Le Musée de la chartreuse est un de ces petits bijoux de province, comme on en trouve souvent en France. La salle des sculptures, nef de l’ancienne chapelle est splendide. Les œuvres y sont remarquables, l’une d’entre elle nous intéresse tout particulièrement : son plan relief.
Vous voyez de quoi on parle?… ce plan que l’on voit mieux sur le sol du beffroi que sous sa cloche de plexiglas du Musée de la Chartreuse.
Des maquettes militaires pour défendre la ville
Nous avons à Douai, cette singularité de conserver notre plan depuis 1904, date à laquelle la ville en a fait l’acquisition.
Il existe en effet une collection presque complète de plans reliefs aux Invalides. Sa constitution a commencé en 1668 pour prendre fin en 1870. 250 plans ont été construits, mais aujourd’hui il n’en reste plus que 90 en France.
C’est Louvois, le ministre de la guerre de Louis XIV qui a commandé ces représentations des sites fortifiés – souvent des villes frontières -. Il souhaitait offrir au roi une vision globale des défenses de son royaume. Ces maquettes militaires reconstituent la réalité de l’époque dans ses moindres détails. Elles sont à usage stratégique, pour permettre de voir comment défendre une ville, identifier ses faiblesses et préparer les sièges.
Le plan relief de Douai revient de loin
Lors du siège de 1710,
le marquis d’Albergotti qui commandait la garnison a obtenu des Alliés, après
la capitulation, les honneurs de la guerre.
Il est vrai qu’avec son Etat-Major, il avait prévenu l’ennemi qu’il ferait
sauter la place si les conditions de la reddition s’avéraient trop sévères. Par
prudence, Hollandais et Anglais acceptèrent. Un des privilèges obtenu était de
sortir de la ville avec des chariots que l’adversaire ne pouvait fouiller. Les
Français en profitèrent pour y dissimuler leur arme de guerre principale, le
plan relief.
Une révolution technologique
Au XVII° siècle, ces cartes en 3D étaient une révolution technologique. Elles permettaient d’avoir une vision complète des lieux contrairement à la cartographie classique. Elles étaient fabriquées à base de bois, de papier peint à l’aquarelle, de poudre de soie, de sable et de pigments. La construction d’un plan nécessitait 60 étapes et plusieurs années de travail.
Réalisé entre 1697 et 1710, le plan de Douai est composé de 12 morceaux, mais seule la partie intramuros est exposée.
Il a été restauré récemment pour être remis à la même place. Son absence est passée inaperçue… tout comme son retour.
Des plans moins plan-plan
A quelques kilomètres, Le nouveau “Labo” de Cambrai présente une copie de son plan, détruit pendant la seconde guerre mondiale à Berlin, où il avait été exposé comme trophée de guerre. L’objet est mieux scénarisé. Un film explique la technique de restauration et montre des rues à l’intérieur de la maquette. On regrette toutefois d’avoir perdu la présentation de l’histoire de la ville. Elle était proposée dans le lieu d’exposition précédent, le musée des Beaux arts de Cambrai.
Autre exemple, en 1983, La ville de Lille, par l’intervention de Pierre Mauroy, alors Premier ministre, a fait rapatrier, après une vive polémique, 16 plans reliefs représentant des places fortes de la frontière française du Nord-Est, de Belgique et des Pays-Bas. En mars 2019, 14 de ces œuvres après une restauration de 10 mois ont réintégré la salle des plans reliefs valorisée par un nouvel éclairage, des innovations numériques et une importante campagne de promotion.
Besoin d’idées virtuelles?
Un nouveau site internet pour le musée
La première : refaire d’urgence le site internet du musée.
Il n’est pas optimisé pour les téléphones mobile, ne met en valeur ni le lieu, ni ses œuvres, ni l’engagement du personnel pour animer l’espace. En trois langues s’il vous plait ! Français, Anglais, Néerlandais et peut être Chinois on ne sait jamais, nous sommes ambitieux pour notre ville.
Parce qu’un douaisien qui cherche de l’information est bien en peine, alors, un étranger qui prépare son voyage avant de venir à Douai, n’a aucune chance d’y parvenir.
Précisons également que la présence du plan relief n’est pas mentionnée sur le site internet du musée de la Chartreuse.
Une scénographie revisitée
La deuxième : La visite d’un musée ne peut plus se limiter à un parcours passif. Le public doit pouvoir agir avec le lieu ou bien l’œuvre qu’il découvre pour en comprendre le contexte historique et les évolutions.
Nous proposons de dédier une salle complète du musée de la chartreuse au plan relief de Douai. Mais aussi d’y ajouter les pièces manquantes. Enfin, de (re)penser la scénographie pour en expliquer la fonction militaire initiale, les techniques de réalisation de la maquette et l’histoire de la ville.
Une visite enrichie d’hologrammes
Enfin pour attirer un public plus jeune, osons replacer l’oeuvre dans notre époque, en utilisant la réalité mixte. Cette technologie superpose le virtuel sur le réel à l’intérieur même du plan, sans isoler le visiteur de son environnement. En 2018, l’expérience proposée par Microsoft et ses partenaires techniques Iconem et HoloForge a permis aux visiteurs équipés de casques HoloLens de découvrir la maquette du Mont-Saint-Michel, augmentée d’hologrammes à l’Hôtel des Invalides à Paris . (voir la vidéo ci-dessous)
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Roule à bicyclette. Déteste les poignées de main molles et l’eau tiède. Aime le lexique fluvial et l’ambiance du bar de la marine. Pense que sa copine Crumble devrait arrêter de bouffer tous les gâteaux, pendant qu’il vérifie les infos.
Bonjour,
Est-il vrai qu’il existe un morceau représentant le hameau de Dorignies ?
Merci
Le plan relief est effectivement beaucoup plus étendu que celui qui est exposé à La Chartreuse. On peut imaginer que ces parties manquantes soient dans les réserves du musée. Pour les militaires, la connaissance des environs de la place était aussi stratégique qu’elle même.