BNF : t’as intérêt à être pour

Stockage BNF du douaisis

Et bé, ça matraque, ça pilonne, ça communique dans tous les sens. Voilà même qu’aujourd’hui tombe dans nos boites aux lettres un tract émanant de Douaizizaglo® intitulé « Tous mobilisés pour la BNF dans le Douaisis ». C’est beau un territoire défendant les bouquins. On dirait la liberté guidant le peuple.

Faut pas mollir

En spécialistes, on cherche, même écrit en tout petit, à savoir d’où ça vient, qui l’a imprimé, bref, les fameuses mentions légales. Elles manquent. On sourit à penser que ce précieux document ne pourra pas, pour cette raison, se trouver archivé dans le futur « conservatoire de la presse », alias cette mythique « BNF », qui en est la raison d’être. C’est bien dommage.

A l’évidence, on sent les élections approcher. Après le coup de la gratuité des transports qui visait à persuader les Douaisiens que le Père Noël serait candidat aux cantonales, nous voilà donc tous mis en demeure d’approuver la nouvelle lubie du seigneur de Lauwin-Planque. Y’a intérêt à être pour, il n’y a pas d’autre option et d’ailleurs faudra voter pour lui. Il y va du salut de la patrie.

Le père noël mobilisé pour la BNF du Douaisis
Bad Santa in Skarpland…

Sommés de soutenir un projet en forme de miracle, on y va et pas mollo sinon gare à vous : « montrez votre soutien », « rejoignez nous », mettez votre trombine dans le logo etc. Les réseaux sociaux sont en surchauffe. C’est à qui déclarera sa foi la plus pure aux yeux de tous. On attend les maillots floqués, les écharpes et les auto-collants. On n’est pas inquiets. On les aura.

On ne lésine pas

Sur le tract, la liste des soutiens montre qu’on a un peu bâclé. Pas trop de hiérarchie dans les vignettes. Des élus, des collectivités, des associations, des entreprises. Après tout, pourquoi pas ? Les éléments de langage sont montés à la truelle. Ils n’ont d’ailleurs pas vocation à être lus. « On soutient » (15 citations quand même), « une chance pour le Douaisis », « une opportunité » et « même au fond de nos campagnes » proclame le maire d’Hamel vice-président à 771 habitants et 270 électeurs. Ce qui compte ce sont les photos et les logos, pas le fond.

Tract de Douaisis Agglo On se mobilise
Un tract ? Une notice ? Un prospectus ? Un bulletin électoral ?

Le « parrain » y est en bonne place, bien en haut et bien au milieu. Même avec un torticolis, on ne peut pas le louper. Son adversaire, maire de Douai, est mis à droite. Il n’a pas l’air content. Son espace d’expression a été mesuré au millimètre comme la taille du drapeau de la Corée du Nord à Panmunjeom. Il en profite pour délivrer son programme : réseau de bibliothèques, médiathèque, salons du livre jeunesse et du polar. N’en jetez plus, c’est un sans faute. Voilà « l’Athènes du Nord » ressuscitée.

Tous les élus, syndrome de l’unanimisme bien connu chez nous, enfourchent le cheval bibliothécaire. Si on n’y voit pas la tête de la patronne du « shadow cabinet » qui offre à la ville tout ce que le maire ne peut obtenir, se hausse du col son camarade de parti, député de la circonscription.
Juste en dessous, subtil équilibre politique, on repère l’ami Bruneel, ce qui n’étonne pas. Pour les Communistes Apolitiques du Douaisis (CAD), plus c’est payé par les riches qui ne votent pas pour eux, mieux c’est.

S’agissant d’une affaire de « bibliothèque », on se rassure de voir le patron de « IN Groupe », le bon père Trutt. Pour les non initiés – encore que le sigle est un indice – son entreprise gère entre autres l’Imprimerie Nationale. De cette dernière, comme pour l’URSS, Castoriadis aurait pu dire que ses deux termes sont deux mensonges. Ce n’est plus tout à fait une imprimerie et, société anonyme depuis 1993, elle n’est plus du tout nationale. On s’étonne par contre de l’absence sur le manifeste de Pierre Coursières, le big boss du Furet. L’imprimé qui sauve l’attractivité du territoire c’est quand même lui. Comment ? Il ne « soutient » pas ?

Plus inquiétante enfin est la place réservée aux Lillois décidément en force sur la double page. Chaque Douaisien un peu au courant de l’histoire de sa ville à l’obligation de se méfier des « soutiens » émanant d’une grande métropole qui nous taille des croupières à chaque occasion. Il faut vraiment se dire que si Castelain, Aubry et Lecerf soutiennent cette opération c’est qu’elle n’a pas grand intérêt… pour eux.

Un peu de rationalité dans une hystérie collective ne fait jamais de mal. On a bien conscience qu’une petite voix dissonante a peu de chance d’être écoutée mais il ne suffit pas d’espérer pour entreprendre.

D’abord de quoi s’agit-il ? Contrairement au battage médiatique qui vise à empêcher le citoyen de penser, nous ne sommes pas sur un projet gigantesque assimilable à la bibliothèque Mitterrand de Tolbiac. Ce n’est en aucun cas non plus une opération pharaonique dans le genre du Louvre-Lens.

Soyons précis

Depuis François Ier, la Bibliothèque Nationale doit enregistrer le fameux « dépôt légal », bref tout ce qui s’imprime dans le pays. Dans l’appel à projet, on lit que « ce nouveau pôle sera doté d’un conservatoire spécifiquement dédié à la collection de presse de la BnF ». En gros, cette partie devenue à l’étroit dans la capitale doit trouver un entrepôt de « 15000 mètres carrés, sur un terrain avec possibilité d’extension ».

Dans les documents qu’elle produit – qui ne sont pas les mantras de Douaizizaglo®l’institution « cherche à nouer un partenariat fort avec une collectivité territoriale pour construire un projet d’avenir, qui doit permettre d’assurer la pérennité de collections patrimoniales uniques et de valoriser la collection de presse, dont la valeur historique, culturelle et éducative est majeure ».

On sent qu’il faut dans cet « appel à manifestation d’intérêt » (AMI) attirer le chaland en saupoudrant un peu de sucre culturo-patrimonial sur le gâteau. Pour autant, au delà du métalangage écrit avec les pieds, se pose la question de l’usage concret du lieu.

Sans doute les « soutiens » pensent-ils – tout en n’ayant jamais mis les pieds à « Richelieu » ou à « l’Arsenal »aux milliers de « chercheurs » venant cartable à la main compulser de précieux documents. Pour information, dans le bilan annuel de la BNF, 220 personnes en 2019 ont sollicité le fonds presse. Ce nombre est en baisse constante depuis quelques années.

Une bonne idée ou pas ?

Tout le reste, tel qu’il est évoqué par les « soutiens » , n’est pas pour autant impossible. On peut imaginer qu’à côté du dépôt, on puisse trouver des animations, des projets accessoires qui donneraient au stockage un peu plus d’intérêt. On aimerait dès lors savoir qui les mettra en œuvre car immédiatement passent devant les yeux du contribuable des images bien nettes du Raquet enlisé, d’Arkeos en mal de visites sauf celles des cambrioleurs, de Sourcéane en déficit et surtout d’Hôpital Général en perdition.

La même trouille saisit le Douaisien quand il découvre les projets du maire. N’osons même pas envisager leur concrétisation avant la fin du mandat. Nous sommes quand même dans une ville qui a tué trois librairies en quelques années. Elle possède une bibliothèque, véritable œuvre d’art des années 50, qu’elle a abandonnée à elle même depuis des lustres. Une médiathèque, si possible en périphérie. Du livre partout. Quelle bonne idée.

Les travaux de la BNF ont commencés
Le chantier de la médiathèque de l’Athènes du Nord. A droite, Flines les Râches.

Pas dans Douai, évidemment

D’ailleurs, le choix du site fait tiquer. Pourquoi, encore une fois, mettre cette BNF mirobolante en dehors de Douai ? On n’y manque pas d’espaces disponibles, ni de bâtiments énormes abandonnés. Si nous étions des « Verts », à l’image de notre passionaria locale qui voit tous les sujets par leur périphérie écologique, nous nous inquiéterions des 15000 m2 que mangera le futur entrepôt. Ils s’ajouteront aux centaines d’hectares agricoles perdus pour une culture qui n’est pas la bonne (rien que 80 ha depuis 2009 à Lauwin-Planque).

C’est Flers en Escrébieux qui a touché le gros lot. L’AMI réclame une « situation à 3 heures de Paris en voiture et 2 heures en transports entre une gare parisienne et le point de desserte en transports en commun le plus proche ». On plaint l’utilisateur qui, après avoir trouvé Gare du Nord un TGV vers le Douai lointain, devra à son arrivée chercher un autre moyen de déplacement pour se rendre dans la zone de conservation. Il est vrai qu’en théorie le bus est gratuit.

Les chercheurs de la BNF du douaisis craig-whitehead-jpg
Descendu du quai, le chercheur cherche le tram, il ne voit que des bus. Vont-ils quand même vers la lointaine BNF du Douaisis ?

Un AMI qui vous veut du bien

Autre questionnement, le statut de cet « appel à manifestation d’intérêt » (AMI). Sa caractéristique principale, étrange, est « de ne pas être défini par les textes » . Outil hybride, certes souple, il possède une faiblesse dont les juristes seuls ont conscience. Outre de pouvoir être « utilisé à mauvais escient » , il risque une « requalification en contrat de la commande publique » qui déclencherait une avalanche de contentieux. Le tramway, ça ne vous dit rien ?

Comme toujours, il faut se demander combien coûte « cette chance pour le Douaisis  » . Selon la BNF, son montant « est estimé entre 70 et 90 millions d’euros » , ce qui veut dire qu’avec les dépassements habituels, on sera plutôt aux alentours de 100, une fois et demie le budget de la commune.

