C’est plus Lambres, c’est Bakhmout !

Franchement, on les plaint les gens de Lambres. Bon, nous, à Douai, on est écrasés d’impôts pour qu’on soit pauvres mais Dieu merci on a jusqu’ici échappé au genre de guerre civile que traverse la cité voisine.
Depuis l’annonce des prochaines élections municipales, ça flingue et ça tape dans tous les sens. On se demande ce qui va émerger de ces ruines.

Tout le monde s’y met

Pour être franc, on ne sait plus trop quoi en penser, de cette affaire. On assiste à un combat de chiffres et de procès d’intention, masqué par une bonne dose de baratin.
L’ancien maire s’en mêle, comme le patron communautaire. On voit même des Douaisiens, pour des raisons obscures, jouer les utilités.
Pour filer la métaphore ukrainienne, sous ce camouflage, on prépare l’offensive sans trop regarder aux moyens puisqu’elle va tout régler.

Outre une audience impressionnante, notre précédent article a reçu pas mal de commentaires, dont certains assez agressifs, ce qui démontre de l’importance pour certains de retrouver leurs places mais surtout leur incapacité au débat. Raison de plus pour en rajouter une louche.

Si la vérité dérange, c’est une excellente raison pour continuer à la chercher.

Mais pourquoi maintenant ?

Déjà, ils sont quand même comiques, les cris de ces mutins décidés à faire de Bernard Goulois le responsable du conflit. Il paraissent oublier que leur opposition a été logiquement la raison de leur perte de mandat et de leurs indemnités.
Personne ne les obligeait à démissionner. Quand ils l’ont fait – action génératrice – c’était évidemment pour provoquer de nouvelles élections et, pour Caroline Sanchez, espérer prendre la place du maire.

On a du mal à comprendre, concernant cette dame, pourquoi elle ne l’a pas réclamée dès 2020, cette fameuse place. C’était facile, bardée comme elle est de mandats qui ne peuvent qu’attester d’éminentes compétences.
Nul doute qu’elle aurait été, comme le prouvent ses brillantes prises de parole, une mairesse d’élite, capable de vision stratégique et d’efficacité dans l’action.

Ce curieux assemblage d’opposition dénonce bruyamment aujourd’hui les deux déficits qu’il appréciait hier : le budgétaire et le démocratique.

On sera des grands gestionnaires

Pour les difficultés budgétaires, il faut d’abord préciser que la ruine financière est balancée par les factieux à la tête des futurs électeurs pour les faire flipper. C’est facile, personne n’y comprend rien et la peur n’arrange rien.

Diverses sources, en « open data » , permettent toutefois de connaitre les grandes masses du budget lambrésien depuis quelques années. Ce dernier n’est pas très gros, pas plus de 8 millions d’euros quand Douai en sort un qui pèse dix fois plus.

Principe souvent oublié à Lambres, cette petite cité ne peut avoir les moyens d’une grande.

Revient souvent dans cette campagne le concept ébouriffant de la « capacité de désendettement » , soit le nombre d’années que mettrait une ville à rembourser l’intégralité de sa dette si elle y allouait la totalité de ses excédents.

L’État considère qu’une durée de plus de douze ans doit déclencher une mise sous tutelle. Rassurons les Lambrésiens, cette mesure – même en cas d’endettement monstrueux, il en existe – est rarement appliquée. Des discussions aboutissent le plus souvent à des arrangements type consensus mou dont la France a le secret.
Par contre, si le budget avait été rejeté – ce qui était sans doute l’objectif des opposants – la ville y passait aussitôt.

A Lambres, comme partout ailleurs, on a toujours emprunté depuis des décennies, ce qui permet ici ou là de rééquilibrer les comptes, notamment sur la section investissement.
M. Vandewoestyne a recouru à cette option quasiment tous les ans pour des sommes relativement importantes. On repère trois « pics » : 2012, 2016 et 2019 avec, à chaque fois, un emprunt de 1,5 million d’euros.
Son successeur a fait de même en 2022 pour une somme légèrement inférieure. Ces quatre emprunts seront éteints respectivement en 2026, 2030, 2034 et 2037…

Des variations de la capacité d’endettement ont logiquement suivi ces apports. Ainsi en 2019 et 2022 deux « bourrelets » à 10 ans, qui ne sont pas 12 ni 13 ans. Pour le dernier, il s’est aplati à 5 ans l’année suivante. Lambres n’est pas ruinée et ne mourra pas…

On est des « démocrates »

Pour la « démocratie » , les guillemets sont évidemment des pincettes. Il faut interroger l’histoire et les pratiques locales.

Il n’est pas certain que M. Vandewoestyne ait été un forcené de la gestion participative et de l’autogestion municipale durant ses longs mandats. Selon des témoignages aussi concordants que récurrents, l’ancien édile se gardait bien de réclamer de ses colistiers leur autorisation pour agir, ce qui ne parait pas avoir posé le moindre problème.

Dans notre belle région, l’exigence de « démocratie » émane toujours de l’opposition, qu’elle soit interne ou externe, en aucun cas de la majorité. Quand tout le monde est d’accord pour laisser les patrons décider à leur guise, personne ne trouve à redire sur leur mode de gouvernement.
On fait confiance et cela d’autant plus qu’on est souvent incapable de déceler d’éventuels manquements. Si on l’est et qu’on en repère, le coût du dévoilement sera tel qu’il vaut mieux s’écraser.

De ce point de vue, ces appels à la « démocratie » venant de gens qui ont prospéré à l’ombre de Douaisis Agglo ne manquent pas de sel.
Glissons sur ce que prennent les opposants qui critiquent une décision géniale du Grand Président. Gardons en revanche, l’octroi à deux battus des urnes, à Douai et Auby, d’un siège de vice-président. Souvenons nous, surtout, du refus d’en attribuer un au maire de la capitale du Douaisis, pourtant dument élu avec 3400 voix, dix fois plus que celui de Lauwin-Planque.

« Démocratie, démocratie ! » certes, mais pour y croire il faut qu’elle obtienne de temps en temps, comme l’amour, quelques preuves.

Une normalisation à la Douaisis Agglo ?

En conclusion, en tenant pour saugrenus les conflits qui précèdent, on ne peut s’empêcher de s’interroger sur les motivations profondes de cette crise municipale. Faisons le pari que ses ressorts souterrains ne seront connus qu’après les élections.

Dans tous les cas, l’intervention de la communauté d’agglomération dans ce conflit, intempestive, est peut être une clé d’explication. Il est quand même rare de voir une intercommunalité sortir d’une neutralité qui devrait être sa première obligation.

Contrairement à ce que croit l’opinion, il n’existe aucune hiérarchie entre les niveaux territoriaux. Les départements ne commandent pas les EPCI et les EPCI ne commandent pas les communes.
Bernard Goulois, qui n’était pas vice-président à l’inverse de son prédécesseur et de son adjointe démissionnaire, ne parait pas recevoir beaucoup de soutien du conseil communautaire. A l’inverse, la lecture des rézosocios démontre que ses membres ne sont pas avares de critiques à son encontre.

Il sera d’ailleurs intéressant d’observer ce que fera Mme Sanchez si d’aventure elle sort battue des urnes. Pourra-t-elle garder ou pas sa sinécure douaizizaglossiste ? Si un siège à la CAD revient à sa liste devenue d’opposition, tiendra-t-elle compte de la sanction populaire – par définition démocratique – en abandonnant sa vice-présidence ?

En cas de victoire, certes improbable, c’est encore plus intéressant. Mme Sanchez se retrouvera à assumer trois lourds mandats réclamant une présence régulière et active.
Comme on peut parier sur le maintien du siège cantonal, sa vice-présidence sera-t-elle abandonnée au bénéfice de la mairie ? Qui sera donc mis à sa place ? Mystère et boule de gomme…

Ce qui est bien avec le Douaisis, c’est qu’on n’est jamais déçu et cette fois-ci encore on ne le sera pas.

Douaisis Agglo lez Douai

Habituellement, nous ne nous occupons pas des affaires des voisins mais comme il y a un lien dans ce qui va suivre avec Douaisis Agglo, on ne résiste pas à l’envie de regarder de près les péripéties municipales de Lambres lez Douai.
De Caroline Sanchez ou Bernard Goulois, qui va sortir victorieux du marigot électoral de 2023 ?

La banlieue riche apolitique

Cette commune, refuge des bourgeois qui évitent la lourde taxe foncière douaisienne, est notre banlieue chic quand on la compare à Waziers, Lallaing ou nous. Notre taux de pauvreté est à 28% quand Lambres se situe à 10%…

Retenez le principe : moins on taxe et plus on a des riches. Mais comment est-ce possible ?

Longtemps gérée – oxymore – par l’homme des déchets, Martial Vandewoestyne, le choix de ce dernier de ne pas se représenter en 2020 en a étonné plus d’un. L’abandon de tant de responsabilités rémunératrices, patiemment obtenues par l’association étroite avec Christian Poiret, n’est pas dans les habitudes de nos élus professionnels.

C’est intéressant, Lambres. Martial Vandewoestyne l’a dirigée vingt ans, comme son prédécesseur, le regretté Jules Fromont. Si ce dernier était « sans étiquette » , son successeur était plutôt adepte d’une obédience à géométrie variable.
On a eu en deux décennies un apolitisme de droite oscillant entre les deux extrêmes. Les anciens Républicains diraient que c’est de l’opportunisme.

