Si les TER étaient à l’heure ?

si les TER étaient à l'heure?

Pour les usagers des transports ferroviaires habitant le Douaisis, voyager en TER se révèle un véritable défi au quotidien. Combien de trains en retard, supprimés, combien de rendez-vous manqués, d’embauches tardives sous le regard désapprobateur du patron ou la gêne de collaborateurs suspendus à l’arrivée de celui qui devait diriger la réunion ?

Le TER c’est comme la pluie

Dieu merci, tous savent, dès l’instant où ils résident dans le coin, qu’emprunter le réseau ferroviaire régional doit toujours se faire aux risques et périls de l’usager. S’il peut être certain de monter dans une rame s’il en trouve une, arriver à l’heure n’est pas toujours assuré. C’est ainsi, il faut faire avec. C’est comme la pluie. Encore que dans ce dernier cas, un imperméable ou un couvre-chef peuvent aider. Notons qu’ils ne servent à rien dans le train.

Si nous étions dans un monde logique, l’avis des usagers serait incontournable puisque un train existe pour eux et personne d’autre. De même, leurs souhaits quant aux fréquences et dessertes des fameux « sillons » devraient constituer la base de tout service public digne de ce nom. Sommés par les pouvoirs publics d’utiliser la voie ferrée plutôt que la route, les pauvres Douaisiens endurent le paradoxe de la qualité très discutable d’un transport, sur lequel ils n’ont aucun mot à dire alors qu’ils le paient deux fois, par les impôts et le prix du billet.

Depuis 2000 et la loi SRU qui avait été annoncée dès les premières décentralisations de 1983, la région est organisatrice des transports collectifs d’intérêt général, compétence de plus en plus étendue au fil des années. Le bilan de ce transfert est mitigé pour le moins qu’on puisse dire. Un rapport de 2013 pointe entre autres le fait que la montée en puissance des régions aurait dû avoir comme effet l’accompagnement de la décentralisation par la SNCF à travers l’organisation de ses réseaux. Selon les auteurs, c’est plutôt le phénomène inverse qui s’est produit. La décentralisation a débouché sur la concentration des lignes. On s’en doutait un peu.

2 600 TER retardés par an

Quand on entre dans les détails de la qualité du service des TER dans les Hauts de France, les statistiques sont peu glorieuses. Un exemple : sur les 15 000 trains qui ont circulé en novembre 2016, plus de 2600 ont été retardés tandis que 413 ont été annulés. L’année suivante, une enquête de l’UFC – Que Choisir indique que si 89% des trains étaient à l’heure, les retards, concentrés sur les périodes de pointe, accroissent encore la visibilité des problèmes.

Les raisons invoquées pour les expliquer sont nombreuses. On y trouve les conditions météorologiques (le froid, le chaud, la pluie, le vent, la neige, le gel, les feuilles des arbres, la pleine lune…), les pannes mécaniques, les malveillances, les « accidents de personnes » mais aussi les défauts internes de la SNCF qui comptent pour plus de la moitié du total. Il n’est pas rare, en effet, qu’un train ne puisse démarrer simplement parce qu’un membre du personnel est absent ou en retard, conducteurs mais aussi contrôleurs. Ne les accablons pas, ils viennent peut être en train au boulot.

L’ouverture à la concurrence

Bien consciente de l’image désastreuse pour les Hauts de France mais plus encore de la gêne qu’occasionne un service de si mauvaise qualité pour ses usagers journaliers – 110 000 personnes dont 10 000 à Douai – qui se trouvent être aussi des électeurs, le conseil régional a décidé récemment d’ouvrir à la concurrence une partie du transport ferroviaire. Cette perspective, prévue pour 2023, est susceptible d’obliger la SNCF à se bouger pour conserver un chiffre d’affaire qui d’ailleurs stagne voire même se réduit.

Une autre solution pourrait aussi contribuer à améliorer les choses, des pénalités plus sévères pour tous ces dysfonctionnements dans le respect de la législation européenne que notre région n’a jamais adoptée. En effet, les Hauts de France n’ont pas, on se demande bien pour quelle raison, mis en place un système de remboursement automatique en cas de retards récurrents sur une ligne.