Ensuite, qui paiera ? Là encore lisons : « L’AMI vise au-delà, à trouver un partenaire pour le très long terme afin de soutenir le financement de l’investissement du pôle de conservation » . En bon français, le « partenaire » c’est nous, ce qui veut dire qu’il faudra mettre la main au porte-monnaie pour que ça marche. Comme tout ce que réalise Douaizizaglo®, ce beau produit ne nous sera pas donné, nous devrons l’acheter.

Remarque ultime, on ne peut qu’être surpris de cet emballement pour un stockage d’imprimés sous forme physique. La BNF, c’est le célèbre Gallica qui permet de son fauteuil d’accéder à des sources numériques infinies. Cette idée de dépôt parait contradictoire avec les évolutions technologiques actuelles. Comment à l’ère de l’immatériel triomphant, justifier l’existence d’un silo ? N’est-ce pas un combat d’arrière garde ? Après avoir approché les 300 000, le nombre de « fascicules de périodiques imprimés » est en baisse constante, un peu au dessus de 220 000 en 2018…

Pour autant, qu’on ne se trompe pas sur notre propos. A condition d’un coût maîtrisé et d’un bilan serré des avantages, il serait idiot de refuser à un établissement public d’installer une antenne dans le Douaisis.
Comme toute activité logistique, ainsi chez Amazon, un hangar peut toujours créer du boulot. La BNF compte un peu plus de 2000 employés sur 7 sites dont 4 en Ile-de-France. A vue de nez, on aura 100 personnes dans un 8eme « conservatoire », soit 1/4 des emplois directs du tourisme dans le Douaisis. C’est toujours bon à prendre mais il ne s’agit en aucun cas de la révolution culturelle qu’on nous vend.

Appariteur du site BNF du Douaisis en quête d’un magazine du dépôt légal

Le produit, c’est vous

Pour être encore plus clair en conclusion, ce que nous dénonçons c’est la posture de ces promoteurs qui prennent les citoyens pour des gogos. On surjoue pour les « fédérer » autour d’un dossier sans jamais en évoquer les inconvénients et l’utilité réelle.
Cet excès d’agitation n’a pas d’autre but que de servir, non pas un projet dont l’appel n’est d’ailleurs pas encore gagné, mais d’abord l’intérêt des maîtres du jeu local.
On balance entre l’incompétence et le cynisme. La situation actuelle des projets de Douaisis Agglo, tous des catastrophes déficitaires, militerait pour la première. Mais préférons la seconde pour sa posture diabolique qui, jouant sur la fierté locale, rend toute critique illégitime.
Selon la BNF, ce lieu de conservation délocalisé sera au mieux livré en 2028 (n+6 après le choix du site) mais c’est un détail trivial. Vous avez compris le message. Ne risquez pas l’excommunication. Le soutien aux élus sortants, rois de la dépense, c’est maintenant.

Kruidvat disparu, le roi est nu

fermeture magasin kruidvat douai

La récente annonce du groupe hollandais Kruidvat de fermer son magasin de la rue de Bellain est une grosse pierre sombre, tombale, qui s’ajoute à toutes celles, plus petites mais tout aussi noires, qui s’égrènent depuis une décennie sur notre chemin déclinant.  

Mesurer le déclin

Cette enseigne, logée dans un des plus beaux bâtiments de la « Croix de Douai », offert avec une multitude de facilités à nos amis bataves, disparaît après deux courtes années de fonctionnement.

On glosera sur les raisons de ce retrait qui ne peuvent évidemment être séparées des situations sanitaires actuelles, du moins en apparence et selon les déclarations des dirigeants du groupe. Dès la nouvelle de cette catastrophe, comme à son habitude, notre maire a joué l’effet d’annonce, histoire d’atténuer l’impact du désastre : « on va trouver rapidement un repreneur ».

Ben voyons.

Tout Douaisien qui parcourt le centre-ville ne peut éviter de voir ce qui ne s’avoue jamais officiellement, la disparition implacable de ses commerces. Si aucune mesure ne peut l’enrayer, il est certain qu’une absence de mesures la favorisera radicalement.

Les circonstances sanitaires constituent un défi pour toutes les villes de France, y compris sa capitale. Elles doivent être analysées comme une épreuve absolue dont ne pourront émerger que les structures les plus solides et les plus saines, ce qui est loin d’être le cas de tous les commerces de Douai.

Maintenir le dogme

On nous dira qu’il existe un projet d’envergure qui va révolutionner la cité en répondant à tous ses maux d’un seul coup. Il s’agit de cette fameuse piétonnisation qui a suscité beaucoup de réactions dans la ville et sur les réseaux sociaux. Notre sondage lui même a apporté quelques lumières sur ce dossier mais surtout une conclusion en forme de pari qu’Aragon n’aurait pas renié : il y a ceux qui croient au ciel piétonnier et ceux qui n’y croient pas.

Une interrogation s’impose. On peut se demander si les patrons de Kruidvat, informés des risques d’une folie qui conduira à la paralysie complète de la rue de Bellain durant une bonne année sinon plus, n’ont pas mesuré de près le risque qu’ils prendraient à maintenir un commerce en difficulté. On peut ajouter qu’il ne faut jamais attendre d’un néerlandais la moindre philanthropie comme Douai l’a déjà expérimenté dans le passé (APTS…).

Quoi qu’il en soit, il est vrai que la perspective de cette piétonnisation ne peut manquer d’effrayer le moindre entrepreneur. Quel commerçant oserait miser son capital dans un environnement aussi répulsif ? Il lui suffira, avant de fuir, d’observer la rue de la mairie fermée le week-end aux véhicules au bénéfice des piétons. Le bipède masqué y est bien rare quand souffle la bise sur les vitrines abandonnées.

Cette voie qui fonctionne couci-couça permet de s’inquiéter des effets d’une longue rénovation. On ne parlera pas de La Charpente tuée net par les travaux de la rue de la Mairie mais de l’intérêt à remettre en cause des projets incertains. Quand la crise surgit, l’adaptation aux circonstances est une question de vie ou de mort. Elle réclame, dans une volonté de salut public, une réévaluation des postures. Sursoir à une décision soulevant trop d’oppositions ou par trop douteuse, Jacques Vernier, le mentor, le guide, le visionnaire, en était pourtant passé maître…

A ce stade, le maintien du dogme – quoi qu’il en coûte – qui pourrait laisser croire que la barre est fermement tenue, confirme au contraire l’incroyable impuissance de notre municipalité. Toute notre vie collective subit une crise dont les conséquences vont être incalculables.

Notre édile, pourtant au centre de tout, du Douaisis comme de sa ville, ne change pas ses plans, ne renverse surtout pas la table. Kruidvat nous quitte. Tous les sous de l’opération « Coeur de Ville » ne peuvent l’empêcher.

Numéroter ses abattis

Bien cruelles apparaissent les initiatives venues d’ailleurs. Privé de sa vice-présidence, notre maire est à présent entré en conflit ouvert avec Douaizizaglo® qui saute sur la moindre occasion pour le mettre en défaut.

La dernière livraison, toute récente, de notre chère, très chère, communauté d’agglomération, est celle d’une gratuité des transports que le maire a toujours combattue. Cette décision vise sans doute – sous des motivations d’apparence où se disputent « l’écologie » et le « social » – à lui démontrer qu’il ne sert à rien puisqu’on ne lui demande même pas son avis.

Évidemment, avant d’être mise à exécution, cette opération électorale en forme de triangulation réclame quelques préalables : ainsi l’accord nécessaire, sous le mode de la menace chère au parrain lauwin-planqué, de la communauté de communes Cœur d’Ostrevent (CCCCCO). Il faudra aussi faire un peu de GRH, ainsi transformer le personnel commercial du SMTD en machinistes ou en vigiles. Trois fois rien…

On aura compris que ces conflits sont à replacer dans la perspective prochaine des élections cantonales. Ce scrutin renvoie à la célèbre théorie des dominos. Si le patron absolu de la communauté d’agglo (382 électeurs en bas, 157 millions d’euros en haut) ne passe pas la rampe, il ne sera pas président du conseil départemental, ni président de la région, ni président de la République, ni président du monde.

fermeture kruidvat douai
On vous laisse deviner qui est Peppone. On vous aide, c’est un ami des communistes.

La rupture s’est d’ailleurs officialisée sur ce sujet en décembre dernier. Frédéric Chéreau, lors d’un conseil communautaire digne des plus grands moments de Don Camillo, a dénoncé les manœuvres du président – du chantage, rien que ça – qui chercheraient à l’empêcher de se présenter à ces très importantes élections.

Préparer les cantonales

On peut d’ailleurs amèrement regretter la suppression du site de Douaizizaglo® de ce morceau d’anthologie. Son visionnage – 6 heures quand même – devrait être imposé à tous les électeurs du Douaisis pour leur complète édification. Toute la palette des sentiments humains – mais pas les plus beaux, on vous rassure – y étaient exposés sans aucun filtre.

Mince ! Douaizizaglo® supprime ce qui gêne…

Nous pourrions rire de ces péripéties si elles n’avaient pas pour nous tous des conséquences dramatiques. Elle sont d’ailleurs parfaitement perçues par le patron de la communauté d’agglomération qui évite soigneusement de mettre en ligne les séances du conseil, ce qui prouve qu’il est bien conscient de leurs effets délétères sur l’opinion locale. Pour vivre heureux dans nos mandats, restons cachés.

Si nous sommes certains que le « seigneur de Lauwin-Planque » sera candidat à sa succession, obligatoire pour conserver son empire, il n’est pas du tout assuré que notre maire soit sur cette position de combat.

Un magasin de plus qui ferme, mais que fait le maire ?
L’étonnant courrier du Maire à ses administrés. Il n’est candidat à rien mais alors pourquoi se plaindre ?

L’honneur devrait le pousser à être candidat au nom de sa ville mais à Douai, tout est possible, y compris un arrangement souterrain entre les deux ennemis. Cette « guerre » est asymétrique. Le maire de Douai a plus à perdre dans un bras de fer que le patron de Douaizizaglo® comme le montrent jour après jour les décisions du second après lesquelles court le premier.

la guerre entre douaisis agglo et le maire de douai
On passera sur l’ignoble écriture inclusive car l’impuissance est parfaitement expliquée : ni Le Raquet, ni EuraDouai ne sont à Douai.