Le pape local de l’écologie

Déjà évoqué dans Douai Vox, retenons aussi le goût de l’écologie d’un maire qui en a fait son fond de commerce. Ce trait mériterait une étude serrée, notamment d’un bon paquet de décisions qui n’étaient probablement pas, avec ses petits 5000 habitants, dans les moyens de sa commune.

Les péripéties du Symevad et celles de Lambres relèvent en partie de cette propension absurde de nos pauvres élus à choisir des solutions « innovantes » sans toujours maîtriser les facteurs objectifs du succès.

Martial Vandewoestyne, comme tous les princes qui tiennent le haut du pavé du Douaisis politique à l’ombre du président au carré, n’a pas échappé à cette coûteuse malédiction.

C’est dans cette logique générale qu’il faut analyser les conflits qui ont déchiré le conseil municipal lambrésien.

Un maire improvisé à liste unique

Déjà, le moins qu’on puisse dire, c’est que la succession du sortant n’a pas été préparée avec beaucoup de soin. Une équipe de bric et de broc s’est constituée en 2020 sans stratégie, ni grande logique. Elle n’avait même pas une opposition qui aurait pu l’obliger à clarifier ses positions. Tout politologue le dira : le destin d’un parti unique c’est de créer des partis en son sein.

On a fait simple pour la tête de liste, choisissant comme souvent, le 1er adjoint en charge des finances, sujet qui donne l’illusion de l’expertise.
Dissipons la. Il existe dans les collectivités locales des services qui font le boulot et des élus qui n’y sont généralement pour rien. C’est déjà beau quand ils comprennent qu’un budget administratif doit être légalement à l’équilibre.

Historiquement, les chicayas ont très tôt débuté, excités par la personnalité de Bernard Goulois, maire improvisé qui a tenté la synthèse entre les intérêts de sa commune et ceux du maître tout puissant donneur de subventions. Ces derniers se confondaient en plus avec les appétits de la camarilla dirigée par sa première adjointe, Caroline Sanchez, ci devant 3° vice-présidente de Douaisis Agglo.

L’adjointe se voit pousser des ailes

On le plaint un peu, le maire sortant, d’avoir eu à ses côtés la co-listière cantonale de Christian Poiret. Ses ambitions s’avéraient d’autant plus grandes à Lambres qu’elles étaient étouffées partout ailleurs, communauté d’agglomération et département compris.

Ne cherchez pas chez Caroline Sanchez une décision, une idée, un truc « waouh » de sa part, dans chacun de ses mandats rémunérateurs, ça n’existe pas. Elle pouvait soutenir son maire dans un moment difficile. Elle tente de prendre sa place. L’histoire s’en souviendra.

Dans les péripéties, le premier épisode a été l’éviction d’Etienne Samain, débarqué au bout d’un an pour des raisons obscures. La rumeur dit qu’il avait signé son arrêt de mort en ne soutenant que d’une fesse à Lambres les conseillers départementaux sortants.
La trouille de perdre du couple Poiret – Sanchez explique le prompt châtiment affligé à l’infortuné adjoint et l’ardeur mise par ses anciens collègues à se partager ses dépouilles.

La commune de Lambres n’a plus de sous

Plus grave a donc été cette histoire de budget. On peut faire le pari que Bernard Goulois n’avait pas tout à fait mesuré la fragilité des finances de sa commune quand il en a pris la direction.
On évoque la guerre en Ukraine et toutes sortes de raisons exotiques pour justifier l’impasse. Lambres n’étant pas la seule ville confrontée à ces difficultés extérieures, si ça coince, c’est qu’il y avait un problème structurel.

Il fallait donc combler le « trou » découvert cette année. Il était profond, plusieurs centaines de milliers d’euros. Si les journaux ne donnent pas tous les détails, ils évoquent toutefois un projet magique de rénovation énergétique des bâtiments communaux.
Legs de M. Vandewoestyne, il semble que ce dossier, qui plombe les finances de Lambres pour plusieurs décennies, est la source du litige.

Bernard Goulois, pour maintenir cette affaire de rénovation en dépit des critiques internes, a coupé dans beaucoup de lignes budgétaires : les indemnités des élus, les subventions de certaines associations, notamment le CCAS. Il aurait été mieux inspiré, pour ne pas mécontenter tout le monde, de sucrer une seule rente et pas plus.

La marche électorale forcée

Couvant sous la cendre, les conflits ont rapidement fait jour par un vote du budget obtenu de justesse puis, après, une opposition collective médiatisée. Le plus marquant fut alors le réflexe des dits médias d’aller aussitôt interroger Caroline Sanchez sur ses intentions mais plus encore ses dénégations, contredites par les faits peu après.

Il est à mettre au crédit du maire un accès d’autorité pourtant éloigné de son caractère. Le retrait des délégations – et des indemnités – de cinq de ses sept adjoints a logiquement précipité les choses. Ces derniers, rejoints par plusieurs conseillers municipaux, ont démissionné, obligeant au renouvellement de la totalité du conseil.

La rapidité de réaction de la préfecture à programmer les élections est en elle-même une interrogation. Le budget était voté, rien ne pressait. Les mauvaises langues, dont Douai Vox fait partie, imaginent assez bien que ce raccourcissement des délais est lié à la perte des indemnités des factieux jusqu’au scrutin, y compris à la communauté d’agglomération.
Évidemment, si les élections s’étaient tenues à la rentrée de septembre, cela faisait un sacré trou dans le budget des « intéressé-e-s » pour parler comme notre écologiste local.

Une prime au sortant ?

Cette précipitation, outre l’avantage évoqué plus haut, permet aussi de prendre de vitesse les adversaires. Caroline Sanchez, ce qui n’est peut être pas le cas de Bernard Goulois, dispose déjà d’une équipe toute prête, de soutiens de poids dans le département et l’agglo. Faisons le pari que ses figurations dans ces instances seront valorisées comme il se doit.

Avec deux listes, ce qui en fait une de plus qu’en 2020, l’appel aux électeurs peut avoir le mérite de clarifier les positions.
La Gauche lambresque, peu fournie, elle aussi prise de court, aimerait bien jouer les trouble-fêtes avec une 3° liste. Si on en croit les présidentielles, elle pèse un petit 25% dans cette commune qui a donné à la droite un bon 45% (RN + Zemmour + Dupont-Aignan + Pécresse). Le centre, c’est Macron pour 25%…

Quoi qu’il en soit, quel pronostic pour ces futures élections ?
Généralement, l’électorat, qui n’aime pas les bricolages politicards au parfum de trahison, remet le sortant au pouvoir.
Si nous avions un conseil à donner à Bernard Goulois dont l’honnêteté ne peut être contestée, ce serait, dans cette campagne éclair, de prendre ses distances avec son prédécesseur et Douaisis Agglo. Les deux, qui se confondent, ne lui veulent pas du bien.

Il doit ensuite méditer l’adage qui doit primer dans cette affaire : les ennemis des ennemis sont des amis.

La terre est verte comme une orange

Après avoir évoqué deux candidats presque certains aux prochaines municipales, tendance « parrain » , les douaisinologues ont l’obligation de se pencher sur leurs outsiders. Prenons de l’avance et un pari sur…. Nicolas Froidure…
En théorie, dans le monde impitoyable de la communication, parler d’un inconnu, c’est toujours risquer de lui donner une audience imméritée. Certes, mais le profil politique du « boss » de l’écologie locale mérite qu’on s’y arrête quelques instants.

L’étoile qui monte

D’abord, héraut de la religion réchauffagiste locale depuis le débarquement de Jackie Avenel, Nicolas Froidure possède par essence, en grand maître des dogmes, le pouvoir énorme dont tous ses collègues écologistes de gauche – pléonasme – profitent partout : contraindre le monde d’adopter leurs lubies pour sauver la planète.

L’audience de ce clergé aurait du s’effondrer quand on mesure les désastres dont il est et sera responsable : entre autres, destruction du nucléaire électrique, disparition de la production automobile nationale, empêchement d’entrer dans les centre-villes pour les pauvres et enfin interdiction prochaine de louer des habitations mal isolées.

Autant de décisions qui vont « emm… les Français » dans les grandes largeurs mais bizarrement sans aucun risque pour leurs auteurs auxquels tout est pardonné.
Au titre de cette magnanimité des médias et de l’opinion, nous pouvons faire le pari que le parcours de notre chef écologiste local n’en est qu’à ses débuts.

Les soleils de la galaxie municipale

Il est déjà bien aidé – comme le montre le verdissement obsessionnel de notre PADD – par sa proximité avec l’équipe municipale.
Ce n’est pas un secret, tout le monde sait que son épouse, Stéphanie Stiernon, est maire-adjoint avec des dossiers très stratégiques. Ils ne font pas toujours la preuve de l’efficacité mais si les patrons de la ville sont équipés un jour du moteur idéologique qu’ils n’ont pas, ce sera par ces deux-là.

Avant toute chose, nous conseillons à nos lecteurs de se plonger dans le blog que Nicolas Froidure tient depuis quelques mois. Ces expressions sont rares à Douai. Elles ont, pour cette raison, la valeur des écrits qui restent quand les paroles s’envolent.
L’intéressé en gagnera aussi un peu de flux. Sa page est bien terne mais cette apparence – où le vert domine – est voulue. Nicolas économise le carbone. La contrepartie de cette pénitence est, comme tout ce qui sera imposé par ces « parfaits » , la disparition des fioritures.

