C’est plus Lambres, c’est Bakhmout !

Franchement, on les plaint les gens de Lambres. Bon, nous, à Douai, on est écrasés d’impôts pour qu’on soit pauvres mais Dieu merci on a jusqu’ici échappé au genre de guerre civile que traverse la cité voisine.
Depuis l’annonce des prochaines élections municipales, ça flingue et ça tape dans tous les sens. On se demande ce qui va émerger de ces ruines.

Tout le monde s’y met

Pour être franc, on ne sait plus trop quoi en penser, de cette affaire. On assiste à un combat de chiffres et de procès d’intention, masqué par une bonne dose de baratin.
L’ancien maire s’en mêle, comme le patron communautaire. On voit même des Douaisiens, pour des raisons obscures, jouer les utilités.
Pour filer la métaphore ukrainienne, sous ce camouflage, on prépare l’offensive sans trop regarder aux moyens puisqu’elle va tout régler.

Outre une audience impressionnante, notre précédent article a reçu pas mal de commentaires, dont certains assez agressifs, ce qui démontre de l’importance pour certains de retrouver leurs places mais surtout leur incapacité au débat. Raison de plus pour en rajouter une louche.

Si la vérité dérange, c’est une excellente raison pour continuer à la chercher.

Mais pourquoi maintenant ?

Déjà, ils sont quand même comiques, les cris de ces mutins décidés à faire de Bernard Goulois le responsable du conflit. Il paraissent oublier que leur opposition a été logiquement la raison de leur perte de mandat et de leurs indemnités.
Personne ne les obligeait à démissionner. Quand ils l’ont fait – action génératrice – c’était évidemment pour provoquer de nouvelles élections et, pour Caroline Sanchez, espérer prendre la place du maire.

On a du mal à comprendre, concernant cette dame, pourquoi elle ne l’a pas réclamée dès 2020, cette fameuse place. C’était facile, bardée comme elle est de mandats qui ne peuvent qu’attester d’éminentes compétences.
Nul doute qu’elle aurait été, comme le prouvent ses brillantes prises de parole, une mairesse d’élite, capable de vision stratégique et d’efficacité dans l’action.

Ce curieux assemblage d’opposition dénonce bruyamment aujourd’hui les deux déficits qu’il appréciait hier : le budgétaire et le démocratique.

On sera des grands gestionnaires

Pour les difficultés budgétaires, il faut d’abord préciser que la ruine financière est balancée par les factieux à la tête des futurs électeurs pour les faire flipper. C’est facile, personne n’y comprend rien et la peur n’arrange rien.

Diverses sources, en « open data » , permettent toutefois de connaitre les grandes masses du budget lambrésien depuis quelques années. Ce dernier n’est pas très gros, pas plus de 8 millions d’euros quand Douai en sort un qui pèse dix fois plus.

Principe souvent oublié à Lambres, cette petite cité ne peut avoir les moyens d’une grande.

Revient souvent dans cette campagne le concept ébouriffant de la « capacité de désendettement » , soit le nombre d’années que mettrait une ville à rembourser l’intégralité de sa dette si elle y allouait la totalité de ses excédents.

L’État considère qu’une durée de plus de douze ans doit déclencher une mise sous tutelle. Rassurons les Lambrésiens, cette mesure – même en cas d’endettement monstrueux, il en existe – est rarement appliquée. Des discussions aboutissent le plus souvent à des arrangements type consensus mou dont la France a le secret.
Par contre, si le budget avait été rejeté – ce qui était sans doute l’objectif des opposants – la ville y passait aussitôt.

A Lambres, comme partout ailleurs, on a toujours emprunté depuis des décennies, ce qui permet ici ou là de rééquilibrer les comptes, notamment sur la section investissement.
M. Vandewoestyne a recouru à cette option quasiment tous les ans pour des sommes relativement importantes. On repère trois « pics » : 2012, 2016 et 2019 avec, à chaque fois, un emprunt de 1,5 million d’euros.
Son successeur a fait de même en 2022 pour une somme légèrement inférieure. Ces quatre emprunts seront éteints respectivement en 2026, 2030, 2034 et 2037…

Des variations de la capacité d’endettement ont logiquement suivi ces apports. Ainsi en 2019 et 2022 deux « bourrelets » à 10 ans, qui ne sont pas 12 ni 13 ans. Pour le dernier, il s’est aplati à 5 ans l’année suivante. Lambres n’est pas ruinée et ne mourra pas…

On est des « démocrates »

Pour la « démocratie » , les guillemets sont évidemment des pincettes. Il faut interroger l’histoire et les pratiques locales.

