Monoprix, multi-échecs

fermeture monoprix douai

Une nouvelle qui a déboulé récemment sur les rézosocios se confirme dans les journaux : la fermeture prochaine de notre bon vieux Monoprix. 87 ans de vie et hop ! C’est terminé pour le Monop’.
On rajoute cette catastrophe à toutes les autres, Kruidvat, déjà évoqué, mais aussi celles dont on n’entend pas parler.
Ces magasins qui disparaissent en douce après des années de fonctionnement ou, pire, après quelques mois d’ouverture quand quelques fous optimistes vérifient avec horreur la fragilité de leur business plan.

Les raisons de ces fermetures sont faciles à comprendre. Rien à voir avec le covid et la guerre en Ukraine. Quand un magasin n’a plus de clients. Il ne fait plus de bénéfice. Il accumule les pertes. Il coule. Voilà ce qui le pousse un jour à mettre la clé sous la porte et pas autre chose.
On voit bien ici et là de pauvres arguments justifiant des « aides » (évidemment publiques) pour retarder la funeste échéance. Ce sont des solutions provisoires qui n’empêchent rien. Il faut revenir au fond. Si tous nos magasins du centre ville ferment les uns après les autres, c’est que les clients ne s’y rendent pas.

Ensuite, arrive la question centrale : mais qu’est-ce qui les empêche ? Nous le savons tous. De loin, les zones commerciales périphériques offrent de meilleures raisons d’y aller (prix, accessibilité). De près, faire reposer une activité économique sur les seuls habitants d’un centre ville de plus en plus paupérisé, est absurde.

Car nous sommes maintenant arrivés au moment fatidique. Celui où la réduction de l’offre commerciale, sa pauvreté, ses lacunes conduisent le consommateur à ne plus considérer le centre ville de Douai comme un lieu valable pour y faire ses courses. La spirale est enclenchée. Il devient impossible de la briser. Le mal est fait.

Mais pas de panique, nos édiles veillent. Ils savent. Ils ont tout compris. Ils sont efficaces. Ils anticipent. D’ailleurs ça se voit. Les ouvertures sont égales aux fermetures parait-il. Sans blague. Mettre sur le même plan l’ouverture d’un tacos halal dans la périphérie avec la fermeture d’un magasin comme Monoprix ou Kruidvat, c’est de l’escroquerie intellectuelle.

fermeture monoprix douai
C’est beau, un Monop’, la nuit, à Douai….

Le plus terrible dans cette affaire est sans doute, outre leur impunité, l’entêtement de ceux qui contribuent à un échec aussi massif. Un peu comme les Khmers verts qui poussent à la disparition du nucléaire en s’étonnant ensuite du prix de l’électricité, nos élus professionnels s’obstinent dans l’erreur.
Si ça ne marche pas c’est qu’on n’a pas été assez loin dans la piétonnisation et dans l’empêchement de la bagnole pour accéder au centre ville. C’est ainsi qu’il faut regarder ces travaux débiles qui réduisent les possibilités de stationnement, entre autres pour les vélos que peu de gens utilisent (dans tous les cas pas les élus) ou encore pour des trams en forme de bus dont l’offre – certes gratuite avec nos sous – est d’une fabuleuse médiocrité.

Ce n’est pas grave, on va vous en remettre de la mobilité douce. Vous allez en bouffer de la marche à pied. Elle va sauver la ville. Ne doutons pas que notre rue de Bellain ressemblera aux cheminements des cimetières. Ils sont calmes, paisibles mais mortifères.
Il ne restera du centre de Douai que cette belle rue piétonne, minérale et glacée, transformée avec nos impôts en paradis à l’abri des lois du marché, celui des opticiens, des pharmaciens, des banquiers, des services administratifs échoués là faute de mieux.
Il subsistera dans ces voies mortes, rassurons nous, quelques ilots de vente de produits frais encerclés, au mieux de fast-foods lamentables ou de vendeurs de fringues misérables mais, au pire, par une multitude grandissante de cellules abandonnées livrées à la désolation et au mépris.

Associations lucratives sans but

Volontaires et bénévoles d'associations

Il est de ces sujets qui ne peuvent qu’intéresser les douaisinologues. Les « associations à but non lucratif » en font partie surtout quand elles traversent l’actualité locale.

Le recours a échoué

Chacun sait que le maire de Douai, Frédéric Chéreau, décidé à défendre les intérêts de sa capitale – et ça c’était bien – candidat aux élections départementales, n’a pu, mais de peu, terrasser son terrible adversaire.
Christian Poiret est devenu, grâce à sa courte victoire, le président du plus gros département de France. 2,6 millions d’habitants pour 345 voix. C’est le résultat qui compte. Admirons l’exploit…

Un recours a suivi ce scrutin serré. Ce qu’on sait des moyens soulevés, c’est qu’ils n’étaient pas minces. Des membres d’une association de quartier auraient assuré certains électeurs d’obtenir des avantages matériels contre un vote en faveur du conseiller sortant.

Si le tribunal a confirmé ces faits, il a statué au final sur le maintien du résultat. Dont acte. Certains pourraient penser que des fautes ne se jugent pas à leur nombre mais dans ces sujets, l’angle du magistrat est mathématique, pas moral. Le volume des truandages doit être équivalent à la différence des voix pour avoir faussé l’élection. Ce n’était pas le cas.

La mairie ne paie plus

Cette affaire a connu un rebondissement lors du dernier conseil municipal où a été décidée la suspension de la subvention de l’association concernée, « Deux mains ensemble », bien connue au faubourg de Béthune.
Le débat qui a suivi était intéressant quant au positionnement des uns et des autres mais surtout l’utilité d’une association de quartier dans l’univers politique local. C’était un peu un festival d’arrière-pensées du genre « il vaut mieux ne pas dire ce qu’on a vraiment dans la tête ».

Notre maire s’est abstenu au titre de l’implication procédurale expliquée plus haut. La dame LREM a défendu l’association au nom de « ses 5000 adhérents », ce qui peut toujours être utile. L’insoumis douaiziaglossiste a joué l’arbitre. Il aurait eu du mal à critiquer son patron communautaire.
Si, au final, la majorité municipale désunie a quand même voté cette délibération, retenons l’intervention de Katia Bittner qui a parfaitement résumé le problème. Ces pratiques inadmissibles piétinent les valeurs démocratiques tout en prenant des citoyens en otage. On est d’accord.

Une association « loi 1901 »

Pour annoncer la couleur de notre propos, nous avons repris en titre celui de l’excellent bouquin du regretté Pierre-Patrick Kaltenbach qui disait tout vingt cinq ans plus tôt, notamment l’exigence de transparence et de contrôle qui devraient s’imposer à ces très françaises associations dans lesquelles le pire côtoie souvent le meilleur.

La loi de juillet 1901 a autorisé les citoyens qui le souhaitaient à « s’associer » librement, décision qui rompait avec le mode répressif traditionnel. Toutes sortes d’organisations (clubs, sociétés, amicales etc.) bravaient déjà le pouvoir et cela d’autant plus qu’elles ne constituaient aucune menace pour l’ordre public.
La « liberté » sans cesse mise en avant de nos jours doit être nuancée pour cette loi qui préparait la séparation de l’église et de l’Etat. Elle visait d’abord l’interdiction des congrégations religieuses qui restaient, elles, soumises à l’autorisation. Il s’agissait pour les braves Républicains laïcs de séparer le bon grain de l’ivraie.

Mais que prévoyait ce fameux article 5….

Quoi qu’il en soit, rappelons quand même les bases de ce texte fondateur. Une association est une société de personnes de droit privé. Outre l’interdiction du profit, son fonctionnement doit reposer sur les cotisations de ses membres.
Aucun autre financement n’est de droit, ce que contredit « l’explosion associative subventionnée » qu’on constate depuis des décennies dans notre pays. L’effet de la multiplication des associations (de 700 000 à 1,5 million en vingt ans) est connu : celles qui ne réclament pas, un jour ou l’autre, une portion d’argent public gratuit sont rares.

Des bienfaits du contrôle

Les péripéties de l’association de quartier citée plus haut permettent de s’inquiéter quand on observe ses caractéristiques, emblématiques à bien des égards.

D’abord des chiffres mirobolants répétés dans les médias : ses « 100 bénévoles », ses « 5040 adhérents » (le quartier compte 7000 habitants…), ses « nombreuses actions » mais surtout, on en parle moins, des subventions qu’elle reçoit chaque année et pas seulement les 36 000 euros de la commune. Tout cela mériterait sans doute quelques vérifications objectives.

Car il faut ensuite poser la question de son rôle, de son statut, des appétits qu’elle suscite et qui expliquent beaucoup de postures. Une grosse association intervient à des degrés divers dans des rapports de forces qui ne sont jamais innocents. Plus encore dans une commune paupérisée comme la notre où une aide sociale aussi sacralisée que multiforme peut déboucher sur des dérives scandaleuses.