Les prises de position de Nicolas Froidure, comme l’usage immodéré d’une épouvantable écriture inclusive qui ne doit pas faciliter la lecture des dyslexiques, donnent quelques indices sur ses convictions.
Osons donc le portrait. Comme le cholestérol, il y a du bon et du mauvais chez ce colosse « au sourire si doux » .

La vertu parabolique

Commençons par le positif car il y en a. D’abord la sincérité, incontestable, telle que nous pouvons la percevoir. Notre fraichement élu « secrétaire du groupe EELV Douaisis » ne peut être soupçonné de faire de la politique pour un intérêt personnel.
Il n’est pas de ces politiciens en herbe, malédiction locale, dont l’ambition repose d’abord sur les ors et les revenus qui accompagnent les possibles élections. Citons l’intéressé : « je mets un point d’honneur à m’opposer à tout cumul dans le temps et dans le nombre de mandats » . S’ils pouvaient tous le faire…

Il sait aussi payer de sa personne et de son temps. On se souvient de son tour de circonscription à vélo avant les législatives qui l’a vu en visiter toutes les communes, sans exception.
On peut ajouter – pour l’avoir vérifié – qu’il est régulièrement la seule personne qui laisse un avis argumenté lors des enquêtes publiques. Provoquées par les nombreux projets bétonniers de notre maître local, leur fréquence est inversement proportionnelle aux remarques des citoyens.

On a enfin un trait plus incertain, celui d’une possible naïveté stratégique. Partisan d’une belle exigence éthique, Nicolas Froidure peut se mettre en position de faiblesse comme l’a montré la désignation, au nom de la NUPES, du candidat à la députation, emportée facilement par un enseignant inconnu mais « Insoumis » en provenance d’Hamel.
Si notre « secrétaire » défend des règles qu’il s’applique à lui même rigoureusement, ce n’est évidemment pas le cas de ses rivaux moins vertueux, au sein d’un parti qui se révèle régulièrement, dans la distance qui sépare les postures des actes, champion toutes catégories.

L’astre noir se rapproche

Outre cette faiblesse foncière, il y en a une autre plus gênante diamétralement opposée : la certitude d’appartenir au Camp du Bien. Cette posture, par définition inaccessible au doute, s’accompagne des risques bien connus de la toute puissance.
Il ne s’agit évidemment pas pour Nicolas Froidure d’installer une dictature à l’ombre du beffroi mais d’avoir beaucoup de mal à prendre en compte les attentes du populo.
Comme son combat est celui de la survie de l’humanité, le modeste impératif de « l’urgence climatique » ne peut souffrir d’aucune contestation. Il n’est pas certain qu’à ce titre, on soit, à l’échelle municipale, à l’écoute des bas intérêts du Douaisien de base.

Frais-Marais enfin décarbonné, si beau et si vivant

De là, on note les travers d’une utopie qui reste, comme le dit le Larousse, une « vue politique ou sociale qui ne tient pas compte de la réalité » . Notre héros écologiste a une vision, rêve éveillé d’une cité verdie à tout les étages, faite de marche à pied décarbonnée, de voies interdites aux automobiles où les enfants jouent à la marelle.
Douai n’a aucunement la sociologie correspondant à cet idéal boboïsant qui est d’abord celui des grandes métropoles prospères livrées en 2020 à la furie escrologiste. Comme le montrent les faits divers de la Voix du Nord, la population de notre ville, soumise à la misère matérielle et sociale, contredit radicalement, notamment en termes sécuritaires, un « vivre ensemble » aussi artificiel que surjoué.

Doit-on en déduire que la ligne « verte, bleue, brune et sombre » de Nicolas n’aura aucune chance de l’emporter ?
Certainement pas. D’abord, il est certain qu’il y aura aux prochaines municipales, au titre du « refus de l’invisibilisation » défendu par notre secrétaire local, une liste autonome EELV, séparée de la NUPES mais surtout de l’équipe actuelle.
L’enjeu sera pour elle de passer devant tout le monde, dont le sortant, au premier tour.

L’avenir nous dira la solidité de cet oracle dans un futur électoral qui sera, on l’espère, « apaisé » , « doux » et surtout, surtout, « résilient » .

Bientôt le duel des titans

Voilà du boulot pour les Douaisinologues qui doivent préparer les électeurs à leurs futurs dilemmes d’isoloir. Il faut dire que l’actualité s’accélère avec la sortie du bois de François Guiffard et Coline Craeye en prévision des municipales de Douai pour 2026.
Ces candidats, chacun à leur façon, apparaissent avec quelques points communs mais aussi de petites différences. Regardons cela de plus près.

Primeur fait loi

Déjà, ils s’y prennent tôt les sauveurs de ville en péril ! Nous sommes quand même à trois ans des prochaines échéances. Il va en couler, d’ici là, de l’eau sous le pont de la Massue. Le département sera-t-il toujours dirigé par notre patron absolu ? Le Douaisis existera-t-il encore en 2026 ? Pas sûr.

Quoi qu’il en soit, ces très précoces déclarations de candidature relèvent de la technique « premiers partis premiers servis » . Il faut se faire connaitre rapidos pour que s’imposent dans la tête des Douaisiens l’existence de leaders bientôt incontestables. N’oubliez pas, chers lecteurs, que ce sont ces prophéties autoréalisatrices qui fabriquent nos élus de métier.

On est là pour votre bien

Ces candidatures ont un bel emballage. Comme ni Mme Craeye, ni M. Guiffard ne peuvent avouer la vérité toute nue – on veut ce job avec ses avantages – il faut cacher l’ambition personnelle derrière un paravent désintéressé.

D’emblée, un prête-nom : « l’association » supposée « apolitique » comme il se doit. C’est peut être le cas quand on considère les louvoiements passés de ces deux philanthropes, capables d’échanger un camp pour un autre en deux secondes et plus si affinités.
Ensuite la proclamation de « valeurs » qui sont le fond de sauce du programme : réchauffisme religieux, fermeture des commerces et insécurité, ces derniers sujets en critiques subliminales de Frédéric Chéreau.
Mais après, inversion de ce qui précède : on est à l’écoute des habitants, leurs désirs seront des ordres. Si d’aventure l’électeur souhaite des bagnoles rue de Bellain, il y aura comme un problème, non ?

Notons toutefois les différences, et d’abord le vecteur. Si M. Guiffard a choisi le tract, Mme Craeye s’est contentée d’un article de la VDN, toujours bonne fille pour alimenter la chronique douaisienne. Savourons toutefois les petites vacheries disséminées dans le papier.

Tous acteurs de notre bonheur insoumis

M. Guiffard est professionnel avec son tract qui parait sorti tout droit de Douaisis Agglo. On trouve un plaidoyer exaltant l’œuvre accomplie à coups de chiffres ronds dans lesquels le tourisme est en bonne place.
Bon, d’accord, le camarade insoumis a fait de grandes choses au nom de l’idéal révolutionnaire du temps libre mais c’était comment avant, statistiquement parlant ? Et puis tu en es où avec l’hôtel Mirabeau, François ?

On aimerait un point de départ et un point d’arrivée

Il y a aussi au recto une carte de vœux remplie de brassées d’amour envers les Douaisiens qui bossent. Ne cherchez pas une subtilité stratégique dans tout ça, vous êtes dans la « douaisinolâtrie » .
On peut y ajouter la formule finale qui ressemble fort au programme actuel du maire mais aussi à celui de ses futurs concurrents verdâtres. Douai, c’est une « capitale régionale, dynamique, résiliente et solidaire » … Oh non, s’il s’y met à son tour…

Retenons pour finir une sorte d’aveu qui n’est pas sans rendre sympathique ce jeune homme pressé au passé si mince. Il « apprend de cette responsabilité » , en fait de celle qui lui permet de briller, cette célèbre vice-présidence accordée selon son bon plaisir par le maître du Douaisis et autres seigneuries en toute illégitimité électorale.

Les Douaisiens ont besoin de moi

Comme à son habitude sanitaire et médicale, Mme Craeye « soutient et vient en aide » aux pauvres Douaisiens qui souffrent. Il faut impressionner les lecteurs par le nombre d’adhérents de son « association » . La centaine ferait un peu trop faux, un petit « 80 » fait bien l’affaire comme l’annonce d’un secret et redoutable « réseau » qui alimenterait tout ça.

On surfe sur les petits-déjeuners mis en œuvre par la mairie, histoire de se les approprier façon « poisson pilote » , pour terminer par la promesse d’éventuelles recettes miracles de la « dynamisation du centre-ville » . Groupes de travail, experts, approche « concrète » , Mme Craeye fait dans l’agile, elle est moderne.

Ses co-listiers le sont moins. Pas du tout candidats mais bien placés sur la liste macroniste de 2020, comme le relève la VDN. C’est en fait une OPA du conseil départemental du Nord sur notre ville. M. Sitko, ainsi que M. Houdry, y bossent, comme l’avait fait en son temps Mme Craeye.
Soyons juste, celle-ci n’y exerce plus depuis sa récente arrivée comme « DGS » à Anzin-Saint-Aubin dans le Pas de Calais.

Guerre civile ou pas ?

Cette dernière péripétie départementale intéresse les Douaisinologues pour la relation que ces deux candidats entretiennent avec Christian Poiret. Tentons quelques hypothèses. Allons nous assister lors des prochaines municipales à une guerre civile opposant deux partisans du patron ?