Nous voilà donc tous pris en tenaille entre un maire isolé, sans parti, sans amis, qui ne peut rien faire et un président absolu qui fait n’importe quoi. De deux maux, il faut toujours choisir le moindre mais là, il faut reconnaître une égalité totale des offres.

Nous pourrions échapper au découragement si se levait une troisième voie, une alternative, un sursaut, un candidat incontestable et incontesté. Un De Gaulle ou une Jeanne d’Arc, enfin un truc local approchant. Ben, c’est pas gagné.

L’étonnante assurance du parrain quant à sa réélection démontre qu’il a tout verrouillé avec sa science de la « combinazione » qui fait tout son charme. La disparition d’une partie de ses concurrents pointe à l’horizon. Il y aura, n’en doutons pas, de grandes surprises avant le premier tour du scrutin départemental. Le roi de Douai est nu mais il n’est pas le seul, ses concitoyens le sont aussi…

Droit de réponse simultané

droit de réponse simultané -Douai ma ville

Nous nous sommes déjà penchés sur cette rubrique qu’on trouve à présent tout à la fin – et non plus au début – de l’inénarrable « Douai ma ville ». Ce magazine est censé laisser comme partout, sauf en Biélorussie, un peu de parole à l’opposition puisqu’il est payé par tous les habitants.

On note en passant – les glissements sémantiques sont toujours éclairants – que la « tribune libre » s’est transformée en « expressions politiques », formule qui démontre, par la disparition du seul mot important, que la liberté n’est probablement pas la condition première de ces notules.

Plus intéressante encore, car géniale, apparaît la martingale utilisée par le maire pour noyer le poisson de la contradiction dans un océan de majorité municipale.

Pour atténuer l’impact des opposants, Frédéric Chéreau a trouvé le moyen de donner à ses « alliés » du Conseil un droit de parler autonome. Les opposants réels (LREM, RN et Douaisiagglossiste) sont donc mis en équilibre avec le PS, les Verts et l’avatar « l’humain d’abord », formule qui doit désigner, mais nous n’en sommes pas certains, le PC.

Évidemment, l’exercice auquel sont soumises ces diverses personnalités n’est pas toujours simple. Rédiger un topo au  volume calibré, probablement réclamé à la dernière minute, peut s’avérer une gageure pour beaucoup de monde. On fait vite, on fait mal.

On pourra toutefois objecter qu’une « expression libre » existe dans chaque DMV et qu’il serait parfaitement possible d’anticiper. Un malin pourrait même, comme un feuilleton à la Zevaco ou la Dumas, rédiger à l’avance les 72 épisodes en prenant comme argument les problèmes de Douai. La distance peut être tenue.

Les Gauches plurielles cataloguent

Commençons par le PS. Difficile d’échapper à l’inventaire qui doit cocher toutes les cases de la pensée de « Gauche ». Il faut du jeune – check ! – il faut du vivre ensemble – check ! – il faut du futur – check ! – il faut de « l’1kluzif », dûment utilisé par ce professeur des écoles dont on espère qu’elle n’enseigne pas cette abomination à ses élèves – check !

douai ma ville droit de réponse checklist socialiste
Check !

Passons ensuite aux Ecolos. Ce n’est plus un inventaire, c’est un catalogue aussi vert que celui de Manufrance. Il faut s’inquiéter parce que son auteur, étoile qui monte, veut nous vendre de la « transition », ce machin bien inquiétant qui doit transformer tout Douaisien en vélocipédiste nourri au quinoa dans sa baraque isolée chauffée à l’éolien. Rassurons nous, c’est pour notre bien, c’est pour notre santé.

la transition energétique dans les Hauts de France droit de réponse
Le Nord après la transition

Finissons enfin en beauté par le PC « allié de F. Chéreau ». On précise, parce que dans notre Douaisis cette obédience peut tout aussi bien soutenir la droite agglomérée ou un programme immobilier. Là encore, ça démarre et finit par de « l’1kluzif » qui sera à n’en pas douter la marque visible du mandat à défaut de résultats concrets. On y parle enfin de la crise sanitaire mais aussi mais surtout de tous ces services et dépenses sociales que les contribuables devront financer pour que Douai ait son avenir radieux. Lecteurs, ça va taxer !

L’opposition abuse du pipotron

Commençons la lecture par la prose de notre nouveau vice-président douaisiagglossiste qui, malheureusement, ne fait pas mention de sa toute nouvelle qualité, ni même de l’important dossier dont il est chargé à la communauté d’agglomération : le tourisme. C’est bien dommage. Là encore, production d’une liste assez contradictoire par la diversité des thèmes embrassés où l’écologie, religion actuelle, est évidemment en bonne place. On relève quand même une critique sur la réforme des « conseils de quartiers ». Jeune homme déjà un peu notable, encore un effort pour être révolutionnaire !

droit de réponse - douai ma ville - le tourisme
Che le tourisme !

L’opposition LREM évoque la crise sanitaire sur un mode que nous nous sommes habitués à entendre ces derniers mois. Celui du « nous » sauveur du monde, apportant à l’humanité souffrante « la santé » qui lui ferait défaut, parce qu’on connait des médecins. Quand on le relit bien, ce texte paraît surgir du très utile et célèbre « pipotron » qui fabrique des formules au kilomètre. Retenons que ces dernières, c’est logique, sont fortement teintées d’une écologie incantatoire qui tient lieu, là aussi, de prêt à penser.

Enfin, comme à son habitude vacharde, le représentant du RN tape là où ça fait mal, sur la récente et incroyable amélioration des indemnités du maire. Cette décision prise au sortir des élections, qui a eu les honneurs de la presse nationale, se retrouve à juste titre dans notre magazine. Très précis et méchant, notre jeune homme règle les comptes. Leurs montants peuvent faire rêver beaucoup de monde : 1800 euros par mois soit 130 000 euros de plus sur un mandat. Ah oui, quand même…

Liberté chérie, liberté coûteuse

Le plus amusant, c’est que cette mention a déplu à l’intéressé au point de le pousser à réagir pour contrer l’effet désastreux de cette révélation. La tribune n’étant plus « libre » mais « politique » , le patron y complète son éditorial de la première page. On se croirait à Douaisis Agglo.

En langage chéralien, le « directeur de publication » (alias le maire) exerce « un droit de rectification simultané ». Cette formule amphigourique ressemble assez à la défense menée dans les médias locaux et nationaux, à savoir que cette délibération, qui augmente son revenu, respecte « un formalisme obligatoire et reprend l’équation définie par l’État ».

Vous êtes comme nous. On n’y comprend rien. Pour parler clair, on a peu de mal à savoir si le maire touche plus aujourd’hui qu’hier. On croit comprendre que c’est « légal » et que la réduction du nombre de conseillers (41 à 39) pourrait conduire à augmenter en proportion les indemnités individuelles, donc peut être celle du maire. Après, on est perdus.

douai ma ville - l'augmentation du maire
droit de réponse - douai ma vile

Il y a pourtant un moyen très simple de mettre fin à cette polémique qui, comme une tunique de Nessus, va évidemment plomber le mandat. La publication des virements indemnitaires, sur le principe d’avant/après, réglerait le débat définitivement. Combien le maire recevait-il en septembre 2019 et combien touche-t-il un an plus tard ?

La question, elle est vite répondue. Bisou.

Douaisis Agglo, rififi à Palerme sur Scarpe

Il y a une phrase qu’on entend souvent : « les électeurs s’en moquent ». Ce refrain vise à convaincre l’auditeur de l’inutilité d’une réaction à tout ce qui choque dans notre territoire.  On n’est pas loin de l’unanimisme qui relève de la même logique : pas la peine de s’opposer aux décisions qui engagent notre avenir, tout le monde est pour. Ce fatalisme imposé possède aussi une autre version, plus ferme, celle du « c’est comme ça et pas autrement ». Circulez, il n’y a rien à voir.

Refusons ces injonctions. Impossible de passer sous silence les suites de l’élection municipale covidienne, celles qui se sont produites du côté de Douaizizaglo® .

Douai martyrisé

Ces conclusions ont été, voilà peu, devant les yeux ébahis de l’opinion, les désignations du président et autres vice-présidents de la communauté d’agglomération.

Si l’élection du « roi du village » ne faisait guère de doute – le verrouillage était en place depuis longtemps – les désignations des instances exécutives resteront dans les mémoires tant elles ont été un camouflet jeté au visage des Douaisiens et celui de Frédéric Chéreau en particulier.

Dans ses cauchemars les plus noirs, Douai n’aurait jamais pu imaginer que son maire ne puisse être élu vice-président de Douaisis Agglo qui lui doit son nom. Pas grave, il paraît que les électeurs s’en moquent.

Le pire, sans aucun doute, est de constater que ces décisions tiennent à la volonté d’un seul homme, lequel n’écoutant que sa toute puissance a décidé qu’il en serait ainsi et pas autrement.

Douai brisé

Douaisis agglo du rififi à Palerme plage - shannon-mckague

De quoi Christian Poiret est-il le nom ? Il est d’abord une menace qui fait taire tous ceux qui craignent pour leur situation professionnelle, financière, personnelle. La parole n’est pas libre dans le Douaisis. Nous en voulons pour preuve l’étonnant succès de cet article. Aucun partage, peu de « like », faibles réactions… publiques mais une audience qui classe ce post parmi les plus lus du site, ce qui n’est pas peu dire.

Il faut peut être effectivement, comme l’a expérimenté l’infortuné maire de Douai, ne pas trop gêner le parrain. Ce nom lui va bien. Il rappelle certaines méthodes exotiques relevant de l’avertissement en forme de menace : « c’est moi le boss, ne me cherche pas, tu n’en as pas les moyens ».

Ces arguments à la « Cosa Nostra » pour justifier le châtiment donné aux Douaisiens prouvent cette logique binaire. On n’est pas dans le despotisme éclairé, on est dans la vengeance sicilienne. Frédéric Chéreau n’aurait pas du augmenter le nombre de conseillers de Douai. Il a osé défier le patron. Crime de lèse-majesté, il ne sera pas vice-président, le pauvre, pour avoir fait mine d’être président.