On nous dira que les liens d’une municipalité avec ses associations construisent un système qui satisfait tout le monde.
Il est bon en effet, pour un maire, de disposer de groupes organisés – plus ils sont gros et mieux c’est – qui peuvent le soutenir aux échéances électorales. Il peut même arriver – enquête à faire – que leurs dirigeants soient conseillers municipaux et qu’on ait été les chercher pour cette raison.
En retour, la commune les aide activement matériellement par un prêt de local, une subvention ou, mieux, les deux. Le bouclage est parfait. Il l’est encore plus quand il se cache devant « l’intérêt général », lequel, comme la femme de César, est insoupçonnable par définition.
Les édiles diront que ces associations « font du bon boulot », qu’elles « accompagnent la population qui en a le plus besoin » etc. Bref, qu’elles assurent une « mission de service public » . C’est sans doute vrai mais cela doit-il se traduire par un soutien de leurs adhérents dans les urnes ?

L’autre question – transgressive – concerne l’utilité de ces associations dans un pays qui est, en termes de dépenses sociales, champion du monde mais surtout leur complémentarité avec les structures publiques qui interviennent dans les mêmes domaines.
Il faut ajouter enfin l’ardente obligation dont on ne doute pas qu’elle soit celle des payeurs comme des dépensiers : la vérification régulière de la plus-value de l’action en termes d’effets sur les bénéficiaires… rapportés au coût global.

Subventions et locaux aux associations de Douai

Il existe un intéressant tableau qui renseigne sur les subventions que la ville apporte aux associations douaisiennes. On peut saluer qu’il soit disponible dans un territoire où la quête de l’information ressemble souvent à un jeu de piste (mise à jour, avril 2022, le tableau n’est plus là…).

Ce document (un pdf…) n’est évidemment pas exhaustif. On y trouve les associations qui ont obtenu de la commune un prêt de local ou un abondement financier. Celles qui échappent à ces deux caractéristiques – espérons qu’elles soient nombreuses – n’y sont pas répertoriées.

En 2020, 289 associations ont ainsi été aidées par les impôts des Douaisiens en nature et en budget. Sur ce total, 128 ne bénéficient que d’un local et 161 souvent en plus du local, d’une subvention.

On doit probablement se réjouir d’avoir dans notre ville un tel nombre et une telle variété. On dira que c’est un signe de la vigueur du bénévolat et une preuve de l’engagement au service des autres. Les péripéties de « Deux mains ensemble » peuvent écorner ces beaux principes mais ne jetons pas le bébé avec l’eau du bain.
Si certaines associations, faute de contrôle, ont une éthique incertaine, la plupart sont utiles à plusieurs titres. Elles profitent ainsi du désintéressement de leurs animateurs, plaisent à leurs adhérents, tout en apportant à leurs éventuels bénéficiaires des loisirs, de la culture, des arts, des activités sportives ou un très divers accompagnement social.

Un tri sommaire peut être réalisé par les sujets qui précèdent. Ce n’est pas une tâche facile. Certaines ont un nom hermétique qui ne dit rien quand d’autres naviguent hors des radars, sans référence nulle part. Les associations sont des organismes vivants qui naissent et qui meurent. Leurs pilotes – comme les modes qui les motivent – ne sont pas éternels.
Ce tableau complète les perceptions économiques ou sociologiques qu’on peut avoir de Douai. Les associations sportives et sociales remplacent peu à peu les vieilles solidarités, fond ancien de la loi de 1901 (amical, syndical, paroissial…).

La répartition par grandes catégories démontre, c’est banal, que le sport, le social et les loisirs sont très représentés à Douai. Plus finement, comme le prouve le tableau ci-dessous, la proportion des associations subventionnées selon ces thèmes varie en revanche significativement. Quand 72% des associations sportives en profitent, toutes les autres tournent autour de 50%. Bref, pour avoir de la fraîche, vaut mieux porter un maillot.

Un budget de plus de 4 millions chaque année

Quant aux subventions, leur total se monte à 4,1 millions d’euros. On peut penser que c’est peu mais tout autant croire le contraire. Ce chiffre représente un bon quart des investissements annuels de la commune. Il faudrait ajouter le coût théorique du prêt des locaux mais sa mesure est difficile. Dans certains cas, si les bâtiments et les impôts fonciers sont importants, ce poste peut être lourd.
La moyenne des subventions par association est d’environ 26 000 euros, chiffre qui masque une certaine vaporisation de la manne. Les arts et culture sont bien servis (85 000 euros en moyenne) quand les loisirs/jeux sont à 7000 euros.

Part moyenne par thèmes subventions Douai

Bien entendu, une moyenne peut être trompeuse surtout quand certaines associations reçoivent de fort montants et d’autres de très faibles. La plus modeste subvention est de 150 euros (Club des cheminots retraités du Douaisis) tandis que la plus importante monte à 684 000 euros.
Elle concerne l’Hippodrome dont on aurait pu croire qu’il était un EPIC mais qui n’est en fait qu’une modeste association au titre de la loi de 1901. Deux gros postes ensuite, l’Ecole d’art à 231 000 euros, la MJC à 47 000 euros. Ensemble, ces sommes expliquent la hauteur de la subvention moyenne des associations culturelles.
La deuxième subvention en importance profite à l’association des Centres Sociaux de Douai (ACSD) qui émarge à 538 000 euros. On a ainsi, avec l’Hippodrome, les deux jambes de la ville – culturelle et sociale – mais il n’est pas certain qu’elles s’emmêlent souvent.

On retrouve enfin, dans la répartition du gâteau, la trilogie sport/ social/ culture qui émarge au dessus du quart du budget global.

Subventions par thèmes des associations Douai

Il faut peigner cette longue liste pour y repérer des choses étonnantes dont on ne doute pas qu’elles aient une explication rationnelle.

Ainsi, de ne pas y trouver les Gayants compte tenu du fonctionnement de la corporation des porteurs. Elle possède des règles, gère des sous, reçoit un financement qu’on imagine conséquent et profite d’un local municipal dont le coût doit bien exister quelque part. Entreprise privée, EPCI, EPIC, fondation, administration publique, confrérie, société secrète ? On sèche un peu.

Autre surprise. On peut recevoir une aide de Douai quand on n’y est pas basé (24% du total) mais sans doute, l’action est-elle douaisienne. On trouve bien sûr des associations nationales (la Croix Rouge est parisienne comme les Restaurants du Coeur sont lillois).
Lille nous envoie 11 associations, Paris et Lambres 6, Sin 5, Lauwin-Planque 4, Waziers, Cuincy, Marcq, Arleux, Roost et Arras 3. Enfin 8 communes de la CAD et 11 du département abritent chacune une association douaisienne. 4 du reste de la France et 1 à l’étranger (Burkina Faso) complètent cette répartition. Pour cette dernière, ASAMA (4725 euros), il s’agit peut être de l’association pour la « Sauvegarde des Masques« , basée à Ouagadougou, mais c’est difficile à vérifier.

On trouve ensuite un financement de 5000 euros pour une curieuse « Association des Maires et Présidents d’intercommunalités des Alpes Maritimes » aussi exotique que « S.O.S SAHEL International France » basée à Asnières qui reçoit de la ville 60 000 euros, ce qui n’est pas rien.
Enfin, restons positifs. On note que les plus gros financements concernent des associations douaisiennes à tous les points de vue, ainsi les lieux culturels ou l’ACSD présentés plus haut. Une exception mais c’est pour une bonne cause. « CesArts » est certes localisée à La Ciotat mais elle travaille dans les Hauts de France où elle organise depuis 1992 le fameux Figra passé du Touquet à Douai récemment. Il nous en coûte 48 000 euros.

Et si on faisait un vœu ?

Une conclusion en forme de vœux qui resteront pieux, as usual, mais qu’on donne pour le fun :

1-Que la liste des associations aidées soit actualisée régulièrement, au titre des locaux qu’on leur prête et des financements qu’elles reçoivent. Il faut poser la question, pour ces derniers, des plus faibles montants dont l’utilité reste à prouver. Une limite minimale de subvention à 500 ou 1000 euros ne serait pas de trop pour éviter la vaporisation.

2-A la suite du point qui précède, une concentration de la stratégie communale associative quant à leur objet, leur intérêt et leurs effets serait hautement souhaitable pour affirmer des axes prioritaires. De même, est-il raisonnable d’aider en ordre dispersé des syndicats, des organismes para-publics, de très grosses associations nationales qui sont de toutes les façons subventionnées par d’autres ?

3-Enfin, pour répondre aux interrogations de cet article, on aimerait qu’un rapport soit publié chaque année sur la mise en œuvre des 31 conventions pluriannuelles d’objectifs (CPO) signées par la ville et qu’il en soit de même pour les autres associations aidées quant à leur plus-value objectivement mesurée. Ces éléments seraient mis ainsi à la disposition des Douaisiens pour leur parfaite et objective information.

BNF: tout ça pour ça!