François Guiffard est absolument un pro Douaisis Agglo par sa vice-présidence touristique. C’est peut être aussi le cas de Coline Craeye. Son exil à Sin lors des élections cantonales, co-listière d’un membre du « duo infernal » , n’a pu se faire sans la bénédiction du conseiller départemental sortant.
A Douai, l’abstention massive prévisible rendait cette concurrence dangereuse pour le président du conseil départemental. Il aurait eu l’air fin s’il était passé sous les 12,5%…

Pour autant, le récent transfert de Mme Craeye dans une petite commune de la CUA à l’ombre du boss arrageois, Frédéric Leturque, indique peut être une volonté d’indépendance.
Le crédit du parrain dans la capitale du Douaisis, plutôt bas, n’est probablement pas un avantage pour qui se réclamera de lui. Cette fine mouche n’est certainement pas passée à côté de ce paramètre.

Dans tous les cas, il va falloir observer les glissements tectoniques dans le combat qui s’annonce. Trahisons, alliances, changements de pied risquent fort d’en être la toile de fond. Espérons que Douai profitera de cette émulation certainement positive.

Le juste milieu nourrit l’extrémisme

Enfin, il restera à connaître, hors les « valeurs » stéréotypées citées plus haut, les stratégies de ces candidats pour l’avenir de la ville.
Le « dogme escrologiste » sera en bonne place, y compris dans les programmes des 5 ou 6 prétendants qui, as usual, se bousculeront aux urnes en 2026. L’amusant, c’est que si tout le monde s’y met, il sera fondu dans la masse, ouf !

Quant aux positionnements politiques et partisans, hors les allégeances évoquées plus haut, le duo Craeye-Guiffard tentera à n’en pas douter d’investir le « gros centre » . M. Guiffard fera « gros centre à gauche » et Mme Craeye « gros centre à droite » , d’où un très possible embouteillage sur un espace convoité de plus en plus étroit.

Ce sera une impasse, l’heure n’est plus au macronisme du « ni gauche ni droite » . Les dernières élections ont montré à l’inverse la forte polarisation de l’opinion douaisienne sur les extrêmes.
Frédéric Chéreau, qui a conservé son étiquette de PS mâtinée de NUPES, en profitera, sans parler de sa position de sortant qui est un avantage absolu face à tous ses concurrents.
A l’autre bout, une liste RN, renforcée par les conquêtes récentes de ce parti dans la région, aura toutes les chances de rallier à elle, notamment dans une périphérie oubliée de tous, les partisans de la droite populaire et nationale.

Douaisis Agglo s’habille en Camaïeu

C’était, de la cérémonie des vœux de notre grand patron, Christian Poiret, le truc qu’il fallait retenir : Douaisis Agglo s’implante dans le centre ville de Douai en investissant le local déserté voilà peu par Camaïeu.

Technique de vente

C’est un beau bâtiment, y’a pas à dire. Super bien placé au cœur de la « croix de Douai » mais surtout un marqueur important du passé de la cité.
Le Soldat Laboureur puis la Villa Toriani avec son célébrissime Cinatus, témoins d’une splendeur révolue, quand les conducteurs et les motards au gosier asséché pouvaient se garer au pied de leur troquet favori.

Point fort de ce spectacle d’autocélébration payé chaque année par ceux qui n’y sont pas invités, cette annonce – peu coûteuse si on la compare aux « éléphants blancs » habituels – est un coup de triangulation plutôt réussi.

D’abord par l’inversion toujours maline, chez notre vendeur de métier, des critiques reçues par la communauté d’agglomération qui nie Douai dès qu’elle le peut.
C’est une vérité ? Il suffit de la retourner : « nous travaillons pour la ville centre qui doit être une locomotive » . Ben, oui, s’il le dit c’est que c’est vrai.

Avec la certitude de la victoire, notre président au carré sort de son seul cerveau et d’un coin de table une solution miracle au désastre commercial du centre ville… à deux pas du beffroi.
Il ne lésine pas le Christian, il dégaine une réponse « Douaisis Agglo » quelques semaines après la fermeture de Camaïeu quand de nombreux magasins restent vides des années sans que cela n’émeuve nos édiles communaux sauveurs de planète.

Parions que ce truc va avancer à toute vitesse devant les citoyens ébahis et, pire encore, devant la majorité municipale qui pourra toujours juger de sa propre efficacité en y passant devant chaque matin.

Technique de provocation

Comme un gros pied de nez, Douaizizaglo pose en « cœur de ville » une provocation de grande dimension. C’est l’OM qui installe ses dirigeants au Parc des Princes ou le PSG les siens au stade Vélodrome.
On appuie là où ça fait mal et il faut reconnaître que c’est plutôt bien fait. Que peut dire Frédéric Chéreau qui a découvert lors des vœux cette invention perfide ? Rien. S’opposer est impossible. Critiquer coûtera cher.
Reste le silence gêné ou, mieux, l’élément de langage justifiant cette conquête de l’ennemi, tellement plus fort que soi-même. La VDN, qui rapporte les propos de notre maire, vend la mèche : « cette annonce est une belle annonce » . Ben oui, quoi…

Nul doute, hors l’envie pressante de se moquer de ses rivaux municipaux, que notre parrain souhaite reconquérir le terrain perdu dans l’électorat douaisien. Il est vrai que le crédit du « seigneur de Lauwin-Planque » y a bien baissé, ce qui la fiche mal quand on considère qu’il s’agit là du socle de sa puissance départementale.
On aura sans doute sur les grandes vitrines de l’ancien Camaïeu, siglées Douaisis Agglo, la trombine du président tout puissant, histoire de rappeler qu’il faut voter pour le boss qui « travaille, lui » .

On y place entre autres l’office du tourisme sorti de l’hôtel du Dauphin « trop exigu » , déménagement censé prouver que ça progresse depuis que cette compétence a été donnée à Douaizizaglo. Nous v’là avec sur les bras un local vide qui fera la paire avec le Passage Gayant

Ouh là ! On va ramer pour trouver une utilité à l’hôtel du Dauphin !
© La Voix du Nord

Cette installation est aussi une réussite à mettre au crédit de notre vice-président de Cour « insoumis » , lequel va peut être obtenir par cette bonne exposition médiatique le moyen de préparer la future conquête municipale.
Bon, il fait du tourisme, d’accord, mais quelle sera donc sa couleur partisane ? Ménidienne, marcheuse, nupésien-n-e, verdâtre, douaisinolâtre ? On a hâte de savoir.

Technique de camouflage

Il était quand même possible de rappeler à nos maîtres agglomérés, une fois le nuage de communication dissipé, qu’ils avaient un endroit parfaitement adapté pour y poser leurs services : l’hôpital général.
C’est beau, c’est grand, c’est dans le centre-ville, ça ne manque pas d’allure et c’est vide par leur faute.
Voilà ce qui aurait bien aidé à améliorer leur réputation et l’avenir de ce bâtiment à la dérive depuis plus d’une décennie. C’est d’ailleurs ce qu’ont fait nos voisins valenciennois en installant une partie de leurs bureaux dans l’emprise du Royal Hainaut.

Hors ces tactiques politicardes de bas étage, passons quand même au principal : le symbolique stratégique.
Si on comprend bien, on échange un magasin pour un centre multiservices censé sauver le centre-ville. Un peu comme Frais-Marais quand on fait aux habitants, qui n’ont plus rien, l’aumône de quelques administrations délocalisées. Là, on les concentre dans le cœur de ville mais l’idée est la même.

Cette décision confirme le rôle assigné à la capitale du territoire. Perdant sa fonction commerciale, elle doit se transformer en cité administrative. La mutation bientôt achevée, Douai sera définitivement à l’abri du marché, système décidément trop exigeant. Il est tellement plus simple de solliciter l’argent public gratuit.

On pourra poser dans les cellules vides, à côté des opticiens, pharmaciens et autres agences bancaires, des services répondant mieux aux besoins d’une population elle aussi en pleine transformation. Elle pourra de plus être transportée gratuitement vers le centre où elle trouvera tout ce qui est utile : pôle emploi, CAF, Restos du Cœur, abris de nuit, poste de police…

Technique de foutage de gu….

Loin du dévoilement d’un « grand dessein » révolutionnant l’avenir du Douaisis par Douai ou, mieux, de la définition d’une stratégie touristique de haute volée, terminons en beauté par l’exemple du bienfait concret, selon l’inventeur lui même, qu’apporte cette installation aux Douaisiens.
On imagine sans peine que l’énoncer devait procurer à Christian Poiret une certaine jubilation, celle qu’on ressent quand on se venge d’un voisin détesté en lui offrant un cadeau pourri. Il doit l’accepter et en plus remercier.

Reprenons les citations de la VDN. Elles commencent bien : « vous verrez qu’il y aura toutes les compétences de Douaisis Agglo » mais après on a ça : « celui qui n’aura pas ses sacs poubelle à l’heure, il pourra aller les chercher place d’Armes » .

T’es pas content le Douaisien ? Va chercher tes sacs et réjouis toi !

Sauvez mon job !

Dimitri Houbron, député de Douai, s’inquiète pour le 2° tour des législatives et on le comprend !

Que dire de cette élection ratée sinon qu’elle aura été, comme les présidentielles qui l’ont précédée, un objet inachevé. La campagne a été réduite à sa plus simple expression, les hommes au pouvoir ayant soigneusement évité, non seulement les sujets qui fâchent, mais aussi, tant qu’à faire, tous les autres.