Besoin d’une idée électronique?

Sans avoir besoin d’aller plus loin dans l’ouverture du réseau à la concurrence, sujet très compliqué dont on voit mal comment notre ville pourrait y jouer un rôle, la piste du remboursement semble plus opératoire. Pourquoi ne pas exiger qu’un retard donne automatiquement droit à une indemnité de la part de la SNCF ? Un système informatisé à partir du badge utilisé par les usagers serait un moyen intéressant. Il suffirait de le relier, à la suite du passage à la borne électronique, au train retardé ou supprimé qui suivrait cet enregistrement et qui correspondrait à la ligne de l’usager. Le compte servant à payer l’abonnement serait immédiatement crédité d’une somme forfaitaire proportionnée à l’importance du retard mais aussi, soyons fous, au kilométrage de l’abonnement.

Max aime apprendre mais parle un peu souvent à la première personne. C'est un travers qu'il combat difficilement. Va falloir l'aider. Il adore la Scarpe et l'orgue de St Pierre, surtout les basses.

6 Comments

    1. Merci cher lecteur, petit encouragement qui prend toute sa valeur aujourd’hui, 24 septembre, jour de grève et de galères pour les pauvres usagers des Hauts de France et ceux de Douai en particulier.

  1. Bonjour
    Ce matin j’ai pris sans problème mon train entre Douai et Lille
    Votre article présente certaines vérités et de nombreuses erreurs de chiffres (le nombre de train par jour est de 1200 en ter. ! Refaite votre calcul pour un mois) Non, les chiffres fréquentation ne baissent pas, ils augmentent, et donc le CA aussi.
    Oui certains jours c’est plus compliqué avec des causes internes et externes.
    Non le train n’est pas cher !
    Connaissez vous le prix d’un abo mensuel ? La prime transport et donc le coût d’un voyage en train cf la voiture ?

    1. Certains d’entre nous ont réussi ce matin à prendre un TER mais il avait 20 minutes de retard, c’était le 07h39 Douai/Lille. Pour les chiffres, nous n’excluons pas quelques imprécisions, notamment sur le total de trains considéré qui était, pour nous, celui de la région. Vos informations sont les bienvenues car vous connaissez le sujet visiblement. Pour autant, la gare de Douai accueille chaque année 2,9 millions de voyageurs. Le rapport de l’Arafer 2016 (réactualisé en 2018 mais sans doute un peu vieux) présente une réduction de 2,6% du trafic TER des HDF entre 2015 et 2016 et un taux moyen de retards de 9% au global et de 11% en heure de pointe. Le train est certes incomparable sur les axes congestionnés comme l’est la pauvre A1. Il l’est moins ailleurs. C’est un mode de transport extrêmement contraint dont les avantages face à la route sont de plus en plus incertains comme le prouve la baisse incroyable du fret. La question sera un jour ou l’autre, concernant les passagers qui représentent selon les régions 0,5 à 2% de la population totale, jusqu’à quand cette dernière acceptera de payer pour les usagers qui bénéficient comme vous le dites avec raison, d’un prix du ticket/abonnement sans commune mesure avec son coût réel. Enfin, vous serez d’accord avec nous que ces prix subventionnés ne justifient en aucune manière un service dégradé comme nous l’avons trop souvent. Merci de vos remarques expertes.

  2. Prendre le train dans le Douaisis relève de l’aventure tous les jours (trains retardés, supprimés, mini trains, tourisme ferroviaire (passage vers une autre destination pour arriver à la destination programmée). En un mot la galère !!! Je parle en toute connaissance de cause car je prends le train 5 jours par semaine : aller retour. Il ne se passe pas une semaine sans incident et le pire c’est que l’on paie pour un service public défaillant. On prend l’usager pour du bétail

    1. Oui, trop de retards et de trains supprimés. Beaucoup d’usagers se plaignent de ces dysfonctionnements qui ne sont pas imaginaires, surtout pour les habitués de la ligne. Nous attendons de la région qu’elle améliore le service, les pénalités sont inventées pour cela. Merci de nous lire.

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