BNF Douaisis

Bon, comme personne n’en parle, Douaivox® doit se dévouer. Pas la peine d’être long. Rappelons simplement les paroles de notre président départemental quand ont été connus les résultats du fameux « appel à manifestation d’intérêt » de la BNF. Tout le battage construit avec nos sous pour espérer qu’on installe chez nous son entrepôt de la presse n’a conduit à aucun résultat.

Souvenez vous. On devait tous se mobiliser pour le livre, ce truc sublime éclairant l’avenir du Douaisis et du monde. On avait même intérêt à le faire. Toute critique pouvait mener à l’excommunication civique pour crime de lèse-Gayant.

C’est Amiens, avec le soutien de l’ex presque président de la République, qui touche le gros lot et pas le Douaisis. Le boss est magnanime : « ce qui a fait la différence, c’est l’avis du personnel de la BNF, ce qui s’entend et se comprend. Le site amiénois va se situer en centre-ville» . Notons les justifications de l’échec. Choisir Flers comme implantation était donc idiot… Fallait mettre l’entrepôt dans Douai…

Dans tout ratage, se trouvent toujours, en cherchant bien, des raisons de se réjouir. Déjà et pour une fois, une fausse bonne idée ne s’est pas transformée en éléphant blanc payé par nos impôts. C’est déjà ça de pas pris.

On a en plus la possibilité, pour le coup, de mesurer immédiatement, sur un sujet précis, la compétence de nos élus professionnels. Quand un projet discutable ne dépend pas d’un conseil communautaire aux ordres, ça peut planter. C’est rassurant.
Ce constat sera plus compliqué à faire pour ces machins absurdes qui parsèment le Douaisis depuis une décennie. On découvrira un jour qu’ils étaient aussi coûteux qu’inutiles. Personne n’en sera responsable.

Sur ce fond bien connu d’impunité douaisienne, cette hystérie collective a d’abord été construite par nos parrains dans la perspective de leur réélection. L’entrepôt de la BNF sera ailleurs ? Pas grave. Les gogos y ont cru quand il le fallait. Le mandat est conservé. L’objectif est atteint. Les affaires continuent…

Le piège de la taxe foncière

Taxe Foncière

Le journal municipal « Douai ma ville » n’existerait pas, il faudrait l’inventer. Savourons les humbles informations qu’il nous délivre tous les mois. Ce florilège, qui ne franchit pas les portes de la ville, ne manque jamais d’intérêt.

Car des trucs essentiels se cachent dans ces pages entre une inauguration de vide-grenier et diverses autocélébrations censées démontrer au citoyen que ça baigne. Dans le fourre-tout de septembre/octobre (n°69),  un articulet attire l’attention du lecteur consciencieux.

Claque sur les taux

Son titre apparaît des plus inquiétants : « Mieux comprendre sa feuille d’impôts »… Ouh là, on pense tout de suite aux « facts-checking » qui fleurissent en ce moment et dont la prétention n’a d’égale que leur véracité relative.

Le chapeau annonce la couleur : « vous avez reçu votre avis de taxe foncière à régler avant le 15 octobre (…) Vous avez sans doute constaté des variations ». Un peu mon neveu, son taux est passé de 29,55% à 48,84% !

Pas de panique. Nos fact-checkers municipaux indiquent, concernant cette « légère » augmentation, à la fin de l’article dans une phrase qui a du être rajoutée in extremis quand on a pensé au rare payeur douaisien : « mais sans effet financier pour le contribuable »….
Aucune information n’explique ce prodige. T’inquiète coco, le taux explose, ça ne change rien pour toi. Fais nous confiance.

Douai Ma Ville Taxe foncière
DMV sacrifie au fact-checking

Echanges de taxes

Nous avons déjà évoqué dans Douai Vox les conséquences de la disparition de la taxe d’habitation. La martingale du prochain président départemental n’est pas bête. Si une grande taxe est supprimée, on conserve toutefois l’autre grosse, la taxe foncière sur les propriétés bâties (TFPB).

On se contente de retirer au département le bout qu’il en recevait afin de le donner à la commune pour compenser la perte de la TH. Les conseillers départementaux reçoivent en échange une portion de la TVA qui serait, parait-il, « dynamique » et « indolore ». Il est vrai qu’elle peut augmenter sans qu’on s’en aperçoive mais il y a un piège pour nos parrains dépensiers. Cette TVA étant nationale, ils ne pourront jamais en augmenter les taux. C’est toujours ça de pris.

Bien différente apparait la taxe foncière qui reste de fait la dernière ponction dont le taux reste à la main des élus. On se dit quand même que le glissement de 29,55% à 48,84% est une sacrée hausse qui devrait les calmer pour un bon bout de temps. Pour info, la TF a pris 30% d’augmentation entre 2009 et 2019 avec une accélération les dernières années…

Indolore et sans saveur

Il n’y a effectivement aucun effet pour les propriétaires. Ils assumeront comme avant le montant de la ponction communale et celle du département. La différence, c’est que cette somme est à présent au bénéfice de la seule commune.

On peut s’interroger sur l’affichage décidé par le gouvernement quant à cette addition curieuse de deux taux qui n’ont rien à voir entre eux. Celui du départemental portait sur des bases moyennes sans point commun avec celles des communes.

Quoi qu’il en soit, il faut se méfier, dans notre pays shooté à l’argent public gratuit sauf pour ceux qui paient, des effets profonds de cette réforme.

D’abord, certaines communes qui peuvent percevoir une taxe foncière départementale supérieure au revenu de leur taxe d’habitation, seront « écrêtées ». A l’inverse, celles dont le produit de la taxe foncière s’avère inférieur à cette dernière recevront une compensation.
Le gouvernement, qui touche l’impôt en premier, a tendance à ne pas restituer aux collectivités locales tout ce qu’il leur doit. Cela ne change rien pour les contribuables mais c’est toujours ça de pris pour lui. La preuve : il refuse de donner la liste de ces transferts évoqués plus haut, histoire d’éviter les comparaisons de ville à ville.

Pour l’instant, on reste sur une addition neutre. Mais il arrivera bien un jour où, à l’époque du « quoi qu’il en coûte » , la taxe foncière augmentera pour alimenter l’appétit insatiable de notre Léviathan public. En quarante ans, nous n’avons jamais connu une réduction de la ponction fiscale. Elle a même triplé en euros constants.

Faire payer les riches

N’oublions pas d’ailleurs que les gros contribuables continuent aujourd’hui de payer la taxe d’habitation. C’est d’ailleurs la philosophie de cette réforme : faire glisser sur les seuls proprios le coût de la suppression de la taxe d’habitation que tout le monde acquittait avant. Le processus n’est pas encore terminé. Il le sera en 2023 et même en 2026.
Car cette réforme s’appuie sur un moyen masqué : la révision des « bases » (valeur intrinsèque de la propriété) que personne n’a osé mettre en œuvre depuis… 1970.
Selon diverses projections, ce sont les propriétaires des biens anciens – avant 1950 – qui vont être largement estampés à l’inverse de ceux qui possèdent des biens récents. Et oui, ça va taxer dans les « beaux hôtels » du centre ville.

Ayons en tête ce qui précède en lisant les déclarations de notre maire au journal Libération quand il décrit « la belle endormie ». Selon ses dires, « le temps des villes à taille humaine est revenu. Douai cumule les avantages de la ville et les prix du périurbain : on peut acheter un hôtel particulier à 600 000 euros. Dans l’ancien, le mètre carré se négocie autour de 1 000 euros, contre 5 000 à Lille.
En plus de l’effet Covid, la suppression de la taxe d’habitation a également favorisé les villes moyennes en supprimant un désavantage concurrentiel par rapport aux communes périurbaines où elle était beaucoup plus faible. »

On aime les pauvres qui votent

Cette profession de foi est amusante tant elle paraît contradictoire avec l’évolution sociologique qui accompagne notre effondrement démographique. Si on perd du monde, le profil de ceux qui restent change aussi.
Douai accueille à présent beaucoup plus de gens à petits revenus, quand ils en ont, ainsi de nombreux migrants, des bénéficiaires des minimas sociaux (sans activité : 28,8%), des retraités (23%). Tous sont des locataires exonérés par principe de la taxe foncière.

Cette mutation sociale de Douai, qui s’accélère ces dernières années, va rencontrer la révolution de la fiscalité locale.

La TFPB, dernière « taxe à effet de taux » , commande de nombreuses péréquations. Ainsi les aides que l’Etat donne aux collectivités locales pour réguler les inégalités territoriales. Avec des pauvres de plus en plus nombreux, Douai devrait en profiter.

Autre avantage pour l’équipe en place, cette évolution conforte son socle électoral comme le montrent les résultats des dernières municipales. Une majorité socialo-communiste-verdâtre prospère sur la pauvreté au titre d’un « monopôle du coeur » bien connu.

Le système peut devenir inexpugnable si on y ajoute une floraison de logements sociaux. Il faut savoir qu’à l’inverse des propriétaires lambda, les bailleurs sociaux disposent d’une exonération de longue durée de la taxe foncière, comme certaines catégories de possédants privés (ceux dont les logements sont bénéficiaires de l’APL).