Douai outragé

De quoi Christian Poiret est-il encore le nom ? Oublions l’adepte de la « vendetta » pour découvrir le faiseur de ducs.  

Battu au doigt et à l’oeil, le maire de Douai doit boire le calice jusqu’à la lie. Le parrain lui met dans les jambes un vice-président issu de l’opposition de son conseil municipal. Son pouvoir lui permet en effet de dissoudre l’idéalisme du jeune homme dans le mirage d’un mandat hors sol, hors de toute logique politique, hors de toute majorité électorale, et qui ne tient qu’à son bon vouloir.

Le patron en fait d’ailleurs de même pour féminiser son Etat-Major, sans doute enfin conscient du ridicule des 100% de masculinité qu’on y trouvait précédemment. Devenues duchesses, certaines dames avouent gênées « qu’elles n’avaient rien demandé ». Mais c’est le propre de l’absolutisme : le maître décerne les honneurs, les responsabilités, les indemnités comme ça lui chante. Il décide dans la solitude de sa pensée mais ce n’est pas grave, les électeurs s’en moquent.

Il fait enfin encore mieux, encore plus incroyable. Il nomme, encore une fois vice-président, avec l’aval d’un conseil communautaire aux ordres, le maire déchu d’une ville voisine, seconde gifle magistrale délivrée à la souveraineté élective mais surtout à tous les Aubygeois.

Plus c’est gros, plus ça passe. Le président affirme agir au nom d’une « compétence ». Elle est peut-être immobilière et sera utile pour dynamiser Le Raquet. La vérité est ailleurs. Ces communistes défroqués – Oulianov et Marchais doivent se retourner dans leurs tombes – sont essentiels pour assoir le pouvoir du « capo di tutti capi » … de droite.

Douai emprisonné

De quoi Christian Poiret est-il enfin le nom ? Il est à l’évidence, au delà de ces dérives, le symbole de ces catastrophiques communautés d’agglomération qui voient leurs compétences accentuées d’année en année alors que s’éloigne la légitimité électorale de leurs instances dirigeantes. On a plus affaire aujourd’hui à l’élection d’un doge de Venise qu’à celui d’un exécutif rendant compte fidèlement du profil et de l’importance démographique des populations.

Douaizizaglo®, c’est un bidule qui permet à un maire dont la légitimité initiale est celle d’une liste unique à 382 voix – le score de Jacques Brenot à Douai, qu’il nous pardonne – de diriger en monarque absolu un territoire de 150 000 habitants.

Si encore ce règne était celui de l’efficacité, nous pourrions peut être pardonner ces travers. Or, ce qu’on a depuis dix ans, ce n’est pas du tout une amélioration de la situation du Douaisis. Le patron aligne ses « éléphants blancs » avec la régularité des ponts sur la Scarpe – Arkéos, Sourcéane, Le Raquet, bientôt boulodrome, planétarium, patinoire – mais l’absence d’information sur l’équilibre de ces coûts prouve à l’évidence qu’il n’existe pas.

Combien de décisions prises à la « va comme je te pousse » sans la moindre justification économique, combien de financements vaporisés sans logique d’ensemble, combien d’arbitrages à la tête du client – oups ! – de l’élu. Ce n’est pas grave, les électeurs s’en moquent et le « boss » a toujours raison.

Douaisis agglo du rififi à Palerme plage - @Tampographe sardon
Cherche pas j’ai raison ! @ le tampographe

Douai libéré, enfin !

Si le rififi auquel on a assisté à Douaizizaglo® est révoltant, il possède néanmoins un avantage : plus rien ne pourra plus jamais être comme avant. Nous avons eu cette fois-ci la suprême faute de goût, l’excès de pouvoir dans toute sa splendeur. Il faut se persuader comme le disaient nos anciens qu’il n’y a jamais loin du Capitole à la roche Tarpéienne et c’est maintenant qu’il faut le prouver.

Nous avons remarqué qu’une opposition d’un nouveau genre, parfois teigneuse, s’est élevée en dépit des difficultés que peut créer cette instance verrouillée de tous les côtés pour ceux qui y amènent la contradiction.

Aux bonnes questions répondent des formules indignes qui font honte à notre démocratie. Ce n’est pas grave, non pas parce que les électeurs s’en moquent, mais parce qu’au contraire cette pratique inacceptable commence à transpirer dans l’opinion douaisienne. A trop chatouiller le « vint’ d’osier » , on prend le risque de réveiller le Gayant.

Si de telles dérives éloignent les citoyens des urnes, elles sont aussi le moyen de les pousser à réagir. L’arme du soulèvement est justement le bulletin de vote, celui des futures élections cantonales, mandat dont notre maître absolu tire l’origine de son pouvoir. Saisissons nous de cette possibilité.

Besoin d’un vaccin contre le MENID?

Le seigneur de douaisis agglo - rififi à Palerme plage -gant-laborde

Et si on inventait le MERID ?

Si Douai, faisant fi de tous les clivages politiques (bon d’accord, on est dans la science-fiction), s’unissait pour qu’une alternative soit possible aux élections départementales prochaines, elle aurait les clés du scrutin.
Un peu d’arithmétique : la ville qui est toute entière dans le canton depuis la réforme de 2015 pèse plus que toutes les autres communes qui le composent :
-Cuincy : 4800 électeurs.
-Lambres : 3800.
-Flers : 3500.
-Courchelettes : 1900.
-Lauwin-Planque : 1400.
-Esquerchin : 600.
Soit un total de 16 000 électeurs potentiels opposés aux vigoureux et nombreux 26 000 Douaisiens.
Deux éléments encore plus favorables :
1-Il faut tenir compte des taux de participation qui dépassaient en 2015 tout juste 50%, sachant que Douai était très en dessous avec seulement 39% de votants. Autrement dit, le réservoir douaisien peut faire la différence.
2-Il existe dans ces communes des opposants au conseiller départemental tout puissant, y compris dans son village. S’il a obtenu 529 voix en 2015, 249 lauwinois, qui à la différence des municipales avaient cette fois-ci le choix, ont voté contre.
A l’inverse, notre ville lui a apporté les 5907 voix sur les 10858 qui lui ont permis de devenir conseiller départemental puis vice-président du CD59 et, si on croit comprendre, le possible successeur du président bientôt retraité. Quelle ingratitude.
Créons donc le MERID qui doit faire pièce au célébrissime MENID. Ce Mouvement d’Expulsion Rapide dans l’Intérêt des Douaisiens, apolitique comme son modèle, sera à ne pas en douter aussi efficace pour reprendre la main et.. le pouvoir.
Tous aux urnes !

Vous aussi vous avez des idées, partagez-les avec nous.

La capitale de Douaisis Agglo

Le siège de Douaisis Agglo - CAD _ Lauwin Planque

Bien calé, il est prêt à bondir sur la moindre occasion qui lui permettrait d’attraper un peu plus de pouvoir, un peu plus de responsabilités, un peu plus de prestige. Il a raison. Il est fait pour ça.

Un si modeste début

Il tient sa mairie depuis près d’un quart de siècle, record du prédécesseur battu. Son mandat est une machine bien rodée, presqu’une affaire de famille. La relève est à peu près prête.

Aux municipales, une seule liste, la sienne. L’opposition n’existe pas. Le marigot a été consciencieusement vidé. Les électeurs, quoique silencieux, paraissent contents. Ils sont pourtant de moins en moins nombreux à voter. Le record cette année : 382 voix sur 458 votants sur 1309 inscrits…

L’ascension a commencé en 2001 par la prise du canton ouest de Douai. Affiché à droite dans une couronne plutôt à gauche, Christian Poiret a terrassé son adversaire socialiste en jouant de sa personnalité mais surtout de son incomparable maîtrise des services rendus.

De spectateur, il devient au fil des ans un acteur qui compte. Sa commune est bien trop petite pour inquiéter quiconque mais son canton change tout. A l’assemblée départementale, il porte la contradiction aux maîtres socialistes qui ont mis le Nord en coupe réglée. Ils n’économisent pas leur mépris mais le crépuscule approche.

Très tôt, il avait évidemment pris pied dans la communauté d’agglomération du Douaisis par la vice-présidence masculine que tout maire reçoit en cadeau pour sa participation à l’intercommunalité. Il fait mieux. Il prend la responsabilité des finances, sujet qui intéresse et inquiète à la fois. Il pose surtout en expert celui qui le tient. L’administration de la CAD – 270 personnes – se charge de tout.

Une transition qui dure

En 2009, un concours de circonstances lui apporte sur un plateau la présidence. La démission surprise de Jean-Jacques Delille sonne enfin l’heure du « seigneur de Lauwin-Planque » ainsi que le nomme le Kanner socialiste.

En dépit des déclarations du moment insistant sur la reprise des rails du prédécesseur, peu de monde imagine qu’il ne puisse être autre chose qu’une transition.

Il est vrai qu’il succède à « l’aménageur dans l’âme », personnalité flamboyante qui cumulait à son profit tellement de puissance qu’elle est la clé de sa chute. Ce spécialiste des transports avait lui même remplacé Jacques Vernier, fondateur d’une CAD façonnée à son image. Le vieux chef est toujours conseiller communautaire, son influence subsiste mais, par la force des choses, sa position faiblit.

Comme lui auraient conseillé les Russes, l’ancien despote de Douai aurait dû se méfier des hommes à moustache. Peu à peu, le style du nouveau président marque la différence. Sa gouvernance, faite de réunions en forme de déjeuners et d’avantages pour ses obligés, rend sa position inexpugnable. Ce vendeur de métier se révèle sans égal dans la capacité de convaincre mais surtout l’élimination de la concurrence. On se croirait chez Amazon.

Le discours met en avant le consensus même quand il n’existe pas. On s’entend bien. On se gère sans clivage partisan. Leçon apprise à côtoyer les socialistes, le prénom prime, preuve d’une entente que seuls les mauvais esprits oseraient assimiler à de la connivence.