Surnageant au dessus d’un océan d’abstentions, le résultat ne satisfera personne. L’opinion française, la plus intelligente et la plus politique du monde, sait qu’il ne réglera rien, ni au fond, ni en surface. C’est reparti pour cinq longues années durant lesquelles notre déclassement – économique, social, culturel, cinématographique, automobile, culinaire – continuera.

La performance du député sortant est médiocre, un peu au dessus en voix du score précédent réalisé en 2017 dans des circonstances particulières. Après le sacre de notre jeune et prometteur roi républicain absolu, n’importe quel candidat portant ses couleurs était assuré de décrocher la timbale.

Cette fois-ci, la conjoncture est différente. Le député de la 17° circonscription du Nord, en dépit de l’avantage habituellement donné aux sortants, n’a pas brillé. Il est vrai que son bilan était des plus minces. Qu’a-t-il fait de ses cinq ans ? Pas grand chose. Comme un Chéreau de base, le temps lui a filé entre les doigts.

Il a eu toutefois de la chance, notre Dimitri Houbron. Il a réussi miraculeusement à devancer le-elle-iel candidat-e de la Nups-e-s de quelques voix. Ce n’est pourtant pas gagné pour autant. Loin de là. Son adversaire RN ayant largement amélioré son score précédent (+ 2000 voix), la reconduction des indemnités est loin d’être assurée.

C’est sans doute pour cette raison qu’on trouve sur les rézosocios un bien curieux communiqué.

La trouille étant mauvaise conseillère, le moins qu’on puisse dire c’est que les arguments du candidat méritent qu’on les regarde de près.

Pour ceux qui s’arrêtent là, résumons ce qui suit : Dimitri c’est le Bien, Thibaut c’est le Mal.

Ce dimanche 12 juin, les résultats du 1er tour de la 17° circonscription du Nord me permettent de me qualifier pour le second tour qui se tiendra la semaine prochaine. Je tenais naturellement à remercier les électeurs qui m’ont accordé leur confiance dès le premier tour. Je profite de ce communiqué pour remercier les élus, agents et bénévoles qui ont fait en sorte que ce scrutin se tienne dans les meilleures conditions.

Il joue au foot, les mots en forme de crampons. Il se « qualifie » comme le LOSC, notre député. Il passe les barrages…
Petit coup de chapeau toujours utile vers les organisateurs du scrutin, ça fait près du peuple. Ces opérations se passent toujours mal dans le Douaisis, c’est bien connu.

Comme il y a 5 ans, je serai opposé à Thibaut François, candidat du Rassemblement National. Cette fois, il est évident que je suis en position de challenger au regard des résultats. L’extrême- droite n’a jamais été aussi proche de remporter notre circonscription. J’écris, ici, des mots difficiles : ce n’est pas moi qui suis en danger, c’est notre territoire, c’est nous.

Là, c’est du lourd. Il faut dramatiser, le job est menacé et les indemnités avec. Pourtant Dimitri n’est pas en danger. Non, non, lui, il ne risque rien. Il ne fait pas ça pour sa pomme. Ceux qui vont dérouiller c’est tout le monde, le règne animal, les humains du Douaisis, les créatures de l’univers, les planètes de la galaxie.
L’hydre nazie en forme d’Empire du Mal – le RN est pourtant légal en France – va nous manger tout crus et déclencher sur nos têtes les feux de l’enfer.
Oui, oui, c’est « difficile » cette situation professionnelle, comme celle d’un chômeur qui cherche du taf après l’avoir perdu.

Ce soir, je tenais à m’adresser aux électeurs qui ont accordé leurs voix aux formations républicaines et notamment à Cyril Grandin (Nouvelle union populaire, écologiste et solidaire – Nupes) et Romain Boulant (Les Républicains – UDI). Bien que ces opposants du premier tour n’aient aucune sympathie pour la majorité présidentielle et pour Emmanuel Macron, ce sont des républicains qui connaissent bien les menaces et les dangers que représente l’extrême-droite. Je tiens également à les féliciter pour leurs scores et les campagnes qu’ils ont menées sur le territoire.

Morceau d’anthologie. On utilise la technique de la « culture dérobée », en tentant de récolter directement les votants, supposés plus influençables que leurs candidats.
Passons sur l’emploi jusqu’à plus soif du terme « républicain », mot valise en forme de nébuleuse qui s’assoie de nos jours sur à peu près tout ce qui le constitue.
Après un délire : on déteste Macron mais faut voter pour lui. Pire : pourquoi les électeurs Nupes et LR-UDI augmenteraient-ils le nombre de députés LREM à l’assemblée au détriment de leur propre camp ? Le président absolu aura sa majorité de toutes les façons… Un de plus ou un de moins, quel intérêt ?
Oups ! Tu avais oublié la pommade. Ils ont fait de beaux scores, les opposants, lesquels ont sans doute réduit le tien…

Il est évident que nous avons des divergences mais nous sommes sensibles aux mêmes problématiques, nos visions diffèrent sur les réponses à y apporter. Ils le savent, vous le savez. Mais personne ne peut ignorer que j’ai ardemment défendu des sujets portés par la NUPES comme celui de la condition animale par exemple. J’ai même quitté le groupe parlementaire « LaREM» pour qu’une loi sur le bien-être animal soit votée. Personne ne peut ignorer ce que j’ai fait, avec mes moyens limités, pour défendre le Douaisis comme mes dons à des associations locales notamment celles qui défendent les victimes de violences conjugales et accompagnent les personnes en situation de handicap. J’ai également défendu des sujets que la droite a toujours porté comme, par exemple, la défiscalisation des heures supplémentaires afin que le travail soit davantage valorisé.
Leurs prochaines prises de paroles seront décisives, je sais pouvoir compter sur leur sens des responsabilités.

Le texte en catalogue est long mais l’idée courte et la confusion totale. Dimitri, c’est un gros rebelle. Il rue dans les brancards le lascar, en plus c’est un gars de la Nupes et même de droite. D’ailleurs, il n’est même pas LREM, il ne les connait pas ces mecs.
On dira qu’il est emblématique du gloubi-boulga macronien dans lequel tout est dans tout et rien dans rien. Quel fil directeur là dedans ? Mon job !
Retenons la conclusion en forme de diabolisation : candidats éliminés, vous avez intérêt à me soutenir sinon gare à vous ! Dimitri c’est un tribun de la plèbe qui brandit l’intercessio.
Ah si les animaux pouvaient voter, ce serait si simple !

Ce soir, je lance également un appel aux électeurs de gauche, de droite, du centre et apolitiques qui ne m’ont pas accordé leurs suffrages lors du premier tour, ainsi qu’à ceux qui se sont abstenus laissant les autres décider à leur place : j’ai besoin de vous pour stopper l’extrême-droite. Votre mobilisation dimanche prochain est primordiale pour éviter que notre circonscription ne tombe entre les mains d’un candidat qui ne se préoccupe nullement de notre territoire et de ses habitants. Lors de ses rares présences au Conseil Municipal de Douai, sa déconnexion des problématiques du Douaisis ne font de lui qu’un simple représentant des idées stigmatisantes de l’extrême-droite.

Dimitri Houbron c’est une digue, un rempart, eine Festung. Sonnons le tocsin, proclamons la mobilisation générale contre les méchants, très méchants.
L’adversaire ne se préoccupe pas du territoire ? Il n’a qu’un impuissant mandat local d’opposition et d’ailleurs quel rapport avec le conseil municipal ? Tu y étais souvent avant ton élection surprise, Dimitri ?
L’argument s’évapore mais pas de panique, on a tout prêts sur l’Etagère du Bien les gros adjectifs qui plombent. « Nauséabond » sent trop le Nupes gauchiste, brandissons le catholique « stigmatisant » . Sur un malentendu, ça peut marcher…

J’en appelle également aux élus locaux et singulièrement à Frédéric Chéreau, Maire de Douai, et Christian Poiret, Président de Douaisis Agglo et de notre département. Malgré nos divergences, j’ai toujours pu compter sur vous pour porter les dossiers de notre territoire auprès du gouvernement. Je veux que ce travail conjoint persiste pour les cinq prochaines années.
Avec vous. Pour Vous. Pour nous tous.

Et oui, de l’audace il en faut. Elle déboule quand se profile la fin de la rente législative.
On est servis : l’union sacrée douaisienne, les accords de Camp David sur la Scarpe, c’est l’œuvre de Dimitri, capable de marier le parrain de Douaizizaglo avec le maître de Douai. Le prix Nobel de la paix, c’est pour bientôt.
Notons le « portage » des dossiers auprès du Jupiter de l’Elysée à la mode bananière. Pour être subventionné, faut bien penser, vous avez compris ?

Pour les 24 000 électeurs qui n’ont pas choisi le Dimitri du Bien au premier tour, Douai Vox® offre gratuitement la traduction de l’ultime formule probablement pompée, faute d’inspiration, chez Cassius : « Avec vous » : avec moi, « Pour vous » : pour moi, « Pour nous tous » : pour moi seul !

