires de ses logements.
Ensuite, le Musée du Livre, visiblement inventé pour répondre au ratage de « l’AMI » de la bibliothèque nationale. Pas de coût annoncé. La proximité de la gare peut favoriser une fréquentation extérieure payante, hors du public captif que constituent sur le site actuel les écoles du Douaisis. Supposons un budget propre mais prudence, il ne serait pas étonnant que notre président-vendeur ait assorti ce déménagement d’une prime d’argent public gratuit.

De l’hôtel 4 étoiles au Centre de Congrès

Concluons par deux autres dossiers qui suscitent quelques réflexions.
En tête ce curieux hôtel « 4 étoiles » dont on se demande s’il n’est pas l’aveu de l’abandon définitif de notre célèbre « Mirabeau » toujours en rade en plein centre-ville. Selon la VDN, « c’est un groupe hôtelier qui est à la manœuvre » pour créer ces « quatre vingt chambres » . Pas d’identité pour l’instant mais le citoyen se perd en conjectures. Et si c’était lui ?
Après, l’habituel refrain des nombreux « bureaux » qui viennent au secours d’EuraDouai, sachant que tout ce qui précède n’apportera aucune plus-value financière. On lit « qu’un appel à manifestation d’intérêt a été lancé par Douaisis agglo pour construire sur une superficie de 30 000 m2 trois bâtiments de 10 000 m2 chacun. On y trouvera des bureaux et peut-être des appartements » . Cette dernière phrase et l’épouvantable « peut-être » démontrent de la solidité du projet.

Enfin, terminons par l’abandon, comme le CFA, du « Centre de congrès » lui aussi annoncé précédemment à force de communications positives. Ce machin devait pousser à côté du « parking silo » mais il parait qu’une « étude de faisabilité » (Un truc comme ça existe à Douaizizaglo® ?) aurait indiqué « qu’il n’y avait pas de marché pour un tel équipement sur le territoire » .

Projet de palais des congrès d'Euradouai
Logique curieuse. On invente un machin au doigt mouillé, on communique dessus à tout va puis une étude de faisabilité démontre qu’il n’a aucun intérêt. Si tout est décidé sur ce principe…

Un truc gratuit quoi que rare, le bon-sens, aurait du amener l’inventeur à cette conclusion mais retenons l’explication qu’il donne à ce changement de pied. Cette formule devrait être inscrite sur tous les frontons de nos éléphants blancs. La grammaire y est certes bousculée mais on y trouve en cherchant bien la logique mathématique de ces folles dépenses : « on ne va pas investir 15 millions d’euros à rien » . Si seulement c’était vrai !

Max aime apprendre mais parle un peu souvent à la première personne. C'est un travers qu'il combat difficilement. Va falloir l'aider. Il adore la Scarpe et l'orgue de St Pierre, surtout les basses.

6 Comments

  1. Ô rage, Ô désespoir…
    Août 2019, votre analyse « quand tu décides au doigt mouillé » pointait (d’un autre doigt) les excès coûteux de nos élus en chef apprentis opiomanes :
    Effets d’annonces pschitt…
    Motivation intuitive de traders du dimanche…
    Pas d’éléments chiffrés… ou alors à la louche…
    Pas de souci d’une réussite réelle… (l’argent tombe du ciel !)
    Aujourd’hui, même constat, voire pire : Archeos creuse, creuse, son déficit.
    Sourceane devient un bain turc aux effluves de Raqcket…
    Le si grand boulodrome me fous les boules, cathédrale sans Dieu, même pas de toiture photovoltaïque en Provence du nord !
    ET le pire reste à venir, sans concertation ni doute, car Douai,le Nord, les hauts de France, la France, sont riches… Oui mais plutôt de dettes… Les temps ont changé, merci de donner l’exemple.
    Bon boulot Douaivox!