Mieux, la CAD invente des « groupes » sans aucun rapport avec les partis politiques. Bizarre mais ça marche. Ils permettent au président de disposer de majorités confortables transformant les rares opposants en simples figurants.

La soumission au patron est d’ailleurs un préalable absolu si on veut profiter de son soutien sans limite. A l’inverse, il ne fait pas bon de s’opposer. Les conséquences peuvent être lourdes comme certains en ont fait l’expérience mais surtout, signe d’une excellente maîtrise des troupes, personne ne sauvera l‘imprudent.

La communication est le sujet majeur d’un président qui n’éprouve aucune difficulté à se mettre en scène dans le journal de la CAD. Ce sont, il est vrai, les risques du pouvoir sans partage. On repère aussi, ici ou là, sa propension à présenter les dépenses de la communauté d’agglo comme si elles sortaient de sa poche. Il faut dire que l’avis des contribuables compte peu.

Demain, deux nouveaux projets au Raquet, derrière le truc pointu, Sourcéane…

Avant les municipales de 2014, une instruction gouvernementale permet enfin de réduire le nombre de conseillers communautaires. L’objectif de la manœuvre, réussi, est de limiter l’influence de Douai dans la CAD, surtout avec la perspective d’un changement de majorité dans son conseil municipal. Impuissante, la grande ville sans laquelle le Douaisis n’existerait pas, n’en peut mais. On crie. On s’agite. Mais la manœuvre est impeccable. Douai n’est plus le centre politique de la CAD. Il passe à Lauwin-Planque.

D’ailleurs, l’année suivante, la prise du conseil départemental par la droite ajoute un grade à son maire. Il devient premier vice-président, certes dans une configuration où les puissants Lillois sont en force. Les médias surjouent l’entente entre le président et son adjoint pourtant « très différents ». Quoi qu’il en soit, ces responsabilités ajoutent au prestige du second qui devient grand sur la Scarpe.

Le seigneur de Lauwin-Planque

Car Christian Poiret pourrait faire sienne la fameuse formule de Jules César, séducteur chauve certes mais glabre, qui aimait mieux « être le premier dans un village que le second à Rome. ». Notre président ne risque pas la députation pour des raisons obscures mais on se doute bien, comme les notables d’autrefois, qu’un mandat de sénateur lui irait bien.

Son profil y correspond. Il ne faut pas lui demander une analyse poussée des enjeux de la PMA ou des déterminations de la crise européenne. Ses incursions dans les territoires de la théorie sont rares. Gênée, la presse évoque avec des pincettes cette faible maîtrise des sujets «régaliens» , peut être parce qu’elle ne sait pas quoi en dire.

Loin d’espérer un destin national comme Jacques Vernier l’a vainement rêvé, il est au contraire l’élu de base qui trime pour les habitants, une pelle à charbon à la main. Il évoque de temps à autre son emploi de commercial dans une société de négoce de métaux qu’il aurait toujours conservé. Il est bien difficile de vérifier cette affirmation dont on se demande d’ailleurs comment elle peut se glisser dans tous ses mandats. Il vendrait de l’inox. Retenons que c’est bien choisi. Il résiste à tout.

D’aucuns peuvent trouver curieux qu’une personnalité si locale puisse gérer une communauté d’agglo dotée de compétences grandissantes, très supérieures à celles du début, quand elle était dirigée par un polytechnicien au profil de haut fonctionnaire.

Nous notons le goût du patron pour de curieux projets pharaoniques – Arkeos, piscine, boulodromes, patinoire, planétarium – qui ne paraissent recevoir aucun soutien des citoyens mais que Douaizizaglo® mettra en œuvre, coûte que coûte, avec nos impôts, parce que le président le veut bien.

On a déjà les boules

Posé à côté de la grosse ville, dans sa commune de Lauwin-Planque, sorte de « village Suisse » qui attire l’œil comme les jalousies, le Président Poiret savoure l’immensité d’un pouvoir que personne ne peut plus lui disputer.

On regrette qu’il ne soit pas maire de Douai qui n’en aurait que des avantages. La cité compterait peu de logements sociaux et recevrait sur son territoire de multiples entreprises. Douaizizaglo® la soutiendrait à fond dans tous ses projets au cœur d’un siège installé au pied du beffroi. Nous n’aurions qu’une seule liste à choisir dans l’isoloir avec en prime aucun débat, aucune opposition. Le rêve.

Nous pourrions même prendre le sujet par l’autre bout. Voyons cela comme une possible conséquence des élections municipales. Elles ont un peu bougé les lignes du conseil communautaire mais sans donner à Douai les moyens de ses ambitions.

En dépit de l’augmentation de sa représentation à 19 conseillers, c’est même devenu pire. Devant l’opinion sidérée, par la seule volonté du « boss » , plusieurs « combinazioni » agitent actuellement Douaizizaglo®. Elles souhaiteraient évacuer le maire de la ville-centre des instances communautaires décisionnaires. On ne comprend pas trop pourquoi mais sans doute pour montrer au mal élu qui est le vrai chef, non mais.

Dès lors, pourquoi se prendre le chou ?

Plutôt que réformer cette intercommunalité qui mène le Douaisis vers l’abîme, supprimons Douai qui ne sert décidément à rien. Découpons ce truc inutile en petites unités de 1600 habitants, à liste unique, dotées de maires au profil de soliveaux, qui opinent à tout sans broncher.

Renforçons ainsi la capitale et le maître de Douaisis Agglo !

Quand je serai grande, je serai politicienne

Coline Craye politicienne à Douai

Incontestablement photogénique, elle est apparue dans l’univers politique communal quelques mois avant les élections. De ce néant, un début de notoriété découla de la lutte pour obtenir l’investiture macronienne

Il y avait du monde sur les rangs. Venir au secours de la victoire est un réflexe politique. On se serait cru à Neuilly où quatre impétrants se disputaient l’investiture LREM. Il est vrai que lorsqu’on est certain d’être élu par la grâce d’une étiquette partisane, l’électeur n’existe plus. Seule compte la désignation. Avant.

Avec elle, ils sont trois. Sa rivale est la doublure du député qui lui doit probablement, pêché originel, son élection. Son rival, socialiste en rupture de ban, se croit, par son lâchage récent du maire sortant, taillé pour le rôle. Tous les deux visent l’investiture du « nouveau monde ». La République en Marche va révolutionner le pays, peut être pas la ville, mais plus sûrement leur destin, à eux.

Il ne fallait pourtant pas être grand clerc pour comprendre, comme dans toute bonne émission de télé-réalité, que les jeux étaient faits. Si la concurrence existe, c’est pour donner du relief au gagnant. En dépit des apparences, ce que voit la galerie n’a pas d’importance. Ce qui compte ce sont les ressorts secrets du plan marketing.

La clé du casting de la candidate repose sur le lien subliminal qui doit s’imposer dans la tête de l’opinion entre elle et la ville. Le profil de la jeune dame doit faire envie.  On cherche l’addition magique de sa nouveauté avec son amateurisme prometteur, sa jeunesse irrésistible, son sexe faible, sa prétention académique, son origine locale, affirmée ici et partout :

« je suis de Douai, je suis née à Douai, je vis à Douai, mes parents sont de Douai, j’aime Douai… ».

Toutes les cases sont cochées. Sans doute peut-on repérer dans ce brouillard anesthésiant la minceur du passé professionnel. Avant l’apparition subite dans le décor douaisien, on ne compte à ce jeune prodige, après une fugace collaboration dans une agence de conseil, que de brefs passages dans le monde impitoyable des collectivités locales.

Les initiés savent que la compétence n’est, dans cet univers médiocre, qu’un détail. Passer d’un parrain à un autre, comme on change de monture en équitation, peut démontrer d’un problème avec la fidélité. Plus gênant, il porte le risque d’inimitiés inexpiables que la victoire peut heureusement atténuer. Il suffit d’être, comme Macron, ambitieux. Le modèle est là, prêt à l’emploi.

L’investiture LREM obtenue sans coup férir, l’analogie avec le président en exercice, surjouée, frappe d’abord les esprits. La jeunesse de la candidate est rappelée ad libitum au risque du ad nauseam.

Plusieurs personnalités locales, conquises, exaltent cette caractéristique qui leur fait défaut. Chevaux de retour, ces perdants des scrutins passés rivalisent de louanges sur leur pouliche. L’argument de l’âge évite de penser mais, pour cette raison, s’avère habile.

Car l’assimilation au macronisme est complète. Comme à Hesdin, la jeunesse triomphe de tout, c’est bien connu. Elle est l’argument de la campagne. La ville sera sauvée par des trentenaires.

Peu à peu, on dévoile à contrecœur le positionnement politique. Il faut bien y passer. Mais n’exagérons pas trop l’étiquette LREM même si elle a permis de mettre dans le vent les concurrents. Valoriser le piètre bilan du gouvernement dans un département où pullulent les Gilets Jaunes n’est pas simple.

Il reste toutefois le truc de l’ancrage local même si on n’habite plus depuis longtemps dans sa ville natale. La duacité est la bonne idée qui prend la forme d’un slogan. La répétition est la clé de la pédagogie :

« je suis de Douai, je suis née à Douai, je vis à Douai, mes parents sont de Douai, j’aime Douai… ».

Si la jeune dame exagère ses racines, il est pourtant vrai qu’elle sort d’une strate sociale incontestablement douaisienne.

On perçoit du conservatoire de musique, du Saint Jean, de la messe, du Rotary sinon du Lions Club, des études respectables et des métiers de notables, de ceux dont ne profiteront jamais les prolétaires qu’elle affirme tant aimer parce qu’ils sont la clé du scrutin. Les fondamentaux de la bourgeoisie se retrouvent dans une sollicitude de dame d’œuvre, à coups de frites gratuites s’il le faut.

Sous un visage d’ange, la jeune femme se révèle une redoutable machine de guerre. Sa campagne est parfaitement menée. Les moyens sont conséquents. La stratégie ne laisse rien au hasard. On a affaire à des pros. Il y a du métier dans le back office.