Monoprix, multi-échecs

fermeture monoprix douai

Une nouvelle qui a déboulé récemment sur les rézosocios se confirme dans les journaux : la fermeture prochaine de notre bon vieux Monoprix. 87 ans de vie et hop ! C’est terminé pour le Monop’.
On rajoute cette catastrophe à toutes les autres, Kruidvat, déjà évoqué, mais aussi celles dont on n’entend pas parler.
Ces magasins qui disparaissent en douce après des années de fonctionnement ou, pire, après quelques mois d’ouverture quand quelques fous optimistes vérifient avec horreur la fragilité de leur business plan.

Les raisons de ces fermetures sont faciles à comprendre. Rien à voir avec le covid et la guerre en Ukraine. Quand un magasin n’a plus de clients. Il ne fait plus de bénéfice. Il accumule les pertes. Il coule. Voilà ce qui le pousse un jour à mettre la clé sous la porte et pas autre chose.
On voit bien ici et là de pauvres arguments justifiant des « aides » (évidemment publiques) pour retarder la funeste échéance. Ce sont des solutions provisoires qui n’empêchent rien. Il faut revenir au fond. Si tous nos magasins du centre ville ferment les uns après les autres, c’est que les clients ne s’y rendent pas.

Ensuite, arrive la question centrale : mais qu’est-ce qui les empêche ? Nous le savons tous. De loin, les zones commerciales périphériques offrent de meilleures raisons d’y aller (prix, accessibilité). De près, faire reposer une activité économique sur les seuls habitants d’un centre ville de plus en plus paupérisé, est absurde.

Car nous sommes maintenant arrivés au moment fatidique. Celui où la réduction de l’offre commerciale, sa pauvreté, ses lacunes conduisent le consommateur à ne plus considérer le centre ville de Douai comme un lieu valable pour y faire ses courses. La spirale est enclenchée. Il devient impossible de la briser. Le mal est fait.

Mais pas de panique, nos édiles veillent. Ils savent. Ils ont tout compris. Ils sont efficaces. Ils anticipent. D’ailleurs ça se voit. Les ouvertures sont égales aux fermetures parait-il. Sans blague. Mettre sur le même plan l’ouverture d’un tacos halal dans la périphérie avec la fermeture d’un magasin comme Monoprix ou Kruidvat, c’est de l’escroquerie intellectuelle.

fermeture monoprix douai
C’est beau, un Monop’, la nuit, à Douai….

Le plus terrible dans cette affaire est sans doute, outre leur impunité, l’entêtement de ceux qui contribuent à un échec aussi massif. Un peu comme les Khmers verts qui poussent à la disparition du nucléaire en s’étonnant ensuite du prix de l’électricité, nos élus professionnels s’obstinent dans l’erreur.
Si ça ne marche pas c’est qu’on n’a pas été assez loin dans la piétonnisation et dans l’empêchement de la bagnole pour accéder au centre ville. C’est ainsi qu’il faut regarder ces travaux débiles qui réduisent les possibilités de stationnement, entre autres pour les vélos que peu de gens utilisent (dans tous les cas pas les élus) ou encore pour des trams en forme de bus dont l’offre – certes gratuite avec nos sous – est d’une fabuleuse médiocrité.

Ce n’est pas grave, on va vous en remettre de la mobilité douce. Vous allez en bouffer de la marche à pied. Elle va sauver la ville. Ne doutons pas que notre rue de Bellain ressemblera aux cheminements des cimetières. Ils sont calmes, paisibles mais mortifères.
Il ne restera du centre de Douai que cette belle rue piétonne, minérale et glacée, transformée avec nos impôts en paradis à l’abri des lois du marché, celui des opticiens, des pharmaciens, des banquiers, des services administratifs échoués là faute de mieux.
Il subsistera dans ces voies mortes, rassurons nous, quelques ilots de vente de produits frais encerclés, au mieux de fast-foods lamentables ou de vendeurs de fringues misérables mais, au pire, par une multitude grandissante de cellules abandonnées livrées à la désolation et au mépris.

Associations lucratives sans but

Volontaires et bénévoles d'associations

Il est de ces sujets qui ne peuvent qu’intéresser les douaisinologues. Les « associations à but non lucratif » en font partie surtout quand elles traversent l’actualité locale.

Le recours a échoué

Chacun sait que le maire de Douai, Frédéric Chéreau, décidé à défendre les intérêts de sa capitale – et ça c’était bien – candidat aux élections départementales, n’a pu, mais de peu, terrasser son terrible adversaire.
Christian Poiret est devenu, grâce à sa courte victoire, le président du plus gros département de France. 2,6 millions d’habitants pour 345 voix. C’est le résultat qui compte. Admirons l’exploit…

Un recours a suivi ce scrutin serré. Ce qu’on sait des moyens soulevés, c’est qu’ils n’étaient pas minces. Des membres d’une association de quartier auraient assuré certains électeurs d’obtenir des avantages matériels contre un vote en faveur du conseiller sortant.

Si le tribunal a confirmé ces faits, il a statué au final sur le maintien du résultat. Dont acte. Certains pourraient penser que des fautes ne se jugent pas à leur nombre mais dans ces sujets, l’angle du magistrat est mathématique, pas moral. Le volume des truandages doit être équivalent à la différence des voix pour avoir faussé l’élection. Ce n’était pas le cas.

La mairie ne paie plus

Cette affaire a connu un rebondissement lors du dernier conseil municipal où a été décidée la suspension de la subvention de l’association concernée, « Deux mains ensemble », bien connue au faubourg de Béthune.
Le débat qui a suivi était intéressant quant au positionnement des uns et des autres mais surtout l’utilité d’une association de quartier dans l’univers politique local. C’était un peu un festival d’arrière-pensées du genre « il vaut mieux ne pas dire ce qu’on a vraiment dans la tête ».

Notre maire s’est abstenu au titre de l’implication procédurale expliquée plus haut. La dame LREM a défendu l’association au nom de « ses 5000 adhérents », ce qui peut toujours être utile. L’insoumis douaiziaglossiste a joué l’arbitre. Il aurait eu du mal à critiquer son patron communautaire.
Si, au final, la majorité municipale désunie a quand même voté cette délibération, retenons l’intervention de Katia Bittner qui a parfaitement résumé le problème. Ces pratiques inadmissibles piétinent les valeurs démocratiques tout en prenant des citoyens en otage. On est d’accord.

Une association « loi 1901 »

Pour annoncer la couleur de notre propos, nous avons repris en titre celui de l’excellent bouquin du regretté Pierre-Patrick Kaltenbach qui disait tout vingt cinq ans plus tôt, notamment l’exigence de transparence et de contrôle qui devraient s’imposer à ces très françaises associations dans lesquelles le pire côtoie souvent le meilleur.

La loi de juillet 1901 a autorisé les citoyens qui le souhaitaient à « s’associer » librement, décision qui rompait avec le mode répressif traditionnel. Toutes sortes d’organisations (clubs, sociétés, amicales etc.) bravaient déjà le pouvoir et cela d’autant plus qu’elles ne constituaient aucune menace pour l’ordre public.
La « liberté » sans cesse mise en avant de nos jours doit être nuancée pour cette loi qui préparait la séparation de l’église et de l’Etat. Elle visait d’abord l’interdiction des congrégations religieuses qui restaient, elles, soumises à l’autorisation. Il s’agissait pour les braves Républicains laïcs de séparer le bon grain de l’ivraie.

Mais que prévoyait ce fameux article 5….

Quoi qu’il en soit, rappelons quand même les bases de ce texte fondateur. Une association est une société de personnes de droit privé. Outre l’interdiction du profit, son fonctionnement doit reposer sur les cotisations de ses membres.
Aucun autre financement n’est de droit, ce que contredit « l’explosion associative subventionnée » qu’on constate depuis des décennies dans notre pays. L’effet de la multiplication des associations (de 700 000 à 1,5 million en vingt ans) est connu : celles qui ne réclament pas, un jour ou l’autre, une portion d’argent public gratuit sont rares.

Des bienfaits du contrôle

Les péripéties de l’association de quartier citée plus haut permettent de s’inquiéter quand on observe ses caractéristiques, emblématiques à bien des égards.

D’abord des chiffres mirobolants répétés dans les médias : ses « 100 bénévoles », ses « 5040 adhérents » (le quartier compte 7000 habitants…), ses « nombreuses actions » mais surtout, on en parle moins, des subventions qu’elle reçoit chaque année et pas seulement les 36 000 euros de la commune. Tout cela mériterait sans doute quelques vérifications objectives.

Car il faut ensuite poser la question de son rôle, de son statut, des appétits qu’elle suscite et qui expliquent beaucoup de postures. Une grosse association intervient à des degrés divers dans des rapports de forces qui ne sont jamais innocents. Plus encore dans une commune paupérisée comme la notre où une aide sociale aussi sacralisée que multiforme peut déboucher sur des dérives scandaleuses.

On nous dira que les liens d’une municipalité avec ses associations construisent un système qui satisfait tout le monde.
Il est bon en effet, pour un maire, de disposer de groupes organisés – plus ils sont gros et mieux c’est – qui peuvent le soutenir aux échéances électorales. Il peut même arriver – enquête à faire – que leurs dirigeants soient conseillers municipaux et qu’on ait été les chercher pour cette raison.
En retour, la commune les aide activement matériellement par un prêt de local, une subvention ou, mieux, les deux. Le bouclage est parfait. Il l’est encore plus quand il se cache devant « l’intérêt général », lequel, comme la femme de César, est insoupçonnable par définition.
Les édiles diront que ces associations « font du bon boulot », qu’elles « accompagnent la population qui en a le plus besoin » etc. Bref, qu’elles assurent une « mission de service public » . C’est sans doute vrai mais cela doit-il se traduire par un soutien de leurs adhérents dans les urnes ?