  2. Puisque LILLE a construit son EURALILLE en 1990…
    Bien desservi par le TGV (direct lui et bien plus rapide…), en connexion directe avec Londres, Bruxelles, l’Allemagne et les pays du Nord… Très proche à pied des deux gares, d’une galerie marchande nouvelle, de restaurants, d’hôtels (97 à Lille ont *** à *****), doté d’un vaste parking silo et avec un autre souterrain proche à Lille Flandres…
    Il y avait bien eu en 1990 une fronde des commerçants du centre-ville, vite éteinte puisque les nouveaux commerces n’étaient pas ou peu concurrentiels. A DOUAI une fronde ? Aucune crainte de ce côté-là… Le commerce baisse le rideau à tout va ! Alors que les fleurons du commerce ont quitté DOUAI, ils sont toujours bien présents à LILLE.
    Il nous reste donc une gigantesque interrogation… Construire un centre « d’affaires »… Pour qui ?
    La donne a pourtant bien changé en 35 ans ! Quid des réunions en distanciel, du télétravail, des télé-conférences, de la multiplication des espaces de co-working, de l’expatriation du business téléphonique dans les pays à faible coûts salariaux, de l’expansion de l’@commerce.
    Mais pour le fossoyeur de DOUAI, la ville le vaut bien… Qui veut la réveiller après l’avoir étrillée de taxes ! Elle aura son EURADOUAI, 35 ans plus tard et à l’évidence, bien trop tard !
    Ce visionnaire, un peu décrépi depuis sa gamelle du Mirabeau, le succès relatif de ses dernières trouvailles quand elles ne sont pas un bide, reste donc prêt à dégainer son Business Park, sa patinoire après son machin des étoiles…
    Implanter aux portes de DOUAI une nouvelle ville dans la friche du Raquet, (dit quartier du Racket fiscal par les opposants, ce qui s’est d’ailleurs vérifié avec le temps) il fallait y penser, mais c’était une autre époque (extension, expansion, TRAM et tutti quanti)… Y semer aujourd’hui des gadgets ludiques ou pseudo-culturels, pour la remplir c’est une façon de cacher la misère…
    Mais créer dans une friche industrielle certes étendue, mais enclavée, peu visible, qui n’a rien pour attirer un nouveau quartier ! Il fallait y penser. Ou être nuitamment touché par la baguette de la Fée Clochette…
    Sans doute les gadgets ludiques ne sont plus assez vendeurs pour mener à la gloire, à la stature d’un  » bâtisseur éclairé « … Qui rêve à sa postérité et à des lendemains qui chantent et tintent, sous les ors du Palais du Luxembourg… C’est ainsi que le sacro-saint business va devenir la feuille de route… A nos frais …
    Un projet pour cacher la déshérence locale, la stagnation et remplir les pages du « mag à la gloire de… ». Et avec d’autant plus de facilité que le passage des délibs devant les zélus n’est qu’une formalité !
    Ce qui interpelle une fois de plus, c’est la valse des millions. A croire qu’il y a à DOUAI un « pognon de dingue ». Puisqu’il y en a tellement à mobiliser, pourquoi ne pas faire le centre de Congrès dans l’ancien hôpital général et le centre d’affaire au Dauphin, c’est près de la gare à pied, sans passerelle à coût astronomique et cela remplira le vide sidéral, le  » trou noir  » qui apparaît au centre…

    1. Ouh là, on envoie du lourd cher Philéas. Il n’y a rien à retirer de ce coup de g….. Tellement bien vu.
      Trente ans avant de percuter pour un résultat qui sera évidemment médiocre. On trouvera des gens pour saluer la vision et l’efficacité de notre Grand Timonier et puis, in fine, même de voter pour lui. Il est vrai qu’ils ne paient sans doute aucun impôt. Dans le cas contraire, cela prouve leur étonnant aveuglement.
      Le statut de Lille est intéressant. C’est une métropole qui a su prendre le virage aux moments importants du passé. Il est vrai qu’elle a tout ce que nous n’avons pas. L’enjeu reste pour toutes les villes moyennes à côté les unes des autres à vaincre leurs voisines pour survivre.
      Vous connaissez notre motto : Douai demain Denain…

  3. Douai : Jadis joyau royal, aujourd’hui ville en sursis ?

    J’adore vous lire, c’est un plaisir parsemé de sursauts, de rires et d’émotions envers cette ville qui a tout pour plaire, hormis le nerf de la guerre (les bonnes idées). Une ville avec un si riche patrimoine mérite mieux que de belles paroles et des rues salies par ses nouveaux occupants.

    Que dire du Douai de 2024 ? Hélas, Douai semble aujourd’hui se complaire dans une certaine indolence. La saleté des rues et l’indifférence d’une nouvelle population envers la richesse culturelle de la ville font craindre un avenir sombre. Car la nouvelle population n’aide pas notre ville. Sait-elle tout ce qu’offre notre cité si culturelle ? Pour eux, la Spirale de Loder n’est-elle qu’une simple maladresse d’un plombier dont la seule qualification réside dans sa raie des fesses qui lui sert de carte de visite ?

    EuraDouai, projet aux ambitions économiques démesurées, semble se contenter de noms banals et impersonnels. Où est la fierté de l’héritage historique de Douai ? Il ne mérite-t-il pas de vrais noms pour ses bâtiments et son artère principale verte ? Où est le nouveau quartier d’affaires « Louis XIV » ou même « Louis XV » qui aimait tant y séjourner ? Baudouin V de Flandre, fondateur de la ville, et Napoléon, figure historique incontournable, attendent toujours leur juste hommage. La place d’Armes, qui n’a de place que sa « fontaine » d’eau croupie aux relents d’SDF. Ce caveau de pigeons de couleur rouge rosé n’est qu’un triste reflet de l’abandon de la ville.

    Oui, je ne suis pas tendre avec le Douai d’aujourd’hui, surtout quand on s’intéresse à son passé historique grandiose. Cette ville, si belle qu’elle était dans un triangle amoureux royal entre la France, l’Angleterre et l’Espagne. Si elle continue ainsi, elle sera irrémédiablement détruite car on vit par son passé. Regardez Lens, qui ne ressemble à rien, et je suis gentil car l’église Saint-Léger mérite d’être là.

    Rendons à cette ville sa beauté d’antan, bon sang de bois !

    À bon entendeur, salut !

    1. Si ce blog plait aux lecteurs, que rêver de mieux ?
      Bien sûr, comme souvent exprimées dans ces pages, que le passé et le patrimoine de Douai sont ses seules voies de salut.
      Vraies aussi leur indifférence et surtout leur méconnaissance par une grande partie de la population.
      Restons optimistes, il y aura peut être un jour le sursaut attendu.

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