On pompe, certes, les idées des autres candidats quand on n’en a pas et même Douaivox. Il arrive que les propositions soient idiotes. On avance des chiffrages au doigt mouillé dans une ville où la statistique n’existe pas. C’est comme la mousse, les contours manquent de netteté mais on en met partout.

Personne n’occupe le terrain comme la dame à la mouche. Elle visite les associations, de la plus importante à la plus obscure. Trois petits tours, une photo et hop, le tout immortalisé sur internet dans la seconde. Sa présence sur les réseaux est inlassable, bien servie par une infanterie qui tire sur tout ce qui bouge. La confusion d’opinions de ces soldats – certains affirment, les pauvres, détester Macron – prouve bien qu’il y a un loup quand c’est flou.

Le positionnement des troupes est flottant mais le discours de la candidate repose à l’inverse sur une parole parfaitement construite. De ce point de vue, notre fine lame macronienne pourrait être la petite sœur de Frédéric Chéreau ou même la petite fille de Jacques Vernier s’ils avaient été douaisiens.

De fait, son socle est celui de son milieu d’origine, le centre-ville bourgeois ou du moins ce qu’il en reste. Pour assurer cet ancrage, elle a réussi à débaucher quelques militants LR survivants des guerres civiles de la droite locale. Idiots utiles, ils se voient déjà aux manettes. Le pouvoir enfin. Enfin, peut être pas.

Car apparaît un caillou dans l’escarpin de notre Marcheuse. Les LR ont sorti des cartons un concurrent du « canal historique ». Ses troupes sont certes, aussi étiques qu’âgées mais elles sont loyales et disposent de l’appui de la CNI du parti. Leur candidat n’est pas né sur les bords de la Scarpe, C’est son péché originel. La riposte de la candidate est facile et son refrain fait mouche :

« je suis de Douai, je suis née à Douai, je vis à Douai, mes parents sont de Douai, j’aime Douai… ».

Si un concept devait marquer la campagne de la candidate LREM du début à la fin, ce sera une ambigüité dont il parait qu’on ne sort qu’à son détriment. C’est à ce prix que devenue grande, on sera politicienne.

Mme Craeye répugne à endosser le bilan d’un gouvernement dont elle est pourtant la représentante officielle. Elle n’a rien à voir avec lui. Elle défend l’association de « la droite et du centre », concept qui sonne bien aux oreilles d’une notabilité douaisienne dont les ancêtres, qui aimaient Louis-Philippe et la SFIO, détestaient les extrêmes qu’ils ont réussi – ce n’est plus le cas – à reléguer aux périphéries.

Dans le même mouvement, on n’est pas à une contradiction près, l’expression publique et privée dévoile une conception singulière de la politique. Si on ne représente pas le gouvernement, il serait toutefois bon qu’un maire soit de son bord pour profiter d’une subvention, d’une décision positive, à l’inverse des élus qui auraient le malheur de ne pas en être.

Mieux que Janus qui se contentait de deux faces, Mme Craeye joue de tous les registres, de tous les niveaux. Il y a le « on » délivré d’une voix douce avec le sourire puis le « off », celui de ses partisans qui mènent sans relâche une campagne de caniveau où l’excès côtoie souvent la haine. C’est à se demander si ces stratèges masqués n’ont pas fait leurs armes à Hénin-Beaumont à la bonne époque d’Eugène et de Gérard.

La présence d’une liste officielle LR qui casse le rêve explique sans doute la violence des discours et les expédients de bas étage. Tous les moyens sont bons pour dézinguer l’adversaire. On perd ses nerfs à moins que ce soit la marque profonde d’un caractère sinon une future méthode de gouvernement.

Comme leur patronne, il est vrai qu’ils s’y voyaient déjà, les colistiers. C’est bien embêtant tout ça. La route sans histoire vers le beffroi s’avère un sentier semé d’embuches où rien ne se passe comme prévu. Six listes à Douai. Qui l’eut cru ?

La veille d’un premier tour – qui ouvre la crise sanitaire – voit arriver dans les boites aux lettres un incroyable tract rédigé avec une science propagandiste qui ferait passer les Staliniens pour des amateurs. On se prévaut de soutiens qu’on n’a pas. On ne sait jamais, sur un malentendu ça peut marcher.

Admirons la gestion des titres, le propos qui frôle sans cesse le précipice sans jamais y tomber par une utilisation consommée des formules. Seules comptent les images.

Après la mascarade de cette élection confisquée et d’une gestion de la crise qui restera dans les annales, le confinement qui suit, décidé par le gouvernement qu’elle représente, voit Mme Craeye jouer les utilités. Ses concurrents, peut être par l’extraordinaire d’une situation qui réclame des gens normaux un peu de retenue, restent discrets.

Devant les yeux stupéfaits des Douaisiens interdits de bancs publics comme ils sont privés de masques, de tests, de vaccins, la candidate – qui n’est pas LREM, c’est compris ? – sauve Renault (je connais Le Maire), va sauver l’hôpital de Douai (je connais Buzyn, ah zut, maintenant c’est Véran, je le connais aussi), sauvera ses commerces (je connais Darmanin), régénérera la France comme Jeanne d’Arc. Mais non, ça, c’est impossible puisque Jeanne est lorraine ! Car nous savons bien que :

« je suis de Douai, je suis née à Douai, je vis à Douai, mes parents sont de Douai, j’aime Douai… ».

Docteur Chéreau et Mister Frédéric

Docteur Chéreau et Mister Frédéric - Ville de Douai

Devenir maire n’est pas difficile, l’être l’est cependant.

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Tic Tac Tic Tac…

C’était bien mal parti. Les six ans de mandat s’étaient écoulés inexorablement. Rien n’avait pu ralentir la marche du temps, cette malédiction contre laquelle ni l’élu ni personne ne peuvent rien.

Il s’était pourtant convaincu qu’il avait du délai, qu’il pourrait tout faire plus tard mais un jour, impossible d’y couper, faut y passer. Les élections déboulent avec leurs glorieuses incertitudes démocratiques. C’est là que le politicien professionnel découvre qu’il faut marcher ou mourir.

Il sait depuis le début qu’un mandat n’est pas seulement le moyen d’une politique, c’est d’abord un état, un métier. Il n’est même pas certain en cas d’échec qu’il aurait un parc à son nom. Six pauvres années n’y arriveraient pas.

Douai au coeur… de la catastrophe

L’impérieuse nécessité de reprendre le flambeau s’imposait donc à Frédéric Chéreau. Le problème, c’est qu’il ne pouvait mettre en avant un bilan très reluisant.

Dans le genre structurel, ne relevant pas complètement de son mandat mais quand même un peu, la baisse de la population mais surtout son appauvrissement étaient devenus flagrants. Tous les deux attestaient de l’affaissement d’une activité économique incapable de fixer les habitants, ni de les soustraire à une pauvreté galopante.

Un autre sujet était plus visible. La fermeture des commerces du centre ville, catastrophique, relevait plus clairement de la responsabilité du maire. Tétanisé par le risque, il n’avait osé dézinguer le plan de circulation fou légué par le vieux mentor. Ce dogme, avec une création de zones commerciales périphériques jamais empêchée, étaient la cause principale du désastre.

Il y avait eu aussi ces quelques épisodes embêtants qu’aucune gesticulation n’avait pu conjurer : la disparition de la brasserie millénaire, la réduction des dessertes TGV, la spécialisation du ressort judiciaire, l’impuissance de Douai dans l’assemblée de Douaizizaglo® etc.

Enfin, s’imposant encore plus nettement, la dégradation continue du patrimoine de la cité était un caillou, un gros grès, dans la chaussure du maire. Comment justifier que ces monuments aient pu être ainsi abandonnés pendant tout un mandat ? Le plus symbolique était celui-là ou mieux celui-ci mais plus encore ce dossier dont on est à peu près certain qu’il ne bougera pas avant des dizaines d’années.

Prochainement… C’était quand déjà ? Il y a 6 ans !

Ce bilan pouvait se résumer en une simple question : Douai avait-elle enrayé son déclin depuis l’arrivée de M. Chéreau aux affaires ? Evidemment non. Aurait-il pu être pire ? Sans doute pas.

Le programme commun de la Gauche

Quand le bilan n’aide pas, l’étiquetage partisan, sinon la politique nationale, peuvent aider à le dépasser. En 2014, Frédéric Chéreau avait réussi contre toute attente l’exploit du « break » , s’imposant localement quand à la tête du pays, Hollande, socialiste comme lui, était totalement à la ramasse.

Cette fois-ci, c’est bien plus compliqué. L’épidémie macronienne était passée par là. Le PS perdu corps et biens, le maire aurait pu, comme ses amis des Hauts de France qui ont préféré trahir plutôt que tenir la position, devenir un adepte du « en même temps ».

Retenons à son avantage que placé devant cet embouteillage politique, Frédéric fit le pari de conserver l’antique union de la gauche – PS/PC légèrement verdis – « butte témoin » d’un passé révolu probablement unique dans toute la France. S’il n’en restait qu’un ce serait lui.

Là bas, au fond, le grand-père de Frédéric Chéreau

Un mandat d’un mois est bien suffisant

Il y avait certainement un peu de panique autour de lui comme dans sa tête mais l’homme avait du ressort, surtout pour conserver le boulot. Il savait moins bien le faire mais si on part du principe qu’une opinion publique n’a pas de mémoire, un peu de visibilité médiatique au dernier moment peut aider. Politicien, c’est un métier.

L’excuse est souvent pire que la faute. C’est ainsi qu’il faut juger l’incroyable frénésie d’inaugurations dans laquelle s’est plongé Frédéric Chéreau jusqu’à la seconde où elles étaient légalement possibles.

Gymnases, places, centres sociaux, trottoirs, enrobé drainant, tout y est passé. Ajoutons à cet étonnement l’amélioration du nettoyage des rues, l’implacable chasse aux crottes de chien, la nouvelle célérité des services municipaux…

Pourquoi donc un mandat municipal doit-il durer six ans quand on peut faire tant en quelques semaines ?