La route de l’enfer fiscal est pavée de bonnes intentions

Evidemment, ce montage est trop beau. Il y a un risque que ça dégénère.

D’une part, si ces populations permettent le maintien dans la durée d’une majorité municipale, elles réclament des aides nombreuses qui relèvent d’un accompagnement coûteux. La taxe foncière constituant l’unique recette de la commune, l’étroitesse de l’assiette aboutira au découplage des charges des recettes fiscales.

D’autre part, on peut espérer que l’Etat y pourvoira mais la réforme en cours découvre la question des exonérations de TF dont bénéficient les bailleurs sociaux. Devant l’inquiétude des maires largement dotés de ces derniers, le gouvernement, toujours prudent, refuse de porter à 100% sa compensation. Il est vrai qu’elle peut atteindre un demi milliard d’euros.

Enfin, comme souvent rappelé dans ces pages, le risque d’une fiscalité exclusivement portée sur les proprios (37% de la population, sans compter les exonérés) et, parmi eux, sur les plus gros de la ville (cf le bobard des hôtels à 600 000 sans taxe d’habitation) conduira à leur raréfaction, l’effondrement de la valeur du bâti et le découpage du patrimoine historique en studios à loyers aidés.

On aura, au final, une situation que Maurice Duverger aurait bien théorisée mais que Douai Vox® résumera d’un court aphorisme : ceux qui décident ne paieront pas et ceux qui paieront ne décideront pas, sinon avec leurs pieds.

Gloire au grand timonier !

Christian poiret mao le grand timonier

C’est de bonne guerre. Si notre merveilleux « Douai ma ville » a reçu quelques attentions de la part de Douai Vox, il convient qu’on en fasse de même avec « Douaisis Agglo Le Mag » qui vient d’arriver dans nos boites aux lettres.

Il veille sur chacun d’entre nous

Bien entendu, comme tout support de communication « corporate  » , il ne faut pas espérer trouver autre chose qu’un hymne à la gloire de la communauté d’agglomération et celle de son président, ci-devant candidat aux prochaines élections du canton de Douai.

Actualité oblige, le projet du silo de la BNF est en bonne place dans l’édito du patron où on est bien en peine de trouver une justification des retombées concrètes du bidule.

Le petit livre rouge du grand timonier
La Révolution culturelle en marche dans le Douaisis

On a plutôt droit à un pari en forme d’effet papillon. L’éventuel mouvement d’une page d’imprimé va transformer tout Douaisien en bout de chaine en lecteur compulsif adepte de la connaissance.
On résume : outre « l’apprentissage de la lecture » (hein ? quoi ?), le stockage d’imprimés, c’est bon pour la « culture  » .

Tout le pouvoir aux non-inscrits !

Abordons ensuite l’incroyable page des « Tribunes ». L’organe officiel offre aux « groupes » de Douaizizaglo® la possibilité de s’exprimer. Comme à Douai, le principe n’est pas celui de la liberté mais celui en plus poussé de la propagande à multiplicité unique.  

Il fallait de la diversité. Comme les pains du Christ, elle s’invente à partir de rien. D’un côté « alliance et apparentés non-inscrits » et de l’autre le « mouvement des élus non-inscrits (MENID) ».
Vous avez compris le message. La politique dans notre territoire, c’est d’abord une affaire étrangère à tout parti, toute obédience, toute opinion, toute doctrine, sauf celles et ceux du parrain tout puissant.
Le « poiretisme » ne s’inscrit nulle part. Ni à gauche, ni à droite, ni en bas, ni en haut, ni dehors, peut être un peu dedans pour les seuls initiés.

Quant aux « groupes », pour le premier qu’on va appeler l’AANI, le présentateur est le co-listier cantonal de la douaisienne LREM récemment délocalisée avec la bénédiction du parrain, maire de Sin le Noble, Christophe Dumont. Le second – on n’a plus à présenter le célébrissime MENID – s’est choisi comme porte-parole Jean Luc Hallé, maire d’Hamel (700 habitants, 40 ans de mandat).

Le grand architecte du Douaisis

Qui a connu le monde communiste aujourd’hui disparu peut se persuader que ces écrivains émérites y ont été formés avec Monsieur K.
Les objectifs du plan quinquennal, « grand bond en avant » (大跃进) du parti non inscrit dans un parti, sont détaillés, tous émanant de la volonté du guide apportant le bonheur aux peuples, le bien-aimé Chairman Mao, oups ! Président Poiret.

Douaisis agglo le mag

Employant le « nous » de majesté, Christophe Dumont se réjouit « de la nouvelle initiative du Président Poiret (ne pas oublier la majuscule) de mobiliser le territoire » pour la BNF.
Si on n’avait pas saisi, « l’idée de départ est excellente ». Mieux de le dire si d’aventure on le pense. Parfait Christophe, votre place d’héritier putatif du grand dirigeant du parti qui n’a rien à voir avec les partis, est en bonne voie.

Le camarade Hallé n’est pas en reste. Il est vrai qu’il a l’habitude d’apporter un soutien inconditionnel au chef, clé de son parcours prodigieux. Le dithyrambe est rodé.
Nous voilà sauvés par le « dynamisme renforcé par une gestion exemplaire du Président Poiret qui nous donne les moyens d’investir mieux ». Suivent les éléphants blancs habituels, Arkeos, Loisiparc, Legendoria, bla bla, bla. On y voit même un bizarre « sourcéance » qu’on doit à l’auteur, peut être un secrétaire des séances du conseil d’agglo.

Culte de la personnalité subventionné ?

Chacun sait qu’on n’est jamais mieux aidé que par soi même. C’est encore plus malin quand c’est fait avec l’argent public qui permet une diffusion dans tous les foyers du Douaisis.
Quand on s’y arrête, il est assez amusant de penser que tout le monde paie ce tract, qu’on soutienne ou pas le président bien aimé. D’où les interrogations qui doivent saisir tout lecteur par définition contribuable :
l’organe communautaire doit-il célébrer les œuvres d’un candidat aux élections cantonales ?
-Cette arme, sans commune mesure avec celle dont profitent ses concurrents, est-elle légale ?
Mais que devient au final l’article 52-8 du Code électoral ?

Sin, Sin, c’était dans mon programme

Amis de la poésie bonsoir,
Comme le dit l’intéressée régulièrement : il fallait oser
—————————————–

Douai c’était moi, j’en étais l’héroïne, l’unique
Douaizizaglo l’ennemi, j’allais lui faire la nique

Douai pour toi, je mènerai seule la révolte
Douaizizaglo mon adversaire, mais mais… virevolte !

Les alliés, les fans, assommés par la nouvelle
S’interrogent. Un départ de Douai ? Oh non, pas elle
Bientôt, la fuite est confirmée. Juste un petit bond
Cadeau du parrain malin sauvé dans son canton

La grosse couleuvre, fallait l’avaler en silence
Gageure majeure même pour le notaire vieille France
Entendre en plaidoirie qu’on défend Douai à Sin
Et dire à Douai sans rire qu’on défendra Sin sans fin

L’ambition s’impose. Devant elle, tout disparait
Il y a l’intérêt de Sin, le sien mais pas celui de Douai
La vertu tuée d’un coup par le bras corrupteur
Comme l’insoumis perdu oubliant ses valeurs

Un mandat pour moi, c’est ce que j’ai toujours cherché
Vous m’avez aidée, vous m’aiderez quand je serai perchée
Là haut dans le département, celui qui m’a vue naitre
Vous m’y verrez souvent près de mon nouveau maître

Ainsi élue, ma place, la mienne, belle et riche chose
La seule qui compte, refrain connu de ceux qui osent
La grande cité décline, ailleurs est mon destin
A moi l’indemnité : je prends mes sous à Sin !

BNF : t’as intérêt à être pour

Stockage BNF du douaisis

Et bé, ça matraque, ça pilonne, ça communique dans tous les sens. Voilà même qu’aujourd’hui tombe dans nos boites aux lettres un tract émanant de Douaizizaglo® intitulé « Tous mobilisés pour la BNF dans le Douaisis ». C’est beau un territoire défendant les bouquins. On dirait la liberté guidant le peuple.

Faut pas mollir

En spécialistes, on cherche, même écrit en tout petit, à savoir d’où ça vient, qui l’a imprimé, bref, les fameuses mentions légales. Elles manquent. On sourit à penser que ce précieux document ne pourra pas, pour cette raison, se trouver archivé dans le futur « conservatoire de la presse », alias cette mythique « BNF », qui en est la raison d’être. C’est bien dommage.

A l’évidence, on sent les élections approcher. Après le coup de la gratuité des transports qui visait à persuader les Douaisiens que le Père Noël serait candidat aux cantonales, nous voilà donc tous mis en demeure d’approuver la nouvelle lubie du seigneur de Lauwin-Planque. Y’a intérêt à être pour, il n’y a pas d’autre option et d’ailleurs faudra voter pour lui. Il y va du salut de la patrie.

