Une triste ville étudiante

une bien triste ville étudiante

Il fut un temps où Douai était une ville universitaire. On ne parle pas ici de l’université fondée en 1562 à Douai par Philippe II mais de la période plus courte et plus récente, celle où, de 1809 à 1887, la ville a accueilli de nombreux étudiants et lycéens en son sein.

De plus en plus ténues, les traces de ce passé sont néanmoins toujours là. On connait la rue de l’Université près de l’Hôtel de Ville dans laquelle se trouve le bâtiment imposant du rectorat ainsi que des facultés des Lettres et de Droit. Transformé en Ecole nationale des industries agricoles en 1893, il subsiste presque intact.

Le lien entre la présence d’étudiants dans une ville et son climat général mérite qu’on s’y arrête un moment. Le sujet est compliqué mais essentiel. Pour rajeunir une population, posséder une université peut avoir son intérêt. Outre d’être une promesse d’avenir, la jeunesse qu’elle reçoit peut contribuer à apporter dans la cité l’ambiance sympathique dont tout le monde peut profiter.
L’action des élus peut être déterminante dans cet enchaînement positif mais tout dépend de la conception de la ville qu’ils défendent.
Doit-elle être calme et paisible ou bien doit-elle être vivante et festive ? Cette question a été souvent évoquée lors de la campagne électorale de 2014, plusieurs solutions ayant alors été avancées pour répondre à la nécessité d’améliorer l’image de Douai.

Beaucoup de témoins déplorent que notre cité soit si pauvre en lieux festifs, mettant d’ailleurs cette caractéristique sur le dos de Jacques Vernier. Il n’est pas rare d’entendre que ce dernier aurait tout fait pour réduire le nombre d’établissements du centre ville afin d’éviter les débordements que leur présence pourrait occasionner pour les riverains.

De l’agitation nulle part

Il faudrait disposer d’une étude sérieuse pour soutenir ces critiques sans doute excessives, même si, après tout, un maire qui s’est maintenu plus de trente ans à la tête d’une commune doit bien avoir sa part de responsabilité dans un tel constat. A part le « 32 », belle réussite qui doit d’ailleurs tout à ses seuls promoteurs, les possibilités de trouver dans le centre ville un endroit agréable pour passer la soirée sont quasi nulles.

Cette volonté de privilégier le calme au bruit vient d’ailleurs de loin. Les archives de Douai ont conservé le mémoire produit par la municipalité en 1850 quand elle défendait son lycée et son rectorat face au gouvernement, c’était la première fois, qui envisageait leur déplacement à Lille. Pour empêcher cette catastrophe qui viendrait plus tard, les avantages de Douai étaient simples : il ne se passe rien dans la ville. Le maire indique que dans les rues il n’y a « du mouvement et de l’agitation nulle part, le calme et la tranquillité partout » pour conclure sur la clé bien connue de la réussite scolaire, la tradition, puisque Douai « est encore aujourd’hui comme autrefois la ville la plus favorable aux études ».

Le renversement de logique est amusant car aujourd’hui les étudiants par leur présence sont considérés comme un élément majeur de dynamisme, notamment grâce à l’ambiance que toute jeunesse apporte avec elle. C’est si vrai que beaucoup de villes universitaires, Rennes, Poitiers, Nantes, Metz etc., communiquent régulièrement sur la présence de leurs facultés pour expliquer leur attractivité comme leur image positive.

On voit donc que ce sujet n’est pas anecdotique à Douai qui possède un certain nombre de structures supérieures, la faculté de Droit, l’Ecole des Mines, entre autres, sans être certain que l’accueil des étudiants soit aussi favorable qu’il devrait être. Pour un peu, s’ils en avaient besoin, on leur conseillerait plutôt d’aller profiter des bars et bistrots arrageois ou, mieux, lillois.
Le palmarès 2018 des villes étudiantes place Douai en 42° position (sur 44) avec la pire note en attractivité (4 sur 25). N’est-il pas temps de se mobiliser sur l’amélioration de l’accueil de cette jeunesse qui ne paraît pas trop apprécier la vie locale qu’on lui offre ?
En juin 1886, des étudiants douaisiens avaient présenté au Ministre de l’Instruction Publique une pétition pour que soient installées les facultés à Lille, arguant de l’avantage pour eux d’étudier dans une ville plus grande et mieux dotée en services. Ils furent entendus l’année suivante…

Max aime apprendre mais parle un peu souvent à la première personne. C'est un travers qu'il combat difficilement. Va falloir l'aider. Il adore la Scarpe et l'orgue de St Pierre, surtout les basses.

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