L’autre question – transgressive – concerne l’utilité de ces associations dans un pays qui est, en termes de dépenses sociales, champion du monde mais surtout leur complémentarité avec les structures publiques qui interviennent dans les mêmes domaines.
Il faut ajouter enfin l’ardente obligation dont on ne doute pas qu’elle soit celle des payeurs comme des dépensiers : la vérification régulière de la plus-value de l’action en termes d’effets sur les bénéficiaires… rapportés au coût global.

Subventions et locaux aux associations de Douai

Il existe un intéressant tableau qui renseigne sur les subventions que la ville apporte aux associations douaisiennes. On peut saluer qu’il soit disponible dans un territoire où la quête de l’information ressemble souvent à un jeu de piste (mise à jour, avril 2022, le tableau n’est plus là…).

Ce document (un pdf…) n’est évidemment pas exhaustif. On y trouve les associations qui ont obtenu de la commune un prêt de local ou un abondement financier. Celles qui échappent à ces deux caractéristiques – espérons qu’elles soient nombreuses – n’y sont pas répertoriées.

En 2020, 289 associations ont ainsi été aidées par les impôts des Douaisiens en nature et en budget. Sur ce total, 128 ne bénéficient que d’un local et 161 souvent en plus du local, d’une subvention.

On doit probablement se réjouir d’avoir dans notre ville un tel nombre et une telle variété. On dira que c’est un signe de la vigueur du bénévolat et une preuve de l’engagement au service des autres. Les péripéties de « Deux mains ensemble » peuvent écorner ces beaux principes mais ne jetons pas le bébé avec l’eau du bain.
Si certaines associations, faute de contrôle, ont une éthique incertaine, la plupart sont utiles à plusieurs titres. Elles profitent ainsi du désintéressement de leurs animateurs, plaisent à leurs adhérents, tout en apportant à leurs éventuels bénéficiaires des loisirs, de la culture, des arts, des activités sportives ou un très divers accompagnement social.

Un tri sommaire peut être réalisé par les sujets qui précèdent. Ce n’est pas une tâche facile. Certaines ont un nom hermétique qui ne dit rien quand d’autres naviguent hors des radars, sans référence nulle part. Les associations sont des organismes vivants qui naissent et qui meurent. Leurs pilotes – comme les modes qui les motivent – ne sont pas éternels.
Ce tableau complète les perceptions économiques ou sociologiques qu’on peut avoir de Douai. Les associations sportives et sociales remplacent peu à peu les vieilles solidarités, fond ancien de la loi de 1901 (amical, syndical, paroissial…).

La répartition par grandes catégories démontre, c’est banal, que le sport, le social et les loisirs sont très représentés à Douai. Plus finement, comme le prouve le tableau ci-dessous, la proportion des associations subventionnées selon ces thèmes varie en revanche significativement. Quand 72% des associations sportives en profitent, toutes les autres tournent autour de 50%. Bref, pour avoir de la fraîche, vaut mieux porter un maillot.

Un budget de plus de 4 millions chaque année

Quant aux subventions, leur total se monte à 4,1 millions d’euros. On peut penser que c’est peu mais tout autant croire le contraire. Ce chiffre représente un bon quart des investissements annuels de la commune. Il faudrait ajouter le coût théorique du prêt des locaux mais sa mesure est difficile. Dans certains cas, si les bâtiments et les impôts fonciers sont importants, ce poste peut être lourd.
La moyenne des subventions par association est d’environ 26 000 euros, chiffre qui masque une certaine vaporisation de la manne. Les arts et culture sont bien servis (85 000 euros en moyenne) quand les loisirs/jeux sont à 7000 euros.

Part moyenne par thèmes subventions Douai

Bien entendu, une moyenne peut être trompeuse surtout quand certaines associations reçoivent de fort montants et d’autres de très faibles. La plus modeste subvention est de 150 euros (Club des cheminots retraités du Douaisis) tandis que la plus importante monte à 684 000 euros.
Elle concerne l’Hippodrome dont on aurait pu croire qu’il était un EPIC mais qui n’est en fait qu’une modeste association au titre de la loi de 1901. Deux gros postes ensuite, l’Ecole d’art à 231 000 euros, la MJC à 47 000 euros. Ensemble, ces sommes expliquent la hauteur de la subvention moyenne des associations culturelles.
La deuxième subvention en importance profite à l’association des Centres Sociaux de Douai (ACSD) qui émarge à 538 000 euros. On a ainsi, avec l’Hippodrome, les deux jambes de la ville – culturelle et sociale – mais il n’est pas certain qu’elles s’emmêlent souvent.

On retrouve enfin, dans la répartition du gâteau, la trilogie sport/ social/ culture qui émarge au dessus du quart du budget global.

Subventions par thèmes des associations Douai

Il faut peigner cette longue liste pour y repérer des choses étonnantes dont on ne doute pas qu’elles aient une explication rationnelle.

Ainsi, de ne pas y trouver les Gayants compte tenu du fonctionnement de la corporation des porteurs. Elle possède des règles, gère des sous, reçoit un financement qu’on imagine conséquent et profite d’un local municipal dont le coût doit bien exister quelque part. Entreprise privée, EPCI, EPIC, fondation, administration publique, confrérie, société secrète ? On sèche un peu.

Autre surprise. On peut recevoir une aide de Douai quand on n’y est pas basé (24% du total) mais sans doute, l’action est-elle douaisienne. On trouve bien sûr des associations nationales (la Croix Rouge est parisienne comme les Restaurants du Coeur sont lillois).
Lille nous envoie 11 associations, Paris et Lambres 6, Sin 5, Lauwin-Planque 4, Waziers, Cuincy, Marcq, Arleux, Roost et Arras 3. Enfin 8 communes de la CAD et 11 du département abritent chacune une association douaisienne. 4 du reste de la France et 1 à l’étranger (Burkina Faso) complètent cette répartition. Pour cette dernière, ASAMA (4725 euros), il s’agit peut être de l’association pour la « Sauvegarde des Masques« , basée à Ouagadougou, mais c’est difficile à vérifier.

On trouve ensuite un financement de 5000 euros pour une curieuse « Association des Maires et Présidents d’intercommunalités des Alpes Maritimes » aussi exotique que « S.O.S SAHEL International France » basée à Asnières qui reçoit de la ville 60 000 euros, ce qui n’est pas rien.
Enfin, restons positifs. On note que les plus gros financements concernent des associations douaisiennes à tous les points de vue, ainsi les lieux culturels ou l’ACSD présentés plus haut. Une exception mais c’est pour une bonne cause. « CesArts » est certes localisée à La Ciotat mais elle travaille dans les Hauts de France où elle organise depuis 1992 le fameux Figra passé du Touquet à Douai récemment. Il nous en coûte 48 000 euros.

Et si on faisait un vœu ?

Une conclusion en forme de vœux qui resteront pieux, as usual, mais qu’on donne pour le fun :

1-Que la liste des associations aidées soit actualisée régulièrement, au titre des locaux qu’on leur prête et des financements qu’elles reçoivent. Il faut poser la question, pour ces derniers, des plus faibles montants dont l’utilité reste à prouver. Une limite minimale de subvention à 500 ou 1000 euros ne serait pas de trop pour éviter la vaporisation.

2-A la suite du point qui précède, une concentration de la stratégie communale associative quant à leur objet, leur intérêt et leurs effets serait hautement souhaitable pour affirmer des axes prioritaires. De même, est-il raisonnable d’aider en ordre dispersé des syndicats, des organismes para-publics, de très grosses associations nationales qui sont de toutes les façons subventionnées par d’autres ?

3-Enfin, pour répondre aux interrogations de cet article, on aimerait qu’un rapport soit publié chaque année sur la mise en œuvre des 31 conventions pluriannuelles d’objectifs (CPO) signées par la ville et qu’il en soit de même pour les autres associations aidées quant à leur plus-value objectivement mesurée. Ces éléments seraient mis ainsi à la disposition des Douaisiens pour leur parfaite et objective information.

BNF: tout ça pour ça!

BNF Douaisis

Bon, comme personne n’en parle, Douaivox® doit se dévouer. Pas la peine d’être long. Rappelons simplement les paroles de notre président départemental quand ont été connus les résultats du fameux « appel à manifestation d’intérêt » de la BNF. Tout le battage construit avec nos sous pour espérer qu’on installe chez nous son entrepôt de la presse n’a conduit à aucun résultat.

Souvenez vous. On devait tous se mobiliser pour le livre, ce truc sublime éclairant l’avenir du Douaisis et du monde. On avait même intérêt à le faire. Toute critique pouvait mener à l’excommunication civique pour crime de lèse-Gayant.

C’est Amiens, avec le soutien de l’ex presque président de la République, qui touche le gros lot et pas le Douaisis. Le boss est magnanime : « ce qui a fait la différence, c’est l’avis du personnel de la BNF, ce qui s’entend et se comprend. Le site amiénois va se situer en centre-ville» . Notons les justifications de l’échec. Choisir Flers comme implantation était donc idiot… Fallait mettre l’entrepôt dans Douai…

Dans tout ratage, se trouvent toujours, en cherchant bien, des raisons de se réjouir. Déjà et pour une fois, une fausse bonne idée ne s’est pas transformée en éléphant blanc payé par nos impôts. C’est déjà ça de pas pris.