Le père noël mobilisé pour la BNF du Douaisis
Bad Santa in Skarpland…

Sommés de soutenir un projet en forme de miracle, on y va et pas mollo sinon gare à vous : « montrez votre soutien », « rejoignez nous », mettez votre trombine dans le logo etc. Les réseaux sociaux sont en surchauffe. C’est à qui déclarera sa foi la plus pure aux yeux de tous. On attend les maillots floqués, les écharpes et les auto-collants. On n’est pas inquiets. On les aura.

On ne lésine pas

Sur le tract, la liste des soutiens montre qu’on a un peu bâclé. Pas trop de hiérarchie dans les vignettes. Des élus, des collectivités, des associations, des entreprises. Après tout, pourquoi pas ? Les éléments de langage sont montés à la truelle. Ils n’ont d’ailleurs pas vocation à être lus. « On soutient » (15 citations quand même), « une chance pour le Douaisis », « une opportunité » et « même au fond de nos campagnes » proclame le maire d’Hamel vice-président à 771 habitants et 270 électeurs. Ce qui compte ce sont les photos et les logos, pas le fond.

Tract de Douaisis Agglo On se mobilise
Un tract ? Une notice ? Un prospectus ? Un bulletin électoral ?

Le « parrain » y est en bonne place, bien en haut et bien au milieu. Même avec un torticolis, on ne peut pas le louper. Son adversaire, maire de Douai, est mis à droite. Il n’a pas l’air content. Son espace d’expression a été mesuré au millimètre comme la taille du drapeau de la Corée du Nord à Panmunjeom. Il en profite pour délivrer son programme : réseau de bibliothèques, médiathèque, salons du livre jeunesse et du polar. N’en jetez plus, c’est un sans faute. Voilà « l’Athènes du Nord » ressuscitée.

Tous les élus, syndrome de l’unanimisme bien connu chez nous, enfourchent le cheval bibliothécaire. Si on n’y voit pas la tête de la patronne du « shadow cabinet » qui offre à la ville tout ce que le maire ne peut obtenir, se hausse du col son camarade de parti, député de la circonscription.
Juste en dessous, subtil équilibre politique, on repère l’ami Bruneel, ce qui n’étonne pas. Pour les Communistes Apolitiques du Douaisis (CAD), plus c’est payé par les riches qui ne votent pas pour eux, mieux c’est.

S’agissant d’une affaire de « bibliothèque », on se rassure de voir le patron de « IN Groupe », le bon père Trutt. Pour les non initiés – encore que le sigle est un indice – son entreprise gère entre autres l’Imprimerie Nationale. De cette dernière, comme pour l’URSS, Castoriadis aurait pu dire que ses deux termes sont deux mensonges. Ce n’est plus tout à fait une imprimerie et, société anonyme depuis 1993, elle n’est plus du tout nationale. On s’étonne par contre de l’absence sur le manifeste de Pierre Coursières, le big boss du Furet. L’imprimé qui sauve l’attractivité du territoire c’est quand même lui. Comment ? Il ne « soutient » pas ?

Plus inquiétante enfin est la place réservée aux Lillois décidément en force sur la double page. Chaque Douaisien un peu au courant de l’histoire de sa ville à l’obligation de se méfier des « soutiens » émanant d’une grande métropole qui nous taille des croupières à chaque occasion. Il faut vraiment se dire que si Castelain, Aubry et Lecerf soutiennent cette opération c’est qu’elle n’a pas grand intérêt… pour eux.

Un peu de rationalité dans une hystérie collective ne fait jamais de mal. On a bien conscience qu’une petite voix dissonante a peu de chance d’être écoutée mais il ne suffit pas d’espérer pour entreprendre.

D’abord de quoi s’agit-il ? Contrairement au battage médiatique qui vise à empêcher le citoyen de penser, nous ne sommes pas sur un projet gigantesque assimilable à la bibliothèque Mitterrand de Tolbiac. Ce n’est en aucun cas non plus une opération pharaonique dans le genre du Louvre-Lens.

Soyons précis

Depuis François Ier, la Bibliothèque Nationale doit enregistrer le fameux « dépôt légal », bref tout ce qui s’imprime dans le pays. Dans l’appel à projet, on lit que « ce nouveau pôle sera doté d’un conservatoire spécifiquement dédié à la collection de presse de la BnF ». En gros, cette partie devenue à l’étroit dans la capitale doit trouver un entrepôt de « 15000 mètres carrés, sur un terrain avec possibilité d’extension ».

Dans les documents qu’elle produit – qui ne sont pas les mantras de Douaizizaglo®l’institution « cherche à nouer un partenariat fort avec une collectivité territoriale pour construire un projet d’avenir, qui doit permettre d’assurer la pérennité de collections patrimoniales uniques et de valoriser la collection de presse, dont la valeur historique, culturelle et éducative est majeure ».

On sent qu’il faut dans cet « appel à manifestation d’intérêt » (AMI) attirer le chaland en saupoudrant un peu de sucre culturo-patrimonial sur le gâteau. Pour autant, au delà du métalangage écrit avec les pieds, se pose la question de l’usage concret du lieu.

Sans doute les « soutiens » pensent-ils – tout en n’ayant jamais mis les pieds à « Richelieu » ou à « l’Arsenal »aux milliers de « chercheurs » venant cartable à la main compulser de précieux documents. Pour information, dans le bilan annuel de la BNF, 220 personnes en 2019 ont sollicité le fonds presse. Ce nombre est en baisse constante depuis quelques années.

Une bonne idée ou pas ?

Tout le reste, tel qu’il est évoqué par les « soutiens » , n’est pas pour autant impossible. On peut imaginer qu’à côté du dépôt, on puisse trouver des animations, des projets accessoires qui donneraient au stockage un peu plus d’intérêt. On aimerait dès lors savoir qui les mettra en œuvre car immédiatement passent devant les yeux du contribuable des images bien nettes du Raquet enlisé, d’Arkeos en mal de visites sauf celles des cambrioleurs, de Sourcéane en déficit et surtout d’Hôpital Général en perdition.

La même trouille saisit le Douaisien quand il découvre les projets du maire. N’osons même pas envisager leur concrétisation avant la fin du mandat. Nous sommes quand même dans une ville qui a tué trois librairies en quelques années. Elle possède une bibliothèque, véritable œuvre d’art des années 50, qu’elle a abandonnée à elle même depuis des lustres. Une médiathèque, si possible en périphérie. Du livre partout. Quelle bonne idée.

Les travaux de la BNF ont commencés
Le chantier de la médiathèque de l’Athènes du Nord. A droite, Flines les Râches.

Pas dans Douai, évidemment

D’ailleurs, le choix du site fait tiquer. Pourquoi, encore une fois, mettre cette BNF mirobolante en dehors de Douai ? On n’y manque pas d’espaces disponibles, ni de bâtiments énormes abandonnés. Si nous étions des « Verts », à l’image de notre passionaria locale qui voit tous les sujets par leur périphérie écologique, nous nous inquiéterions des 15000 m2 que mangera le futur entrepôt. Ils s’ajouteront aux centaines d’hectares agricoles perdus pour une culture qui n’est pas la bonne (rien que 80 ha depuis 2009 à Lauwin-Planque).

C’est Flers en Escrébieux qui a touché le gros lot. L’AMI réclame une « situation à 3 heures de Paris en voiture et 2 heures en transports entre une gare parisienne et le point de desserte en transports en commun le plus proche ». On plaint l’utilisateur qui, après avoir trouvé Gare du Nord un TGV vers le Douai lointain, devra à son arrivée chercher un autre moyen de déplacement pour se rendre dans la zone de conservation. Il est vrai qu’en théorie le bus est gratuit.

Les chercheurs de la BNF du douaisis craig-whitehead-jpg
Descendu du quai, le chercheur cherche le tram, il ne voit que des bus. Vont-ils quand même vers la lointaine BNF du Douaisis ?

Un AMI qui vous veut du bien

Autre questionnement, le statut de cet « appel à manifestation d’intérêt » (AMI). Sa caractéristique principale, étrange, est « de ne pas être défini par les textes » . Outil hybride, certes souple, il possède une faiblesse dont les juristes seuls ont conscience. Outre de pouvoir être « utilisé à mauvais escient » , il risque une « requalification en contrat de la commande publique » qui déclencherait une avalanche de contentieux. Le tramway, ça ne vous dit rien ?

Comme toujours, il faut se demander combien coûte « cette chance pour le Douaisis  » . Selon la BNF, son montant « est estimé entre 70 et 90 millions d’euros » , ce qui veut dire qu’avec les dépassements habituels, on sera plutôt aux alentours de 100, une fois et demie le budget de la commune.