Les bastions sont bétonnés

Accompagnant cette stratégie d’urgence, notre sortant s’était aussi appliqué, à l’ancienne, à travailler ses bastions électoraux, le faubourg de Béthune étant le modèle du genre. Chacun sait et notre maire plus que tout le monde qu’en marketing gagner des clients est toujours plus difficile que de les conserver.

Le quadrillage en règle du cœur de cible – par familles, clans, assos et catégories – démontra de son efficacité dans certains bureaux de vote. Le jour des élections, son effet fut décuplé par  la « Grande Peur » du Covid. Poussant l’abstention à un niveau jamais atteint, elle renforça parmi les rares votants la proportion de ceux qui avaient intérêt au maintien du maire en place.

Ils savaient, eux, ce qu’ils avaient à perdre avec son départ, à l’inverse de l’incertain contraire. On sait ce qu’on perd et jamais ce qu’on gagnera, c’est bien connu.

La face visible de l’iceberg

Si on n’avait tenu compte de la faiblesse des signaux dans le bruit de la ville, rien ne permettait d’entrevoir la victoire de Frédéric Chéreau. Les relais étaient rares dans les réseaux sociaux tandis que les productions écrites se réduisaient à leur plus simple expression.

Bien sûr, au plus près de lui, c’était quand même le désert. Invisible durant six ans, l’équipe municipale sortante avait été renouvelée selon des critères hermétiques. Elle n’en était pas plus convaincante.

La liste du maire, retenez ces noms, vous n’en entendrez plus jamais parler

Frédéric Chéreau ne compta pas beaucoup de soutiens extérieurs. Ce vide démontre en passant que Douai ne représente plus aucun enjeu pour beaucoup de leaders politiques, hors ceux du territoire et encore. Seul un Kanner démonétisé lui donna en passant un petit coup de main.

Cette modestie était la face émergée de l’iceberg. La suite allait démontrer que l’adhésion au maire, peut être un peu honteuse donc rarement criée sur les toits, n’était pas si limitée que ça. La prime au sortant, importante, était sous le niveau de la mer et personne ne la voyait.

Sous la mer, les électeurs du maire sortant

Les adversaires peuvent être des alliés

Car si l’effet produit par la campagne de Frédéric Chéreau restait à vérifier, son salut pouvait aussi provenir des travers de l’adversaire. Là, notre édile était servi.

Il y avait d’abord les alliés qu’il comptait dans le camp d’en face. S’ils étaient souvent masqués, certains étaient plus repérables que d’autres. Ainsi Jacques Vernier qui, voilà trente ans y aurait regardé à deux fois avant de soutenir un « socialo-communiste », ne lésinait pas sur le soutien donné à son fils spirituel, non sans plonger la Droite locale dans la confusion.

Il eut donc devant lui des adversaires aussi divisés que multiples. Avec six listes, les électeurs de Frédéric Chéreau seraient toujours plus nombreux que ceux de chaque adversaire pris séparément.

La vérité n’est pas bonne à dire

A ce stade de l’analyse, il faut se pencher sur le discours et la posture de notre maire pour décrire la dualité redoutable dont il est capable de faire preuve en maintes situations. Nous devons sacrifier au portrait psychologique.

Si le docteur Chéreau délivre sous tous les temps et toutes les circonstances une parole maîtrisée, Mister Frédéric est plus approximatif. Ce dernier, comme plusieurs épisodes l’ont prouvé est absolument capable de mentir, y compris lorsqu’il est mis devant les évidences les plus marquées.

Interpelé sur l’absence d’une politique, d’une action, d’un dossier, il répondra toujours qu’ils existent, qu’ils sont en cours, qu’ils sont sur le point d’être réglés. Ce travers peut être une qualité politique mais il révèle une curieuse conception morale. Le mensonge dure peu, la vérité est éternelle.

Ce travers le conduit ainsi à malmener les faits sans aucune vergogne : la ville ne perd aucun habitant, elle en gagne, le commerce n’a jamais été aussi bien portant, la sécurité est en progrès constant grâce à ses actions, la situation financière de l’hôpital de Douai est bonne… C’est simple, vous ne l’entendrez jamais reconnaître une erreur, un oubli, un ratage.

Tout va très bien à Douai

Rien ne résume mieux cette vision altérée du réel que la satisfaction exprimée par notre maire de voir sa ville longuement citée dans le New York Times. La description de Douai y était terrifiante mais à sa mode habituelle Frédéric Chéreau présentait sous un jour favorable ce discutable intérêt américain.

S’agit-il d’un réflexe inconscient de défense ou un cynisme de politicien de métier ? Il reste certain que refuser le réel revient à s’interdire de souscrire aux discours négatifs. Une vision lénifiante, quelque soit le moment ou le sujet, outre d’être éventuellement prédictive, peut plaire.

Elle n’est pas ainsi sans effet sur un électorat qui, peu rompu aux analyses politiques, en a peut être assez d’entendre sans cesse, ici et partout, que sa ville est un trou en perdition dans lequel rien ne fonctionne.

Il y a de la fierté douaisienne dans cette négation de la réalité.

Trèfles, gri-gri et baraka

Tous ces artifices n’étaient pourtant pas suffisants pour assurer la victoire. Il fallait un élément supplémentaire : la chance.

Il est un peu curieux de considérer la crise sanitaire sous un jour positif mais, en toute objectivité, le cumul des facteurs favorables au maire sortant durant cette période a été inouï. Comptons les conditions du scrutin de premier tour, le confinement qui a suivi et enfin le second tour organisé à la veille des congés d’été. L’ensemble a été une circonstance incroyable pour celui qui tenait l’hôtel de ville.

Mieux vaut la chance que bien jouer

Napoléon appréciait les généraux qui avaient de la chance. De ce point de vue, il aurait aimé le Grand Frédéric. Sur un mélange savant de gestion quotidienne et de propagande subliminale, ces trois mois inespérés lui donnèrent l’occasion de surclasser facilement ses adversaires.

Mais il y a plus profond, conclusion qui retrouve des déterminants déjà évoqués qui doivent pousser à la modestie tous les opposants de Frédéric Chéreau. Ils prouvent qu’à Douai on peut conserver son mandat en dépit d’un bilan médiocre, une campagne peu active et des contradictions massives.

La bizarrerie de ce paradoxe n’est qu’apparente. Faisons l’hypothèse qu’elle est d’abord dans l’état social d’une ville qui, inexorablement, conforte le pouvoir d’un maire de gauche parce que la population se confond exactement avec son électorat.

Le déclin de la ville- Douai demain Denain – n’est pas une évolution défavorable d’un point de vue électoral, donc la conservation d’un pouvoir. Le pression fiscale qui pousse les classes moyennes et supérieures à quitter la ville modifie considérablement le profil politique d’une cité appauvrie.

Territoire dédié aux subventions et aux assistances diverses, le Douai du futur possède un visage : docteur Chéreau et Mister Frédéric enfin confondus.

Tribune libre

tribune libre douai ma ville 2

Il fut un temps où les mairies n’avaient aucun besoin d’organe de presse célébrant leur action, toujours positive, avec la frimousse des élus sur à peu près toutes les pages. Elles se contentaient d’afficher leurs décisions sur les murs de l’hôtel de ville.
Le lieu de parole était celui de l’exercice du pouvoir, l’action mais pas la description de l’action. Le conseil municipal voyait ses comptes rendus rapidement communiqués au bon peuple. Le contact direct des conseillers municipaux avec la population était constant, histoire de prendre au quotidien le pouls de l’opinion locale.

Pour le malheur des citoyens ont fleuri depuis les « journaux municipaux », publications bizarres dont le ton oscille entre celui de la Pravda de la bonne époque ou celui de l’actuelle Gazette des Communes.
Nous avons déjà l’étonnant prospectus publicitaire de Douaizizaglo® mais aussi l’inusable « Douai notre ville » dont le titre parait parfois bien éloigné de ce qu’il énonce. Ce « nous inclusif » ne doit pas être en effet autre chose que le célèbre « nous de majesté ».

Pour être un peu objectif, ce qui n’est pas forcément la finalité de Douai Vox, il faut reconnaître que l’organe du parti communal reste mesuré dans la célébration des hauts faits notre conseil et surtout ceux de son directeur de la publication. Il donne même – c’est la loi – une part d’expression à l’opposition, comme le dernier numéro de « DNV » la présente en page deux. S’il est un gage d’équilibre démocratique, l’exercice donne lieu à un propos tellement déconnecté de la réalité qu’on balance entre le rire et la consternation.

Loin de préparer la campagne électorale à venir, ce qui serait sans doute logique venant d’élus qui seront probablement partie prenante des listes candidates, nous avons droit à une « tribune libre » dont la liberté pour le coup ressemble à celle qui permet de dire n’importe quoi.

Un esprit avisé peut croire que cette vacuité découle des règles pré-électorales obligeant les auteurs à ne parler de rien. Pas du tout. Le code ne permet pas à un maire de s’opposer à la publication d’articles d’une tribune libre, même quand ils sont assimilables à de la propagande. Le droit d’expression des conseillers municipaux d’opposition est total.

Mais que font donc nos représentants de cette possibilité ? Et bien rien.

tribune libre P2 douai ma ville
Extrait de la page 2 de Douai ma ville -Novembre 2019

D’un côté, nous avons droit à un rappel de la récupération miraculeuse – en 2011, c’était hier – du tableau de Jules Breton, « la fille du pêcheur » volé par les Boches en 1918. La mise en perspective est celle d’un stage de formation (de qui ? pour qui ?) susceptible d’améliorer la restitution des œuvres perdues dans les tourmentes du passé. On se perd en conjectures pour savoir ce que vient faire ce sujet – certes hyper stratégique – dans la feuille de chou municipale, sauf à imaginer que cette notule puisse être écrite par le maire lui-même.

Mais le pire est sur la colonne à côté, bien à droite. Cette fois-ci, le responsable local d’un parti politique connu, peut être bientôt à la tête de la ville, nous assène des considérations invraisemblables sur la « décadence » de la France. Cette liste mériterait d’être inscrite sur les murs du Beffroi pour que son absurdité soit connue de tous pour des siècles et des siècles. L’auteur doit être un adepte du « coupé-collé » qui, trouvant dans un paquet de lessive nationale le topo qui va bien, l’a posé ici à l’arrache en style télégraphique. Il devait penser qu’on ne le lit jamais.