On a en plus la possibilité, pour le coup, de mesurer immédiatement, sur un sujet précis, la compétence de nos élus professionnels. Quand un projet discutable ne dépend pas d’un conseil communautaire aux ordres, ça peut planter. C’est rassurant.
Ce constat sera plus compliqué à faire pour ces machins absurdes qui parsèment le Douaisis depuis une décennie. On découvrira un jour qu’ils étaient aussi coûteux qu’inutiles. Personne n’en sera responsable.

Sur ce fond bien connu d’impunité douaisienne, cette hystérie collective a d’abord été construite par nos parrains dans la perspective de leur réélection. L’entrepôt de la BNF sera ailleurs ? Pas grave. Les gogos y ont cru quand il le fallait. Le mandat est conservé. L’objectif est atteint. Les affaires continuent…

Le piège de la taxe foncière

Taxe Foncière

Le journal municipal « Douai ma ville » n’existerait pas, il faudrait l’inventer. Savourons les humbles informations qu’il nous délivre tous les mois. Ce florilège, qui ne franchit pas les portes de la ville, ne manque jamais d’intérêt.

Car des trucs essentiels se cachent dans ces pages entre une inauguration de vide-grenier et diverses autocélébrations censées démontrer au citoyen que ça baigne. Dans le fourre-tout de septembre/octobre (n°69),  un articulet attire l’attention du lecteur consciencieux.

Claque sur les taux

Son titre apparaît des plus inquiétants : « Mieux comprendre sa feuille d’impôts »… Ouh là, on pense tout de suite aux « facts-checking » qui fleurissent en ce moment et dont la prétention n’a d’égale que leur véracité relative.

Le chapeau annonce la couleur : « vous avez reçu votre avis de taxe foncière à régler avant le 15 octobre (…) Vous avez sans doute constaté des variations ». Un peu mon neveu, son taux est passé de 29,55% à 48,84% !

Pas de panique. Nos fact-checkers municipaux indiquent, concernant cette « légère » augmentation, à la fin de l’article dans une phrase qui a du être rajoutée in extremis quand on a pensé au rare payeur douaisien : « mais sans effet financier pour le contribuable »….
Aucune information n’explique ce prodige. T’inquiète coco, le taux explose, ça ne change rien pour toi. Fais nous confiance.

Douai Ma Ville Taxe foncière
DMV sacrifie au fact-checking

Echanges de taxes

Nous avons déjà évoqué dans Douai Vox les conséquences de la disparition de la taxe d’habitation. La martingale du prochain président départemental n’est pas bête. Si une grande taxe est supprimée, on conserve toutefois l’autre grosse, la taxe foncière sur les propriétés bâties (TFPB).

On se contente de retirer au département le bout qu’il en recevait afin de le donner à la commune pour compenser la perte de la TH. Les conseillers départementaux reçoivent en échange une portion de la TVA qui serait, parait-il, « dynamique » et « indolore ». Il est vrai qu’elle peut augmenter sans qu’on s’en aperçoive mais il y a un piège pour nos parrains dépensiers. Cette TVA étant nationale, ils ne pourront jamais en augmenter les taux. C’est toujours ça de pris.

Bien différente apparait la taxe foncière qui reste de fait la dernière ponction dont le taux reste à la main des élus. On se dit quand même que le glissement de 29,55% à 48,84% est une sacrée hausse qui devrait les calmer pour un bon bout de temps. Pour info, la TF a pris 30% d’augmentation entre 2009 et 2019 avec une accélération les dernières années…

Indolore et sans saveur

Il n’y a effectivement aucun effet pour les propriétaires. Ils assumeront comme avant le montant de la ponction communale et celle du département. La différence, c’est que cette somme est à présent au bénéfice de la seule commune.

On peut s’interroger sur l’affichage décidé par le gouvernement quant à cette addition curieuse de deux taux qui n’ont rien à voir entre eux. Celui du départemental portait sur des bases moyennes sans point commun avec celles des communes.

Quoi qu’il en soit, il faut se méfier, dans notre pays shooté à l’argent public gratuit sauf pour ceux qui paient, des effets profonds de cette réforme.

D’abord, certaines communes qui peuvent percevoir une taxe foncière départementale supérieure au revenu de leur taxe d’habitation, seront « écrêtées ». A l’inverse, celles dont le produit de la taxe foncière s’avère inférieur à cette dernière recevront une compensation.
Le gouvernement, qui touche l’impôt en premier, a tendance à ne pas restituer aux collectivités locales tout ce qu’il leur doit. Cela ne change rien pour les contribuables mais c’est toujours ça de pris pour lui. La preuve : il refuse de donner la liste de ces transferts évoqués plus haut, histoire d’éviter les comparaisons de ville à ville.

Pour l’instant, on reste sur une addition neutre. Mais il arrivera bien un jour où, à l’époque du « quoi qu’il en coûte » , la taxe foncière augmentera pour alimenter l’appétit insatiable de notre Léviathan public. En quarante ans, nous n’avons jamais connu une réduction de la ponction fiscale. Elle a même triplé en euros constants.

Faire payer les riches

N’oublions pas d’ailleurs que les gros contribuables continuent aujourd’hui de payer la taxe d’habitation. C’est d’ailleurs la philosophie de cette réforme : faire glisser sur les seuls proprios le coût de la suppression de la taxe d’habitation que tout le monde acquittait avant. Le processus n’est pas encore terminé. Il le sera en 2023 et même en 2026.
Car cette réforme s’appuie sur un moyen masqué : la révision des « bases » (valeur intrinsèque de la propriété) que personne n’a osé mettre en œuvre depuis… 1970.
Selon diverses projections, ce sont les propriétaires des biens anciens – avant 1950 – qui vont être largement estampés à l’inverse de ceux qui possèdent des biens récents. Et oui, ça va taxer dans les « beaux hôtels » du centre ville.

Ayons en tête ce qui précède en lisant les déclarations de notre maire au journal Libération quand il décrit « la belle endormie ». Selon ses dires, « le temps des villes à taille humaine est revenu. Douai cumule les avantages de la ville et les prix du périurbain : on peut acheter un hôtel particulier à 600 000 euros. Dans l’ancien, le mètre carré se négocie autour de 1 000 euros, contre 5 000 à Lille.
En plus de l’effet Covid, la suppression de la taxe d’habitation a également favorisé les villes moyennes en supprimant un désavantage concurrentiel par rapport aux communes périurbaines où elle était beaucoup plus faible. »

On aime les pauvres qui votent

Cette profession de foi est amusante tant elle paraît contradictoire avec l’évolution sociologique qui accompagne notre effondrement démographique. Si on perd du monde, le profil de ceux qui restent change aussi.
Douai accueille à présent beaucoup plus de gens à petits revenus, quand ils en ont, ainsi de nombreux migrants, des bénéficiaires des minimas sociaux (sans activité : 28,8%), des retraités (23%). Tous sont des locataires exonérés par principe de la taxe foncière.

Cette mutation sociale de Douai, qui s’accélère ces dernières années, va rencontrer la révolution de la fiscalité locale.

La TFPB, dernière « taxe à effet de taux » , commande de nombreuses péréquations. Ainsi les aides que l’Etat donne aux collectivités locales pour réguler les inégalités territoriales. Avec des pauvres de plus en plus nombreux, Douai devrait en profiter.

Autre avantage pour l’équipe en place, cette évolution conforte son socle électoral comme le montrent les résultats des dernières municipales. Une majorité socialo-communiste-verdâtre prospère sur la pauvreté au titre d’un « monopôle du coeur » bien connu.

Le système peut devenir inexpugnable si on y ajoute une floraison de logements sociaux. Il faut savoir qu’à l’inverse des propriétaires lambda, les bailleurs sociaux disposent d’une exonération de longue durée de la taxe foncière, comme certaines catégories de possédants privés (ceux dont les logements sont bénéficiaires de l’APL).

La route de l’enfer fiscal est pavée de bonnes intentions

Evidemment, ce montage est trop beau. Il y a un risque que ça dégénère.

D’une part, si ces populations permettent le maintien dans la durée d’une majorité municipale, elles réclament des aides nombreuses qui relèvent d’un accompagnement coûteux. La taxe foncière constituant l’unique recette de la commune, l’étroitesse de l’assiette aboutira au découplage des charges des recettes fiscales.

D’autre part, on peut espérer que l’Etat y pourvoira mais la réforme en cours découvre la question des exonérations de TF dont bénéficient les bailleurs sociaux. Devant l’inquiétude des maires largement dotés de ces derniers, le gouvernement, toujours prudent, refuse de porter à 100% sa compensation. Il est vrai qu’elle peut atteindre un demi milliard d’euros.

Enfin, comme souvent rappelé dans ces pages, le risque d’une fiscalité exclusivement portée sur les proprios (37% de la population, sans compter les exonérés) et, parmi eux, sur les plus gros de la ville (cf le bobard des hôtels à 600 000 sans taxe d’habitation) conduira à leur raréfaction, l’effondrement de la valeur du bâti et le découpage du patrimoine historique en studios à loyers aidés.

On aura, au final, une situation que Maurice Duverger aurait bien théorisée mais que Douai Vox® résumera d’un court aphorisme : ceux qui décident ne paieront pas et ceux qui paieront ne décideront pas, sinon avec leurs pieds.

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