Ensuite, qui paiera ? Là encore lisons : « L’AMI vise au-delà, à trouver un partenaire pour le très long terme afin de soutenir le financement de l’investissement du pôle de conservation » . En bon français, le « partenaire » c’est nous, ce qui veut dire qu’il faudra mettre la main au porte-monnaie pour que ça marche. Comme tout ce que réalise Douaizizaglo®, ce beau produit ne nous sera pas donné, nous devrons l’acheter.

Remarque ultime, on ne peut qu’être surpris de cet emballement pour un stockage d’imprimés sous forme physique. La BNF, c’est le célèbre Gallica qui permet de son fauteuil d’accéder à des sources numériques infinies. Cette idée de dépôt parait contradictoire avec les évolutions technologiques actuelles. Comment à l’ère de l’immatériel triomphant, justifier l’existence d’un silo ? N’est-ce pas un combat d’arrière garde ? Après avoir approché les 300 000, le nombre de « fascicules de périodiques imprimés » est en baisse constante, un peu au dessus de 220 000 en 2018…

Pour autant, qu’on ne se trompe pas sur notre propos. A condition d’un coût maîtrisé et d’un bilan serré des avantages, il serait idiot de refuser à un établissement public d’installer une antenne dans le Douaisis.
Comme toute activité logistique, ainsi chez Amazon, un hangar peut toujours créer du boulot. La BNF compte un peu plus de 2000 employés sur 7 sites dont 4 en Ile-de-France. A vue de nez, on aura 100 personnes dans un 8eme « conservatoire », soit 1/4 des emplois directs du tourisme dans le Douaisis. C’est toujours bon à prendre mais il ne s’agit en aucun cas de la révolution culturelle qu’on nous vend.

Appariteur du site BNF du Douaisis en quête d’un magazine du dépôt légal

Le produit, c’est vous

Pour être encore plus clair en conclusion, ce que nous dénonçons c’est la posture de ces promoteurs qui prennent les citoyens pour des gogos. On surjoue pour les « fédérer » autour d’un dossier sans jamais en évoquer les inconvénients et l’utilité réelle.
Cet excès d’agitation n’a pas d’autre but que de servir, non pas un projet dont l’appel n’est d’ailleurs pas encore gagné, mais d’abord l’intérêt des maîtres du jeu local.
On balance entre l’incompétence et le cynisme. La situation actuelle des projets de Douaisis Agglo, tous des catastrophes déficitaires, militerait pour la première. Mais préférons la seconde pour sa posture diabolique qui, jouant sur la fierté locale, rend toute critique illégitime.
Selon la BNF, ce lieu de conservation délocalisé sera au mieux livré en 2028 (n+6 après le choix du site) mais c’est un détail trivial. Vous avez compris le message. Ne risquez pas l’excommunication. Le soutien aux élus sortants, rois de la dépense, c’est maintenant.

Kruidvat disparu, le roi est nu

fermeture magasin kruidvat douai

La récente annonce du groupe hollandais Kruidvat de fermer son magasin de la rue de Bellain est une grosse pierre sombre, tombale, qui s’ajoute à toutes celles, plus petites mais tout aussi noires, qui s’égrènent depuis une décennie sur notre chemin déclinant.  

Mesurer le déclin

Cette enseigne, logée dans un des plus beaux bâtiments de la « Croix de Douai », offert avec une multitude de facilités à nos amis bataves, disparaît après deux courtes années de fonctionnement.

On glosera sur les raisons de ce retrait qui ne peuvent évidemment être séparées des situations sanitaires actuelles, du moins en apparence et selon les déclarations des dirigeants du groupe. Dès la nouvelle de cette catastrophe, comme à son habitude, notre maire a joué l’effet d’annonce, histoire d’atténuer l’impact du désastre : « on va trouver rapidement un repreneur ».

Ben voyons.

Tout Douaisien qui parcourt le centre-ville ne peut éviter de voir ce qui ne s’avoue jamais officiellement, la disparition implacable de ses commerces. Si aucune mesure ne peut l’enrayer, il est certain qu’une absence de mesures la favorisera radicalement.

Les circonstances sanitaires constituent un défi pour toutes les villes de France, y compris sa capitale. Elles doivent être analysées comme une épreuve absolue dont ne pourront émerger que les structures les plus solides et les plus saines, ce qui est loin d’être le cas de tous les commerces de Douai.

Maintenir le dogme

On nous dira qu’il existe un projet d’envergure qui va révolutionner la cité en répondant à tous ses maux d’un seul coup. Il s’agit de cette fameuse piétonnisation qui a suscité beaucoup de réactions dans la ville et sur les réseaux sociaux. Notre sondage lui même a apporté quelques lumières sur ce dossier mais surtout une conclusion en forme de pari qu’Aragon n’aurait pas renié : il y a ceux qui croient au ciel piétonnier et ceux qui n’y croient pas.

Une interrogation s’impose. On peut se demander si les patrons de Kruidvat, informés des risques d’une folie qui conduira à la paralysie complète de la rue de Bellain durant une bonne année sinon plus, n’ont pas mesuré de près le risque qu’ils prendraient à maintenir un commerce en difficulté. On peut ajouter qu’il ne faut jamais attendre d’un néerlandais la moindre philanthropie comme Douai l’a déjà expérimenté dans le passé (APTS…).

Quoi qu’il en soit, il est vrai que la perspective de cette piétonnisation ne peut manquer d’effrayer le moindre entrepreneur. Quel commerçant oserait miser son capital dans un environnement aussi répulsif ? Il lui suffira, avant de fuir, d’observer la rue de la mairie fermée le week-end aux véhicules au bénéfice des piétons. Le bipède masqué y est bien rare quand souffle la bise sur les vitrines abandonnées.

Cette voie qui fonctionne couci-couça permet de s’inquiéter des effets d’une longue rénovation. On ne parlera pas de La Charpente tuée net par les travaux de la rue de la Mairie mais de l’intérêt à remettre en cause des projets incertains. Quand la crise surgit, l’adaptation aux circonstances est une question de vie ou de mort. Elle réclame, dans une volonté de salut public, une réévaluation des postures. Sursoir à une décision soulevant trop d’oppositions ou par trop douteuse, Jacques Vernier, le mentor, le guide, le visionnaire, en était pourtant passé maître…

A ce stade, le maintien du dogme – quoi qu’il en coûte – qui pourrait laisser croire que la barre est fermement tenue, confirme au contraire l’incroyable impuissance de notre municipalité. Toute notre vie collective subit une crise dont les conséquences vont être incalculables.

Notre édile, pourtant au centre de tout, du Douaisis comme de sa ville, ne change pas ses plans, ne renverse surtout pas la table. Kruidvat nous quitte. Tous les sous de l’opération « Coeur de Ville » ne peuvent l’empêcher.

Numéroter ses abattis

Bien cruelles apparaissent les initiatives venues d’ailleurs. Privé de sa vice-présidence, notre maire est à présent entré en conflit ouvert avec Douaizizaglo® qui saute sur la moindre occasion pour le mettre en défaut.

La dernière livraison, toute récente, de notre chère, très chère, communauté d’agglomération, est celle d’une gratuité des transports que le maire a toujours combattue. Cette décision vise sans doute – sous des motivations d’apparence où se disputent « l’écologie » et le « social » – à lui démontrer qu’il ne sert à rien puisqu’on ne lui demande même pas son avis.

Évidemment, avant d’être mise à exécution, cette opération électorale en forme de triangulation réclame quelques préalables : ainsi l’accord nécessaire, sous le mode de la menace chère au parrain lauwin-planqué, de la communauté de communes Cœur d’Ostrevent (CCCCCO). Il faudra aussi faire un peu de GRH, ainsi transformer le personnel commercial du SMTD en machinistes ou en vigiles. Trois fois rien…

On aura compris que ces conflits sont à replacer dans la perspective prochaine des élections cantonales. Ce scrutin renvoie à la célèbre théorie des dominos. Si le patron absolu de la communauté d’agglo (382 électeurs en bas, 157 millions d’euros en haut) ne passe pas la rampe, il ne sera pas président du conseil départemental, ni président de la région, ni président de la République, ni président du monde.

fermeture kruidvat douai
On vous laisse deviner qui est Peppone. On vous aide, c’est un ami des communistes.

La rupture s’est d’ailleurs officialisée sur ce sujet en décembre dernier. Frédéric Chéreau, lors d’un conseil communautaire digne des plus grands moments de Don Camillo, a dénoncé les manœuvres du président – du chantage, rien que ça – qui chercheraient à l’empêcher de se présenter à ces très importantes élections.

Préparer les cantonales

On peut d’ailleurs amèrement regretter la suppression du site de Douaizizaglo® de ce morceau d’anthologie. Son visionnage – 6 heures quand même – devrait être imposé à tous les électeurs du Douaisis pour leur complète édification. Toute la palette des sentiments humains – mais pas les plus beaux, on vous rassure – y étaient exposés sans aucun filtre.