Si nous étions Frédéric Chéreau, la lecture de ces deux « tribunes libres » nous mettrait en joie quant à la qualité et la pertinence des oppositions qui bientôt se lèveront contre nous.

Opposants encore un effort pour être oppositionnels !

Eloge du clivage

eloge du clivage -non à l'unanimisme

Les ravages de l’unanimisme

Une des clés pour comprendre le fondement de notre vie politique locale est l’unanimisme qui teinte toutes les décisions de nos élus. Pour le nouvel arrivant, habitué aux conflits et débats qui se produisent partout ailleurs, ce trait étonne. Il est encore plus surprenant quand nos représentants célèbrent cette concorde comme un avantage unique, du genre de ceux que monde entier nous envie. Le message est répété : « On s’entend, tout va bien ». Au final, cela revient à dire à l’opinion : circulez, y’a rien à voir. 

Le Douaisien aura repéré que cet unanimisme sacré est un moyen très efficace de faire taire les critiques et surtout de s’en défendre. Nous engageons nos lecteurs à compter les fois où on entend dans les médias ou ailleurs, après la découverte fortuite d’un ratage, que « tout le monde était d’accord ». La décision d’un seul devient par cette grâce l’affaire de tous. Ce n’est pas bête.

L’ignorance est mère de l’unanimisme

Qu’on ne s’y trompe pas. Cet unanimisme désastreux ne provient pas, comme un observateur distrait pourrait le croire, de la prescience de nos décideurs, génies vivants capables de distinguer, dans une forêt de complexité, le sentier lumineux de la vérité. Il provient de stratégies délibérées qui visent toutes à obtenir ce bien pratique résultat.

Il y a d’abord l’organisation consciente de l’absence d’expertise. Ceux qui votent dans ces assemblées et autres conseils ne connaissent pas grand chose aux dossiers sur lesquels il sont appelés à trancher. Les intéressés, pour se défendre, diront que ces choses sont très techniques et qu’au fond il n’est pas très important de tout connaître. Ils ajouteront enfin, selon le principe d’immanence évoqué plus haut, qu’ils font totalement confiance aux chefs qui décident pour eux.

Pas de concurrence

Il y a ensuite l’autre bout de ce qui précède. 0n ne met pas d’élus spécialistes tout près de soi pour éviter qu’ils puissent un jour faire de l’ombre. Ayant beaucoup de mal à gérer la contradiction, nos patrons ont soigneusement organisé leur pouvoir dans une configuration qui les protège de toute menace. L’exemple vient d’en haut. Regardons le profil des suppléants de nos députés et autres sénateurs. Quand ils sont non conformes, à l’exemple de celle de Dimitri, la mise au pas est immédiate.

Regardons encore notre conseil municipal où, hors une opposition d’ailleurs bien hétérogène, tous les membres opinent en silence. Dans cette masse, nous serions bien incapables de repérer la moindre parole audible, c’est à dire experte. C’est un des charmes de notre belle cité que sa capacité de consentir sans dire un mot.

C’est pire encore dans notre Douaizizaglo® où siègent pourtant des maires qui devraient savoir de quoi il en retourne. Peut être qu’ils n’y comprennent rien, ce qui serait inquiétant. Préférons croire que l’explication d’un soutien si attentif se trouve ailleurs. Ils se gardent bien d’amener la contradiction parce que le prix à payer serait bien trop cher comme certains l’ont déjà expérimenté.

Speak No Evil, See No Evil, Hear No Evil

La critique n’abîme pas Douai

L’unanimisme provient enfin d’une confusion sur le statut de la critique. Quand Douai Vox© brocarde les élus, notre ville n’y est pour rien. Imaginer que ce discours écorne son image est un contre-sens. C’est d’ailleurs l’argument de ceux qui ne souhaitent pas voir étalées leurs insuffisances.

Le discours est connu « on sème la zizanie, on dresse les gens les uns contre les autres, on joue le jeu des extrêmes », bla, bla, bla…


Quoi de plus terrible que de découvrir des Lillois qui ignorent jusqu’aux Gayants mais qui connaissent dans les moindres détails, un sourire aux lèvres, les péripéties du « tramway douaisien qui n’est qu’un bus » ?

Tous ces accidents industriels n’auraient pu exister si la posture de nos représentants n’avait pas été si unanime. L’affaire du tramway, bien sûr, peut être aussi le Raquet qu’il va falloir un jour regarder de près, mais encore toutes ces petites décisions qui mises toutes bout à bout posent problème. Elles sont bien plus dommageables pour la ville que les critiques envers les élus qui, pour le coup, sont les responsables de ces décisions absurdes.

L’utilité du clivage

Le paradoxe c’est que ces dissonances sont pourtant indispensables. Rien de pire que des débats dans lesquels personne n’apporte une contradiction dont les avantages sont connus. Chacun sait qu’elle oblige à préciser ses vues et à rendre des comptes. Elle force surtout le décideur à la prudence.

On ne pourra sauver notre territoire, parce qu’il s’agit bien de cela, avec les mêmes recettes et les mêmes équipes. Il faut casser le cadre, s’émanciper de cette eau tiède qui prévoit par exemple, dès qu’un bâtiment est vacant d’y mettre des logements sociaux, des sièges d’institutions publiques locales, des piscines déficitaires ou des patinoires que personne ne demande.

On ne peut sortir Douai de l’ornière si la ville choisit les stratégies des équipes précédentes ou des politiques identiques à celles de ses voisines. Il faut une fois encore incarner la différence qui ne peut découler que d’une rupture. Car l’inefficacité des actions se fracasse sur l’absence de stratégie générale. Comment ne pas relever tous ces tournants historiques que nos élus n’ont jamais su prendre le moment venu?

Tant de virages loupés

Le ratage de la mobilité est le plus flagrant. Cela concerne le vélo qui reste à améliorer, la voiture sur laquelle nous avons tant parlé, le tramway qui est hors concours, le TER qui souffre et enfin le TGV, service public de moins en moins public.

Le ratage de l’équilibre social a commencé depuis longtemps. Il plonge ses racines dans un prêt à penser si souvent repéré. 35% de logements sociaux dans la ville et des élus qui en remettent des couches. La diversité, de moins en moins évidente, est pourtant la clé du renouveau.

Le ratage de la santé concerne tous les habitants du Douaisis. Nous avons dans cet échec, que sanctionnent nos taux de mortalité, les ingrédients de l’absence d’anticipation et de mobilisation de toutes les échelles de décision du territoire. Piscine, patinoire et boulodrome sont tellement plus vitaux.

Le ratage du numérique est le plus étonnant si on en juge par les déclarations martiales de nos représentants, Frédéric Chéreau en tête, présenté comme un spécialiste du sujet. Nos voisines se déclarent « smartcities » quand elles ne se lancent pas dans la gestion intelligente du « big data ». Mais qu’est-ce qu’on attend ?

Le ratage de la gouvernance, enfin, est au cœur de notre sujet. On pense à la manière dont Douaizizaglo® gère sa communication et, mieux encore, le débat citoyen qui précède les séances du conseil municipal, les conseils de quartier dont les délibérations sont rarement suivies d’effet.

Douaisiens, et si on passait à autre chose?

Moutons - clivage

Qui est-ce ?

qui est-ce?

Plusieurs réactions à Douai Vox tournent autour de l’identité de ses auteurs. Est-ce si important en comparaison des sujets qu’il aborde ? Evidemment non.

Il n’effleure pas la notabilité douaisienne qu’il puisse exister en dehors de son horizon des habitants concernés qui ne font partie d’aucun des réseaux d’intérêts de la ville.  Plus curieux, si on en croit certains commentaires, une parole comme la nôtre ne pourrait être que l’expression d’un groupe masqué défendant un parti politique. Ben voyons. Tout mais pas ça.

Anonymes et invisibles, n’étant rien, nous sommes libres de prendre position et de le faire savoir. Voilà la première raison d’être de Douai Vox.

Il y en a une autre que les lecteurs attentifs auront perçu sans effort. Le ras-le-bol des gâchis auxquels le peuple assiste impuissant alors qu’il en est le premier payeur, sans parler du silence pesant qui recouvre tous ces ratages.

Comme l’a justement fait remarquer le président de notre agglomération, aux affaires depuis dix ans à la CAD et depuis vingt-cinq ans dans sa mairie, les mécontents n’ont qu’à se faire élire pour décider à sa place.

C’est exactement l’objet des municipales et au-delà celui du renouvellement de Douaisis Agglo qui suivra. L’objectif très souhaitable de changer le patron avec la récente augmentation des sièges en faveur de Douai est tout à fait jouable.

Il ne sera pas dit que dans ce rendez-vous, qui est peut-être celui de la dernière chance, des citoyens libres n’auront pas, avant, fait entendre leur voix.

Loin de toute manipulation, ils ont choisi de se focaliser sur les idées plutôt que sur les hommes. Au final, l’espoir est là, c’est aussi le moyen de pousser d’éventuels candidats – reconnaissons qu’ils sont nombreux – à adopter un programme dépassant des engagements partisans qui aujourd’hui ne veulent plus rien dire.

Les remarques qui émanent de nos nombreux lecteurs démontrent que beaucoup d’entre eux, de tous bords politiques, approuvent notre propos. Ce sont la ville et son avenir qui comptent. Sur un tel objectif, le consensus est total.

Cette constatation, incertaine au lancement de Douai Vox, suscite un véritable espoir. Nous n’avons jamais douté du potentiel de la ville, ni de celui de sa région. Le problème est ailleurs. Il est chez les représentants que nous nous sommes donnés jusqu’à présent et qui ont été incapables de faire bouger les lignes.

Si c’était le cas, nous rencontrerions des multitudes de Douaisiens ravis de la situation de la cité découlant de l’action de nos élus. C’est bizarre mais c’est rarement le cas.

Allez hop ! On les change !