Comme nous avons beaucoup blablaté sur les élections municipales de Lambres, il convient d’en dire un mot après la parole du peuple.
Disons le tout net et même s’il étonne : le résultat est sans appel. Les votants de Madame Sanchez ont été deux fois plus nombreux que ceux de Monsieur Goulois.
Dont acte.
Comment expliquer l’échec de ce dernier ? Essayons de le décortiquer à la mode Voix du Nord en le considérant comme une répétition des futures échéances électorales du Douaisis, celles de 2026.
Mieux vaut dépenser que le contraire
Très certainement, la raison de la querelle a-t-elle joué fortement dans le débat. Toutes les économies budgétaires imposées pour réaliser un projet nébuleux d’isolation thermique des bâtiments communaux, pourtant légué par le grand maire inventeur du TVME, ont pesé lourd dans les décisions des électeurs.
Il est vrai que le message envoyé aux habitants n’était pas particulièrement attractif. Ce clivage était du genre asymétrique : il est toujours plus facile de défendre un retour de dépenses – dont des indemnités diverses – que le contraire.
C’est cool d’avoir un président² dans sa poche
Autre facteur positif probablement tout aussi puissant : la proximité de Madame Sanchez avec le président de la communauté d’agglomération qui se trouve être, en plus, le président du département, lequel, sans vergogne, s’est d’ailleurs invité dans le débat.
Dans notre région en forme de république bananière, ce type de proximité, irrésistible, est synonyme de subventions faciles et de traitement préférentiel.
Les électeurs adorent ça. Faut faire avec.
Ville de droite, résultat de droite
Par ailleurs, il ne faut pas exclure, même si ce type de détermination a tendance aujourd’hui à s’estomper, la force des positionnements politiques qui retrouvent leur logique naturelle quand c’est flou.
La liste sortante a tenté de rassembler toutes sortes d’origines, du Vert à l’apolitisme en passant par la gauche, dans une ville très clairement classée à droite.
Il est certain que les électeurs ont préféré désigner la candidate qu’on imagine du même bord que son patron – soit « conservateur » faute d’une meilleure définition – plutôt qu’un conglomérat inclassable.
Compétences et vertus ne valent pas succès
Quant à l’influence de l’équipe de la gagnante sur la population, tenons la pour nulle, à part un ou deux membres. L’examen attentif de la biographie de certains convainc que les déterminations électorales n’en dépendent en aucun cas.
De l’autre côté, cela démontre de la même façon que la personnalité de Bernard Goulois ne l’a sans doute pas aidé à gagner. On peut être honnête et opiniâtre mais ne pas attirer pour autant les suffrages et peut être même les faire fuir.
Voilà le premier enseignement que tous les futurs impétrants du Douaisis doivent méditer dans la perspective de 2026.
Par contre, naissance et amour, ça paie
Bernard Goulois n’a sans doute pas assez insisté sur ses origines pourtant locales, argument unique de son adversaire comme on peut le lire dans la VDN au cœur d’un article au titre qui tue et qui cherche vainement ce qui a attiré l’électeur, hors le critère de « Lambrésienne pure souche » .
Cette qualité, répétée ad nauseam, laisse songeur quand on considère la complexité de gestion d’une commune, même aussi petite que l’est Lambres.
On aurait pu espérer la mise en avant de compétences académiques, d’expérience professionnelle ou, mieux, d’un lourd passé d’élue, mais non, rien de tout cela : « Je suis née ici, j’ai grandi à la cité des Cheminots, je suis allée avec mes amis au Mille club avant qu’il devienne MJC (…) Je suis d’ici, j’aime ma ville, et c’est le cas de beaucoup dans notre équipe. »
Que les futurs candidats méditent cette deuxième leçon : pour gagner dans le Douaisis, il faut y naitre et aimer sa ville…
La campagne, très courte, a permis d’ailleurs à cette candidate – c’était très bien vu – d’éviter tout débat, toute explication, toute exposition d’une connaissance fine du pilotage d’une municipalité. L’avenir dira si la capacité de gestion fait partie du portefeuille de Madame Sanchez.
Après tout peut être.
On attend la Cour des Comptes
Pour conclure, cette dernière a très souvent fustigé la mauvaise gestion de l’équipe sortante à laquelle elle a appartenu pendant trois ans.
Elle a, après sa victoire, annoncé l’ouverture d’un « audit » susceptible de faire la lumière sur la situation financière de la commune.
Seuls les spécialistes des affaires comptables savent que ce type de contrôle ne s’exercera que sur l’équilibre général des comptes, lequel a été constamment assuré depuis l’élection de l’équipe sortante en 2020.
En revanche, on conseille à la nouvelle municipalité de voir plus loin.
Elle doit saisir la Cour Régionale des Comptes pour un examen approfondi de la décennie écoulée, du boulot mené – emprunts compris – non seulement par l’équipe sortante mais aussi et surtout sur celle qui l’a précédée.
C’est certainement à ce titre que les habitants de cette belle petite commune bourgeoise pourront être rassurés sur l’avenir pour lequel ils ont voté, hausse des dépenses et réduction du déficit budgétaire ainsi que Mme Sanchez s’est engagée à les assurer.
On prend date.
Nestor aime la polémique douaisienne, surtout quand elle est enfouie sous des tonnes de silence. On peut trouver parfois un peu de mauvaise foi dans ses propos mais sans cette liberté, il n’y aurait d’éloges flatteurs.
Le suffrage universel direct… même s’il est peut-être décevant est quand même plus légitime que l’indirect.
On a donc les élus qu’on mérite… faute de mieux!
Oui, les Lambrésiens ont choisi, c’est leur droit
Vous vous interrogez à juste titre sur cette « élection » Lambrésienne, qui démontre comme ailleurs aussi qu’une liste unique n’est pas forcément un assemblage de gens qui veulent aller dans le même sens… Quand le « sens » est donné aux uns, mais pas aux autres par des interférences intérieures et aussi extérieures…
La grande proximité de Lambres avec Douai, ses rues partagées par une « frontière » dans leur milieu ou leur axe peut expliquer votre curiosité parce qu’à l’évidence, les mêmes manœuvres pourraient chez la voisine produire les mêmes effets !
Idem à Lauwin-Plnque en 2020, seulement 382 électeurs sur 1308 inscrits ont élu les responsables par la suite de l’éclatement d’une liste dite « unique », par des manœuvres d’arrière-boutique… La situation locale étant depuis bien bancale, on imagine bien que ce « petit résultat » devenu aujourd’hui très incertain puisse conduire à une immigration ?
Dans une période de pré-campagne (puisque le coup d’envoi vient d’être donné), ceux qui votent encore, en se demandant à quoi cela les mène, seraient avisés de suivre les déplacements prochains de pions sur l’échiquier aggloméré, pour découvrir quelle Reine accompagnera désormais le Roi…
La dernière question est la bonne, sauf à imaginer que la maire de Lambres soit capable de gérer tous ces importants mandats. En voilà des indemnités !