Mince ! Douaizizaglo® supprime ce qui gêne…

Nous pourrions rire de ces péripéties si elles n’avaient pas pour nous tous des conséquences dramatiques. Elle sont d’ailleurs parfaitement perçues par le patron de la communauté d’agglomération qui évite soigneusement de mettre en ligne les séances du conseil, ce qui prouve qu’il est bien conscient de leurs effets délétères sur l’opinion locale. Pour vivre heureux dans nos mandats, restons cachés.

Si nous sommes certains que le « seigneur de Lauwin-Planque » sera candidat à sa succession, obligatoire pour conserver son empire, il n’est pas du tout assuré que notre maire soit sur cette position de combat.

Un magasin de plus qui ferme, mais que fait le maire ?
L’étonnant courrier du Maire à ses administrés. Il n’est candidat à rien mais alors pourquoi se plaindre ?

L’honneur devrait le pousser à être candidat au nom de sa ville mais à Douai, tout est possible, y compris un arrangement souterrain entre les deux ennemis. Cette « guerre » est asymétrique. Le maire de Douai a plus à perdre dans un bras de fer que le patron de Douaizizaglo® comme le montrent jour après jour les décisions du second après lesquelles court le premier.

la guerre entre douaisis agglo et le maire de douai
On passera sur l’ignoble écriture inclusive car l’impuissance est parfaitement expliquée : ni Le Raquet, ni EuraDouai ne sont à Douai.

Nous voilà donc tous pris en tenaille entre un maire isolé, sans parti, sans amis, qui ne peut rien faire et un président absolu qui fait n’importe quoi. De deux maux, il faut toujours choisir le moindre mais là, il faut reconnaître une égalité totale des offres.

Nous pourrions échapper au découragement si se levait une troisième voie, une alternative, un sursaut, un candidat incontestable et incontesté. Un De Gaulle ou une Jeanne d’Arc, enfin un truc local approchant. Ben, c’est pas gagné.

L’étonnante assurance du parrain quant à sa réélection démontre qu’il a tout verrouillé avec sa science de la « combinazione » qui fait tout son charme. La disparition d’une partie de ses concurrents pointe à l’horizon. Il y aura, n’en doutons pas, de grandes surprises avant le premier tour du scrutin départemental. Le roi de Douai est nu mais il n’est pas le seul, ses concitoyens le sont aussi…

Droit de réponse simultané

droit de réponse simultané -Douai ma ville

Nous nous sommes déjà penchés sur cette rubrique qu’on trouve à présent tout à la fin – et non plus au début – de l’inénarrable « Douai ma ville ». Ce magazine est censé laisser comme partout, sauf en Biélorussie, un peu de parole à l’opposition puisqu’il est payé par tous les habitants.

On note en passant – les glissements sémantiques sont toujours éclairants – que la « tribune libre » s’est transformée en « expressions politiques », formule qui démontre, par la disparition du seul mot important, que la liberté n’est probablement pas la condition première de ces notules.

Plus intéressante encore, car géniale, apparaît la martingale utilisée par le maire pour noyer le poisson de la contradiction dans un océan de majorité municipale.

Pour atténuer l’impact des opposants, Frédéric Chéreau a trouvé le moyen de donner à ses « alliés » du Conseil un droit de parler autonome. Les opposants réels (LREM, RN et Douaisiagglossiste) sont donc mis en équilibre avec le PS, les Verts et l’avatar « l’humain d’abord », formule qui doit désigner, mais nous n’en sommes pas certains, le PC.

Évidemment, l’exercice auquel sont soumises ces diverses personnalités n’est pas toujours simple. Rédiger un topo au  volume calibré, probablement réclamé à la dernière minute, peut s’avérer une gageure pour beaucoup de monde. On fait vite, on fait mal.

On pourra toutefois objecter qu’une « expression libre » existe dans chaque DMV et qu’il serait parfaitement possible d’anticiper. Un malin pourrait même, comme un feuilleton à la Zevaco ou la Dumas, rédiger à l’avance les 72 épisodes en prenant comme argument les problèmes de Douai. La distance peut être tenue.

Les Gauches plurielles cataloguent

Commençons par le PS. Difficile d’échapper à l’inventaire qui doit cocher toutes les cases de la pensée de « Gauche ». Il faut du jeune – check ! – il faut du vivre ensemble – check ! – il faut du futur – check ! – il faut de « l’1kluzif », dûment utilisé par ce professeur des écoles dont on espère qu’elle n’enseigne pas cette abomination à ses élèves – check !

douai ma ville droit de réponse checklist socialiste
Check !

Passons ensuite aux Ecolos. Ce n’est plus un inventaire, c’est un catalogue aussi vert que celui de Manufrance. Il faut s’inquiéter parce que son auteur, étoile qui monte, veut nous vendre de la « transition », ce machin bien inquiétant qui doit transformer tout Douaisien en vélocipédiste nourri au quinoa dans sa baraque isolée chauffée à l’éolien. Rassurons nous, c’est pour notre bien, c’est pour notre santé.

la transition energétique dans les Hauts de France droit de réponse
Le Nord après la transition

Finissons enfin en beauté par le PC « allié de F. Chéreau ». On précise, parce que dans notre Douaisis cette obédience peut tout aussi bien soutenir la droite agglomérée ou un programme immobilier. Là encore, ça démarre et finit par de « l’1kluzif » qui sera à n’en pas douter la marque visible du mandat à défaut de résultats concrets. On y parle enfin de la crise sanitaire mais aussi mais surtout de tous ces services et dépenses sociales que les contribuables devront financer pour que Douai ait son avenir radieux. Lecteurs, ça va taxer !

L’opposition abuse du pipotron

Commençons la lecture par la prose de notre nouveau vice-président douaisiagglossiste qui, malheureusement, ne fait pas mention de sa toute nouvelle qualité, ni même de l’important dossier dont il est chargé à la communauté d’agglomération : le tourisme. C’est bien dommage. Là encore, production d’une liste assez contradictoire par la diversité des thèmes embrassés où l’écologie, religion actuelle, est évidemment en bonne place. On relève quand même une critique sur la réforme des « conseils de quartiers ». Jeune homme déjà un peu notable, encore un effort pour être révolutionnaire !

droit de réponse - douai ma ville - le tourisme
Che le tourisme !

L’opposition LREM évoque la crise sanitaire sur un mode que nous nous sommes habitués à entendre ces derniers mois. Celui du « nous » sauveur du monde, apportant à l’humanité souffrante « la santé » qui lui ferait défaut, parce qu’on connait des médecins. Quand on le relit bien, ce texte paraît surgir du très utile et célèbre « pipotron » qui fabrique des formules au kilomètre. Retenons que ces dernières, c’est logique, sont fortement teintées d’une écologie incantatoire qui tient lieu, là aussi, de prêt à penser.

Enfin, comme à son habitude vacharde, le représentant du RN tape là où ça fait mal, sur la récente et incroyable amélioration des indemnités du maire. Cette décision prise au sortir des élections, qui a eu les honneurs de la presse nationale, se retrouve à juste titre dans notre magazine. Très précis et méchant, notre jeune homme règle les comptes. Leurs montants peuvent faire rêver beaucoup de monde : 1800 euros par mois soit 130 000 euros de plus sur un mandat. Ah oui, quand même…

Liberté chérie, liberté coûteuse

Le plus amusant, c’est que cette mention a déplu à l’intéressé au point de le pousser à réagir pour contrer l’effet désastreux de cette révélation. La tribune n’étant plus « libre » mais « politique » , le patron y complète son éditorial de la première page. On se croirait à Douaisis Agglo.

En langage chéralien, le « directeur de publication » (alias le maire) exerce « un droit de rectification simultané ». Cette formule amphigourique ressemble assez à la défense menée dans les médias locaux et nationaux, à savoir que cette délibération, qui augmente son revenu, respecte « un formalisme obligatoire et reprend l’équation définie par l’État ».

Vous êtes comme nous. On n’y comprend rien. Pour parler clair, on a peu de mal à savoir si le maire touche plus aujourd’hui qu’hier. On croit comprendre que c’est « légal » et que la réduction du nombre de conseillers (41 à 39) pourrait conduire à augmenter en proportion les indemnités individuelles, donc peut être celle du maire. Après, on est perdus.

douai ma ville - l'augmentation du maire
droit de réponse - douai ma vile

Il y a pourtant un moyen très simple de mettre fin à cette polémique qui, comme une tunique de Nessus, va évidemment plomber le mandat. La publication des virements indemnitaires, sur le principe d’avant/après, réglerait le débat définitivement. Combien le maire recevait-il en septembre 2019 et combien touche-t-il un an plus tard ?

La question, elle est vite répondue. Bisou.

Douaisis Agglo, rififi à Palerme sur Scarpe

Il y a une phrase qu’on entend souvent : « les électeurs s’en moquent ». Ce refrain vise à convaincre l’auditeur de l’inutilité d’une réaction à tout ce qui choque dans notre territoire.  On n’est pas loin de l’unanimisme qui relève de la même logique : pas la peine de s’opposer aux décisions qui engagent notre avenir, tout le monde est pour. Ce fatalisme imposé possède aussi une autre version, plus ferme, celle du « c’est comme ça et pas autrement ». Circulez, il n’y a rien à voir.