Il n’est pas certain que M. Vandewoestyne ait été un forcené de la gestion participative et de l’autogestion municipale durant ses longs mandats. Selon des témoignages aussi concordants que récurrents, l’ancien édile se gardait bien de réclamer de ses colistiers leur autorisation pour agir, ce qui ne parait pas avoir posé le moindre problème.

Dans notre belle région, l’exigence de « démocratie » émane toujours de l’opposition, qu’elle soit interne ou externe, en aucun cas de la majorité. Quand tout le monde est d’accord pour laisser les patrons décider à leur guise, personne ne trouve à redire sur leur mode de gouvernement.
On fait confiance et cela d’autant plus qu’on est souvent incapable de déceler d’éventuels manquements. Si on l’est et qu’on en repère, le coût du dévoilement sera tel qu’il vaut mieux s’écraser.

De ce point de vue, ces appels à la « démocratie » venant de gens qui ont prospéré à l’ombre de Douaisis Agglo ne manquent pas de sel.
Glissons sur ce que prennent les opposants qui critiquent une décision géniale du Grand Président. Gardons en revanche, l’octroi à deux battus des urnes, à Douai et Auby, d’un siège de vice-président. Souvenons nous, surtout, du refus d’en attribuer un au maire de la capitale du Douaisis, pourtant dument élu avec 3400 voix, dix fois plus que celui de Lauwin-Planque.

« Démocratie, démocratie ! » certes, mais pour y croire il faut qu’elle obtienne de temps en temps, comme l’amour, quelques preuves.

Une normalisation à la Douaisis Agglo ?

En conclusion, en tenant pour saugrenus les conflits qui précèdent, on ne peut s’empêcher de s’interroger sur les motivations profondes de cette crise municipale. Faisons le pari que ses ressorts souterrains ne seront connus qu’après les élections.

Dans tous les cas, l’intervention de la communauté d’agglomération dans ce conflit, intempestive, est peut être une clé d’explication. Il est quand même rare de voir une intercommunalité sortir d’une neutralité qui devrait être sa première obligation.

Contrairement à ce que croit l’opinion, il n’existe aucune hiérarchie entre les niveaux territoriaux. Les départements ne commandent pas les EPCI et les EPCI ne commandent pas les communes.
Bernard Goulois, qui n’était pas vice-président à l’inverse de son prédécesseur et de son adjointe démissionnaire, ne parait pas recevoir beaucoup de soutien du conseil communautaire. A l’inverse, la lecture des rézosocios démontre que ses membres ne sont pas avares de critiques à son encontre.

Il sera d’ailleurs intéressant d’observer ce que fera Mme Sanchez si d’aventure elle sort battue des urnes. Pourra-t-elle garder ou pas sa sinécure douaizizaglossiste ? Si un siège à la CAD revient à sa liste devenue d’opposition, tiendra-t-elle compte de la sanction populaire – par définition démocratique – en abandonnant sa vice-présidence ?

En cas de victoire, certes improbable, c’est encore plus intéressant. Mme Sanchez se retrouvera à assumer trois lourds mandats réclamant une présence régulière et active.
Comme on peut parier sur le maintien du siège cantonal, sa vice-présidence sera-t-elle abandonnée au bénéfice de la mairie ? Qui sera donc mis à sa place ? Mystère et boule de gomme…

Ce qui est bien avec le Douaisis, c’est qu’on n’est jamais déçu et cette fois-ci encore on ne le sera pas.

Nestor aime la polémique douaisienne, surtout quand elle est enfouie sous des tonnes de silence. On peut trouver parfois un peu de mauvaise foi dans ses propos mais sans cette liberté, il n'y aurait d'éloges flatteurs.

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