Il arrive que nos lecteurs déposent des commentaires sur les pages du blog. Celui-ci a attiré notre attention pour sa qualité ainsi que pour la poésie qu’il dégage.
Nous remercions chaleureusement notre anonyme d’avoir accepté que nous publions son texte qui présente des analyses frappées au coin de l’Histoire quant au salut de notre ville.
On y trouve aussi et surtout une foi dans l’avenir qui réchauffe le cœur. En ce moment, on en a bien besoin.
« Plus sérieusement et pour revenir au sujet, vous dites que que vous ne souhaitez pas que Douai subisse le sort de Denain ou Bruay… »
Mais toutes les villes du Bassin Minier ont subi un traumatisme pareil à celui de ces villes.
Dans les années 70, quand on arrivait à Denain, on passait devant Usinor. Monstrueuse usine, toute de bruits et de fureur dont les fours crachaient des flammes qui éclairaient les nuits. Cet endroit grouillait de vies d’ouvriers qui transmettaient leur savoir et leur fierté de père en fils.
Puis en entant dans Denain, sur la gauche, il y avait Fives/Cail qui travaillait en sous traitance pour Usinor et les Houillères. Puis il y avait la fosse Renard. Et à droite, ce très vieux coron dont Zola se serait, parait-il, inspiré quand il a écrit Germinal.
Tout ça a disparu en peu de temps. Dans la violence du désespoir. Et Denain a sombré dans la misère. Cette ville se relève peu à peu. Grâce à la communauté du Hainaut. Et aussi d’un tramway qui joue son rôle structurant du territoire. Puisse notre réseau de bus en faire de même sur le Douaisis.
Douai aussi a subi ce traumatisme. Mais moins violemment.
Nous avons perdu Bréguet, quasiment Arbel. Et surtout les HBNPC. Et la nuée de sous-traitants qui ont péri dans son sillage. Dans les grands bureaux de la Direction Générale, rue des Minimes, œuvraient des dizaines d’ingénieurs (tous les cadres supérieurs avaient grade d’ingénieur) et d’employés à fort pouvoir d’achat. Charles Fenain, maire de Douai, était salarié par les HBNPC.
La disparition de ces emplois a eu un impact considérable sur le commerce et l’immobilier. Renault et l’Imprimerie nationale n’ont compensé ces pertes que très partiellement.
Mais il y a aussi la disparition des mineurs et, peu à peu, des retraités mineurs et de leurs veuves. Ils vivaient dans ces cités posées à la périphérie de la ville. La Clochette, Dorignies, Frais Marais. Elles étaient pleine de vie avec leurs commerces, leurs associations.
Cette paupérisation de la ville que vous soulignez, c’est là qu’on la trouve principalement. Là où, par facilité, on entasse des misères.
Je suis douaisien de naissance et j’aime ma ville. Je sais ses qualités, ses richesses, ses promesses mais aussi ses défauts, ses manques et ses laideurs. Je n’aime pas ce dénigrement systématique qui en est fait. Je ne reconnais pas ma ville dans ces critiques trop « appuyées » et politiquement orientées.
La ville a besoin de renouveau, d’un coup de fouet. Mais ce ne sera pas, comme le suggèrent certains, en recopiant le passé qu’on avancera. Et c’est moins encore en se battant pour quelques misérables places de stationnement que l’on changera les choses.
La Ville recèle un potentiel artistique, l’Hippodrome, les Gayants, le Musée de la Chartreuse, l’Ecole d’Art, le Jeune Orchestre, la Chorale des Mineurs, etc. qui pourraient être mis en valeur et mieux exploités.
Douai n’est pas mort, Douai ne se meurt pas. Loin s’en faut. »
Merci cher anonyme.
Max aime apprendre mais parle un peu souvent à la première personne. C’est un travers qu’il combat difficilement. Va falloir l’aider. Il adore la Scarpe et l’orgue de St Pierre, surtout les basses.