Refusons ces injonctions. Impossible de passer sous silence les suites de l’élection municipale covidienne, celles qui se sont produites du côté de Douaizizaglo® .

Douai martyrisé

Ces conclusions ont été, voilà peu, devant les yeux ébahis de l’opinion, les désignations du président et autres vice-présidents de la communauté d’agglomération.

Si l’élection du « roi du village » ne faisait guère de doute – le verrouillage était en place depuis longtemps – les désignations des instances exécutives resteront dans les mémoires tant elles ont été un camouflet jeté au visage des Douaisiens et celui de Frédéric Chéreau en particulier.

Dans ses cauchemars les plus noirs, Douai n’aurait jamais pu imaginer que son maire ne puisse être élu vice-président de Douaisis Agglo qui lui doit son nom. Pas grave, il paraît que les électeurs s’en moquent.

Le pire, sans aucun doute, est de constater que ces décisions tiennent à la volonté d’un seul homme, lequel n’écoutant que sa toute puissance a décidé qu’il en serait ainsi et pas autrement.

Douai brisé

Douaisis agglo du rififi à Palerme plage - shannon-mckague

De quoi Christian Poiret est-il le nom ? Il est d’abord une menace qui fait taire tous ceux qui craignent pour leur situation professionnelle, financière, personnelle. La parole n’est pas libre dans le Douaisis. Nous en voulons pour preuve l’étonnant succès de cet article. Aucun partage, peu de « like », faibles réactions… publiques mais une audience qui classe ce post parmi les plus lus du site, ce qui n’est pas peu dire.

Il faut peut être effectivement, comme l’a expérimenté l’infortuné maire de Douai, ne pas trop gêner le parrain. Ce nom lui va bien. Il rappelle certaines méthodes exotiques relevant de l’avertissement en forme de menace : « c’est moi le boss, ne me cherche pas, tu n’en as pas les moyens ».

Ces arguments à la « Cosa Nostra » pour justifier le châtiment donné aux Douaisiens prouvent cette logique binaire. On n’est pas dans le despotisme éclairé, on est dans la vengeance sicilienne. Frédéric Chéreau n’aurait pas du augmenter le nombre de conseillers de Douai. Il a osé défier le patron. Crime de lèse-majesté, il ne sera pas vice-président, le pauvre, pour avoir fait mine d’être président.

Douai outragé

De quoi Christian Poiret est-il encore le nom ? Oublions l’adepte de la « vendetta » pour découvrir le faiseur de ducs.  

Battu au doigt et à l’oeil, le maire de Douai doit boire le calice jusqu’à la lie. Le parrain lui met dans les jambes un vice-président issu de l’opposition de son conseil municipal. Son pouvoir lui permet en effet de dissoudre l’idéalisme du jeune homme dans le mirage d’un mandat hors sol, hors de toute logique politique, hors de toute majorité électorale, et qui ne tient qu’à son bon vouloir.

Le patron en fait d’ailleurs de même pour féminiser son Etat-Major, sans doute enfin conscient du ridicule des 100% de masculinité qu’on y trouvait précédemment. Devenues duchesses, certaines dames avouent gênées « qu’elles n’avaient rien demandé ». Mais c’est le propre de l’absolutisme : le maître décerne les honneurs, les responsabilités, les indemnités comme ça lui chante. Il décide dans la solitude de sa pensée mais ce n’est pas grave, les électeurs s’en moquent.

Il fait enfin encore mieux, encore plus incroyable. Il nomme, encore une fois vice-président, avec l’aval d’un conseil communautaire aux ordres, le maire déchu d’une ville voisine, seconde gifle magistrale délivrée à la souveraineté élective mais surtout à tous les Aubygeois.

Plus c’est gros, plus ça passe. Le président affirme agir au nom d’une « compétence ». Elle est peut-être immobilière et sera utile pour dynamiser Le Raquet. La vérité est ailleurs. Ces communistes défroqués – Oulianov et Marchais doivent se retourner dans leurs tombes – sont essentiels pour assoir le pouvoir du « capo di tutti capi » … de droite.

Douai emprisonné

De quoi Christian Poiret est-il enfin le nom ? Il est à l’évidence, au delà de ces dérives, le symbole de ces catastrophiques communautés d’agglomération qui voient leurs compétences accentuées d’année en année alors que s’éloigne la légitimité électorale de leurs instances dirigeantes. On a plus affaire aujourd’hui à l’élection d’un doge de Venise qu’à celui d’un exécutif rendant compte fidèlement du profil et de l’importance démographique des populations.

Douaizizaglo®, c’est un bidule qui permet à un maire dont la légitimité initiale est celle d’une liste unique à 382 voix – le score de Jacques Brenot à Douai, qu’il nous pardonne – de diriger en monarque absolu un territoire de 150 000 habitants.

Si encore ce règne était celui de l’efficacité, nous pourrions peut être pardonner ces travers. Or, ce qu’on a depuis dix ans, ce n’est pas du tout une amélioration de la situation du Douaisis. Le patron aligne ses « éléphants blancs » avec la régularité des ponts sur la Scarpe – Arkéos, Sourcéane, Le Raquet, bientôt boulodrome, planétarium, patinoire – mais l’absence d’information sur l’équilibre de ces coûts prouve à l’évidence qu’il n’existe pas.

Combien de décisions prises à la « va comme je te pousse » sans la moindre justification économique, combien de financements vaporisés sans logique d’ensemble, combien d’arbitrages à la tête du client – oups ! – de l’élu. Ce n’est pas grave, les électeurs s’en moquent et le « boss » a toujours raison.

Douaisis agglo du rififi à Palerme plage - @Tampographe sardon
Cherche pas j’ai raison ! @ le tampographe

Douai libéré, enfin !

Si le rififi auquel on a assisté à Douaizizaglo® est révoltant, il possède néanmoins un avantage : plus rien ne pourra plus jamais être comme avant. Nous avons eu cette fois-ci la suprême faute de goût, l’excès de pouvoir dans toute sa splendeur. Il faut se persuader comme le disaient nos anciens qu’il n’y a jamais loin du Capitole à la roche Tarpéienne et c’est maintenant qu’il faut le prouver.

Nous avons remarqué qu’une opposition d’un nouveau genre, parfois teigneuse, s’est élevée en dépit des difficultés que peut créer cette instance verrouillée de tous les côtés pour ceux qui y amènent la contradiction.

Aux bonnes questions répondent des formules indignes qui font honte à notre démocratie. Ce n’est pas grave, non pas parce que les électeurs s’en moquent, mais parce qu’au contraire cette pratique inacceptable commence à transpirer dans l’opinion douaisienne. A trop chatouiller le « vint’ d’osier » , on prend le risque de réveiller le Gayant.

Si de telles dérives éloignent les citoyens des urnes, elles sont aussi le moyen de les pousser à réagir. L’arme du soulèvement est justement le bulletin de vote, celui des futures élections cantonales, mandat dont notre maître absolu tire l’origine de son pouvoir. Saisissons nous de cette possibilité.

Besoin d’un vaccin contre le MENID?

Le seigneur de douaisis agglo - rififi à Palerme plage -gant-laborde

Et si on inventait le MERID ?

Si Douai, faisant fi de tous les clivages politiques (bon d’accord, on est dans la science-fiction), s’unissait pour qu’une alternative soit possible aux élections départementales prochaines, elle aurait les clés du scrutin.
Un peu d’arithmétique : la ville qui est toute entière dans le canton depuis la réforme de 2015 pèse plus que toutes les autres communes qui le composent :
-Cuincy : 4800 électeurs.
-Lambres : 3800.
-Flers : 3500.
-Courchelettes : 1900.
-Lauwin-Planque : 1400.
-Esquerchin : 600.
Soit un total de 16 000 électeurs potentiels opposés aux vigoureux et nombreux 26 000 Douaisiens.
Deux éléments encore plus favorables :
1-Il faut tenir compte des taux de participation qui dépassaient en 2015 tout juste 50%, sachant que Douai était très en dessous avec seulement 39% de votants. Autrement dit, le réservoir douaisien peut faire la différence.
2-Il existe dans ces communes des opposants au conseiller départemental tout puissant, y compris dans son village. S’il a obtenu 529 voix en 2015, 249 lauwinois, qui à la différence des municipales avaient cette fois-ci le choix, ont voté contre.
A l’inverse, notre ville lui a apporté les 5907 voix sur les 10858 qui lui ont permis de devenir conseiller départemental puis vice-président du CD59 et, si on croit comprendre, le possible successeur du président bientôt retraité. Quelle ingratitude.
Créons donc le MERID qui doit faire pièce au célébrissime MENID. Ce Mouvement d’Expulsion Rapide dans l’Intérêt des Douaisiens, apolitique comme son modèle, sera à ne pas en douter aussi efficace pour reprendre la main et.. le pouvoir.
Tous aux urnes !

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